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L’athlète Halba Diouf, femme trans, noire et musulmane

L’athlète Halba Diouf, femme trans, noire et musulmane

Collectif

Tribune des observateurs

Read More  Halba Diouf vient d’avoir 21 ans, et cela fait 21 ans qu’elle sait qu’elle une femme. Quand on lui demande de se présenter, elle répond avec assurance : « Je suis Halba, femme trans, noire et musulmane. » Une manière de dire qu’ « il n’y a pas d’option, ce n’est pas un cumul d’identités : je suis moi, il faut dealer avec cela ».
Il faut au moins ce mental d’acier pour mener sa vie : issue d’une famille sénégalaise musulmane, elle s’est toujours identifiée comme femme. Mais enfant, elle comprend que cela ne sera pas si simple : « Dans la cour de récréation, on parlait avec mes copines de nos rêves, nos aspirations. J’ai dit que je voulais être mère, avoir un mari, porter la vie. Une copine m’a interpellée, en me disant que ce serait jamais possible parce que j’étais un garçon. » Quelques années plus tard, à l’adolescence, elle évoque sur le bout des lèvres le sujet avec sa mère avec qui elle a une relation fusionnelle : « Elle me soutenait sans comprendre ». Lorsqu’elle a 15 ans, son père les rejoint depuis le Sénégal, scellant ainsi sa rupture familiale : « Mon père enseigne l’islam. Les rares fois où je l’ai vu, il m’enseignait un islam ouvert et bienveillant. Pour moi c’était assez contradictoire, entre sa philosophie de vie et le fait qu’il n’accepte pas ma différence. »
Arrêter le sport pour sa transitionA peine son bac en poche, elle quitte son foyer familial à Rouen pour s’installer à Aix-en-Provence, où elle démarre une double licence et surtout, intègre son club d’athlétisme. L’arrivée seule dans le sud marque aussi le début de sa transition. Après avoir rencontré son endocrinologue, Halba Diouf comprend qu’entre transition et sport, il faudra faire un choix. Elle choisit de se consacrer à sa transition, du moins pendant une année, en 2020. « La transition, la première année, elle te casse. J’ai commencé à prendre les bloqueurs de testostérone, des œstrogènes et de la progestérone. Actuellement, j’ai arrêté les bloqueurs de testostérone parce que je n’ai plus rien. Mais cela m’a cassée, je ne pouvais plus m’entraîner quatre fois par semaine. C’était impossible. En plus, combinée avec ma double licence… C’était mort, je ne dormais presque plus la nuit. »
Au bout d’un an, la vie sans sport devient trop douloureuse. Halba Diouf décide de reprendre l’entraînement, malgré une perte de poids conséquente. « Maintenant, j’arrive à gérer. En fait, il faut dealer entre le fait de performer et le fait de prendre un traitement hormonal qui va faire baisser les capacités sportives. Ce n’est pas évident, mais il faut trouver le bon équilibre. En fait, il faut travailler trois fois plus. » Halba dit aujourd’hui être arrivée « au bout de sa transition ». « J’ai fait ce que j’avais à faire, j’ai réparé ce que j’avais à réparer, je me sens bien dans mon corps ».
En tant que sprinteuse, Halba Diouf utilise ses pointes. © Radio France – Laura Dulieu
Son club, une seconde familleC’est donc auprès de son club d’athlétisme qu’elle trouve une seconde famille. « J’ai vraiment été accueillie avec bienveillance, gentillesse, amour, tolérance. Cela m’a vraiment fait du bien. Ils m’ont connue sous mon ancienne identité pendant deux ou trois mois. J’ai vraiment été soutenue. Stéphane Lazarini, mon entraîneur, a été vraiment bienveillant avec moi, il a vraiment joué le rôle de père. C’est vraiment lui qui m’a donné encore plus confiance en moi. Je pense vraiment que sans Stéphane et sans les personnes ici, je ne serais plus là. »
Pour afficher ce contenu Instagram, vous devez accepter les cookies Réseaux Sociaux.Ces cookies permettent de partager ou réagir directement sur les réseaux sociaux auxquels vous êtes connectés ou d’intégrer du contenu initialement posté sur ces réseaux sociaux. Ils permettent aussi aux réseaux sociaux d’utiliser vos visites sur nos sites et applications à des fins de personnalisation et de ciblage publicitaire. Halba s’entraîne désormais presque tous les jours. Au moment où la fédération française d’athlétisme a décidé de l’exclure des championnats nationaux et régionaux, elle venait de se faire remarquer aux Championnats régionaux en salle de Miramas, dans les Bouches-du-Rhône, avec des temps impressionnants sur 60m et 200m. De quoi la placer parmi les meilleures Françaises de la saison, et parmi les favorites des Championnats de France Élite et Espoirs. Mais elle n’a plus le droit d’y participer. Si elle ne comprend pas la décision, elle réalise en revanche sa responsabilité en tant que porte-parole de cette cause : « Ils excluent des personnes qui sont déjà exclues de la vie en général. C’est de l’acharnement. On ne peut pas nous bannir comme cela. On n’est pas des bêtes de foire. Donc je dois prendre la parole. Je dois montrer que les femmes transgenres sont là, qu’on est fortes. » L’athlète se retrouve sous le feu des projecteurs depuis son interview dans le journal L’Équipe, où elle dénonce l’exclusion des femmes trans dans le sport.
Cette célébrité nouvelle lui vaut forcément beaucoup de haine sur les réseaux sociaux, qu’elle balaye de la main en riant : « Je m’en fous vraiment.Je ne lis rien, je n’ai pas le temps pour les critiques. En toute sincérité, ils perdent leur temps. » Halba Diouf n’a pas le temps, elle s’entraîne cinq jours sur sept, avec dans un coin de sa tête l’horizon des Jeux olympiques 2024. 

Halba Diouf vient d’avoir 21 ans, et cela fait 21 ans qu’elle sait qu’elle une femme. Quand on lui demande de se présenter, elle répond avec assurance : « Je suis Halba, femme trans, noire et musulmane. » Une manière de dire qu’ « il n’y a pas d’option, ce n’est pas un cumul d’identités : je suis moi, il faut dealer avec cela« .

Il faut au moins ce mental d’acier pour mener sa vie : issue d’une famille sénégalaise musulmane, elle s’est toujours identifiée comme femme. Mais enfant, elle comprend que cela ne sera pas si simple : « Dans la cour de récréation, on parlait avec mes copines de nos rêves, nos aspirations. J’ai dit que je voulais être mère, avoir un mari, porter la vie. Une copine m’a interpellée, en me disant que ce serait jamais possible parce que j’étais un garçon. » Quelques années plus tard, à l’adolescence, elle évoque sur le bout des lèvres le sujet avec sa mère avec qui elle a une relation fusionnelle : « Elle me soutenait sans comprendre ». Lorsqu’elle a 15 ans, son père les rejoint depuis le Sénégal, scellant ainsi sa rupture familiale : « Mon père enseigne l’islam. Les rares fois où je l’ai vu, il m’enseignait un islam ouvert et bienveillant. Pour moi c’était assez contradictoire, entre sa philosophie de vie et le fait qu’il n’accepte pas ma différence. »

Arrêter le sport pour sa transition

A peine son bac en poche, elle quitte son foyer familial à Rouen pour s’installer à Aix-en-Provence, où elle démarre une double licence et surtout, intègre son club d’athlétisme. L’arrivée seule dans le sud marque aussi le début de sa transition. Après avoir rencontré son endocrinologue, Halba Diouf comprend qu’entre transition et sport, il faudra faire un choix. Elle choisit de se consacrer à sa transition, du moins pendant une année, en 2020. « La transition, la première année, elle te casse. J’ai commencé à prendre les bloqueurs de testostérone, des œstrogènes et de la progestérone. Actuellement, j’ai arrêté les bloqueurs de testostérone parce que je n’ai plus rien. Mais cela m’a cassée, je ne pouvais plus m’entraîner quatre fois par semaine. C’était impossible. En plus, combinée avec ma double licence… C’était mort, je ne dormais presque plus la nuit. »

Au bout d’un an, la vie sans sport devient trop douloureuse. Halba Diouf décide de reprendre l’entraînement, malgré une perte de poids conséquente. « Maintenant, j’arrive à gérer. En fait, il faut dealer entre le fait de performer et le fait de prendre un traitement hormonal qui va faire baisser les capacités sportives. Ce n’est pas évident, mais il faut trouver le bon équilibre. En fait, il faut travailler trois fois plus. » Halba dit aujourd’hui être arrivée « au bout de sa transition ». « J’ai fait ce que j’avais à faire, j’ai réparé ce que j’avais à réparer, je me sens bien dans mon corps« .

En tant que sprinteuse, Halba Diouf utilise ses pointes. © Radio France – Laura Dulieu

Son club, une seconde famille

C’est donc auprès de son club d’athlétisme qu’elle trouve une seconde famille. « J’ai vraiment été accueillie avec bienveillance, gentillesse, amour, tolérance. Cela m’a vraiment fait du bien. Ils m’ont connue sous mon ancienne identité pendant deux ou trois mois. J’ai vraiment été soutenue. Stéphane Lazarini, mon entraîneur, a été vraiment bienveillant avec moi, il a vraiment joué le rôle de père. C’est vraiment lui qui m’a donné encore plus confiance en moi. Je pense vraiment que sans Stéphane et sans les personnes ici, je ne serais plus là. »

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Halba s’entraîne désormais presque tous les jours. Au moment où la fédération française d’athlétisme a décidé de l’exclure des championnats nationaux et régionaux, elle venait de se faire remarquer aux Championnats régionaux en salle de Miramas, dans les Bouches-du-Rhône, avec des temps impressionnants sur 60m et 200m. De quoi la placer parmi les meilleures Françaises de la saison, et parmi les favorites des Championnats de France Élite et Espoirs. Mais elle n’a plus le droit d’y participer. Si elle ne comprend pas la décision, elle réalise en revanche sa responsabilité en tant que porte-parole de cette cause : « Ils excluent des personnes qui sont déjà exclues de la vie en général. C’est de l’acharnement. On ne peut pas nous bannir comme cela. On n’est pas des bêtes de foire. Donc je dois prendre la parole. Je dois montrer que les femmes transgenres sont là, qu’on est fortes. » L’athlète se retrouve sous le feu des projecteurs depuis son interview dans le journal L’Équipe, où elle dénonce l’exclusion des femmes trans dans le sport.

Cette célébrité nouvelle lui vaut forcément beaucoup de haine sur les réseaux sociaux, qu’elle balaye de la main en riant : « Je m’en fous vraiment.Je ne lis rien, je n’ai pas le temps pour les critiques. En toute sincérité, ils perdent leur temps. » Halba Diouf n’a pas le temps, elle s’entraîne cinq jours sur sept, avec dans un coin de sa tête l’horizon des Jeux olympiques 2024.

 

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