Read More « Écriture inclusive », « appropriation culturelle », « cancel culture »… Les notions liées au « fait identitaire » – souvent qualifiées de « wokisme » – sont désormais connues d’une majorité de salariés. En mars 2023, l’Ifop a renouvelé, pour Havas Paris, une étude déjà réalisée en novembre 2021 autour de la connaissance et de la perception de ces notions dans le secteur privé. Un questionnaire auto-administré en ligne a été fourni à 805 employés d’entreprises privées d’au moins 50 salariés, sélectionnés selon la méthode des quotas et une stratification par région et catégorie d’agglomération.Il ressort de ce sondage que sur chacun des items testés, un nombre croissant de personnes interrogées disent « avoir entendu parler » de ces termes, mais que leur popularité stagne. « Les concepts que l’on peut appeler identitaires ne sont plus des objets sociaux non identifiés, des OSNIs », note Frédéric Dabi, directeur général opinion de l’Ifop. « Pour autant, il y a une sorte de paradoxe entre une progression très nette de la notoriété et un coup d’arrêt sur l’approbation », ajoute le sondeur. Ce n’est pas parce que l’on reconnaît une idée qu’on y adhère.À LIRE AUSSIPierre-Henri Tavoillot : « Le wokisme trahit les causes qu’il défend »La cancel culture séduit moinsEn effet, l’ensemble des notions soumises aux répondants recueillent un taux de notoriété d’au moins 32 %, contre 27 % en 2021. Certaines notions connaissent également une forte progression entre les deux éditions du sondage. C’est le cas par exemple des « études de genre » (65 %, + 12 points), du « privilège blanc » (58 %, + 11 points), de l’« appropriation culturelle » (56 %, + 11 points) ou encore de la « masculinité toxique » (51 %, + 13 points). Preuve que le vocabulaire s’installe dans le paysage.Les concepts qui génèrent le moins d’adhésion sont ceux qui ébranlent le plus le modèle républicain et la laïcité.Arielle Schwab (Havas Paris)Pour autant, les trois démarches liées au fait identitaire (luttes en non-mixité, écriture inclusive, cancel culture) soumises aux répondants ne sont pas perçues favorablement, avec une adhésion de respectivement 48 %, 38 % et 30 % chez ceux qui savent de quoi il s’agit. Ces résultats sont similaires à ceux de la précédente édition de l’étude, et marquent même une baisse très forte pour la cancel culture, qui recueillait 43 % d’approbation en novembre 2021. « Les concepts qui génèrent le moins d’adhésion sont ceux qui ébranlent le plus le modèle républicain et la laïcité », analyse Arielle Schwab, directrice générale adjointe de Havas Paris.À LIRE AUSSITransgenres, cancel culture, violences… Les confessions de J. K. RowlingToilettes non genrées et écriture inclusiveInterrogés sur leur adhésion à la mise en place de mesures de discrimination positive liées à la question du genre ou de l’identité, la plupart des salariés s’y disent opposés. La mesure qui recueille le plus de faveurs est la possibilité de choisir son pronom pour les aspects administratifs (il/elle/iel), avec « seulement » 40 % d’avis favorables.La plupart des autres mesures testées (parmi lesquelles la création de toilettes non genrées, la communication interne rédigée en écriture inclusive, ou encore la mise à disposition de lieux de pratique du culte) reçoivent autour de 30 % d’approbation. Quant au plus faible taux, de 20 %, il s’applique à la mise en place de quotas de recrutement en fonction de l’orientation sexuelle ou de l’appartenance ethnique. « On observe un front du refus assez clair et une volonté de protection des éléments liés au modèle républicain », détaille Arielle Schwab.D’une manière générale, l’entreprise reste un pôle de résistance du modèle français républicain universaliste où on ne met pas son identité en avant.Frédéric Dabi (Ifop)Les actions que peut mener l’entreprise en lien avec le fait identitaire, comme établir des quotas de diversité ou prendre part à des débats sur des sujets politiques, sont également parmi les critères les moins reconnus comme définissant une « entreprise républicaine », concept testé par l’étude. « D’une manière générale, l’entreprise reste un pôle de résistance du modèle français républicain universaliste où on ne met pas son identité en avant », indique Frédéric Dabi. Les critères qui définissent une entreprise républicaine pour les personnes interrogées sont en effet très majoritairement liés à des thématiques plus largement installées dans l’opinion, comme le fait de payer ses impôts en France, la contribution à l’intérêt général ou le respect de l’égalité femmes/hommes et de la liberté d’expression.À LIRE AUSSIQuand les jeunes tiktokeurs se moquent du wokismeClivage générationnelC’est l’âge qui influe le plus sur la perception de ces concepts liés au fait identitaire. Sur les seize notions testées, quatorze sont plus connues chez les moins de 35 ans que chez les plus de 35 ans, et l’écart moyen du taux de connaissance est de 9 points en faveur des plus jeunes.Ce phénomène générationnel n’est pas sans conséquences pour le fonctionnement des entreprises à l’avenir. « L’entreprise est devenue un espace d’engagement, au sein duquel les salariés, en particulier les plus jeunes, comptent faire entendre leur voix et jouer sur les corpus de valeurs choisis par ces entreprises », expose Arielle Schwab. « L’argument jeune est très vendeur pour les entreprises, il est possible que pour des raisons opportunistes elles fassent parfois un pas vers ces revendications », complète son collègue Benoît Lozé.À LIRE AUSSILinkedIn : ces 10 « signaux » qui en disent long sur votre personnalitéIl est impossible à l’heure actuelle de prévoir quelle sera l’évolution de l’implantation des notions liées au fait identitaire dans l’entreprise. « Il est probable, avec la jeune génération en pointe, que les questions liées à l’identité fassent leur chemin de manière de plus en plus prégnante », tempère toutefois Arielle Schwab. « Nous sommes dans un contexte jamais vu où la question du chômage n’est plus du tout une préoccupation majeure des Français. Dans beaucoup de secteurs, une jeune recrue va être en position de force par rapport à des recruteurs, avec peut-être la possibilité d’imposer des points de vue », ajoute Frédéric Dabi. Évolution à suivre.
« Écriture inclusive », « appropriation culturelle », « cancel culture »… Les notions liées au « fait identitaire » – souvent qualifiées de « wokisme » – sont désormais connues d’une majorité de salariés. En mars 2023, l’Ifop a renouvelé, pour Havas Paris, une étude déjà réalisée en novembre 2021 autour de la connaissance et de la perception de ces notions dans le secteur privé. Un questionnaire auto-administré en ligne a été fourni à 805 employés d’entreprises privées d’au moins 50 salariés, sélectionnés selon la méthode des quotas et une stratification par région et catégorie d’agglomération.
Il ressort de ce sondage que sur chacun des items testés, un nombre croissant de personnes interrogées disent « avoir entendu parler » de ces termes, mais que leur popularité stagne. « Les concepts que l’on peut appeler identitaires ne sont plus des objets sociaux non identifiés, des OSNIs », note Frédéric Dabi, directeur général opinion de l’Ifop. « Pour autant, il y a une sorte de paradoxe entre une progression très nette de la notoriété et un coup d’arrêt sur l’approbation », ajoute le sondeur. Ce n’est pas parce que l’on reconnaît une idée qu’on y adhère.
À LIRE AUSSIPierre-Henri Tavoillot : « Le wokisme trahit les causes qu’il défend »
La cancel culture séduit moins
En effet, l’ensemble des notions soumises aux répondants recueillent un taux de notoriété d’au moins 32 %, contre 27 % en 2021. Certaines notions connaissent également une forte progression entre les deux éditions du sondage. C’est le cas par exemple des « études de genre » (65 %, + 12 points), du « privilège blanc » (58 %, + 11 points), de l’« appropriation culturelle » (56 %, + 11 points) ou encore de la « masculinité toxique » (51 %, + 13 points). Preuve que le vocabulaire s’installe dans le paysage.
Les concepts qui génèrent le moins d’adhésion sont ceux qui ébranlent le plus le modèle républicain et la laïcité.Arielle Schwab (Havas Paris)
Pour autant, les trois démarches liées au fait identitaire (luttes en non-mixité, écriture inclusive, cancel culture) soumises aux répondants ne sont pas perçues favorablement, avec une adhésion de respectivement 48 %, 38 % et 30 % chez ceux qui savent de quoi il s’agit. Ces résultats sont similaires à ceux de la précédente édition de l’étude, et marquent même une baisse très forte pour la cancel culture, qui recueillait 43 % d’approbation en novembre 2021. « Les concepts qui génèrent le moins d’adhésion sont ceux qui ébranlent le plus le modèle républicain et la laïcité », analyse Arielle Schwab, directrice générale adjointe de Havas Paris.
À LIRE AUSSITransgenres, cancel culture, violences… Les confessions de J. K. Rowling
Toilettes non genrées et écriture inclusive
Interrogés sur leur adhésion à la mise en place de mesures de discrimination positive liées à la question du genre ou de l’identité, la plupart des salariés s’y disent opposés. La mesure qui recueille le plus de faveurs est la possibilité de choisir son pronom pour les aspects administratifs (il/elle/iel), avec « seulement » 40 % d’avis favorables.
La plupart des autres mesures testées (parmi lesquelles la création de toilettes non genrées, la communication interne rédigée en écriture inclusive, ou encore la mise à disposition de lieux de pratique du culte) reçoivent autour de 30 % d’approbation. Quant au plus faible taux, de 20 %, il s’applique à la mise en place de quotas de recrutement en fonction de l’orientation sexuelle ou de l’appartenance ethnique. « On observe un front du refus assez clair et une volonté de protection des éléments liés au modèle républicain », détaille Arielle Schwab.
D’une manière générale, l’entreprise reste un pôle de résistance du modèle français républicain universaliste où on ne met pas son identité en avant.Frédéric Dabi (Ifop)
Les actions que peut mener l’entreprise en lien avec le fait identitaire, comme établir des quotas de diversité ou prendre part à des débats sur des sujets politiques, sont également parmi les critères les moins reconnus comme définissant une « entreprise républicaine », concept testé par l’étude. « D’une manière générale, l’entreprise reste un pôle de résistance du modèle français républicain universaliste où on ne met pas son identité en avant », indique Frédéric Dabi. Les critères qui définissent une entreprise républicaine pour les personnes interrogées sont en effet très majoritairement liés à des thématiques plus largement installées dans l’opinion, comme le fait de payer ses impôts en France, la contribution à l’intérêt général ou le respect de l’égalité femmes/hommes et de la liberté d’expression.
À LIRE AUSSIQuand les jeunes tiktokeurs se moquent du wokisme
Clivage générationnel
C’est l’âge qui influe le plus sur la perception de ces concepts liés au fait identitaire. Sur les seize notions testées, quatorze sont plus connues chez les moins de 35 ans que chez les plus de 35 ans, et l’écart moyen du taux de connaissance est de 9 points en faveur des plus jeunes.
Ce phénomène générationnel n’est pas sans conséquences pour le fonctionnement des entreprises à l’avenir. « L’entreprise est devenue un espace d’engagement, au sein duquel les salariés, en particulier les plus jeunes, comptent faire entendre leur voix et jouer sur les corpus de valeurs choisis par ces entreprises », expose Arielle Schwab. « L’argument jeune est très vendeur pour les entreprises, il est possible que pour des raisons opportunistes elles fassent parfois un pas vers ces revendications », complète son collègue Benoît Lozé.
À LIRE AUSSILinkedIn : ces 10 « signaux » qui en disent long sur votre personnalité
Il est impossible à l’heure actuelle de prévoir quelle sera l’évolution de l’implantation des notions liées au fait identitaire dans l’entreprise. « Il est probable, avec la jeune génération en pointe, que les questions liées à l’identité fassent leur chemin de manière de plus en plus prégnante », tempère toutefois Arielle Schwab. « Nous sommes dans un contexte jamais vu où la question du chômage n’est plus du tout une préoccupation majeure des Français. Dans beaucoup de secteurs, une jeune recrue va être en position de force par rapport à des recruteurs, avec peut-être la possibilité d’imposer des points de vue », ajoute Frédéric Dabi. Évolution à suivre.
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