Chers amis,
à l’occasion de cette rentrée, nous reprenons notre entreprise de description du panorama parfois assez consternant de la vie intellectuelle de notre université. Très récemment dans un article de l’Express, Michel Wieviorka expliquait que « la menace « woke » serait grandement exagérée par des militants réactionnaires. » Il faut donc se féliciter d’emblée du grand progrès que ce texte constitue qui reconnaît explicitement pour la première fois que les idéologies du genre et de la race sont « une menace ».
Ah la belle affaire: elle est petite ! vous dit-on. À peine un danger, tout au plus un soupçon – rien de plus. Allons, de quoi s’agit-il ? Rien de bien méchant – Insoutenable légèreté de l’être… Il le dit lui-même dans son texte: « il faut déjà éviter les amalgames ». Car s’en prendre au « wokisme », c’est « attaquer la gauche » – étant entendu que la gauche et le wokisme ne font qu’un; c’est donc être réactionnaire. C’est « manquer de vocabulaire », c’est manquer de subtilité et de » hauteur de vue ».
Car il faut voler à des altitudes vertigineuses pour comprendre que la menace ne pèse pas et qu’elle n’est que légèreté, élégance et subtile affaire d’interprétation. Pourtant, dans son récent discours aux Universités d’été du PS, Olivier Faure faisait résonner des mots qui semblaient laisser entrevoir une autre façon de voir les choses :
« La laïcité n’est pas négociable. Elle n’a à être ni ouverte, ni fermée ». Et « en ce mois d’août 2021, Marianne est Afghane ! » lance le premier des socialistes. Il continue sur le thème de la République, dont la vision divise parfois son camp. La gauche, « plutôt que de s’égarer sur les chemins du woke ou de l’indigénisme, doit tenir fièrement le drapeau républicain, c’est ainsi qu’elle restera éveillée », estime Olivier Faure.https://www.publicsenat.fr/article/politique/apres-le-president-des-riches-olivier-faure-veut-elire-une-presidente-pour-tous
Se pourrait-il alors que la menace soit plus pressante que certains ne le pensent ? L’actualité de cet été fut riche qui laisse penser qu’il faut au contraire rester vigilant et sur ses gardes. Un exemple ? La Royal Society of Chemistry vient d’émettre une directive pour l’élimination du contenu inapproprié dans ses revues et livres. Le propos est sans équivoque:
« As an author », please consider that words, depictions and imagery have the potential to cause offence. The concept of offence/offensiveness is subjective, and may mean different things to different people »
Le spectre des offenses est large: « Any content that could reasonably offend someone on the basis of their age, gender, race, sexual orientation, religious or political beliefs, marital or parental status, physical features, national origin, social status or disability ».
Expurger de ses publications les contenus inappropriés au prétexte qu’ils choqueraient le lecteur: cela portait un nom autrefois. Et dans les bibliothèques, ces contenus ont une place de choix qu’on appelle l’enfer.
Ce même enfer qu’on dit pourtant pavé de bonnes intentions… A voir.
Dans la présente édition de notre revue en ligne vous retrouverez plusieurs informations :
Oser l’universalisme. Contre le communautarisme par Nathalie Heinich
Il s’agit de l’introduction de Oser l’universalisme. Contre le communautarisme, qui paraîtra le 10 septembre aux éditions Le bord de l’eau. Les bonnes feuilles de l’ouvrage vous permettront de prendre connaissance des thématiques abordées par l’auteur :
“Trois innovations idéologiques sont apparues ces derniers temps en France dans les milieux intellectuels, culturels et universitaires : la première est la réduction des revendications politiques à des questions d’ « identité » ; la deuxième est la dérive du féminisme vers un courant différentialiste plutôt qu’universaliste et vers des formes d’action radicales ; la troisième est la tentative supprimer les discours considérés comme indésirables plutôt que de les affronter par le débat. « Identitarisme », « néo-féminisme », « nouvelles censures » (ou « cancel culture »), selon le découpage choisi pour le présent recueil : ces trois tendances importent des idées et des pratiques qui se sont développées dans la dernière génération sur les campus et dans les milieux artistiques nord-américains. …. Lire la suite sur le site”
Condorcet et la genèse de la loi de 1905 par Charles Coutel
Il s’agit d’une analyse détaillée du rôle joué par Condorcet dans l’invention du dispositif de la loi de 1905. Nous voudrions rendre compte ici de la complexité des positions condorcétiennes et de leur unité au sein de la philosophie républicaine : ce penseur reprend l’héritage des Lumières, notamment de Voltaire et le traduit au sein de la Révolution française. Condorcet, sur la problématique de la séparation, signale même des « erreurs » à ne pas commettre…
Allons plus loin : Condorcet adopte une méthodologie qui, pensée avant la Constitution civile du clergé et, a fortiori, avant le Concordat, indiquerait par avance les failles éventuelles de toute approche partielle de la séparation. Cet « en deçà » serait même un « au-delà » : Condorcet pourrait ainsi nous aider à mieux lire la loi de 1905 et son devenir actuel.
En un premier temps, nous insisterons sur la cohérence de la conception condorcétienne de la séparation. En un deuxième temps, nous montrerons comment cette synthèse de Condorcet se transforme en un programme institutionnel et politique précis, à partir de 1789. Enfin, nous insisterons sur l’actualité de cette approche… Lire la suite sur le site
L’étude de l’INED sur les prénoms des descendants d’immigrés en France : analyse d’une supercherie par Jean-François Mignot
Un article scientifique publié en avril 2019 dans la revue Population et sociétés indique qu’en France métropolitaine en 2008, les prénoms les plus fréquents chez les petits-fils d’immigrés du Maghreb seraient « Yanis » et « Nicolas ».
Au total, selon l’étude, seulement 23 % des petits-enfants d’immigrés du Maghreb porteraient un prénom « arabo-musulman », un ordre de grandeur assez proche des 16 % de petits-enfants d’immigrés d’Europe du Sud qui porteraient un prénom « latin ». Considérant les prénoms des descendants d’immigrés comme « un marqueur culturel » et « une mesure de l’assimilation », les auteurs notent que « Les prénoms que reçoivent les petits-enfants [d’immigrés du Maghreb] sont, en 2008, proches de ceux que la population majoritaire donne à ses enfants », et que « La trajectoire suivie par les originaires du Maghreb mène au même point d’arrivée que celle suivie par les Européens du Sud, mais de manière différée. »Problème : ces résultats, publiés par le bulletin d’information de l’Institut national d’études démographiques (INED) et largement médiatisés, sont inexacts. Vérification faite, en métropole en 2008 les prénoms les plus fréquents chez les petits-fils d’immigrés du Maghreb ne sont pas « Yanis » et « Nicolas », mais « Karim » et « Nassim ». Lire la suite sur le site
Pour le salut de la gauche par Samuel Mayol
« La laïcité n’est pas négociable. Elle n’a à être ni ouverte, ni fermée ». Et « en ce mois d’août 2021, Marianne est Afghane ! » lance le premier des socialistes. Il continue sur le thème de la République, dont la vision divise parfois son camp. La gauche, « plutôt que de s’égarer sur les chemins du woke ou de l’indigénisme, doit tenir fièrement le drapeau républicain, c’est ainsi qu’elle restera éveillée », estime Olivier Faure. Lire la suite sur le site.
Agenda
Le 18 septembre, à 15 heures, Pierre VERMEREN interviendra dans le cadre d’une conférence publique organisée par le Grand Orient sur le thème: “La République, état des lieux” aux côtés de Stéphanie Roza et Jean-Yves Mollier.
Le 10 Septembre paraît aux éditions Le bord de l’eau Oser l’universalisme. Contre le communautarisme de Nathalie Heinich.
Le 22 septembre, à 19h30, à l’occasion d’une conférence publique organisée par le Grand Orient sur le sujet “Les enjeux actuels de la pensée universaliste”, Mireille QUIVY interviendra sur “Le mouvement des idées aux États-Unis : les mutations récentes dans l’éducation”; Xavier-Laurent SALVADOR sur “La pénétration des théories du genre et de la race dans l’Université française” et Nathalie HEINICH sur “Les enjeux politiques de l’universalisme républicain”Un an presque jour pour jour après l’horrible attentat qui atteignait Samuel Paty, nous restons plus que jamais mobilisés pour la défense de l’universalisme et des principes qui nous unissent