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Limay : des lycéens réclament le droit de porter l’abaya et la djellaba à l’école

Limay : des lycéens réclament le droit de porter l’abaya et la djellaba à l’école

Collectif

Tribune des observateurs

Read More  Par Renaud Vilafranca Publié le 6 Avr 23 à 17:31 
Des élèves ont fait circuler une pétition pour revendiquer le droit de s’habiller librement en djellaba et en abaya au lycée Condorcet de Limay (Yvelines). (©Renaud Vilafranca)Il y a plusieurs années, c’était le survêtement qui posait problème au lycée Condorcet de Limay (Yvelines). La direction avait créé la polémique en tentant d’interdire aux élèves de revêtir cette tenue. Cette fois, c’est un tout au type de vêtement qui fait débat. Ces dernières semaines, cinq lycéennes ont fait circuler au sein de l’établissement une pétition « contre l’interdiction du port de l’abaya et de la djellaba » pendant les heures de cours.235 signatures sur 1 300 élèvesLa première est une tenue féminine couvrant tout le corps, traditionnelle des pays musulmans, considérée en France comme un signe religieux. Et donc, interdite à l’école, tout comme la seconde, portée par les hommes comme les femmes. Ces adolescentes ont recueilli 235 signatures, sur les 1 300 jeunes scolarisés dans ce lycée polyvalent.Cette petite délégation a été reçue dans le bureau du proviseur, mercredi 5 avril 2023, pour faire part de ses revendications. L’entourage du responsable d’établissement, qui lui n’a pas donné suite à nos sollicitations, indique que cette entrevue a donné lieu à un « échange cordial et constructif sur la laïcité » et que cette histoire ne provoque « pas de tension particulière ».Les consignes de l’Éducation nationale sont claires sur ce sujet toujours d’actualité. « Depuis un an, le nombre de signalements relatifs à des tenues, disons islamiques, augmente », avait déclaré, mardi 4 octobre 2022, Pap Ndiaye sur le plateau de France 2, comme l’a relayé Ouest France. Le ministre de l’Éducation nationale appelait alors son personnel à appliquer « fermement » la loi du 15 mars 2004, qui proscrit le port de signes religieux ostentatoires en milieu scolaire. De manière plus explicite, à la même période, Sonia Backès, secrétaire d’État à la citoyenneté, déclarait à France info que l’abaya était « interdite » à l’école.L’inquiétude des profsÀ Condorcet, l’affaire a démarré au conseil d’administration du 6 mars 2023, avec cette question des représentants des enseignants. « Nous nous inquiétons du nombre grandissant d’élèves filles venant au lycée dans des tenues « non laïques », certaines [les] arborent même pour la pratique de l’EPS. Serait-il possible que [le proviseur et son adjoint] rappellent aux élèves concernées et à leurs familles les principes de neutralité ? »« La définition de la « tenue non laïque » n’est pas aisée à définir lorsque les vêtements ou les signes portés ne font pas nettement référence à des éléments de prosélytisme ou d’appartenance religieuse. Le fait culturel doit être clairement distingué du fait cultuel », avait répondu le proviseur, selon le compte rendu de la réunion.Un temps tolérée au lycée Condorcet, l’abaya est alors devenue indésirable. Le proviseur adjoint s’était alors posté chaque matin à la grille pour rappeler le règlement en matière de tenue vestimentaire.Vidéos : en ce moment sur ActuLors du dernier conseil d’administration de l’établissement, lundi 3 avril, le chef d’établissement a informé les membres de l’existence de cette pétition. « Personne n’a rien vu venir, réagit une prof présente ce jour-là. Je trouve hallucinant que des élèves se mobilisent sur cette thématique qui porte atteinte à la laïcité. » Les autres enseignants sollicités n’ont pas souhaité répondre à nos questions sur ce sujet qui diviserait au sein même du personnel.Dans un département où un enseignant, Samuel Paty, a été sauvagement assassiné par un terroriste après avoir montré des caricatures de Mahomet à ses élèves, certains préféreraient même que l’affaire ne s’ébruite pas. « Si un mouvement s’est constitué, cela témoigne d’un mal-être », souffle juste une de nos interlocutrices.Christine Boutry, représentante des parents d’élèves (FCPE), était également présente à la réunion du 3 avril. « Il existe un texte de loi, qu’on s’y réfère. Je n’ai pas compris pourquoi des élèves ont fait signer une pétition pour une tenue alors que plein d’autres sujets bien plus importants pour leur avenir ne les intéressent pas », déclare-t-elle à 78 Actu.« Une question de tolérance »Ce jeudi matin devant l’établissement, ni abayas, ni djellabas en vue, mais plusieurs dizaines d’adolescentes qui enlèvent leur foulard en franchissant la grille. « J’ai signé la pétition, c’est une question de tolérance », confie un élève de 17 ans, scolarisé en terminale. « Ce n’est pas une tenue religieuse mais culturelle, développe son ami. Les gens s’habillent comme ils veulent. Ce n’est pas correct de les en empêcher. »« En coopération avec la direction académique des Yvelines et la Cellule laïcité et valeurs de la République de l’Académie de Versailles, la direction du lycée va poursuivre les temps d’échange et d’explicitation avec les élèves, notamment avec les élus du Conseil de la vie lycéenne », précise l’Inspection académique.Suivez toute l’actualité de vos villes et médias favoris en vous inscrivant à Mon Actu. 

Par Renaud Vilafranca Publié le 6 Avr 23 à 17:31 

Des élèves ont fait circuler une pétition pour revendiquer le droit de s’habiller librement en djellaba et en abaya au lycée Condorcet de Limay (Yvelines). (©Renaud Vilafranca)

Il y a plusieurs années, c’était le survêtement qui posait problème au lycée Condorcet de Limay (Yvelines). La direction avait créé la polémique en tentant d’interdire aux élèves de revêtir cette tenue. Cette fois, c’est un tout au type de vêtement qui fait débat. Ces dernières semaines, cinq lycéennes ont fait circuler au sein de l’établissement une pétition « contre l’interdiction du port de l’abaya et de la djellaba » pendant les heures de cours.

235 signatures sur 1 300 élèves

La première est une tenue féminine couvrant tout le corps, traditionnelle des pays musulmans, considérée en France comme un signe religieux. Et donc, interdite à l’école, tout comme la seconde, portée par les hommes comme les femmes. Ces adolescentes ont recueilli 235 signatures, sur les 1 300 jeunes scolarisés dans ce lycée polyvalent.

Cette petite délégation a été reçue dans le bureau du proviseur, mercredi 5 avril 2023, pour faire part de ses revendications. L’entourage du responsable d’établissement, qui lui n’a pas donné suite à nos sollicitations, indique que cette entrevue a donné lieu à un « échange cordial et constructif sur la laïcité » et que cette histoire ne provoque « pas de tension particulière ».

Les consignes de l’Éducation nationale sont claires sur ce sujet toujours d’actualité. « Depuis un an, le nombre de signalements relatifs à des tenues, disons islamiques, augmente », avait déclaré, mardi 4 octobre 2022, Pap Ndiaye sur le plateau de France 2, comme l’a relayé Ouest France. Le ministre de l’Éducation nationale appelait alors son personnel à appliquer « fermement » la loi du 15 mars 2004, qui proscrit le port de signes religieux ostentatoires en milieu scolaire. De manière plus explicite, à la même période, Sonia Backès, secrétaire d’État à la citoyenneté, déclarait à France info que l’abaya était « interdite » à l’école.

L’inquiétude des profs

À Condorcet, l’affaire a démarré au conseil d’administration du 6 mars 2023, avec cette question des représentants des enseignants. « Nous nous inquiétons du nombre grandissant d’élèves filles venant au lycée dans des tenues « non laïques », certaines [les] arborent même pour la pratique de l’EPS. Serait-il possible que [le proviseur et son adjoint] rappellent aux élèves concernées et à leurs familles les principes de neutralité ? »

« La définition de la « tenue non laïque » n’est pas aisée à définir lorsque les vêtements ou les signes portés ne font pas nettement référence à des éléments de prosélytisme ou d’appartenance religieuse. Le fait culturel doit être clairement distingué du fait cultuel », avait répondu le proviseur, selon le compte rendu de la réunion.

Un temps tolérée au lycée Condorcet, l’abaya est alors devenue indésirable. Le proviseur adjoint s’était alors posté chaque matin à la grille pour rappeler le règlement en matière de tenue vestimentaire.

Vidéos : en ce moment sur Actu

Lors du dernier conseil d’administration de l’établissement, lundi 3 avril, le chef d’établissement a informé les membres de l’existence de cette pétition. « Personne n’a rien vu venir, réagit une prof présente ce jour-là. Je trouve hallucinant que des élèves se mobilisent sur cette thématique qui porte atteinte à la laïcité. » Les autres enseignants sollicités n’ont pas souhaité répondre à nos questions sur ce sujet qui diviserait au sein même du personnel.

Dans un département où un enseignant, Samuel Paty, a été sauvagement assassiné par un terroriste après avoir montré des caricatures de Mahomet à ses élèves, certains préféreraient même que l’affaire ne s’ébruite pas. « Si un mouvement s’est constitué, cela témoigne d’un mal-être », souffle juste une de nos interlocutrices.

Christine Boutry, représentante des parents d’élèves (FCPE), était également présente à la réunion du 3 avril. « Il existe un texte de loi, qu’on s’y réfère. Je n’ai pas compris pourquoi des élèves ont fait signer une pétition pour une tenue alors que plein d’autres sujets bien plus importants pour leur avenir ne les intéressent pas », déclare-t-elle à 78 Actu.

« Une question de tolérance »

Ce jeudi matin devant l’établissement, ni abayas, ni djellabas en vue, mais plusieurs dizaines d’adolescentes qui enlèvent leur foulard en franchissant la grille. « J’ai signé la pétition, c’est une question de tolérance », confie un élève de 17 ans, scolarisé en terminale. « Ce n’est pas une tenue religieuse mais culturelle, développe son ami. Les gens s’habillent comme ils veulent. Ce n’est pas correct de les en empêcher. »

« En coopération avec la direction académique des Yvelines et la Cellule laïcité et valeurs de la République de l’Académie de Versailles, la direction du lycée va poursuivre les temps d’échange et d’explicitation avec les élèves, notamment avec les élus du Conseil de la vie lycéenne », précise l’Inspection académique.

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