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Plants studies

Plants studies

Collectif

Tribune des observateurs

Nous avons pris connaissance avec beaucoup d’intérêt du faire-part de naissance d’une nouvelle branche de la linguistique et de l’analyse du discours consacrée aux plantes: les plants studies.

Il est urgent d’aider l’Université décoloniale à décoloniser son discours.

D’abord si je vous dis benoîtement que je m’intéresse aux « plants studies », vous en conclurez que je suis botaniste ?

Ah, jeunesse ! Quel rapport entre les plants studies et la botanique ? Cette vieille lubie coloniale qui vise à organiser les plantes selon un système anthropocentrique ? Allons, soyez raisonnable. La botanique doit être débotanifiée. Et c’est pourquoi – dans un anglais qui ne saurait être une lubie coloniale – nous nous intéresserons aux « plants studies », c’est-à-dire aux « discours des plantes ».

Oui, vous avez bien lu.

Aux « discours des plantes ».

Pas à « la communication végétale », en encore moins aux écosystèmes forestiers et à la symbiose qui existent dans la communication organique entre les deux univers. Non: nous nous intéresserons aux discours des plantes elles-mêmes, sur elles-mêmes.

Ah mais j’en vois qui, au fond, se disent qu’il s’agit d’une métaphore ? Qu’en fait, on parlera des bouquets et de la signification de l’organisation des jardins ? De la beauté du discours amoureux à travers les plantes ? Mon Dieu ! Que vous êtes coloniaux: pensiez-vous réellement qu’il était naturel d’utiliser les plantes et de les soumettre à vos vues bassement romantiques ? Allons, décolonisez-vous dans ce bol d’eau pur et oubliez ces pensées disruptives.

Alors on lit dans une revue savante (ici) que la frontière humains/animal s’estompe:

Les frontières spécistes évoluent à l’aune des courants animalistes et débats sur le droit animal, et l’humain reprend sa place d’animal parmi les autres. De même, les formes de langage animal sont dessinées et affinées par le filtre de disciplines comme la zoologie, l’anthropologie, ou même l’éthologie ou la zoosémiotique, de sorte que l’opposition humain-animal s’estompe.

https://penseedudiscours.hypotheses.org/16672

Il est temps de passer, et au pas s’il vous plaît, à une post-linguistique déshumanisée: ou plutôt, enfin éclairée sous le jour nouveau de l’immense supériorité de la plante sur l’homme – qui en doutait ? Mais également de la linguistique renouvelée sur toute pseudo-science, de la botanique-à-papa has been et de l’éthologie qui s’interdisait jusque là de franchir la barrière de l’espèce considérant naïvement qu’il était établi que la langue était humaine.

On avance, on avance. Et si incontestablement la démarche relève d’un progrès puisqu’enfin on peut tout dire, on se demande s’il n’y a pas quelque chose d’un peu trop humaniste dans la démarche qui consiste à plaquer sur l’éternel survivant végétal un schème anthropique comme celui de la langue. N’est-ce pas là un fait de colonialisme au carré ? Car à parler de « discours des plantes », en somme, on étiquette à bon compte ce que la plante elle-même ne vit peut-être pas comme tel ?

Personnifier ainsi le discours des plantes est sans doute un premier pas dans la bonne direction. Mais il ne faudrait pas enfermer le discours des « plants studies » dans les schèmas passéistes de l’humanité triomphante au détriment de la volonté subjective de l’individu.e plant.e !

Non décidément: il est temps de débotanifier la botanique, et de délinguisticiser la linguistique des plantes.

BACK TO THE TREES !

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