Révolution. Comment les réalisateurs queers des années 1990 ont bouleversé le cinéma

Révolution. Comment les réalisateurs queers des années 1990 ont bouleversé le cinéma

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Révolution. Comment les réalisateurs queers des années 1990 ont bouleversé le cinéma

Read More  Des légendaires Paris Is Burning et Priscilla, folle du désert, aux films d’auteur, comme Happy Together, en passant par d’autres films grand public comme Philadelphia : les années 1990 ont vu naître une vague mondiale de films LGBTQI, qui ont bousculé le septième art et ses représentations sociales. “Grâce à l’essor et aux succès du cinéma indépendant, et une volonté de mettre en avant la colère des associations de lutte contre le sida, le cinéma queer est devenu un atout commercial pour la première fois de son histoire”, explique The Guardian. Le quotidien britannique se replonge dans cette époque d’intense créativité, partagée entre deux courants. D’un côté, le premier film hollywoodien à mettre en scène un homme gay atteint du sida, et en lutte contre les discriminations, Philadelphia. Sorti en 1993, ce film américain sensibilisait le grand public en portant à l’écran un couple gay campé par les stars Antonio Banderas et Tom Hanks, mais restait très pudique dans sa représentation de la sexualité des hommes homosexuels. À l’inverse, Dakan, du réalisateur guinéen Mohamed Camara, sorti en 1999, montrait quant à lui une scène de baiser torride entre deux hommes dès les premières scènes. “La réalisation de Philadelphia était peut-être risquée sur le plan commercial, mais celle de Dakan mettait immédiatement son équipe en danger : en Guinée, l’homosexualité est, et reste, illégale”, explique le Guardian. Et cette œuvre de Mohamed Camara, comme nombre d’autres films de réalisateurs queers, est marquée par un aspect “artisanal” : il a fait tourner son frère, acteur amateur, tant il était difficile de convaincre des acteurs professionnels de jouer ce rôle, et il devait, lors des projections, éviter des manifestants en colère, selon le quotidien. Voir aussi : Vidéo. “Burning Days”, le film qui a fait polémique en Turquie Le réalisateur ne tournera plus de longs-métrages ensuite, mais il aura marqué l’histoire du cinéma avec ce premier film gay d’Afrique de l’Ouest, au programme d’une exposition au centre culturel Barbican à Londres, du 6 au 29 juin, consacrée au cinéma queer des années 1990. Son commissaire, Alex Davidson, affirme dans les colonnes du quotidien britannique adorer le mouvement du “New Queer Cinema, bien que ces films se passent très souvent en Amérique du Nord” , et a donc aussi voulu mettre en avant des films indiens, espagnols ou encore chinois avec Palais du levant, palais du couchant, un long-métrage sur un jeune gay arrêté par un policier, sorti en 1996. À l’image de Dakan, les films queers de cette époque présentent souvent un aspect artisanal, car bien souvent tournés avec peu de budget, comme l’explique l’Autrichienne Ursula Puerrer, coréalisatrice de Flaming Ears, long-métrage de science-fiction lesbien. Cette esthétique DIY [Do it yourself, “faites-le vous-même”] a aussi puisé son origine dans la scène queer punk underground à Vienne. D’autres cinéastes se remémorent la violence des réactions de spectateurs : “Les hommes hétéros d’un certain âge en particulier avaient une dent contre mes films”, explique au Guardian l’Allemande Monika Treut, qui a réalisé My Father Is Coming en 1991. Une cinéaste “en avance sur son temps” avec ses représentations du corps émancipées des carcans sociaux. Heureuse de constater le progrès démocratique accompli depuis, elle reste nostalgique de cette ère où queer “était synonyme de militantisme, de rejet des valeurs familiales, et dépeignait une autre image de la société. Désormais, queer est un mot à la mode qui n’a plus rien d’anticonformiste”. Le cinéma queer a toutefois été marqué par des “hommes majoritairement blancs”, et les cinéastes noirs comme le Britannique Isaac Julien ou l’Américain Stephen Winter étaient très rares dans le milieu, relate le Guardian. Mais aussi par la difficulté de mener une longue carrière, selon Alex Davidson. “Souvent, c’est déjà un miracle quand un réalisateur queer a la possibilité de faire plus d’un seul film. Si le premier ne fait pas un carton, personne ne se risque à en financer un second.” 

Des légendaires Paris Is Burning et Priscilla, folle du désert, aux films d’auteur, comme Happy Together, en passant par d’autres films grand public comme Philadelphia : les années 1990 ont vu naître une vague mondiale de films LGBTQI, qui ont bousculé le septième art et ses représentations sociales.

“Grâce à l’essor et aux succès du cinéma indépendant, et une volonté de mettre en avant la colère des associations de lutte contre le sida, le cinéma queer est devenu un atout commercial pour la première fois de son histoire”, explique The Guardian.

Le quotidien britannique se replonge dans cette époque d’intense créativité, partagée entre deux courants. D’un côté, le premier film hollywoodien à mettre en scène un homme gay atteint du sida, et en lutte contre les discriminations, Philadelphia. Sorti en 1993, ce film américain sensibilisait le grand public en portant à l’écran un couple gay campé par les stars Antonio Banderas et Tom Hanks, mais restait très pudique dans sa représentation de la sexualité des hommes homosexuels.

À l’inverse, Dakan, du réalisateur guinéen Mohamed Camara, sorti en 1999, montrait quant à lui une scène de baiser torride entre deux hommes dès les premières scènes. “La réalisation de Philadelphia était peut-être risquée sur le plan commercial, mais celle de Dakan mettait immédiatement son équipe en danger : en Guinée, l’homosexualité est, et reste, illégale”, explique le Guardian. Et cette œuvre de Mohamed Camara, comme nombre d’autres films de réalisateurs queers, est marquée par un aspect “artisanal” : il a fait tourner son frère, acteur amateur, tant il était difficile de convaincre des acteurs professionnels de jouer ce rôle, et il devait, lors des projections, éviter des manifestants en colère, selon le quotidien.

Le réalisateur ne tournera plus de longs-métrages ensuite, mais il aura marqué l’histoire du cinéma avec ce premier film gay d’Afrique de l’Ouest, au programme d’une exposition au centre culturel Barbican à Londres, du 6 au 29 juin, consacrée au cinéma queer des années 1990. Son commissaire, Alex Davidson, affirme dans les colonnes du quotidien britannique adorer le mouvement du “New Queer Cinema, bien que ces films se passent très souvent en Amérique du Nord” , et a donc aussi voulu mettre en avant des films indiens, espagnols ou encore chinois avec Palais du levant, palais du couchant, un long-métrage sur un jeune gay arrêté par un policier, sorti en 1996.

À l’image de Dakan, les films queers de cette époque présentent souvent un aspect artisanal, car bien souvent tournés avec peu de budget, comme l’explique l’Autrichienne Ursula Puerrer, coréalisatrice de Flaming Ears, long-métrage de science-fiction lesbien. Cette esthétique DIY [Do it yourself, “faites-le vous-même”] a aussi puisé son origine dans la scène queer punk underground à Vienne.

D’autres cinéastes se remémorent la violence des réactions de spectateurs : “Les hommes hétéros d’un certain âge en particulier avaient une dent contre mes films”, explique au Guardian l’Allemande Monika Treut, qui a réalisé My Father Is Coming en 1991. Une cinéaste “en avance sur son temps” avec ses représentations du corps émancipées des carcans sociaux. Heureuse de constater le progrès démocratique accompli depuis, elle reste nostalgique de cette ère où queer “était synonyme de militantisme, de rejet des valeurs familiales, et dépeignait une autre image de la société. Désormais, queer est un mot à la mode qui n’a plus rien d’anticonformiste”.

Le cinéma queer a toutefois été marqué par des “hommes majoritairement blancs”, et les cinéastes noirs comme le Britannique Isaac Julien ou l’Américain Stephen Winter étaient très rares dans le milieu, relate le Guardian. Mais aussi par la difficulté de mener une longue carrière, selon Alex Davidson. “Souvent, c’est déjà un miracle quand un réalisateur queer a la possibilité de faire plus d’un seul film. Si le premier ne fait pas un carton, personne ne se risque à en financer un second.”

 

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