Tal Madesta : « Le problème n’est pas la transidentité, mais la façon dont elle est perçue par le monde »

Tal Madesta : « Le problème n’est pas la transidentité, mais la façon dont elle est perçue par le monde »

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Tal Madesta : « Le problème n’est pas la transidentité, mais la façon dont elle est perçue par le monde »

Read More  En 2020, Tal Madesta entame une transition de genre. En prenant ce chemin qui implique de redéfinir entièrement son rapport à soi, aux autres, au monde social, il fait l’expérience désolante de la violence transphobe et du deuil. Mais il découvre aussi la joie d’aimer autrement et expérimenter avec intensité sa propre liberté. Entre rage et lumière, Tal Madesta livre dans  La fin des monstres le récit d’une révolution intime, en même temps qu’un plaidoyer passionné pour l’émancipation des personnes trans.
Une colère inspirante »J’ai écrit ce livre dans un délai très, court, le temps d’un été à un moment où j’étais particulièrement énervé, parce que j’avais vécu beaucoup de violences et d’agressions. Au final, je me dis que cela m’a inspiré et que la colère a été un moteur qui m’a permis, dans un deuxième temps, de rationaliser les choses. J’ai aussi envie de répondre à tout ce qu’on dit sur nous en ma qualité de journaliste, et pas uniquement en tant que personne trans. Cela me permet d’avoir un discours nourri de chiffres et de données et de faire quelque chose de cette colère. Je veux que mon parcours vienne illustrer un propos et une réalité, et en même temps que cette image montre la diversité de nos parcours, car il y a autant de parcours que de personnes. »
Déplacer la figure du monstre »Le mot « monstre » décrit la réalité dont on est perçu. Factuellement, tout l’imaginaire de la monstruosité, de la déviance et de la non-conformité à la norme génère, pour les personnes trans de la violence. Ce que je propose, c’est de déplacer la figure du monstre. Cette obsession pour la norme et pour nous assigner à la marge dit beaucoup plus de choses sur les personnes qui sont dans cette exclusion, que sur nous. Pour moi, la figure du monstre est un miroir tendu, c’est tout ce que ces personnes ont peur d’être et de voir. Mon approche est de dire que les monstres sont ailleurs, que ce n’est pas moi le monstre et ainsi, accéder à une forme d’agentivité. »
Quand le langage sert le combat »J’ai compris qu’il y avait aussi un combat à mener sur le terrain du langage, quand je me suis rendu compte que les argumentaires anti-trans se focalisaient beaucoup sur les mots. Je me suis dit qu’il fallait y répondre. Qu’est-ce qu’un homme et une femme ? C’est la question préférée des anti-trans, pour nous renvoyer le fait qu’on serait dans une sorte d’illusion totale, qu’on n’accepterait pas les règles de la nature et nous opposer une forme de folie. Ce qu’on entend le plus de leur part c’est : être une femme ou un homme, ce n’est pas un sentiment, comme si ce qu’on mettait derrière ces mots était une espèce d’émotion ésotérique déconnectée du monde. Avec ce livre, j’ai voulu montrer que femme et homme, ce sont des trajectoires sociales, la transition est un outil de mobilité sur l’échiquier social du genre et une réalité concrète. »
ArchivesLecture par Paul B. Préciado de son texte Je suis un monstre qui vous parle (Grasset), enregistré à la Maison de la poésie, le 03/12/2020
Christian Bobin, émission L’heure bleue, Laure Adler, France Inter, 18/12/2018
Sam Bourcier, émission LSD, Perrine Kervan, France Culture, 29/08/2018
Références musicalesApparat, Licidana
Jonathan Fitoussi, Lunar leap
Perez*,* Coma coloris vif 

En 2020, Tal Madesta entame une transition de genre. En prenant ce chemin qui implique de redéfinir entièrement son rapport à soi, aux autres, au monde social, il fait l’expérience désolante de la violence transphobe et du deuil. Mais il découvre aussi la joie d’aimer autrement et expérimenter avec intensité sa propre liberté. Entre rage et lumière, Tal Madesta livre dans  La fin des monstres le récit d’une révolution intime, en même temps qu’un plaidoyer passionné pour l’émancipation des personnes trans.

Une colère inspirante

« J’ai écrit ce livre dans un délai très, court, le temps d’un été à un moment où j’étais particulièrement énervé, parce que j’avais vécu beaucoup de violences et d’agressions. Au final, je me dis que cela m’a inspiré et que la colère a été un moteur qui m’a permis, dans un deuxième temps, de rationaliser les choses. J’ai aussi envie de répondre à tout ce qu’on dit sur nous en ma qualité de journaliste, et pas uniquement en tant que personne trans. Cela me permet d’avoir un discours nourri de chiffres et de données et de faire quelque chose de cette colère. Je veux que mon parcours vienne illustrer un propos et une réalité, et en même temps que cette image montre la diversité de nos parcours, car il y a autant de parcours que de personnes. »

Déplacer la figure du monstre

« Le mot « monstre » décrit la réalité dont on est perçu. Factuellement, tout l’imaginaire de la monstruosité, de la déviance et de la non-conformité à la norme génère, pour les personnes trans de la violence. Ce que je propose, c’est de déplacer la figure du monstre. Cette obsession pour la norme et pour nous assigner à la marge dit beaucoup plus de choses sur les personnes qui sont dans cette exclusion, que sur nous. Pour moi, la figure du monstre est un miroir tendu, c’est tout ce que ces personnes ont peur d’être et de voir. Mon approche est de dire que les monstres sont ailleurs, que ce n’est pas moi le monstre et ainsi, accéder à une forme d’agentivité. »

Quand le langage sert le combat

« J’ai compris qu’il y avait aussi un combat à mener sur le terrain du langage, quand je me suis rendu compte que les argumentaires anti-trans se focalisaient beaucoup sur les mots. Je me suis dit qu’il fallait y répondre. Qu’est-ce qu’un homme et une femme ? C’est la question préférée des anti-trans, pour nous renvoyer le fait qu’on serait dans une sorte d’illusion totale, qu’on n’accepterait pas les règles de la nature et nous opposer une forme de folie. Ce qu’on entend le plus de leur part c’est : être une femme ou un homme, ce n’est pas un sentiment, comme si ce qu’on mettait derrière ces mots était une espèce d’émotion ésotérique déconnectée du monde. Avec ce livre, j’ai voulu montrer que femme et homme, ce sont des trajectoires sociales, la transition est un outil de mobilité sur l’échiquier social du genre et une réalité concrète. »

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Lecture par Paul B. Préciado de son texte Je suis un monstre qui vous parle (Grasset), enregistré à la Maison de la poésie, le 03/12/2020

Christian Bobin, émission L’heure bleue, Laure Adler, France Inter, 18/12/2018

Sam Bourcier, émission LSD, Perrine Kervan, France Culture, 29/08/2018

Références musicales

Apparat, Licidana

Jonathan Fitoussi, Lunar leap

Perez*,* Coma coloris vif

 

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