Read More Tal Madesta, le 27 novembre 2022. ADELINE RAPON POUR LA DÉFERLANTE Dans le cœur de Tal Madesta, sa grand-mère occupe une place immense. Elle est de celles grâce à qui l’on survit, enfant, quand les violences conjugales abîment tout sur leur passage. L’écrivain de 30 ans lui rend hommage dans les premières pages de son court et magnifique essai sur sa transition vers le genre masculin, La Fin des monstres. Récit d’une trajectoire trans, paru en avril aux éditions La Déferlante (106 pages, 15 euros). « Dès les premiers instants [de sa transition, en 2020], elle prononce cette phrase qui me servira de talisman au cours des mois suivants : “Je t’aime, mon petit-fils, et je ne laisserai personne se mettre sur le chemin de ton bonheur et de ton corps.” On ne prend pas assez au sérieux la valeur de l’amour simple », écrit-il. Puis, quelques lignes plus loin : « Si toutes les familles réagissaient à la hauteur de ma grand-mère, il y aurait infiniment moins de suicides dans nos rangs. » Dans ce récit intime très documenté, mêlant les références universitaires et militantes à son analyse personnelle, ce passage dit tout, ou presque, de la démarche de Tal Madesta : militer, par les mots, pour que les personnes entamant une transition de genre puissent bénéficier de cette qualité d’écoute, cette tolérance, cette tendresse. « Impératif de survie » Assis à la terrasse d’un café parisien avant une rencontre avec des lecteurs en librairie – qui fera salle comble –, Tal Madesta revient sur cette notion d’amour simple. « C’est un impératif de survie et un objectif politique », tranche-t-il, d’autant plus crucial à ses yeux qu’il en a « manqué cruellement à certains moments de [s]a vie, en raison des violences exercées par [s]on père sur [s]a mère et [lui] ». Cet objectif est donc au cœur de sa démarche intellectuelle et militante depuis plusieurs années. Le tournant dans sa vie remonte à 2019, lorsqu’il rejoint, dès ses fondements, le mouvement des collages. Lors du Grenelle des violences conjugales, lancé par le gouvernement d’Edouard Philippe, débute en effet ce qui deviendra rapidement l’un des actes militants les plus visibles des luttes féministes contemporaines : le collage, partout en France, de lettres noires sur fond blanc en mémoire de femmes assassinées par leur conjoint ou ex-conjoint. Le procédé, né pour alerter le grand public sur l’ampleur des féminicides, est ensuite mis au service de slogans et messages féministes plus larges, par exemple sur le consentement, la lutte contre la transphobie ou encore la critique du capitalisme. « Les collages ont révolutionné ma vie : on y parle des violences qui ont empoisonné mon enfance, on s’approprie collectivement l’espace public alors que celui-ci me terrorise ! Je m’y suis entièrement investi », raconte Tal. Il vous reste 65.8% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
Dans le cœur de Tal Madesta, sa grand-mère occupe une place immense. Elle est de celles grâce à qui l’on survit, enfant, quand les violences conjugales abîment tout sur leur passage. L’écrivain de 30 ans lui rend hommage dans les premières pages de son court et magnifique essai sur sa transition vers le genre masculin, La Fin des monstres. Récit d’une trajectoire trans, paru en avril aux éditions La Déferlante (106 pages, 15 euros).
« Dès les premiers instants [de sa transition, en 2020], elle prononce cette phrase qui me servira de talisman au cours des mois suivants : “Je t’aime, mon petit-fils, et je ne laisserai personne se mettre sur le chemin de ton bonheur et de ton corps.” On ne prend pas assez au sérieux la valeur de l’amour simple », écrit-il. Puis, quelques lignes plus loin : « Si toutes les familles réagissaient à la hauteur de ma grand-mère, il y aurait infiniment moins de suicides dans nos rangs. »
Dans ce récit intime très documenté, mêlant les références universitaires et militantes à son analyse personnelle, ce passage dit tout, ou presque, de la démarche de Tal Madesta : militer, par les mots, pour que les personnes entamant une transition de genre puissent bénéficier de cette qualité d’écoute, cette tolérance, cette tendresse.
« Impératif de survie »
Assis à la terrasse d’un café parisien avant une rencontre avec des lecteurs en librairie – qui fera salle comble –, Tal Madesta revient sur cette notion d’amour simple. « C’est un impératif de survie et un objectif politique », tranche-t-il, d’autant plus crucial à ses yeux qu’il en a « manqué cruellement à certains moments de [s]a vie, en raison des violences exercées par [s]on père sur [s]a mère et [lui] ».
Cet objectif est donc au cœur de sa démarche intellectuelle et militante depuis plusieurs années. Le tournant dans sa vie remonte à 2019, lorsqu’il rejoint, dès ses fondements, le mouvement des collages. Lors du Grenelle des violences conjugales, lancé par le gouvernement d’Edouard Philippe, débute en effet ce qui deviendra rapidement l’un des actes militants les plus visibles des luttes féministes contemporaines : le collage, partout en France, de lettres noires sur fond blanc en mémoire de femmes assassinées par leur conjoint ou ex-conjoint.
Le procédé, né pour alerter le grand public sur l’ampleur des féminicides, est ensuite mis au service de slogans et messages féministes plus larges, par exemple sur le consentement, la lutte contre la transphobie ou encore la critique du capitalisme. « Les collages ont révolutionné ma vie : on y parle des violences qui ont empoisonné mon enfance, on s’approprie collectivement l’espace public alors que celui-ci me terrorise ! Je m’y suis entièrement investi », raconte Tal.
Il vous reste 65.8% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
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