Colloques, séminaires et conférences
Histoires, méthodes et actualités des savoirs situés féministes
À l’heure où nombre de chercheur·euses, d’activistes ou encore d’artistes se réclament des « savoirs situés » (Donna J. Haraway, 1988), ce colloque propose – à la suite du séminaire préparatoire qui s’est tenu tout au long de l’année 2022 – d’en réexplorer les significations selon trois axes (non exclusifs les uns des autres) : quelles sources, explicites et implicites, sont à l’origine du texte de Haraway ? Comment la proposition des savoirs situés se positionne-t-elle par rapport aux traditions qui ont, elles aussi, affirmé et revendiqué le caractère situé des savoirs ? Quels sont les projets de celles et ceux qui, aujourd’hui, réactivent les possibilités ouvertes par la proposition des savoirs situés ?
La sorcière, entre objet historique et icône féministe. Regards scientifiques sur l’utilisation d’une figure fascinante
La figure de la sorcière s’est construite à partir de croyances issues de l’imaginaire humain depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours. En Occident, la « chasse aux sorcières », selon l’expression consacrée, est initiée au Moyen Âge. Mais c’est l’époque moderne qui a condamné judiciairement et massivement ces femmes pour crime de sorcellerie dans un phénomène historique de grande ampleur. Cette répression issue d’une criminalisation progressive a produit une image complexe de la sorcière, parfois présentée comme une figure militante d’un féminisme forgé à l’aune d’interprétations polémiques très contemporaines. Comme beaucoup de médias l’affichent aujourd’hui, la sorcière est-elle réellement pacifiée, réhabilitée, dûment ou indûment récupérée à des fins de revendications sociétales ou abusivement exploitée pour servir des desseins vengeurs exprimés comme tels ?
Trans*Sexualité
Journée d’étude organisée le samedi 20 mai 2023 de 10h à 17h à la Maison de la recherche de l’Université Paris 8 (Amphi UMR 2). Journée organisée par Ruby Faure (LEGS, Paris 8) dans le cadre du séminaire de philosophie et d’études de genre : “Penser la sexualité : perspectives queer/trans* et antiracistes”.
Conférence : Littérature de jeunesse antiraciste, Élodie Malanda (Université d’Angers, en ligne)
On trouve dans la littérature de jeunesse un bon nombre d’ouvrages ayant à cœur de dénoncer le racisme et de faire des jeunes lecteurs et lectrices des personnes ouvertes au monde. Cependant, tous ces ouvrages ne sont pas toujours efficaces et certains auteur.ices y reproduisent même –inconsciemment– ce racisme qu’iels critiquent portant véhément. Quels sont les pièges de ces ouvrages bien intentionnés ? Comment les reconnaître pour les éviter ? Et quels sont les secrets des ouvrages qui transmettent une véritable conscience antiraciste à leurs jeunes lecteur.ices ? Élodie Malanda propose de montrer, à travers des exemples choisis, différentes stratégies antiracistes adoptées par les ouvrages pour la jeunesse et d’en analyser leur efficacité comme outils pour une éducation antiraciste.
Appel à contribution
Intimité, racialisation et affects dans les migrations contemporaines
Le projet vise à explorer comment le nœud « intimité-racialisation-affects » se décline selon les contextes socio-culturels, l’histoire migratoire et coloniale, ainsi que les configurations politico-économiques. A travers trois axes thématiques (nation, parenté et famille ; asile et relations affectives ; intermédiaires, intermédiations et engagement), ce projet alimente les réflexions sur la relation entre l’intimité et la racialisation dans le cadre d’une journée d’études et plusieurs rencontres scientifiques.
Publications
Genre et médias : quelles représentations ?
Cet ouvrage collectif en sciences de l’information et de la communication étudie les représentations du genre dans les médias. Y sont abordées les dimensions tant sémiotiques et discursives que sociales et politiques des médiations du genre dans les dispositifs médiatiques. Après un chapitre introductif qui revient sur la généalogie de la prise en charge du genre dans le champ des SIC, cet ouvrage déploie sept études de cas médiatiques inédites. Chacune propose des analyses communicationnelles innovantes de différentes problématiques ayant trait au genre dans des corpus médiatiques situés (presse spécialisée ou généraliste, films, affiches) sur diverses thématiques (mode, violences faites aux femmes, grossesse et sport, cinéma, peopolitique, congé paternité, intersectionnalité). L’ouvrage comporte deux parties : la première s’attache à penser la dimension corporelle des technologies du genre que sont les médias étudiés tandis que la seconde examine des discours médiatiques à l’aune du genre comme matrice politique signifiante.
Mercredi pages jeunes : Trois livres pour expliquer le genre à tout âge
Stéréotypes genrés, consentement, transidentité… Pour les plus petits comme pour les ados, ces ouvrages permettent mieux appréhender les questions d’identité. Ce guide offre ses services tant aux adolescents en plein questionnement qu’à leurs amis qui se sentent impuissants. Outre les traditionnelles définitions (sexe, genre, cis, trans, non-binaire, agenre…), C’est quoi mon genre ? livre des témoignages de deux ados et une jeune adulte transgenres, fait des sauts dans l’histoire pour montrer que la question n’a rien de neuf et explique à quoi peut ressembler une transition.
Revue
Poser la question de la différence des sexes dans les sciences sociales du travail et inviter à la réflexion sur le travail dans le champ des recherches sur le genre, décrypter, à partir des hiérarchies, des divisions et des segmentations qui parcourent le monde du travail, le statut des hommes et des femmes dans la société, et poser ainsi la question de la différence des sexes : telle est l’hypothèse fondatrice de Travail, Genre et Sociétés.
Thèses
L’appréhension des convictions religieuses par les juges judiciaires, Clara Delmas
Ces développements empruntent à la théorie du droit et à la philosophie morale pour étayer les étapes d’une prise en compte judiciaire des convictions religieuses qui serait respectueuse du principe de laïcité du service public de la Justice tout en étant protectrice de la liberté de religion des individus. Ils mettent en exergue les outils qui permettraient (voire imposeraient) aux juges judiciaires, dans l’exercice de ce contrôle, de prendre en considération les convictions religieuses des justiciables.
« Le genre neutre en français, expression d’enjeux du XXIe siècle »
Ce chapitre étudie en quoi les concepts mis au jour par la biologie, la philosophie et les études de genre motivent la création de néologismes qui ne relèvent ni du genre masculin ni du genre féminin, mais d’un « genre neutre ». A partir d’observables produits par des locutaires qui dénient à l’Etat, à la médecine et à la société l’expertise de leur identité et de leur orientation sexuelle, notre analyse montre comment la pensée philosophique et politique nommée « inclusivité » est à l’oeuvre dans cette activité néologique. Nous mettons au point une définition du genre neutre ainsi qu’une typologie des différents systèmes de formation de ces nouveaux mots par insertion de caractères typographiques au sein du mot ou par morphèmes spécifiques, par formation binaire ou par formation non-binaire. Nous analysons la tension entre norme et variété qui résulte de ces innovations en discours et voyons en quoi les sujets parlants agissent au niveau où opèrent les systèmes d’oppression sociale, c’est-à-dire au niveau des symboles. Solutions linguistiques à un problème humain, ces néologismes de genre neutre font évoluer le modèle binaire de la flexion de genre en français en modèle ternaire.
Communications
Connaissance située et recherche impliquée. Une approche clinique et critique
Cette communication présente la portée épistémologique, théorique et méthodologique d’une recherche croisant l’approche clinique et une « perspective féministe matérialiste intersectionnelle internationale ». Elle analyse les rapports sociaux imbriqués qui produisent l’oppression, l’exploitation, la domination, ainsi que les démarches de subjectivation des femmes au travail et dans leur famille. Elle considère le vécu et le discours des femmes prises dans les rapports sociaux croisées comme dominantes ou/et dominées. Elle adopte une posture réflexive sur la place de la chercheure dans la construction de cette recherche, en considérant à la fois l’analyse clinique de implication et l’approche féministe du point de vue situé.