Appels à contribution
Taking the twenty-fifth anniversary of the publication of Pascale Casanova’s field-defining La République mondiale des lettres (The World Republic of Letters, 1999) as its point of departure, this conference seeks to decentralize the praxis of cultural reading and literary critique that the notion of Paris as the world capital of literature represents. Drawing inspiration from a host of decolonial projects that seek to renegotiate the terms in which we understand the world—a process that Walter Mignolo terms “epistemic delinking”—we seek to examine trans-peripheral and counter-hegemonic cultural infrastructures that flourished despite, in resistance to, and in the aftermath of colonial domination. This project is historical, but also oriented toward the present and, crucially, dedicated to rethinking the epistemic assumptions that undergird the study of literature and associated forms of cultural production in the present.
Publications
Laïcité
L’ouvrage documente et analyse les multiples bouleversements de ce régime républicain et libéral de la laïcité. Il s’agit en particulier de revenir sur les multiples réformes qui, depuis le début du XXIe siècle, tendent à en faire un principe qui met l’accent sur les restrictions davantage que sur la garantie de la liberté religieuse, via, notamment, des obligations multipliées de discrétion sinon de neutralité religieuse qui pèsent désormais sur les personnes privées. L’analyse de ces mutations est critique, tant du point de vue de la non-neutralité de cette nouvelle laïcité qui s’érige en authentique injonction que du point de vue de son potentiel discriminatoire (vis-à-vis, en particulier, de l’islam).
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Le genre en traduction. Identité culturelle et politiques de transmission.
Le genre en traduction, ouvrage classique de Sherry Simon, traite de la place de la traduction dans le féminisme et les études de genre (« gender »), mais aussi de l’influence du féminisme sur le travail de traduction et sur sa théorisation. Écrit en 1996, en plein essor des études culturelles anglo-américaines, le volume aborde, à travers une approche historique et critique, les questions d’activisme littéraire et d’autorité en traduction. Contribution essentielle aux débats contemporains…
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Léonora Miano, L’Opposé de la blancheur
La domination d’un Occident raciste, à l’intérieur de ses frontières et au-delà, n’a pu que renforcer les préjugés à l’encontre des personnes définies comme Noires. Parce qu’il en est ainsi, il est illusoire de se dire Blanc par simple convention, sans le moindre rapport avec l’histoire qui créa cette catégorie. La blanchité s’est élaborée dans le cadre de la plantation pour sévir ensuite dans l’espace colonial sur tous les continents et se consolider au sein des sociétés multiethniques de l’Euramérique contemporaine. Elle est une manière d’approcher l’autre qui se caractérise par le crime. Léonora Miano se livre à une analyse aussi fine qu’implacable de ce « problème blanc », depuis les traites négrières et la colonisation jusqu’au présent. Car, sans prise de conscience de ce qu’est la blanchité, il est impossible de transformer ce qui s’est transmis de génération en génération, à la fois comme un patrimoine et un secret de famille, certes gênants mais qu’il nous faut regarder en face. Il se passera du temps pour vider la race de toute signification et guérir le monde. Cela ne signifie pas qu’il faille baisser les bras. C’est en ayant conscience de l’ampleur de la tâche que l’on pourra s’y atteler.
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Adapter l’enseignement, les institutions et les dispositifs scolaires en situation coloniale et postcoloniale
Ce dossier de la revue Outre-Mers. Revue d’histoire coloniale et impériale est intitulé « Adapter l’enseignement, les institutions et les dispositifs scolaires en situation coloniale et postcoloniale » et dirigé par Pierre-Éric Fageol et Céline Labrune-Badiane. Les deux historiens ambitionnent de poser les bases d’une réflexion sur les politiques d’adaptation de l’enseignement et d’interroger ses héritages dans les colonies. Ils espèrent que ce dossier suscitera de nouveaux travaux sur la question encore loin d’être épuisée, notamment dans une perspective comparatiste avec les autres Empires coloniaux européens. Les contributions à ce dossier analysent les manières d’adapter l’enseignement à différents niveaux et dans des espaces révélateurs : l’Algérie, le Sénégal, le Maroc, La Réunion et la Chine.
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Déconstruction Queer les fondamentaux
(ou télécharger le PDF)
Les vendredi 7 et samedi 8 janvier 2022 eut lieu sur le site de la Sorbonne dans le Quartier Latin, mais – la précision est importante – dans des locaux dépendant du Rectorat de Paris, un colloque intitulé « Après la déconstruction : reconstruire les sciences et la culture », manifestation inaugurée par Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale. L’organisateur principal de ces journées, directeur du « Collège de philosophie » – à ne pas confondre avec le prestigieux Collègue International de Philosophie, fondé en 1983 par François Châtelet, Jacques Derrida, Jean-Pierre Faye et Dominique Lecourt – affichait clairement l’ambition de la démarche : sortir de « la pensée unique » incarnée par le « wokisme », terme fourre-tout permettant d’inclure plusieurs mouvances ou champs d’études, comme le néo-féminisme, l’écoféminisme ou encore l’intersectionnalité, et surtout de rattacher ces écoles de pensée à la cancel culture, c’est-à-dire à cette pratique qui consiste à effacer ou annuler (sens possibles du mot anglais cancel) une présence jugée dérangeante ou offensante. Allusions étaient faites ainsi à ces lynchages médiatiques, réécritures d’œuvres d’art, ou déboulonnages de statues ayant défrayé la chronique. Un peu plus d’un an plus tard, afin d’assurer la promotion de l’ouvrage regroupant les textes issus de cette rencontre, les organisateurs et participants du colloque poursuivaient dans les médias français leur campagne contre les études de genre, queer, intersectionnelles, post- et décoloniales, accusées d’installer au cœur de l’institution universitaire un « crétinarcat »2. De l’accusation de « militantisme » lancée dès 2021, on passait en 2023 à celle de « totalitarisme », inscrivant l’offensive dans une stratégie plus globale de délégitimation de champs disciplinaires établis et respectés, n’hésitant pas pour ce faire à entretenir la confusion entre militantisme et recherches universitaires ou à multiplier les contresens sur les théories incriminées.
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Voice Passing : a Non-Binary Voice Gender Prediction System for evaluating Transgender voice transition
This paper presents a software allowing to describe voices using a continuous Voice Femininity Percentage (VFP). This system is intended for transgender speakers during their voice transition and for voice therapists supporting them in this process. A corpus of 41 French cis-and transgender speakers was recorded. A perceptual evaluation allowed 57 participants to estimate the VFP for each voice. Binary gender classification models were trained on external gender-balanced data and used on overlapping windows to obtain average gender prediction estimates, which were calibrated to predict VFP and obtained higher accuracy than F0 or vocal track length-based models. Training data speaking style and DNN architecture were shown to impact VFP estimation. Accuracy of the models was affected by speakers’ age. This highlights the importance of style, age, and the conception of gender as binary or not, to build adequate statistical representations of cultural concepts.
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Le genre et la sexualité, marqueurs des frontières sociales et politiques : introduction à la traduction de l’article d’Amy Hanser
L‘article traduit en français dans ce dossier par Hélène Boisson, « Le bol de riz du genre. Politique sexuelle du travail de service dans la Chine urbaine », est paru en langue anglaise dans la revue Gender & Society il y a près de vingt ans, mais sa force analytique demeure aujourd’hui entière. Son autrice, Amy Hanser, est professeure associée au département de sociologie de l’University of British Columbia à Vancouver, au Canada. Ses recherches portent sur le travail, les inégalités de classe et de genre et les aspects culturels des marchés à partir d’enquêtes ethnographiques menées en Chine et en Amérique du Nord.
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Escalade, Tourisme et (dé)colonialisme. Les racines colonialiste et bourgeoise de l’alpinisme
L’alpinisme se construit comme un emblème de l’idéologie capitaliste et impérialiste qui est alors au cœur du projet de société porté par la bourgeoisie. Ce projet associe étroitement la modernité capitaliste et son idéal d’autonomie et de liberté avec un projet colonial (puis néocolonial) fondé sur l’extractivisme [4]. L’asymétrie des relations avec les populations locales apparait ainsi comme un aspect structurant de l’alpinisme : les alpinistes se voient comme apportant la civilisation à des « populations locales présentées comme arriérées » [5], dont même les élites que sont les guides locaux sont peu considérées. Le caractère colonial et patriotique de l’alpinisme ne fera ensuite que s’accentuer avec le développement des expéditions extra-européennes, notamment en Himalaya.