Puisqu’on vous dit que ça n’existe pas ! Et pourtant ? Eh bien, ça continue. On est déjà au volume 8 ? Le temps passe…
La récente affaire du Godot Groningue met en lumière une série d’éléments consternants sur le rapport de notre civilisation à la Littérature. Dans ce contexte particulièrement tendu de la cancel culture, l’annulation de mise en scène de Godot pensée par un metteur en scène irlandais relève d’une inquisition des moeurs de l’auteur inquiétante. D’un côté: une inquisition qui oeuvre à l’application du dogme. De l’autre: des hérétiques qui font amende honorable.
Au milieu de ce désert: la parole de Beckett qui demeure perdue au milieu du brouhaha et de la cacophonie moralisatrice qui tente de la faire taire et lui fait son procès. La troupe, comme l’Université elle-même, s’accordent donc pour condamner unanimement Beckett, ce pourri non inclusif.
Une mise en scène d’ En attendant Godot aux Pays-Bas a pris une tournure beckettienne lorsque la salle a annulé les représentations parce que le metteur en scène irlandais n’avait auditionné que des hommes pour la distribution exclusivement masculine des personnages. Nous proposons ici une traduction de l’article originellement paru dans IrishTime Magazine et relatant les faits.
La liberté de parole impose au fond à la société une attitude: celle de Ratched. Tout doit pouvoir se dire, car toute liberté revendiquée doit pouvoir trouver un canal d’expression dans la forme communautaire. Mais en même temps, une fois la parole dite: il n’est plus possible pour l’individu de s’extraire du groupe minoritaire dans lequel il s’est inscrit.