Appel à communication pour le Panel: « Empowerment, émancipation, autonomisation: des notions circulantes pour des questions universelles? Lectures croisées Suds/Nords » dans le cadre des Rencontres des Études africaines (REAF) qui se tiendront du 28 juin au 1er juillet 2022 à Toulouse.
https://reaf2022.sciencesconf.org/
Il s’agit de mettre à l’épreuve une vision universelle des inégalités de genre et les mots du développement, que l’on retrouve en recherche, et qui révèlent/influencent la manière dont on pense le genre et les femmes dans les « suds ». Y a t-il des proximités entre les dynamiques de genre au Sud et au Nord qui justifient l’usage de notions partagées comme l’émancipation, l’empowerment, la lutte contre le patriarcat ou l’autonomisation? Comment les personnes et groupes, dont féministes, appréhendent ces notions sur le continent africain? Comment les chercheuses et chercheurs des Suds mobilisent ces notions si iels le font? Pourquoi et pourquoi pas? Quelles sont les spécificités de contextes subsahariens à prendre en compte pour analyser les rapports de pouvoir dont de genre?
Appel à communications (résumé de 500 mots, bibliographie et courte biographie) à soumettre avant le 20 mars 2022.
Appel à communication détaillé :
Les notions d’autonomisation, d’empowerment et d’émancipation qui circulent dans le développement, génèrent des discours qui forment, depuis plusieurs décennies, la pierre angulaire de la recherche sur les femmes des Suds. Un consensus est établi autour du modèle voyageur (Rottenburg, Park, Behrends, 2014 ; Olivier de Sardan, Diarra, Moha, 2017) suivant: il faut autonomiser les femmes, sous-entendu économiquement et individuellement, pour obtenir l’égalité de genre. Les approches théoriques critiques de ces notions montrent qu’elles s’éloignent de leur sens initial, tel que conceptualisé par les féministes des Suds, renvoyant un concept de genre dépolitisé devenu un « alibi du développement » (Verschuur, 2009). Les politiques de développement visant à autonomiser les femmes s’appuient par ailleurs sur des schémas développés dans les pays du Nord, pensés comme universels, alors même que l’égalité femmes-hommes y est une transition inachevée (Pugliese et al., 2017).
Ce panel propose de réfléchir à la manière dont les valeurs hégémoniques que contiennent ces référents normatifs, modèlent les initiatives individuelles, collectives, ou politiques. Lorsque les regards sont croisés à l’échelle globale, la tendance consiste encore non seulement à opérer un mouvement unidirectionnel du Nord vers le Sud, mais aussi à gommer la complexité pour (re)présenter Nord et Sud comme des entités homogènes. L’objectif est de s’extraire de cette vision réductrice afin d’analyser les proximités et les spécificités dans la manière dont les rapports sociaux de sexe s’actualisent aujourd’hui dans des sociétés à ethos différents (Bajos et Ferrand, 2009). Il est attendu que les communications empiriques issues de travaux menés dans des contextes des Suds, dont africains, et des « Nords » répondent aux questions suivantes: quelle réception est faite de ces injonctions internationales à l’autonomie, l’empowerment ou l’émancipation? Comment les acteurs et actrices sociales, notamment féministes, adaptent-ils et elles individuellement et collectivement ces mots du développement, de la recherche et le militantisme à leurs contextes et pour quelles transformations sociales? Quelles notions alternatives sont éventuellement mobilisées? Quelles sont les proximités et les spécificités entre ce qui se joue dans les « Suds » et les « Nords »?