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Accusé fasciste, levez-vous : les militants du wokisme nous considèrent tous comme des coupables en puissance

Accusé fasciste, levez-vous : les militants du wokisme nous considèrent tous comme des coupables en puissance

Collectif

Tribune des observateurs

Read More  Une pancarte sur le wokisme lors d’une manifestation du collectif féministe Nous Toutes, le 20 novembre 2021 à Paris. © Alain Jocard / AFPLes adeptes du wokisme stigmatisent de plus en plus leurs opposants ou adversaires avec l’étiquette infamante du fascisme. Ils n’hésitent pas à s’attaquer même à ceux qui les ont précédés comme les féministes universalistes ou les militants laïcs.Personne n’est plus à l’abri. Facho, l’étiquette infamante, peut vous tomber dessus comme ça. La veille vous étiez encore quelqu’un de respectable, voire « progressiste ».  Au réveil, des hordes de trolls cherchent à vous effacer de l’espace public. Vous devez être « cancelled »[1]. L’ancienne femen, Marguerite Stern, le découvre à ses dépens. Ses années de combat contre le patriarcat ne l’ont pas immunisée contre ce risque. Le 15 avril, elle devait participer, à Nantes, à une conférence sur la révolution menée par les femmes iraniennes. L’annonce de sa présence a enflammé les réseaux et obligé les organisateurs à déprogrammer l’évènement. Depuis plusieurs mois, des activistes trans s’attaquent à elle dès qu’elle fait une apparition publique. Son crime ?  Affirmer qu’être une femme repose sur une réalité biologique et s’inquiéter, comme de nombreux médecins, des risques que représente la prise d’hormones pour bloquer la puberté de jeunes adolescents. Pendant une vingtaine d’années, ce genre de débats était circonscrit à la sphère universitaire, où les tenants de la théorie du genre débattaient de la façon de créer « le trouble dans le genre »[2], de remettre en cause les évidences, d’imaginer un monde où l’on dépasserait la binarité entre masculin et féminin pour permettre à une infinité de genres de coexister… Désormais, les arguments qui s’échangent n’ont plus rien d’universitaire. Les militants trans ont annoncé qu’ils viendraient interrompre Marguerite Stern à coups d’œufs pourris[3] et avec « des battes de base-ball pour casser des genoux »[4]. Face à cet accès de violence, des élus accourent pour soutenir… les activistes trans. Comme la députée LFI, Ségolène Amiot qui dans un tweet relaie les appels à annuler la participation de l’ancienne égérie féministe.L’offensive anti-police légitimée par des universitairesComment en est-on arrivé à considérer que la véritable violence c’était d’affirmer qu’être une femme repose sur une réalité biologique, tout en trouvant acceptable et légitime de faire taire quelqu’un à coups de battes de base-ball ? La première étape a été d’accepter comme présupposé que seul le ressenti, l’idée que l’on se fait de soi, constitue son identité. Dès lors, discuter des théories sur lesquelles repose ce ressenti n’est plus considéré comme un débat légitime, mais comme une agression, une remise en cause de l’identité, de l’intime. Le débat devient ainsi une violence au même titre qu’une agression physique. Puis, il s’est ajouté une règle devenue indiscutable sur le fait que la violence, selon qu’elle est pratiquée par la gauche ou la droite, n’est pas de même nature. Interrogé à ce propos par le site Reporterre, Andreas Malm explique : « Il faut faire une distinction, pas uniquement pour la violence, mais pour n’importe quelle activité politique : voter, écrire des livres, coller des affiches ou détruire des vitres. L’acte politique en tant que tel peut sembler identique (un fasciste qui colle un sticker ou un antifasciste qui colle un sticker font le même geste), mais ils ont des motivations politiques et éthiques opposées ». Tant que vous faites partie du camp du bien, tout est acceptable. Le problème, c’est que cet espace se réduit au fur et à mesure que le champ de ce qui est qualifié de fascisme s’étend. Comme nous l’avons abordé dans une précédente chronique, pour ces théoriciens, « l’antifascisme ne peut plus être sectoriel ou monothématique. Il doit devenir le langage commun de tous les mouvements d’émancipation »[5]. Mark Bray, rappelle qu’en « mai 2016, un congrès antifa « ouvert à tous les genres » est organisé à Francfort. Sa déclaration d’intention indique : « puisque l’antifascisme exclut et n’attire pas les femmes, on doit repenser le mouvement antifasciste » »[6]. À partir de ce moment, la définition de ce qui est fasciste s’est élargie en s’appuyant sur les concepts woke : « Les antifas ne se contentent pas de lutter contre le fascisme, ils luttent aussi contre d’autres formes d’oppression, comme l’homophobie, le capitalisme, le patriarcat, etc. Ils considèrent le fascisme comme la manifestation la plus aiguë de menaces systémiques »[7]. Les mouvements antifas prospèrent et multiplient les agressions violentes en toute impunitéC’est ainsi que la machine s’emballe. Celui qui n’épouse pas l’intégralité du catéchisme woke, fasciste ! Celui qui ne parvient plus à suivre la course folle vers les nouveaux concepts et la révélation de nouvelles dominations invisible, fasciste ! Celui qui doute que la fragmentation infinie des identités soit un progrès, fasciste !Désormais, tout le monde est menacé et cela change la donne. Tant que seules les personnalités de droite étaient ainsi diffamées, rares étaient ceux qui s’en émouvaient, mais maintenant les avant-gardes woke n’hésitent pas à s’attaquer à ceux qui les ont précédés : féministes universalistes, militants laïcs, tenants d’un antiraciste non communautaires…Même le New York Times vient d’être frappé. Le journal était considéré jusque-là comme la figure de proue de ce nouveau progressisme[8]. En 2020, le quotidien avait, par exemple, décidé d’adopter une nouvelle règle typographique pour montrer son soutien au mouvement Black Lives Matter. Le mot Black serait désormais écrit avec un B majuscule, alors que le mot white resterait en minuscule[9]. Mais un édito estimant que les propos de J.K. Rowling[10] n’étaient pas de nature à mettre « les personnes trans “en danger” » a suffi à remettre en cause son appartenance au camp du bien. Transphobe, le New York Times !Quant à la journaliste, Paméla Paul, qui avait signé ce texte, elle fut accusée d’être « une hétérosexuelle cisgenre notoire ». Une pétition a été lancée et un ultimatum a exigé que la rédaction embauche 6 personnes trans pour superviser les éditos et les pages d’actualité dans un délai de 3 mois. Même pour le New York Times, c’était trop.Violence politique, Andreas Malm, le théoricien de cette « pensée incendiaire » honorée par LFIEn France, l’émission Quotidien la plus « cool », « ouverte » et « progressiste » qui soit, qui fut attaquée pour « appropriation culturelle ». En février 2023, la journaliste Ambre Chalumeau a été accusée de s’être approprié le travail d’une auteure « racisée ». Elle fut pour cela classée parmi « les blanches privilégiées qui omettent de créditer les femmes racisées ». La production de l’émission a choisi de défendre sa chroniqueuse, regrettant qu’elle soit « injustement attaquée sur sa race et son origine sociale », ce qui lui a valu, au moins temporairement, de rejoindre le camp du mal.En Suisse, un groupe de reggae, peu suspect d’accointance avec l’extrême droite, a été obligé d’interrompre son concert, car l’un des musiciens blancs portait des dreadlocks. Dans la salle, certains spectateurs ont estimé qu’un blanc ne pouvait pas être coiffé ainsi, qu’il s’agissait d’appropriation culturelle, une forme de néo-colonialisme. Fasciste, le « reggae-man[11] » blanc.Les exemples de ce genre se multiplient. En mai 68, un tag disait « Cours camarade, le vieux monde est derrière toi ». Aujourd’hui, ce serait « Accélère camarade, ne ralentit pas, l’accusation de fascisme finira toujours par te rattraper ». 

Une pancarte sur le wokisme lors d’une manifestation du collectif féministe Nous Toutes, le 20 novembre 2021 à Paris.

© Alain Jocard / AFP

Les adeptes du wokisme stigmatisent de plus en plus leurs opposants ou adversaires avec l’étiquette infamante du fascisme. Ils n’hésitent pas à s’attaquer même à ceux qui les ont précédés comme les féministes universalistes ou les militants laïcs.

Personne n’est plus à l’abri. Facho, l’étiquette infamante, peut vous tomber dessus comme ça. La veille vous étiez encore quelqu’un de respectable, voire « progressiste ».  Au réveil, des hordes de trolls cherchent à vous effacer de l’espace public. Vous devez être « cancelled »[1]. L’ancienne femen, Marguerite Stern, le découvre à ses dépens. Ses années de combat contre le patriarcat ne l’ont pas immunisée contre ce risque. Le 15 avril, elle devait participer, à Nantes, à une conférence sur la révolution menée par les femmes iraniennes. L’annonce de sa présence a enflammé les réseaux et obligé les organisateurs à déprogrammer l’évènement. Depuis plusieurs mois, des activistes trans s’attaquent à elle dès qu’elle fait une apparition publique. Son crime ?  Affirmer qu’être une femme repose sur une réalité biologique et s’inquiéter, comme de nombreux médecins, des risques que représente la prise d’hormones pour bloquer la puberté de jeunes adolescents. Pendant une vingtaine d’années, ce genre de débats était circonscrit à la sphère universitaire, où les tenants de la théorie du genre débattaient de la façon de créer « le trouble dans le genre »[2], de remettre en cause les évidences, d’imaginer un monde où l’on dépasserait la binarité entre masculin et féminin pour permettre à une infinité de genres de coexister… Désormais, les arguments qui s’échangent n’ont plus rien d’universitaire. Les militants trans ont annoncé qu’ils viendraient interrompre Marguerite Stern à coups d’œufs pourris[3] et avec « des battes de base-ball pour casser des genoux »[4]. Face à cet accès de violence, des élus accourent pour soutenir… les activistes trans. Comme la députée LFI, Ségolène Amiot qui dans un tweet relaie les appels à annuler la participation de l’ancienne égérie féministe.

L’offensive anti-police légitimée par des universitaires

Comment en est-on arrivé à considérer que la véritable violence c’était d’affirmer qu’être une femme repose sur une réalité biologique, tout en trouvant acceptable et légitime de faire taire quelqu’un à coups de battes de base-ball ? La première étape a été d’accepter comme présupposé que seul le ressenti, l’idée que l’on se fait de soi, constitue son identité. Dès lors, discuter des théories sur lesquelles repose ce ressenti n’est plus considéré comme un débat légitime, mais comme une agression, une remise en cause de l’identité, de l’intime. Le débat devient ainsi une violence au même titre qu’une agression physique. Puis, il s’est ajouté une règle devenue indiscutable sur le fait que la violence, selon qu’elle est pratiquée par la gauche ou la droite, n’est pas de même nature. Interrogé à ce propos par le site Reporterre, Andreas Malm explique : « Il faut faire une distinction, pas uniquement pour la violence, mais pour n’importe quelle activité politique : voter, écrire des livres, coller des affiches ou détruire des vitres. L’acte politique en tant que tel peut sembler identique (un fasciste qui colle un sticker ou un antifasciste qui colle un sticker font le même geste), mais ils ont des motivations politiques et éthiques opposées ». Tant que vous faites partie du camp du bien, tout est acceptable. Le problème, c’est que cet espace se réduit au fur et à mesure que le champ de ce qui est qualifié de fascisme s’étend. Comme nous l’avons abordé dans une précédente chronique, pour ces théoriciens, « l’antifascisme ne peut plus être sectoriel ou monothématique. Il doit devenir le langage commun de tous les mouvements d’émancipation »[5]. Mark Bray, rappelle qu’en « mai 2016, un congrès antifa « ouvert à tous les genres » est organisé à Francfort. Sa déclaration d’intention indique : « puisque l’antifascisme exclut et n’attire pas les femmes, on doit repenser le mouvement antifasciste » »[6]. À partir de ce moment, la définition de ce qui est fasciste s’est élargie en s’appuyant sur les concepts woke : « Les antifas ne se contentent pas de lutter contre le fascisme, ils luttent aussi contre d’autres formes d’oppression, comme l’homophobie, le capitalisme, le patriarcat, etc. Ils considèrent le fascisme comme la manifestation la plus aiguë de menaces systémiques »[7]

Les mouvements antifas prospèrent et multiplient les agressions violentes en toute impunité

C’est ainsi que la machine s’emballe. Celui qui n’épouse pas l’intégralité du catéchisme woke, fasciste ! Celui qui ne parvient plus à suivre la course folle vers les nouveaux concepts et la révélation de nouvelles dominations invisible, fasciste ! Celui qui doute que la fragmentation infinie des identités soit un progrès, fasciste !Désormais, tout le monde est menacé et cela change la donne. Tant que seules les personnalités de droite étaient ainsi diffamées, rares étaient ceux qui s’en émouvaient, mais maintenant les avant-gardes woke n’hésitent pas à s’attaquer à ceux qui les ont précédés : féministes universalistes, militants laïcs, tenants d’un antiraciste non communautaires…

Même le New York Times vient d’être frappé. Le journal était considéré jusque-là comme la figure de proue de ce nouveau progressisme[8]. En 2020, le quotidien avait, par exemple, décidé d’adopter une nouvelle règle typographique pour montrer son soutien au mouvement Black Lives Matter. Le mot Black serait désormais écrit avec un B majuscule, alors que le mot white resterait en minuscule[9]. Mais un édito estimant que les propos de J.K. Rowling[10] n’étaient pas de nature à mettre « les personnes trans “en danger” » a suffi à remettre en cause son appartenance au camp du bien. Transphobe, le New York Times !Quant à la journaliste, Paméla Paul, qui avait signé ce texte, elle fut accusée d’être « une hétérosexuelle cisgenre notoire ». Une pétition a été lancée et un ultimatum a exigé que la rédaction embauche 6 personnes trans pour superviser les éditos et les pages d’actualité dans un délai de 3 mois. Même pour le New York Times, c’était trop.

Violence politique, Andreas Malm, le théoricien de cette « pensée incendiaire » honorée par LFI

En France, l’émission Quotidien la plus « cool », « ouverte » et « progressiste » qui soit, qui fut attaquée pour « appropriation culturelle ». En février 2023, la journaliste Ambre Chalumeau a été accusée de s’être approprié le travail d’une auteure « racisée ». Elle fut pour cela classée parmi « les blanches privilégiées qui omettent de créditer les femmes racisées ». La production de l’émission a choisi de défendre sa chroniqueuse, regrettant qu’elle soit « injustement attaquée sur sa race et son origine sociale », ce qui lui a valu, au moins temporairement, de rejoindre le camp du mal.

En Suisse, un groupe de reggae, peu suspect d’accointance avec l’extrême droite, a été obligé d’interrompre son concert, car l’un des musiciens blancs portait des dreadlocks. Dans la salle, certains spectateurs ont estimé qu’un blanc ne pouvait pas être coiffé ainsi, qu’il s’agissait d’appropriation culturelle, une forme de néo-colonialisme. Fasciste, le « reggae-man[11] » blanc.

Les exemples de ce genre se multiplient. En mai 68, un tag disait « Cours camarade, le vieux monde est derrière toi ». Aujourd’hui, ce serait « Accélère camarade, ne ralentit pas, l’accusation de fascisme finira toujours par te rattraper ».

 

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