Ces temps-ci, on a annulé… (épisode 7)

cancelled 10 mai

Ces temps-ci, on a annulé… (épisode 7)

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cancelled 10 mai

Ces temps-ci, on a annulé… (épisode 7)

Retour sur les progrès de la cancel culture.

Ces temps-ci, on a annulé:

Napoléon, dont le bicentenaire de la mort, le 5 mai dernier, n’a pas fait oublier l’anniversaire de la naissance de Karl Marx:

« Il était raciste, sexiste, despotique, militariste, colonisateur, mais tout cela est généralement mis sous le tapis. »

Françoise Vergès

« Enseigner Napoléon, d’accord, mais le commémorer, c’est faire de l’apologie de crime. »

Louis-Georges Tin

Cf. Usul, « Pourquoi il faut absolument “cancel” Napoléon » et Loïc Le Clerc, « Napoléon n’était pas raciste, la preuve: il a rétabli l’esclavage! » sur Regards.fr.

Jane Austen, romancière complice de l’esclavagisme. Le Musée Jane Austen a « mis à jour ses notices historiques » en précisant que la romancière « consommait des produits issus de la traite des Noirs » (thé, sucre, coton). Cf. « La “cancel culture” n’est pas la tasse de thé du musée Jane Austen » dans Courrier international.

Shrek, dessin animé « affreusement transphobe »:

« Dans Shrek, les représentations des personnages de Doris et le loup du Petit Chaperon rouge relèvent de la transmisogynie, cette discrimination à la croisée du sexisme et de la transphobie dont sont victimes les femmes transgenres, et qui ne peut être vécue par les femmes et les hommes cisgenres. »

aufeminin.com

Le baiser du prince à Blanche-Neige:

Il s’agit « d’un baiser qu’il lui donne sans son consentement, pendant qu’elle dort, ce qui ne peut être le véritable amour à moins que la personne sache ce qu’il se passe. N’avons-nous pas déjà convenu que le consentement dans les premiers films de Disney était un problème majeur. Qu’apprendre aux enfants qu’embrasser sans l’accord des deux personnes n’était pas bien? » […] « Il est difficile de comprendre pourquoi en 2021 Disneyland choisirait d’ajouter une scène avec de telles idées démodées, surtout quand d’autres scènes problématiques ont été supprimées des attractions Jungle Cruise et Splash Moutain. Pourquoi ne pas imaginer une fin dans l’esprit du film et de Blanche-Neige, mais qui éviterait le problème?« 

Julie Tremaine et Katie Dowd dans le San Francisco Chronicle

Le Wokistan croit s’acharner contre les contes de fées, mais il n’en connaît que les adaptations en dessins animés. Première mise au point sur le baiser non consenti: les frères Grimm n’y sont pour rien, le baiser est un ajout de Disney.

Comme de plus en plus souvent, à présent, chaque attaque de la cancel culture est immédiatement suivie de dénégations orchestrées par les partisans du wokisme. Le très réussi dessin de Coco dans Libération a été la cible d’attaques venant des partisans de la cancel culture, indignés qu’on puisse en rire. Elisa Rojas adresse une leçon de morale en prenant la caricature au pied de la lettre: « Respecter le consentement d’autrui ce n’est pas être “coincé.” Avoir couché avec sept hommes (ou plus) ne signifie pas avoir envie que tous ceux que tu croises te sautes dessus. » (Cf. actuaBD). Sur France Culture, le cancellologue André Gunthert pontifie sur l’inexistance de la cancel culture mais accuse le dessin de Coco de participer de la « culture du viol »!

« En essayant d’exagérer le phénomène, les partisans de la dénonciation de la cancel culture tombent facilement dans la caricature, et dans l’aveu de leurs préjugés. Faire dire à Blanche-Neige que l’embrasser n’est pas très grave parce qu’elle a déjà couché avec les sept nains, c’est problématique au niveau du consentement et de la culture du viol. […] Les princesses Disney ne véhiculent pas un modèle de société progressiste. Alors pourquoi se moquer de ceux qui essayent de réfléchir sur ce modèle? Sans le vouloir, ce que dit le dessin de Coco, en se moquant des progressistes et en abondant dans le sens des réactionnaires, c’est qu’on préfèrerait ne rien changer et conserver le modèle patriarcal. »

André Gunthert, cancellologue

les oreilles percées des petites filles… « pratique d’un autre âge »:

Depuis des décennies, on perce les oreilles des petites filles sans même y penser. Cette tradition, ancrée dans de nombreuses cultures – et ne concernant que marginalement de petits garçons – soulève de plus en plus de questionnements. S’agit-il d’une volonté d’assigner les petites filles, dès leur plus jeune âge ?

Manuela Spinelli, maîtresse de conférences à l’université Rennes-II et spécialiste des études de genre, le croit : «Les boucles d’oreilles agissent comme un véritable marqueur de genre à un moment où les différences physiques ne sont pas marquées

Libération

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    Soutien à notre collègue Bergeaud-Blackler

    Florence Bergeaud-Blackler, chercheuse au CNRS, devait donner une conférence à l’Université de Lille sur un sujet brûlant : l’influence des Frères musulmans et l’entrisme islamiste dans certains syndicats et mouvements de gauche. Pourtant, sa conférence a été annulée. Cette décision, prise par le doyen, est un acte politique qui ne dit pas son nom. Une fois de plus, l’université cède aux pressions idéologiques et sacrifie le débat scientifique sur l’autel du conformisme militant.
     
    Cette annulation n’est pas un cas isolé. Elle s’inscrit dans un climat où toute critique de l’islamisme est immédiatement disqualifiée, où ceux qui osent poser des questions sont taxés de “racistes” ou d’“extrême droite”. Dans les sciences sociales, en particulier, la règle tacite est claire : on se soumet ou on dégage. Ceux qui refusent de plier sont mis à l’écart, leurs conférences interdites, leurs noms jetés en pâture à des étudiants dressés à confondre débat intellectuel et offense personnelle.
     
    Comment expliquer que des syndicats, censés défendre la liberté d’expression, se soient transformés en gardiens du dogme ? Pourquoi tant de collègues se taisent, sinon par peur ? Cette lâcheté collective est précisément ce qui permet aux censeurs d’imposer leur loi. Mais il faut le dire : l’Université ne peut pas devenir un espace clos où seuls certains discours sont autorisés.
     
    Face à cette censure, la chercheuse a décidé de maintenir sa conférence, ailleurs s’il le faut. Le débat aura lieu le 5 mars, avec le plus grand nombre possible de participants. Car la lutte contre l’islamisme et ses complicités idéologiques n’est pas une affaire de partis : c’est une question existentielle pour notre démocratie.
    L’Université doit rester un lieu de savoir et d’échange, pas un bastion du sectarisme.