Contradictions

Contradictions

Jacques Robert

Professeur émérite de cancérologie, université de Bordeaux
Nous avons appris récemment le suicide d’un directeur d’école canadien qui avait suivi une « formation » organisée par une furie de l’antiracisme de type woke, qui l’avait traité avec insistance de « suprémaciste blanc » devant tous les stagiaires – alors que c’était un militant de l’antiracisme – et l’avait dénoncé aux autorités académiques, ce qui avait entraîné son licenciement.

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Contradictions

Nous avons appris récemment le suicide d’un directeur d’école canadien qui avait suivi une « formation » organisée par une furie de l’antiracisme de type woke, qui l’avait traité avec insistance de « suprémaciste blanc » devant tous les stagiaires – alors que c’était un militant de l’antiracisme – et l’avait dénoncé aux autorités académiques, ce qui avait entraîné son licenciement. Peut-on présumer que cette mégère avait suivi un de ces masters en racial studies que Francis Dupuis-Déri, dans son interview au Monde, trouve trop peu nombreux ? L’un des leitmotiv des wokies est qu’il ne faut blesser personne – sauf, sans doute ceux qui ne sont pas de leur avis ? 

La contradiction est au cœur même de la nébuleuse woke. L’exemple le plus connu nous est fourni par le féminisme tel qu’ils le pratiquent : libération des femmes, sauf celles qui portent le voile ; reconnaissance des gays et lesbiennes, sauf quand c’est un supporteur des Frères musulmans qui condamne les homosexuels ; liberté d’expression, sauf pour le « blasphème » ; antiesclavagisme, sauf quand c’est l’esclavage arabo-africain, « pour que les jeunes Arabes ne portent pas sur leur dos tout le poids de l’héritage des méfaits des Arabes » comme l’a dit Christiane Taubira

Un exemple révélateur de ces contradictions inhérentes aux options du Wokistan vient de nous être donné par l’ONG Oxfam, qui a publié un Guide du langage inclusif (en anglais), pure merveille d’hypocrisie. On y apprend comment parler sans blesser personne : il ne faut plus dire « female » ou « male » mais AFAB ou AMAB, pour assigned female at birth et assigned male at birth. Il ne faut plus dire homosexuel ni gay, ni même LGBT auquel on avait fini par s’habituer, mais LGBTQIA+ pour n’oublier personne… Cela dit, comme un « philosophe » de la biologie nous apprend que les sexes sont innombrables, il est à craindre que l’alphabet latin ne suffise pas. Heureusement qu’il existe d’autres alphabets pour contenter tout le monde…

On apprend dans ce fascicule des ayatollahs de la bonne parole que « Le langage recommandé provient d’organisations spécialisées qui donnent des conseils sur le langage préféré par les personnes, groupes et communautés marginalisés ». Attendez… Il faut donc parler le langage que comprennent le mieux ces personnes, groupes et communautés ? Alors, pourquoi avoir publié ce manuel de conversation dans la langue du colonisateur par excellence, l’anglais ? Oxfam ayant son siège social au Kenya, c’est en swahili qu’il fallait le rédiger… Allons plus loin. Les colonisateurs français avaient justement trouvé le langage qu’ils pensaient plus compréhensible que le français standard : c’est le langage que l’on parle dans Tintin au Congo dans ses versions anciennes : « Ça y’en a bon !… Ça y’en a méchants blancs aller tous en prison !… » ! 

Allez, camarades d’Oxfam, encore un effort pour être vraiment wokes !

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