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Décoloniser la peinture : épisode 2/4 du podcast L’Art est le méconnu

Décoloniser la peinture : épisode 2/4 du podcast L’Art est le méconnu

Collectif

Tribune des observateurs

Read More  Selon les colonisateurs, les Africains en sont définitivement trop éloignés, les Arabes excellent dans les arts décoratifs non figuratifs, mais leur penchant inné comme leur religion leur interdit la grande peinture figurative, seuls les Indochinois peuvent y parvenir. Forts de ces préjugés, des ateliers de formation à l’artisanat autochtone sont ouverts au Maroc et en Algérie, tandis qu’une véritable école des Beaux-Arts, sur le modèle de celles qui existent en métropole, est fondée à Hanoï. À l’heure des indépendances, l’accession à une peinture spécifique, à la fois déterminée par des normes occidentales et prétendant contester vigoureusement le modèle colonial, voit le jour au Vietnam comme en Afrique du Nord, dans le contexte nouveau de la guerre froide et de l’émergence du tiers-monde.
Pierre Paliard « Avant l’existence de l’École des Beaux-Arts de Hanoï, il existait plusieurs écoles d’arts appliqués, trois dans l’actuel Viêt Nam et une au Cambodge. Là, on y apprenait le dessin, et il y avait un enseignement qui visait l’artisanat local essentiellement. »
Emilie Goudal « On considérait l’École des Beaux-Arts d’Alger comme une formation supérieure destinée à stimuler et former des artistes européens. Ce qui est intéressant de noter, c’est que la villa Abd-el-Tif, était initialement ouverte à tous, et en fait, les faits ont montré qu’aucun artiste algérien qu’il soit, à l’époque, Français, musulman ou indigène, n’a eu accès à cette villa. qui était pensée comme un voyage pour les artistes, comme on allait à Rome pour stimuler la création artistique en terre nord-africaine. »
Pour en parler, Bruno Nassim Aboudrar, Professeur d’Histoire et théorie de l’art, producteur de cette série sur l’art et le méconnu, reçoit Émilie Goudal, Historienne de l’art, chercheure associée au CEAC (Centre d’Étude des Arts Contemporains – Université de Lille) et membre du collectif Globalisation, Art et Prospective (GAP-INHA), spécialiste de peinture algérienne, et plus généralement d’Afrique du Nord, à l’époque des indépendances, auteure Des damné(e)s de l’Histoire. Les arts visuels face à la guerre d’Algérie, paru aux éditions Les presses du réel, en 2019.  Lauréate de l’édition 2022 du programme de recherche « Image des résistances » de l’Institut pour la photographie, pour le projet Dans l’œil d’Agnès Varda, « suivre tous les désordres et les charmes de la décolonisation », ses travaux portent sur les relations entre art contemporain, politique et enjeux de mémoire(s) (Allemagne, Algérie, France, Etats-Unis) depuis le contexte de la décolonisation. Ils ont notamment été publiés dans les revues Perspective, Critique d’art ou Grahiva ainsi que dans différents catalogues d’exposition et ouvrages collectifs, et Pierre Paliard, historien de l’art et critique, auteur d’un livre sur l’école des Beaux-Arts de Hanoï : Un art vietnamien, penser d’autres modernités, (Editions de L’Harmattan, nouvelle édition revue et augmentée, 2021).
Pierre Paliard « Les spécialistes qui se sont intéressés à d’autres aspects de l’art vietnamien répètent qu’ils n’ont pas accès à des archives, que c’est très compliqué. La période coloniale, elle, oui, permet d’avoir accès, mais par la suite, c’est extrêmement difficile. Pour ma part, j’ai essayé d’avoir des renseignements sur des écrits des artistes eux-mêmes, ce qui est une chose extrêmement précieuse. Ces gens-là ont tous eu une éducation française, ont tous correspondu en français et on aimerait avoir un corpus de documents qui ouvrirait complètement l’intelligence que nous avons de leurs œuvres et de la situation. »
Emilie Goudal « Il faut remettre dans le contexte de ce qui a pu incarner la colonisation et la possibilité pour la France de montrer la richesse de ces territoires et comment finalement, les arts étaient très prisés par les collectionneurs sur le marché de l’art, les arts autochtones, les arts du Maghreb, les arts musulmans. »
Pierre Paliard « Ce qui est très curieux, c’est que le métissage est vu comme une chose positive dans le grand art, parce que, ce que l’on veut faire à travers l’école de Hanoï, c’est une sorte de rencontre vivante entre l’art classique occidental, et ensuite toute la tradition orientale. Il s’agit de faire des artistes qui seront capables d’avoir une production typiquement vietnamienne, mais qui aura intégré les deux sources, mais toutes mes sources montrent que le métissage des corps, lui, est rejeté. »
Pour aller plus loin➢ A propos d’Émilie Goudal• Ses pages de présentation : sur le réseau Linkedin, sur le site de l’INHA (Institut National d’Histoire de l’Art).• Présentation de l’ouvrage Des Damné(e)s de l’Histoire. Les arts visuels face à la guerre d’Algérie, coll. Œuvres en société, Dijon, les Presses du réel, avril 2019. (site de l’éditeur).• Autres références bibliographiques :- Goudal, E. (2017)  » Écrire une histoire de l’art “moderne” en Algérie : Mohamed Khadda, pensées pour un art nouveau »*, dans Nora Greani et Maureen Murphy (dir.), * Avant que la « magie » n’opère. Modernités artistiques en Afrique, Paris, HiCSA, mis en ligne en mai 2017, p. 29-44.- Goudal, É. (2018). «  Conjurer l’effacement, dépasser les icônes. (Contre)visualité des Femmes d’Algérie », AWARE , en ligne depuis le 8 septembre 2018.- Goudal, É. (2021).  » Fragments artistiques de mémoires exilées : De l’(in)visibilité des artistes algérien.ne.s dans les musées d’art moderne parisiens ». Hommes & Migrations, 1332, 151-160.
Émilie Goudal – © Elsa Hyvaërt
➢ A propos de Pierre Paliard• Sa page de présentation sur le site Babelio.• Sa présentation et ses publications sur le site des éditions de l’Harmattan.• Page de présentation de son ouvrage  » Un Art vietnamien : penser d’autres modernités » nouvelle édition revue et augmentée parue en 2021 (site des éditions de  l’Harmattan).
Quelques références citéesExtraits musicaux 

Selon les colonisateurs, les Africains en sont définitivement trop éloignés, les Arabes excellent dans les arts décoratifs non figuratifs, mais leur penchant inné comme leur religion leur interdit la grande peinture figurative, seuls les Indochinois peuvent y parvenir. Forts de ces préjugés, des ateliers de formation à l’artisanat autochtone sont ouverts au Maroc et en Algérie, tandis qu’une véritable école des Beaux-Arts, sur le modèle de celles qui existent en métropole, est fondée à Hanoï. À l’heure des indépendances, l’accession à une peinture spécifique, à la fois déterminée par des normes occidentales et prétendant contester vigoureusement le modèle colonial, voit le jour au Vietnam comme en Afrique du Nord, dans le contexte nouveau de la guerre froide et de l’émergence du tiers-monde.

Pierre Paliard « Avant l’existence de l’École des Beaux-Arts de Hanoï, il existait plusieurs écoles d’arts appliqués, trois dans l’actuel Viêt Nam et une au Cambodge. Là, on y apprenait le dessin, et il y avait un enseignement qui visait l’artisanat local essentiellement. »

Emilie Goudal « On considérait l’École des Beaux-Arts d’Alger comme une formation supérieure destinée à stimuler et former des artistes européens. Ce qui est intéressant de noter, c’est que la villa Abd-el-Tif, était initialement ouverte à tous, et en fait, les faits ont montré qu’aucun artiste algérien qu’il soit, à l’époque, Français, musulman ou indigène, n’a eu accès à cette villa. qui était pensée comme un voyage pour les artistes, comme on allait à Rome pour stimuler la création artistique en terre nord-africaine. »

Pour en parler, Bruno Nassim Aboudrar, Professeur d’Histoire et théorie de l’art, producteur de cette série sur l’art et le méconnu, reçoit Émilie Goudal, Historienne de l’art, chercheure associée au CEAC (Centre d’Étude des Arts Contemporains – Université de Lille) et membre du collectif Globalisation, Art et Prospective (GAP-INHA), spécialiste de peinture algérienne, et plus généralement d’Afrique du Nord, à l’époque des indépendances, auteure Des damné(e)s de l’Histoire. Les arts visuels face à la guerre d’Algérie, paru aux éditions Les presses du réel, en 2019.  Lauréate de l’édition 2022 du programme de recherche « Image des résistances » de l’Institut pour la photographie, pour le projet Dans l’œil d’Agnès Varda, « suivre tous les désordres et les charmes de la décolonisation », ses travaux portent sur les relations entre art contemporain, politique et enjeux de mémoire(s) (Allemagne, Algérie, France, Etats-Unis) depuis le contexte de la décolonisation. Ils ont notamment été publiés dans les revues Perspective, Critique d’art ou Grahiva ainsi que dans différents catalogues d’exposition et ouvrages collectifs, et Pierre Paliard, historien de l’art et critique, auteur d’un livre sur l’école des Beaux-Arts de Hanoï : Un art vietnamien, penser d’autres modernités, (Editions de L’Harmattan, nouvelle édition revue et augmentée, 2021).

Pierre Paliard « Les spécialistes qui se sont intéressés à d’autres aspects de l’art vietnamien répètent qu’ils n’ont pas accès à des archives, que c’est très compliqué. La période coloniale, elle, oui, permet d’avoir accès, mais par la suite, c’est extrêmement difficile. Pour ma part, j’ai essayé d’avoir des renseignements sur des écrits des artistes eux-mêmes, ce qui est une chose extrêmement précieuse. Ces gens-là ont tous eu une éducation française, ont tous correspondu en français et on aimerait avoir un corpus de documents qui ouvrirait complètement l’intelligence que nous avons de leurs œuvres et de la situation. »

Emilie Goudal « Il faut remettre dans le contexte de ce qui a pu incarner la colonisation et la possibilité pour la France de montrer la richesse de ces territoires et comment finalement, les arts étaient très prisés par les collectionneurs sur le marché de l’art, les arts autochtones, les arts du Maghreb, les arts musulmans.« 

Pierre Paliard « Ce qui est très curieux, c’est que le métissage est vu comme une chose positive dans le grand art, parce que, ce que l’on veut faire à travers l’école de Hanoï, c’est une sorte de rencontre vivante entre l’art classique occidental, et ensuite toute la tradition orientale. Il s’agit de faire des artistes qui seront capables d’avoir une production typiquement vietnamienne, mais qui aura intégré les deux sources, mais toutes mes sources montrent que le métissage des corps, lui, est rejeté. »

Pour aller plus loin

➢ A propos d’Émilie Goudal
Ses pages de présentation : sur le réseau Linkedin, sur le site de l’INHA (Institut National d’Histoire de l’Art).
 Présentation de l’ouvrage Des Damné(e)s de l’Histoire. Les arts visuels face à la guerre d’Algérie, coll. Œuvres en société, Dijon, les Presses du réel, avril 2019. (site de l’éditeur).
• Autres références bibliographiques :
 Goudal, E. (2017)  » Écrire une histoire de l’art “moderne en Algérie : Mohamed Khadda, pensées pour un art nouveau« *, dans Nora Greani et Maureen Murphy (dir.), * Avant que la « magie » n’opère. Modernités artistiques en Afrique, Paris, HiCSA, mis en ligne en mai 2017, p. 29-44.
 Goudal, É. (2018). «  Conjurer l’effacement, dépasser les icônes. (Contre)visualité des Femmes d’Algérie », AWARE , en ligne depuis le 8 septembre 2018.
– Goudal, É. (2021).  » Fragments artistiques de mémoires exilées : De l’(in)visibilité des artistes algérien.ne.s dans les musées d’art moderne parisiens« . Hommes & Migrations, 1332, 151-160.

Émilie Goudal – © Elsa Hyvaërt

➢ A propos de Pierre Paliard
 Sa page de présentation sur le site Babelio.
Sa présentation et ses publications sur le site des éditions de l’Harmattan.
Page de présentation de son ouvrage  » Un Art vietnamien : penser d’autres modernités » nouvelle édition revue et augmentée parue en 2021 (site des éditions de  l’Harmattan).

Quelques références citées

Extraits musicaux

 

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