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La gauche, la droite, l’islamisme et l’antisionisme : entretien avec Georges-Elia Sarfati (III partie: décolonialisme et néo-féminisme anti-sionistes )

La gauche, la droite, l’islamisme et l’antisionisme : entretien avec Georges-Elia Sarfati (III partie: décolonialisme et néo-féminisme anti-sionistes )

Présenté par Yana Grinshpun

YG : Vous faites apparaître le caractère pervers du narratif palestinien, banalisé à l’extrême

GES : Pour le moins, puisque le narratif palestinien est un narratif de substitution du narratif de l’histoire juive. La différence entre les deux narratifs, c’est que le narratif juif articule une mémoire historique, alors que le narratif palestinien est un leurre idéologique, l’un des aspects du caractère spéculaire de toute idéologie. Le narratif palestinien donne à reconnaître quelque chose qui ressemble à la passion du Christ. Les « Palestiniens » sont les nouveaux crucifiés… Leur propagande victimaire a su exploiter tous les ressorts de l’âme occidentale, et de la culpabilité européenne. Quoi de plus apaisant pour des nations qui ont été le théâtre de la Shoah de se convaincre, à l’unisson avec les faussaires du Hamas et les négationnistes de l’OLP que « les victimes d’hier, sont les bourreaux d’aujourd’hui », en faisant accroire qu’Israël a mis en œuvre « le génocide du Peuple palestinien » ? Le narratif palestinien reprend mot pour mot les éléments de langage de la mémoire juive : la clef de la maison que l’on a dû abandonner, le thème de l’exil et de la diaspora, celui de la spoliation, des massacres, de la résistance « héroïque » (des « combattants palestiniens »), analogue de celle du ghetto de Varsovie. C’était la rhétorique du journal Libération, à l’issue de la première guerre du Liban, au moment où l’OLP a quitté Beyrouth, sous escorte internationale. En leur temps, les combattants du Ghetto de Warsovie, qui étaient sionistes, et qui ont livré leur combat dans l’indifférence générale, n’ont pas eu cette chance…

Le motif de « la clef de la maison », est un emprunt aux récits des Juifs sépharades et orientaux expulsés des pays arabes après les indépendances. De ce seul point de vue, l’antisionisme a aussi su faire oublier qu’un million de Juifs ont été expulsés des pays arabes, entre 1948 et 1975, et qu’à ce jour,  il ne subsiste plus une seule communauté juive d’importance significative sous ces latitudes. Je suis moi-même issue d’une famille sépharade, et à ma connaissance, aucun Juif issu de ces contrées n’a été élevé dans la haine de ses anciens voisins, ni envisagé de demander un statut de réfugié héréditaire…Quant aux comparaisons outrancières, elles sont des lieux communs bien connus de la presse de gauche et d’extrême gauche, depuis que l’AFP, s’est mise au service de la « cause palestinienne », et qu’elle diffuse journellement les contes et légende de Palestine à l’intention de populations anesthésiées. On conçoit aisément la part de distorsion, de manipulation et de cynisme qui entre dans cette réécriture intégrale de l’histoire. En vérité la progression de l’antisionisme, lorsque l’on évoque la profondeur de son arrière-plan historique, se confond avec l’histoire d’une catastrophe culturelle de très grande ampleur : déshistorisation, naturalisation de contre-vérités, standardisation des mentalités, dégradation de la vie politique, subversion militante des institutions, polarisation extrême des adversaires, langue de bois et langue de coton, nivellement des « élites »,  « rationalisme morbide », au sens de la psychopathologie.

YG : La cause palestinienne est la raison d’entente entre tous les mouvements destructeurs qu’on appelle depuis une vingtaine d’années « islamogauchistes ». Si la France et l’Europe soutiennent cette cause contre Israël, comment espérer venir à bout de la haine d’Israël et comment arrêter la destruction de l’État Nation dont Israël donne l’image exemplaire et si détestée par les décoloniaux ?

GES: Notez bien que pour la coalition islamo-gauchiste, la destruction de l’État-Nation, et le harcèlement d’Israël sont de bonnes et saintes causes. Il n’y a que ceux qui se reconnaissent dans la forme de l’État-Nation, ceux qui mesurent la vie politique à l’aune des prérogatives et des devoirs de l’État-Nation – notamment démocratique- qui se sentent affectés par ce que vous qualifiez de destructivité. Il y a également ceux pour lesquels la souveraineté d’Israël est indiscutable, qui ont encore conscience du danger que représente l’islamo-gauchisme, pas seulement sur le plan politique, mais également culturel et sociétale. Une Europe des nations, qui exprimerait formellement son attachement à la démocratie, aux principes de la société ouverte, sans rien concéder à ses ennemis, serait sans doute la première étape de ce nécessaire redressement. Ensuite, un sérieux examen de conscience de la classe politique, de la gauche en particulier, aujourd’hui éclatée et divisée. Les fractions de droite aussi doivent se poser des questions, tout particulièrement la droite mondialiste, qui n’a eu de cesse pour des motifs économistes de contribuer à l’affaiblissement des identités nationales. Un débat sérieux doit se mener en Europe sur l’identité et la raison d’être de ce que Husserl appelait le telos de l’humanité européenne. Mais le problème est que les États-Nations européens n’ont pas fait le choix de défendre l’État d’Israël, et cela apparaît finalement comme leur talon d’Achille : comment concilier l’universalisme abstrait avec l’engagement soutenu qu’exigerait la défense d’Israël, qui, après tout, se situe dans le même camp politique et culturel qu’eux-mêmes ? Les élites européennes doivent cesser de se montrer pusillanimes et d’encourager à l’abdication de tout patriotisme. Cela me paraît d’autant plus nécessaire que l’État-nation laïc et universaliste est une forme historique, comme telle susceptible de passer. Or du point de vue historique, les identités ont été contenues et justifiées par deux sortes d’ensembles : étatiques ou impériaux. À quoi ressemblerait l’Europe fondée sur le principe de l’État-nation, en cas de victoire de l’islamo-gauchisme ?

YG : Quel rôle jouent les intellectuels dans la propagation des idées antisémites et antisionistes ? Qui sont aujourd’hui les propagateurs essentiels des idées anti-juives ?

GES : Tous ceux qui les diffusent, mais aussi tous ceux qui sont indifférents à leur diffusion et ne s’y opposent pas explicitement ni publiquement. Le spectre est assez large, il peut inclure nombre de nos collègues pour lesquels l’antisionisme, sa banalisation, font partie des naturalités de la vie politique et civique française avec lesquelles il est possible de composer. Par leur inaction, ils y contribuent. Qui ne dit mot consent. Je crois discerner quelques sursauts en ce moment, mais ils se sont tus longtemps, optant pour la posture de la majorité silencieuse en temps de crise. En sorte que là comme naguère l’antisémitisme était une affaire juive, aujourd’hui l’antisionisme est-il l’affaire de ce que la propagande désigne comme les « sionistes », avec cette tonalité d’invective qui entache aujourd’hui l’usage de ce signe. Cela me rappelle le mot du pasteur Niemöller : «  Quand les nazis sont venus chercher les communistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas communiste ; Quand ils ont enfermé les sociaux-démocrates, je n’ai rien dit, je n’étais pas social-démocrate ; Quand ils sont venus chercher les syndicalistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas syndicaliste ; Quand ils sont venus me chercher, il ne restait plus personne pour protester.  » Puissent nos collègues n’avoir pas réagi trop tard. Mais c’est une loi toute humaine, démentie par un nombre infime d’intellectuels – je pense à François Rastier. Les gens ne réagissent, s’ils le peuvent encore, que lorsqu’ils se sentent inquiétés dans leurs intérêts immédiats, ce sont des mécanismes corporatistes. Les intellectuels anti-décolonialistes réagissent aujourd’hui, parce qu’ils ont fini par se sentir concernés par les attaques du décolonialisme. Comme la plupart sont aujourd’hui gênés pour faire leur travail – la grande majorité sont des professeurs d’universités, et mieux encore des professeurs en retraite, presque au sens militaire du mot ! – eh bien ils réagissent, et pour les plus âgés, ils se désolent de voir les outrages que l’on fait subir à leur Alma Mater. Où étaient-ils depuis les premiers coups de boutoir de l’islamo-gauchisme ? Étaient-ils sourds, ou aveugles, ou naïvement persuadés que ce mouvement ne sortirait pas des marges ? Quant à s’impliquer pour réfuter la xénophobie antisioniste, à ce jour, et depuis 20 ans je n’ai pas lu une ligne de l’un d’entre eux sur ce sujet. Cela doit faire partie de ce qui est supportable, et peut être normal, voire éthiquement acceptable. Ils sont aussi comptables d’un clivage que toute la gauche, disons respectable, de Mitterand à Hollande, mais aussi la droite – de De Gaulle à Macron- a fortement inculquée : il faut protéger les Juifs, sanctuariser les victimes de la Shoah- mais il est nécessaire de participer aux pogroms médiatiques et diplomatiques contre Israël. Au mieux, ils s’abstiennent. C’est proprement le fait d’une cécité, aussi bien en matière de connaissance historique que de façonnement du « citoyen français ». Mais à leur décharge, je dois admettre qu’il était peut-être difficile d’interpréter que l’antisionisme des années 2000 était le signe avant-coureur de l’idéologie décolonialiste protéiforme qu’ils combattent aujourd’hui. Ceux qui le font, tous les collègues qui se sont aujourd’hui fédérés dans l’Observatoire du décolonialisme ne manquent ni de courage ni d’acuité pour le combattre et le réfuter avec une belle intelligence, et l’engagement dont ils témoignent et qui les honorent. À côté de cela, la naturalisation de l’antisionisme, radical puis distingué, sous couvert de critique de la politique israélienne, est un tropisme caractéristique de la mentalité européenne, l’une de ses figures obligées. Or tout est là, sur l’échelle du préjugé, où situer le degré d’acceptabilité d’un énoncé ? Par leur non-interventionnisme, par leur silence – embarrassé ou complice- les intellectuels jouent donc un rôle majeur, celui de vecteurs d’opinion, même quand ils ne font rien, du moment qu’ils ne s’y opposent pas. Tout dépend, au-delà de la sphère académique, ce que l’on entend par « intellectuel » : les journalistes qui sont aujourd’hui des militants pro-palestiniens, et qui ont contribué à désinformer la population sur Israël, en relayant le narratif de l’OLP sont-ils des intellectuels ? Qu’est-ce qu’un porte-parole alphabétisé mais entièrement ignorant, et entièrement conditionné par le Zeitgeist de son aire culturelle ?

YG : Des personnalités phares du néo-féminisme radical se distinguent par leur antisionisme affiché. Judith Butler soutient ouvertement le mouvement BDS et signe régulièrement les pétitions anti-israéliennes, elle n’hésite pas à déclarer que les FrèresMusulmans sont une organisation démocratique et qu’Israël est un état colonisateur. Angela Davis est une illustre antisioniste, la très décoloniale Françoise Vergès n’hésite pas à parler de l’état colonial, militariste, machiste et indifférent à l’autre. Pourquoi ces féministes radicales se fixent sur Israël à l’instar des décoloniaux, de la gauche radicale et des islamistes ?

GES : En agissant comme elles le font, toutes ces personnalités ont la conviction de témoigner publiquement de leur engagement humaniste et universaliste. Autrement, elles ne le feraient pas. C’est donc qu’elles ont intériorisé les équations efficaces dont je parlais tout à l’heure. Mais au fond de leur engagement, il se joue pour elles, un combat éthique de premier plan, très caractéristique de la post-modernité : c’est la lutte contre la civilisation patriarcale. Mieux, c’est la volonté d’en découdre avec le fantasme du patriarcat oppressif. De ce seul point de vue, le féminisme radical se déduit de l’antijudaïsme qui sous-tend l’antisionisme. Le signifiant Israël agrège toutes les figures de l’autorité : le père, le juge, le maître, le guerrier… Ce radicalisme est la marque de l’intolérance à ce que représente la figure archétype du juif. Il n’est donc pas étonnant que la convergence des luttes s’articulent également sur un substrat symbolique qu’il s’agit de contester à sa racine. C’est une expression de ce que les psychanalystes Bella Grumberger et Jeanine Chasseguet-Smirgelont appelé L’univers contestationnaire. Il s’agit toujours de tuer le juif symbolique. C’est le principe même de la désymbolisation contemporaine, qui consiste à s’attaquer au cadre du moralisme judéo-chrétien présumé. Il y a au fond de cette posture un fantasme parricide. Les psychanalystes les plus avisés ont identifié et dénoncé le danger d’une telle geste : la contestation de la tradition est au cœur de la destruction des généalogies que garantit le nom du père. Or le monde d’après Auschwitz se distingue justement par ce que A. Mitscherlich a appelé « la société sans père », et Lacan après lui le « déclin de la fonction paternelle ». Le mal est profond, et ce même diagnostic reconduit par des auteurs plus récents : Charles Melman, Jean-Pierre Winter, etc. Il y a peut-être une corrélation entre la destruction des Juifs d’Europe et la poursuite du fantasme parricide. Ce même fantasme commande d’abord les polémiques théologiques, il s’agit toujours de détrôner le père, de le remplacer. L’antisionisme est une figure freudienne, la horde des fils lancés dans la reconduction inlassable du meurtre du père, et revendiquant pour eux une infinité de droit, une jouissance infinie.

YG : Y-a-t-il une particularité de l’antisionisme de certains intellectuels juifs, comme J. Butler que j’évoquais à l’instant, ou bien N. Chomsky ?

GES : Le discours que tient J. Butler procède d’une posture typiquement juive, caractéristique de l’Amérique du Nord. N. Chomsky l’a précédée, au nom de la critique de l’impérialisme. Le propre de ces « intellectuels juifs » est précisément de ne plus se rallier au judaïsme au sens historique et culturel de ce terme. Ce profil intellectuel s’analyse en termes très particuliers. Ces intellectuels appartiennent à la tradition du radicalisme américain, assez proche de la philosophie libertaire, quoique Butler ait évoluée vers la déconstruction, ce que n’a pas fait Chomsky, lequel campe sur des positions qui sont celles du paradigme anti-impérialiste « classique ». Il s’agit d’intellectuels d’origine juive, entièrement déjudaisés. Ils ont été littéralement aspirés par la logique centrifuge du narratif victimaire, distinctif du palestinisme. Ils sont également très représentatifs, à ce titre, des effets clivants de la judéophobie : la culpabilisation des Juifs par la propagande palestinienne, a poussé nombre de bons esprits à se désolidariser du peuple juif et du destin national du peuple juif, en préférant un choix individualiste, plus fortement valorisé dans le contexte d’une culture académique-universaliste. Autrement dit, c’est un ethos. À cet égard, ils sont des incarnations de l’universalisme abstrait, sans se rendre compte qu’en tant qu’idéologie dominante de l’impérium Nord-américain, cette posture est un ethnocentrisme qui s’ignore. Il en résulte que toute identité singulière collective, devient la cible de leur péjoration. Dans la droite ligne de leur choix philosophique, ils naturalisent leur choix existentiel, qui est celui  d’une assimilation provocatrice qui les exonère de toute compromission avec l’Israël historique qu’ils appellent à discriminer. De manière tendancielle, ce sont des figures héroïques de l’identification à l’agresseur, de solides cautions de l’antisionisme, puisque si ce sont des Juifs qui le diffusent, alors c’est que ce doit être « vrai ». Cette façon de donner le change les installe comme des porte-parole de la justice, alors qu’ils pêchent contre l’esprit. Mais ces choix les protègent de l’hostilité d’ennemis inconciliables, puisqu’ils les devancent et les justifient.

YG : Vous revenez souvent sur l’idée que l’hostilité vis-à-vis du principe de l’État juif trouve aussi sa source dans une conception abstraite de l’universalisme. Que voulez-vous dire ?

GES : Il s’agit en effet d’un point important. La plupart des adversaires doctrinaux d’Israël s’entêtent à critiquer son « particularisme », son « exclusivisme », etc. Notez-bien que cette objection est en phase avec une caractéristique originaire de la judéophobie historique, puisque l’Église, aussi bien que l’Islam visent justement le « séparatisme » juif, son entêtement à refuser de se fondre dans la majorité, en reconnaissant la vérité théologique des deux autres monothéismes. Cette même disposition a conditionné la conception de l’universalisme des sociétés sécularisées. Un certain nombre de penseurs, dont Karl Lowith dans Histoire et salut. Les présupposés théologiques de la philosophie de l’histoire, ont fait apparaître que la modernité est en effet une sécularisation de la théologie de l’histoire : c’est le principe même de la généralisation d’un modèle de société qui se comprend lui-même comme impliquant l’uniformisation idéologique des membres qui la constituent, même lorsque ces sociétés se fondent sur la séparation des pouvoirs, et que de ce fait elle garantissent les libertés individuelles (de conscience, de religion, notamment). Il est également remarquable, que la plupart des penseurs postmodernistes ont appuyé leur critique socio-politique de la mondialisation capitaliste sur un retour à l’universalisme paulinien, dont l’allergie au « particularisme » juif est emblématique. D’autant qu’il s’agit d’un particularisme coupable (historiquement lié au rejet de la messianité de Jésus). Le thème théologique de la perfidie des Juifs – c’est-à-dire de leur « infidélité »- est constitutif de cette conception. Or, sans la moindre exception, les principaux théoriciens du postmodernisme professent une position antisioniste, en reconduisant à l’encontre d’Israël, l’objection de particularisme, et pour ce faire, ils articulent leur conception sur une référence explicite à l’universalisme de St Paul ! Le tournant altermondialiste des penseurs post-modernes Toni Negri, Alain Badiou, Giorgio Agamben, Slavoj Zižek, signe l’appartenance de leur vues à cette double dépendance matricielle : la promotion de ce que j’appelle « l’universalisme abstrait » coïncidant avec la dénonciation du « particularisme juif », qui s’exprime sous le rapport du « sionisme », notamment chez les trois premiers. Une fois de plus, sous la plume de ces auteurs, Israël s’est rendu coupable de déroger à cette conception d’un universalisme allergique à la différence, d’un universalisme assimilateur. Mais à notre époque, la critique du « particularisme sioniste » étaye une accusation sous-jacente : ce particularisme serait « raciste », et l’État d’Israël formerait une « ethno-démocratie ».

Ces thèmes sont des invariants du postmodernisme politique : cette conception de l’universalisme sous-tend la péjoration de l’identité juive, depuis la plus haute antiquité. Le particularisme est toujours l’expression d’une dérogation, l’indice constant du refus d’adhérer à l’ordre de la majorité. Comme tel, il est ressenti comme un pôle d’adversité. Il y a là quelque chose d’un résidu de la mentalité primitive qui consiste à poser a priori que l’autre – du fait de sa différence- représente un danger, qu’il est aussi un ennemi. Le même ethos caractérise le grand nombre d’intellectuels juifs qui se sont éloignés de la culture juive, et qui au nom du post-sionisme font chorus avec leurs homologues non-juifs. Ils ne sont plus ni juifs, ni sionistes – ils dénoncent l’un et l’autre au nom de « l’universalisme », ce sont des « alter-juifs ». Aujourd’hui, le mouvement alter-juif forme une nébuleuse pro-active, sympathisante du lobby de Georges Sorros : The New Israël Found, qui a pour vocation de dévitaliser le caractère juif de l’État d’Israël, en menant des campagnes de diffamation, et en soutenant des politiques d’ingérence (JSreet, JCall). En Israël, c’est l’association Im Tirtzu qui a dévoilé la structure et les agissements de ce lobby. Dans de nombreux cas, leur accointance avec l’antisionisme et leur sympathie affichée pour « la cause palestinienne » est une figure obligée de leur propagande. En regard de cet activisme qui n’a de juif que le nom, depuis la plus haute antiquité, la tradition hébraïque a affirmé une conception fort différente de l’universalisme. La tradition biblique développe une vision originale qui tranche avec les mythologies des autres civilisations : la diversité humaine procède d’une même souche appelée à se différencier en peuples distincts, chacun ayant une vocation spécifique. Le thème hébraïque du particularisme est toujours l’indice d’un trait positif, puisque la différence est constitutive de l’identité humaine. Au 20è siècle, c’est à Elie Benamozheg – l’auteur de : Israël et l’humanité, que nous devons le plus bel exposé de cette conception. Dans cette perspective, l’universalisme hébraïque, qui continue d’informer à la fois le Judaïsme, la pensée et l’histoire du peuple juif est un universalisme différentialiste. Ce n’est ni le signe d’un exclusivisme, ni le signe d’une hostilité, mais au contraire la marque distinctive d’une distinction culturelle. La Bible hébraïque est de ce point de vue un modèle de tolérance et de respect des différences personnelles et collectives. Dans le narratif biblique, celui de la Torah (du Premier Testament), il n’existe qu’un peuple indigne, c’est Amalek. Amalek dont toute la spécificité est de haïr Israël et de rechercher sa destruction. Il n’a pas d’autre raison d’être. C’est littéralement un non-peuple, qui se nourrit d’une fausse identité, laquelle n’est que négative et négativité. L’antisionisme mime à s’y méprendre la dialectique du positionnement archétype d’Amalek : il ne dit pas ce qu’il est, il dit seulement qu’Israël ne doit pas être, il projette sur Israël sa propre négativité. Par ailleurs, l’ignorance de la conception hébraïque et juive de la forme différentialiste de l’universalisme ne saurait excuser cette charge permanente contre le sionisme, elle est aussi l’indice de ce que le concept de tolérance, si cher aux « universalistes éclairés » n’est qu’un slogan creux quand il s’agit des Juifs, et d’Israël.

YG : Vous disiez que le sionisme a été combattu, mais qu’il n’a jamais été compris. Qu’est-ce qui fait obstacle à sa compréhension ?

GES. : Cette incompréhension fondamentale trouve sa principale origine dans ce que j’appelle la conception exogène de l’identité juive, qui est la conception commune, selon laquelle le judaïsme est une religion. J’oppose à cette conception ce que je nomme la conception endogène du fait juif, et qui désigne la manière dont les Juifs qui connaissent leur histoire se conçoivent eux-mêmes, et comprennent leur identité historique. Pour ces derniers – et j’y inclus les Juifs israéliens- ce qu’il est convenu de désigner du terme de « religion » n’est que l’un des paramètres de l’identité juive. C’est sous le coup de la polémique théologique – chrétienne et musulmane – contre le judaïsme, que la civilisation juive, dans une situation prolongée d’exil – c’est-à-dire de perte de souveraineté et de déterritorialisation- s’est trouvée réduite à sa dimension spirituelle et cultuelle. J’ai naguère minutieusement analysé ce processus dans mon livre : Discours ordinaire et identité juive, dans lequel j’ai fait la démonstration des étapes successives de la « réduction cléricale » du judaïsme. Il s’agit d’une véritable assignation aux catégories théologiques dominantes, en sorte que pour assurer sa pérennité, le peuple juif a en effet tendanciellement intériorisé cette identification. Il en est résulté que l’identité juive s’est trouvée prise dans une série de partages, qui ont été fondateurs de la civilisation occidentale: l’opposition ancien/nouveau (à partir de la distinction chrétienne entre l’ancien et le nouveau testament) s’avère ici déterminante. À partir du moment où s’affirme un sentiment national juif – à travers le sionisme, dès la fin du 19è siècle, un certain nombre de questions se posent, qui témoignent de la perturbation que fait naître cet éveil : comment une collectivité « religieuse » peut-elle prétendre à se constituer en État, et de surcroît en État-nation moderne ? L’idée d’un « État juif » n’est-elle pas une contradiction dans les termes ? L’existence d’un tel État n’est-il pas l’indice d’une affirmation théocratique ? Le sionisme est-il autre chose qu’un colonialisme ? Ces questions, qui expriment toutes le point de vue exogène, ignorent de fait la continuité effective du sentiment national juif, inhérent au messianisme juif. Tout l’enseignement du judaïsme repose sur la perspective du retour des enfants d’Israël sur la terre d’Israël, dont le centre se trouve à Sion/Jérusalem. Il faut tout ignorer de l’histoire juive, mais aussi de l’histoire universelle qui a imposé ses rythmes au peuple juif, pour tenir ces questions pour des questions pertinentes. Ce point de cécité est une caractéristique majeure d’une mentalité qui a été façonnée par une écriture de l’histoire universelle qui est celle des vainqueurs. C’est en effet le point de vue de l’empire Romain qui depuis deux millénaires commande aux catégories de l’analyse historique. À commencer par le nom de « Palestine », dont nous savons qu’il a été donné par l’empereur Hadrien en 135 de l’ère commune à la terre d’Israël, pour effacer le nom de la Judée. L’Europe chrétienne a hérité de cette vision, et à sa suite l’historiographie scientifique « laïque ». Cela est passé dans le catéchisme de l’Église de Rome, mais pas seulement, où l’on peut lire que « Jésus est né en Palestine », cela a été naturalisé par les chroniqueurs, les cartographes, les diplomates, les juristes, les biblistes (à commencer par la plupart des spécialistes de « l’Ancien Testament » (sic)), les analystes politiques, et bien entendu les journalistes, etc. Sous ce rapport, l’histoire du peuple juif, à laquelle appartient l’histoire du sionisme, est dans la situation du sujet minoritaire : son existence n’est acceptée que s’il accepte de se soumettre, sa parole n’est entendue qu’à la condition qu’il parle la langue du maître, etc. C’est ce qu’a exigé l’Église triomphante pendant des siècles, c’est ce qu’exige toujours l’islam, religion d’État, partout où les Musulmans gouvernent. Qui sait en ce début du XXIème siècle que les premiers sionistes possédaient un passeport estampillé « Palestine », et qu’ils étaient avant la création de l’État d’Israël ceux auxquels s’appliquaient de manière exclusive, la désignation de « Palestiniens » ? Le sionisme dérange aussi parce qu’il fait voler en éclat les catégories théologico-politiques sur lesquelles se sont édifiées aussi bien le christianisme que l’islam, ainsi que la modernité séculière : le sionisme accomplit l’espérance du Retour à Sion, et de ce fait il met en échec le christianisme – et dans une moindre mesure l’islam-  dont toute la théologie politique s’est édifiée sur l’hypothèse de la disparition des Juifs de la scène de l’histoire. Le sionisme dérange d’autant plus dans un monde sécularisé, puisque dans le contexte de son émergence endogène, il déroge aux conditions de formation des États nations. L’idée d’un Israël national tranche avec l’idée d’un Israël entendu comme catégorie liturgique, « peuple du Livre », ou « peuple témoin », etc. Israël peuple historique de nouveau territorialisé et souverain, cela connote l’archaïsme et suscite une haine archaïque. Le philosophe israélien, Israël Eldad, dans son essai sur la souveraineté d’Israël  – intitulé : La révolution juive, décrit très bien ces réactions.

YG : Quel lien faites-vous entre cette hantise archaïque et la virulence de l’antisionisme ?

GES. : Le lien est direct. L’émergence, puis le développement du sionisme, et enfin sa concrétisation dans une réalisation nationale, cela s’apparente à un immense retour du refoulé. C’est l’histoire d’un spectre revenu à la vie, et cela est des plus dérangeants. L’ordre symbolique occidental mais aussi oriental procédait de ce refoulement. Rien n’y a fait, le peuple juif a survécu, non seulement il a survécu, mais de surcroît il a regagné son indépendance. Comment ne pas entrer en guerre contre cette présence que l’on croyait réduite, et sur laquelle nombre d’identité se sont construites ? C’est une vision spectrale. Cette surprise questionne la vérité de l’histoire. Le sionisme résonne comme une instance qui dément le « jugement de l’histoire », Israël semble juger l’histoire. Le philosophe Eliezer Berkovits a écrit que la survie inexplicable d’Israël a inspiré les théories du complot, et notamment les deux versions les plus délétères : au Moyen Age, l’Église expliquait la persistance du Judaïsme par l’hypothèse théologique que ce dernier était une incarnation du Diable, avec l’essor de la modernité, c’est le mythe des Protocoles des Sages de Sion, qui s’est efforcé d’ « expliquer » par l’existence d’une « conspiration juive », les grandes mutations de l’histoire récente (la Révolution française, la Révolution bolchévique, la première et la seconde guerre mondiales, etc.) Si après tout ce qu’ils ont subi, les Juifs n’ont pas disparu, c’est qu’ils détiennent des pouvoirs occultes, qu’ils sont protégés par une puissance surnaturelle. L’antisionisme, comme les autres formes de la judéophobie, s’alimente à une haine métaphysique. Seule une haine métaphysique a pu inspirer le projet satanique de la Solution finale, et seule une haine métaphysique peut encore et toujours inspirer – après la Shoah- la reviviscence de l’antisémitisme. Cette dimension de l’antisionisme doit être soulignée, elle éclaire ce qu’il y a d’irrationnel et d’irrédentiste dans l’antisémitisme. L’on voit aussi comment l’antisionisme qui est une formation du sens commun (de la « sagesse des nations »…) peut-aussi opérer comme un principe d’identité sur lequel s’articule cette violence.

YG : Comment interprétez-vous la situation de guerre qui prévaut entre le Hamas et l’État d’Israël, mais aussi les violences internes, entre Juifs et Arabes ? Et quelle solution entrevoyez-vous ?

GES. : L’agression du Hamas, et la réplique entièrement justifiée d’Israël s’inscrivent dans la droite ligne du refus palestinien de l’existence de l’État juif. Contrairement aux antisémites « classiques », habitués à bafouer les Juifs sans qu’ils aient les moyens de se défendre, les nouveaux antisémites que sont les « antisionistes » connaissent le prix de leur propre violence. Quant à ce qui s’est produit à l’intérieur même d’Israël, dans ce que la presse appelle les « villes mixtes », les violences entre Arabes et Juifs sont de précieux indicateurs de la persistance du refus de la souveraineté juive parmi les citoyens israéliens arabes. Je n’ai aucune disposition pour la mantique, mais je peux seulement vous donner mon avis. À mon sens, après la fin de ces violences, il conviendra de mener une réflexion politique très sérieuse, et de tirer les leçons de la situation. Outre qu’elle est résolument révélatrice de l’attitude d’une partie de la population arabe à l’égard de l’État d’Israël, elle est aussi révélatrice de l’échec d’une classe politique qui s’est détournée depuis quelques années des principes du sionisme : un certain irénisme, un certain angélisme avait convaincu les gouvernements successifs – aussi bien de gauche, que de droite- de faire évoluer le pays vers une modèle européen. Les intellectuels post-sionistes ont leur part de responsabilité – la responsabilité des intellectuels est toujours significative, même si elle est discrète. Nous savons que les partisans du post-sionisme sont favorables à un État d’Israël déjudaïsé, un État d’Israël qui renoncerait à son caractère juif. L’expérience historique nous a enseigné à ne pas sous-estimer la virulence du refus palestinien ; et la naïveté de la classe politique et des intellectuels des post-sionistes a été de s’imaginer que leur option favoriserait l’émergence d’une harmonie définitive entre citoyens israéliens d’origine juive et d’origine arabe. Voilà des années que nous entendons parler de la nécessité de transformer Israël en « état de tous ses citoyens », encore l’un de ces mantras à l’efficience hypnotique. Comme si ce n’était pas déjà le cas depuis 1948. Seulement, dans la bouche de ceux qui utilisent cette formule, elle signifie de faire évoluer l’État d’Israël vers la forme d’un État binational, qui serait appelé de surcroît à coexister avec un État palestinien, qui lui, bien entendu, serait judenrein (vide de Juifs). C’est déjà le cas de la Jordanie, et des territoires autonomes où l’existence juive est assimilée à un état de fait délictueux. Ceci est un effet pratique de la législation de ces entités, fondamentalement hétérophobes.

Or, contrairement à ce que l’opinion majoritaire s’imagine – encore une fois sous les effets de discours du post-sionisme (Sand en est une bonne illustration)-, c’est le fait que l’État d’Israël soit déjà l’État de «tous ses citoyens » qui a permis à ceux qui n’en veulent pas de le faire savoir violemment, à l’occasion de l’agression du Hamas, en mai 2021. Il faudra en tirer les conséquences : condamner les émeutiers – y compris juifs- à de lourdes peines, et rappeler les citoyens arabes récalcitrants à la nature du contrat social du sionisme démocratique : « Vivez en paix et dans la pleine égalité de droits avec vos concitoyens juifs, ou bien quittez le pays, choisissez entre les trois entités nationales palestiniennes qui existent déjà : la Jordanie, depuis 1922, la Bande de Gaza, depuis le coup d’État du Hamas, en 2007, ou la Cisjordanie de l’Autorité palestinienne, consacrée par les Accords d’Oslo, depuis 1993, parce qu’ici vous êtes dans un État à caractère juif. »  Le vote de la « Loi Israël, État nation du peuple juif », adoptée par la Knesset le 19 Juillet 2018 va justement dans ce sens. Elle consiste à rappeler trois principes fondamentaux, et de ce point de vue, elle ne fait que réitérer les grandes thèmes de la Déclaration d’indépendance de 1948, proclamée par David Ben Gourion : (1) Israël est la patrie historique du peuple juif, dans laquelle l’État d’Israël a été établi ;(2) L’État d’Israël est le foyer national du peuple juif dans lequel il satisfait son droit naturel, culturel, religieux et historique à l’autodétermination ; (3) Le droit à exercer l’auto-détermination nationale dans l’État d’Israël est propre au peuple juif. D’aucuns – laminés par l’état d’esprit de l’antisionisme- pourraient m’objecter que c’est là un discours « raciste », et bien entendu « fasciste », mais je leur rappellerai une simple prémisse : l’État d’Israël a été fondé par le mouvement sioniste pour garantir la souveraineté et la sécurité du peuple juif, sur un territoire où jamais aucun état palestinien n’a existé, et l’État d’Israël a offert la citoyenneté, avec parité de droits, à tous ses citoyens, depuis sa création. Nous savons, par ailleurs, que pour rien au monde, la majorité des citoyens israéliens arabes ne voudraient vivre sous domination palestinienne. Il est donc aberrant de construire toute une rhétorique, fondée sur la criminalisation de l’État juif, au prétexte qu’il procède du sionisme, puisqu’ainsi conçu il est en effet le fruit du sionisme, et qu’il a été conçu pour les Juifs, avec l’assentiment de la majorité des Nations Unies, par voie de droit. La guerre a été la conséquence du refus arabe, et depuis 1948, la conséquence du refus persistant des « Palestiniens », qui se sont fait une spécialité de violer le droit international. Mais si l’on considère que le caractère juif de l’État d’Israël constitue une discrimination des non-Juifs, c’est que l’on n’a pas l’intelligence élémentaire d’en comprendre la raison d’être. L’originalité et la grandeur de l’État d’Israël réside en effet dans ceci : tout en étant l’État édifié pour garantir la souveraineté et la sécurité du peuple juif, ses lois fondamentales garantissent les droits individuels de tous ses citoyens, sans exception d’origine, de religion, de conviction, etc. C’est un État démocratique : la licence de la violence palestinienne aussi bien que la prospérité du discours post-sioniste en sont deux preuves éloquentes. Les troubles à l’ordre public sont les indices du refus de la loi d’Israël dans l’État d’Israël. Ce n’est pas tolérable.

YG : Est-il possible de lutter contre l’antisionisme ?

GES : Après avoir consacré sa vie à écrire une Histoire de l’antisémitisme, Léon Poliakov me disait qu’on ne lutte pas contre la judéophobie avec des arguments rationnels. C’est cependant une nécessité politique, culturelle et civique de s’impliquer dans cette lutte. Mais elle ne fait pas tout ; cet engagement doit s’affirmer comme le corrélat d’initiatives éducatives. Je crois pour ma part que la meilleure façon de combattre la judéophobie, quelle qu’elle soit, repose sur différentes formes d’enseignement et de processus éducatifs. Il faut commencer par l’enseignement de textes, ceux de la Bible hébraïque, qui ont enseigné au monde le principe de l’unité du genre humain, mais aussi l’égale dignité des êtres humains, et surtout l’idéal universaliste bien compris. L’ironie de l’histoire, c’est que les grands principes de la fonction critique qui sont forgés par l’hébraïsme sont instrumentalisés contre le peuple qui les porte ! Voilà pourquoi, selon moi, la transmission est ici le maître-mot, celle de l’histoire et des systèmes de pensée, mais aussi l’exercice de la psychanalyse, car analyser c’est aussi questionner le préjugé, stimuler le désir de savoir… Aujourd’hui, la lutte contre la judéophobie s’inscrit dans le cadre de la réfutation sans concession des thèses « décolonialistes ». Il convient aussi d’enseigner et de défendre les valeurs de la République, pas seulement en polémiquant contre les décoloniaux, mais également en en faisant une priorité de l’Éducation nationale, qui est l’un des lieux de cette guerre psycho-idéologique, avant qu’elle ne bascule entièrement dans la liste des territoires perdus de la République.  Pour ma part, après avoir consacré ¼ de siècle à « lutter contre l’antisionisme », je me suis résolu à développer ma théorie du sens commun, tout en enseignant les études bibliques et la pensée juive, ce qui est une autre forme de don quichotisme, pas moins nécessaire cependant. Si l’état des mentalités sur le chapitre des Juifs n’étaient pas aujourd’hui ce qu’il était sans doute au Moyen Age, peut-être que l’antisionisme serait hors la loi…Quand notre ami et collègue Xavier-Laurent Salvador déclare que : « Notre attachement, c’est la lutte contre la justification de l’antisémitisme et du racisme par la pseudoscience, et la défense des institutions de la République qui dépendent de nous en tant qu’enseignants (la langue, l’école, ses enseignants, la laïcité) », je ne peux que lui donner entièrement raison. Cependant, c’est l’immense majorité des cadres enseignants de la République, et de ses représentants élus, qui a laissé s’installer la situation délétère que nous connaissons. La République est un cadre vide si aucune transmission ne garantit la défense et l’inculcation philosophique, culturelle, et citoyenne de ses raisons d’être.


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