Read More Faire entendre un « antiwokisme de gauche », telle était l’intention de la sociologue Nathalie Heinich lors de la dernière séance du séminaire « Violence et dogme » du politologue Gilles Kepel à l’Ecole normale supérieure. Selon elle, il y a urgence à « récupérer le combat antiwoke, pour le moment accaparé par la droite et l’extrême droite ». L’événement s’est tenu le 31 mai dans une atmosphère de fin des classes, rencontrant néanmoins un certain succès. Une centaine de personnes étaient réunies dans une salle bondée, avec un public rassemblant plutôt des têtes grisonnantes, ainsi que quelques étudiants. Le titulaire de la chaire Moyen-Orient – Méditerranée délaissait pour l’occasion les sociétés musulmanes et avait convié Nathalie Heinich à venir présenter son nouvel essai, Le wokisme serait-il un totalitarisme ? (Albin Michel, 198 pages, 16,90 euros), Cette séance représentait, comme Gilles Kepel l’a expliqué dans ses quelques phrases d’introduction, une manière de « mélanger l’idée et l’action ». « Totalitarisme d’atmosphère » Cette intention se reflétait dans le choix des invités, le principal discutant étant Laurent Joffrin, ancien directeur de Libération et du Nouvel Observateur, désormais directeur du quotidien en ligne Le Journal, un site qui entend « redonner une boussole à la gauche ». Bernard Rougier, professeur à l’université Sorbonne-Nouvelle, auteur de Les Territoires conquis de l’islamisme (PUF, 2021) avait également été convié à participer aux échanges. Nathalie Heinich a commencé son intervention en affirmant sa volonté de « défendre des valeurs de la gauche républicaine, universaliste, laïque, rationaliste ». Ce socle serait aujourd’hui fragilisé par les attaques d’un camp wokiste, très présent à l’université, notamment dans les études de genre et postcoloniales, mais également au sein de la société – le mouvement #metoo en serait une incarnation. Cette gauche, portant des combats légitimes, chercherait néanmoins à faire taire l’adversaire par des manœuvres d’intimidation, ce qu’on a appelé la « cancel culture ». Le phénomène aurait pris une telle ampleur que le wokisme aurait installé un « totalitarisme d’atmosphère », selon Nathalie Heinich, une formule inspirée du « djihadisme d’atmosphère » que Gilles Kepel emploie pour décrire un islamisme diffus ne s’appuyant sur aucune organisation. La dimension totalitaire de la mouvance woke proviendrait d’une propension à la censure, un primat de l’idéologie sur la vérité et un identitarisme qui assigne à chacun une communauté d’appartenance. Il vous reste 53.53% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
Faire entendre un « antiwokisme de gauche », telle était l’intention de la sociologue Nathalie Heinich lors de la dernière séance du séminaire « Violence et dogme » du politologue Gilles Kepel à l’Ecole normale supérieure. Selon elle, il y a urgence à « récupérer le combat antiwoke, pour le moment accaparé par la droite et l’extrême droite ».
L’événement s’est tenu le 31 mai dans une atmosphère de fin des classes, rencontrant néanmoins un certain succès. Une centaine de personnes étaient réunies dans une salle bondée, avec un public rassemblant plutôt des têtes grisonnantes, ainsi que quelques étudiants.
Le titulaire de la chaire Moyen-Orient – Méditerranée délaissait pour l’occasion les sociétés musulmanes et avait convié Nathalie Heinich à venir présenter son nouvel essai, Le wokisme serait-il un totalitarisme ? (Albin Michel, 198 pages, 16,90 euros), Cette séance représentait, comme Gilles Kepel l’a expliqué dans ses quelques phrases d’introduction, une manière de « mélanger l’idée et l’action ».
« Totalitarisme d’atmosphère »
Cette intention se reflétait dans le choix des invités, le principal discutant étant Laurent Joffrin, ancien directeur de Libération et du Nouvel Observateur, désormais directeur du quotidien en ligne Le Journal, un site qui entend « redonner une boussole à la gauche ». Bernard Rougier, professeur à l’université Sorbonne-Nouvelle, auteur de Les Territoires conquis de l’islamisme (PUF, 2021) avait également été convié à participer aux échanges.
Nathalie Heinich a commencé son intervention en affirmant sa volonté de « défendre des valeurs de la gauche républicaine, universaliste, laïque, rationaliste ». Ce socle serait aujourd’hui fragilisé par les attaques d’un camp wokiste, très présent à l’université, notamment dans les études de genre et postcoloniales, mais également au sein de la société – le mouvement #metoo en serait une incarnation. Cette gauche, portant des combats légitimes, chercherait néanmoins à faire taire l’adversaire par des manœuvres d’intimidation, ce qu’on a appelé la « cancel culture ».
Le phénomène aurait pris une telle ampleur que le wokisme aurait installé un « totalitarisme d’atmosphère », selon Nathalie Heinich, une formule inspirée du « djihadisme d’atmosphère » que Gilles Kepel emploie pour décrire un islamisme diffus ne s’appuyant sur aucune organisation. La dimension totalitaire de la mouvance woke proviendrait d’une propension à la censure, un primat de l’idéologie sur la vérité et un identitarisme qui assigne à chacun une communauté d’appartenance.
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