Le genre indéfinissable

Le genre indéfinissable

François Rastier

François Rastier est directeur de recherche honoraire au CNRS et membre du Laboratoire d’analyse des idéologies contemporaines (LAIC). Dernier ouvrage : Petite mystique du genre, Paris, Intervalles, 2023.
Le genre, construction culturelle du sexe biologique, est devenu central dans les études sociales et politiques, influençant significativement l'idéologie du capitalisme tardif.

Table des matières

Le genre indéfinissable

Genre. Nom substantif masculin [!]. Dérivés verbaux : genrer, dégenrer, mégenrer. Synonyme : simili-queer. Antonyme : sexe.

Dans toutes les sociétés, les différences de sexe sont sémiotisées par des conventions qui touchent le vêtement, la coiffure, les comportements. On peut désigner l’ensemble de ces conventions par le terme de « genre » (ou gender comme jadis dans l’Angleterre victorienne), pour éviter toute mention du sexe, comme si le genre était un sexe assez éthéré pour paraître convenable.

Le genre serait donc le pendant culturel du sexe biologique : rien de plus banal que cette constatation et nul besoin d’études de genre pour reconnaître son caractère trivial — à moins qu’un autre agenda ne se profile, avec des attendus non seulement politiques, mais aussi théologiques ou du moins superstitieux.

1/Un tournant a eu lieu quand on s’est mis à opposer le sexe au genre : au milieu des années 1950, le psychologue John Money se spécialisa dans les patients intersersexes et forgea la notion de « genre ». Une décennie plus tard, fondant une Gender Identity Clinic for Transsexualism, il entreprit de « soigner » un jeune garçon en en faisant une fille. Réduisant le sexe aux parties génitales, il négligeait que la différence sexuelle est inscrite dans chaque cellule du corps et qu’aucune chirurgie, aucun travestissement n’y peut rien changer2.

Après quelques décennies de casuistique, le choix des genres est devenu pléthorique et Facebook décline 63 identités au bon vouloir de ses usagers. Ces distinctions se sont banalisées au point de faire l’objet de fiches officielles pour l’enseignement secondaire, comme de recommandations du Conseil de l’Europe ou de l’ONU. Par exemple, la fiche n°5 d’Éduscol diffusée à l’intention des scolaires explique : « L’identité de genre fait référence à l’expérience intime et personnelle de son genre vécue par chaque personne, au sentiment profond de se ressentir femme ou homme. [] Le genre fait référence aux rapports sociaux entre les femmes et les hommes basés sur l’assignation de rôles socialement construits en fonction du sexe biologique. Ces rapports sociaux sont asymétriques et hiérarchiques, conduisant à une répartition du pouvoir et des acquis favorable aux hommes et désavantageuse pour les femmes. Le concept de genre fournit une grille d’analyse et de lecture qui, dans son usage scientifique, en sciences humaines et sociales notamment, permet une étude comparée de la situation des femmes et des hommes d’un point de vue économique, social, culturel et politique. La perspective de ces études est de promouvoir l’égalité des droits réels entre les personnes » (je souligne). On voit que le genre est ici présenté comme une clé générale, tout à la fois de la compréhension du monde social et de l’action politique3.

3/ Propagée par les grandes firmes de l’internet, reprise par les principales organisations internationales, la « théorie » du genre est devenue un domaine majeur de l’idéologie du capitalisme tardif. En Europe, le gender mainstreaming s’impose à présent dans les universités comme dans la recherche4. En France, la circulaire ministérielle du 30 septembre 2021 prescrit aux établissements scolaires d’accompagner, avec tous les ménagements insinuants du care, la transition de genre des élèves — comme si la transsexualité des mineurs relevait de leurs missions éducatives5

. Ainsi, tout enfant d’âge scolaire peut-il prétendre être accompagné par l’équipe éducative dans sa transition, imposer un nouveau prénom, choisir ses pronoms et bénéficier d’un accès particulier aux toilettes. Personne ne pose la question de son autonomie intellectuelle et affective, voire de son consentement à des « thérapies » de transition — souvent irréversibles et en cela plus dommageables encore que les « thérapies de conversion » pourtant justement pénalisées par la loi6. En revanche, les législateurs ont fixé à 15 ans l’âge du consentement aux relations sexuelles. Ainsi la sexualité est-elle réglée par la loi humaine, alors que la transsexualité semble relever de superstitions transcendantes qui lui échappent.

En raison du prestige des intérêts supérieurs du genre, l’État de droit devrait même être modifié. Un politicien, Jean-Luc Mélenchon, déclarait le 15 novembre 2021 : « La liberté du genre, je suis pour qu’elle soit dans la Constitution […]. Nous garantirons la liberté de changer de genre »7.

4/ La cinquième édition du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux de l’Association Américaine de Psychiatrie (DSM-5) définit ainsi la dysphorie de genre : « La dysphorie de genre est caractérisée par une identification forte et permanente à l’autre genre associée à une anxiété, à une dépression, à une irritabilité et, souvent, à un désir de vivre en tant que genre différent du sexe attribué à la naissance. Les sujets qui présentent une dysphorie de genre se croient souvent victimes d’un accident biologique et sont cruellement emprisonnées dans un corps incompatible avec leur identité de genre subjective » (je souligne). Le diagnostic de dysphorie est établi après des questions comme : « Ressentez-vous un sentiment d’inconfort ou d’impropriété à propos de votre corps humain ? »8.D’après le DSM-5, « la forme la plus extrême de dysphorie de genre est appelée transsexualisme ». Ce dernier terme est un reliquat des éditions antérieures, et l’expression dysphorie de genre, sera remplacée dans l’édition suivante, en 2022, par l’expression incongruence de genre reprise de la classification internationale des maladies (CIM11, rédigé en 2019 ; je souligne).

La série de substitutions qui conduit du transsexualisme à la dysphorie de genre puis à l’incongruence de genre semble révélatrice :dans la première étape on élimine le sexe au profit du genre ; dans la seconde, ce qui pouvait paraître subjectif dans la dysphorie disparaît au profit d’une objectivation : le sexe, non nommé, ne correspond plus au genre ainsi objectivé, et dès lors peut être rectifié par quelque intervention prothétique pour rétablir la congruence.

Sans être pourtant reconnue comme maladie, l’incongruence appelle cependant des traitements médicaux voire chirurgicaux. Dument répertoriée, elle se soigne avec l’aide de la médecine post-hippocratique : il conviendra de la traiter par des bloqueurs hormonaux à l’époque de la puberté, puis par des chirurgies de « réassignation sexuelle ». On sait cependant que les bloqueurs hormonaux ont des effets irréversibles non seulement sur la croissance, mais sur le squelette et le système vasculaire. Quant aux mutilations sexuelles, comme l’ablation des testicules ou la mastectomie, elles sont également irréversibles, mais souvent voilées par divers euphémismes, par exemple la torsoplastie, ce qui les range dans le domaine bienveillant de la chirurgie esthétique9.

Bizarrement, le Conseil de l’Europe recommande l’expression chirurgie de genre, et conseille d’éviter chirurgie de réattribution, réassignation sexuelle, chirurgie de changement de sexe, réassignation sexuelle chirurgicale, etc. Ces laborieuses substitutions d’euphémismes laissent toutefois entendre qu’une première attribution a eu lieu par l’état-civil et que l’on peut réparer par la chirurgie une catégorisation erronée10 ; mais aussi que le but de l’idéologie du genre reste d’en finir avec le sexe, qu’il vaut mieux ne plus nommer.

Comment alors l’âme exilée dans un corps peccant et mal sexué peut-elle retrouver son genre, c’est-à-dire son sexe astral ?

4/ Freud mettait jadis Jung en garde contre « le sombre flot boueux de l’occultisme ». Toutefois, Butler et d’autres penseuses ont récusé Freud et l’occultisme s’est diffusé dans la sphère de la sexualité par le biais des superstitions de genre.

Souvenir douloureux du genre astral, la « dysphorie de genre » témoigne de la nostalgie de l’identité perdue. Par une chance providentielle, il reste à la créature déchue dans la sexualité cette lueur de sa splendeur passée que les gnostiques comparent à une étincelle : conscience soudaine d’une origine enfouie, c’est la révélation intime du genre, lueur de l’âme exilée dans un corps. Dix-huit siècles avant Freud, les gnostiques nommaient anamnèse ce soudain souvenir d’une vérité désormais illuminative.

Dès lors qu’il ne correspond plus au sexe, le genre devient l’opérateur qui permet de passer du sexe apparent ou assigné à l’identité profonde. Il assure alors une fonction éminente de reconduction dans ce que les néoplatoniciens nommaient le circuitus spiritualis : après la déchéance dans la chair, l’esprit peut par ses œuvres reconduire l’âme vers sa nature céleste ; mais la comparaison s’arrête là, car les œuvres de l’esprit sont à présent remplacées par la « chirurgie de genre ».

La théorie du genre semble ainsi une gnose qui promeut la révélation intérieure d’une vérité occultée. Spéculative, elle n’a bien entendu que faire de méthodologie et de confirmations empiriques, puisqu’il lui suffit de multiplier les croyants.

5/ La théorie du genre n’existe pas, répètent ses tenants qui attribuent cette formulation à une extrême-droite qui en ferait un épouvantail. Judith Butler elle-même déclare : « Quand on parle de “théorie du genre”, ce que les gens qui utilisent cette expression disent, c’est qu’en fait ils ne connaissent pas ce champ de recherches et n’ont pas envie de le connaître […]. Je pense que ce terme est le signe […] qu’ils refusent de s’éduquer sur le champ très large et très complexe des études de genre »11

. Mais des études sans théorie ne risquent-elles pas de se réduire à une logomachie ? Et faute de théorie qui le définisse et lui assure la consistance d’un concept, le genre ne serait-il pas un simple mot-clé, un signe de reconnaissance ?

Le doute s’épaissit du moins à propos de cette notion. Il affecte en premier lieu sa définition, car le genre se voit lié avec le sexe par un cercle jugé vertueux de déterminations réciproques : le genre instaure le sexe qui détermine le genre. Ainsi, pour Judith Butler, le genre « désigne l’appareil de production et d’institution des sexes eux-mêmes »12. Et cependant, le sexe détermine le genre : selon Elsa Dorlin, qui fait autorité, « le concept de genre est lui-même déterminé […] par la polarisation sexuelle socialement organisée des corps »13.

Même si par courtoisie nous la dirons vertueuse, cette circularité reste le propre des langues de bois, qui s’enferment dans leurs propres renvois entre termes indéfiniment réaffirmés mais jamais définis, comme y engage de longue date la tradition déconstructive, depuis Heidegger jusqu’à Derrida et aux postféministes qui s’en revendiquent, de Judith Butler à Avital Ronell ou Catherine Malabou.

L’originalité de l’idéologie du genre ne réside pas dans le constat qu’il existe des rôles sociaux correspondant à la différence des sexes, puisque toutes les sociétés humaines structurent les rapports d’alliance et de filiation, principes majeurs de l’articulation entre nature et culture. Ériger cette donnée élémentaire en concept transversal et « puissant », c’est abandonner toute distance critique et se condamner à la tautologie. La distinction des rôles sociaux relève des constats initiaux et ne peut être érigée en une catégorie explicative si déterminante qu’elle transcenderait les cultures et même les spécificités des diverses sciences de la culture.

L’idéologie du genre se résume alors à dénier l’objectivité des phénotypes (et des génotypes) sur lesquels sont construits les catégorisations, évidemment culturelles : ainsi, la distinction des sexes, pourtant attestée par des millions d’espèces hors de la nôtre, ne serait-elle qu’une assignation imposée par la tyrannie patriarcale.

Ordinaire dans les croyances gnostiques et les théories complotistes qu’elles alimentent encore à présent, le déni de réalité se présente alors comme un acte militant. La métapolitique du genre sanctionne l’irruption d’un mythe dans l’histoire : ceux qui reconnaissent la différence des sexes seraient les victimes inconscientes, ou, pire, les complices d’un imaginaire qui ressemble fort à « l’inconscient collectif » de douteuse mémoire. En revanche, ceux qui la nient se placent du côté des « déconstruits » dans un premier temps, et des « éveillés » (woke) dans un second ; bref des militants d’une politique incantatoire qui consiste à nier la réalité en croyant la transformer.

À ce degré de radicalité, l’idéologie redevient mythe. La « critique » faussement revendiquée se retourne en superstition, celle-là même qui unifie les groupes sectaires. Instrumentalisée par des groupes militants, diffusée par des organismes internationaux, de grands États et la plupart des géants du numérique, l’idéologie du genre a fini par menacer le féminisme accusé d’universalisme. Elle alimente à présent diverses superstitions qui détournent de fait le regard de toutes sortes d’inégalités : par exemple, un cinquième des filles dans le monde se voient contraintes à des mariages forcés, sans que les postféministes occupées à dénoncer la transphobie ne s’en émeuvent outre mesure. Elle développe enfin une mystique phobique de la sexualité et sert de caution à la contre-révolution sexuelle en cours.

L’irrationalisme et le narcissisme de masse qui l’inspirent sont ainsi en passe de réussir une diversion majeure sur les plans politique, économique et écologique.

N.B. — Cette notice reprend, après révisions, des extraits de François Rastier, Petite mystique du genre, Paris, Intervalles, 2023. Elle a été rédigée à l’intention de l’Observatoire de la petite sirène.

Auteur

Notes de Bas de page

  1. Pour un exposé détaillé, voir Terry Goldie, The Man Who Invented Gender, Vancouver, UBC Press, 2014, et Jean-François Braunstein, La philosophie devenue folle, Paris, Grasset, 2018.1. Le suicide de son cobaye ne l’ébranla pas.

    Ainsi la dualité entre sexe et genre devint-elle une opposition – ou du moins le redevint, car d’anciennes croyances ésotériques les opposaient déjà. Tout ce qui rétablit une concordance entre genre et sexe se trouve déprécié : ceux dont le genre et le sexe concordent sont dits cisgenres, terme assez péjoratif pour que l’élite militante évite leur contact dans les réunions, même en non mixité.

    Toutefois, la notion peu définie de genre, à force d’être partout invoquée, a perdu toute précision, ce qui ne fait qu’accélérer sa diffusion. Ainsi le terme de genre est-il employé pour désigner indifféremment le sexe, des apparences convenues et des rôles sociaux, enfin des préférences sexuelles. On parlera ainsi de « violences de genre » (manifestation du collectif Nous Toutes) pour désigner des « violences sexistes et sexuelles ». Alors que le genre n’a par principe rien de commun avec le sexe, on emploiera l’expression « chirurgie de genre ».

    On en est venu du sexe imposé au sexe choisi, d’autant plus aisément que C’est mon choix reste un des axiomes de la société de consommation dans un capitalisme tardif où la multiplication des segments de clientèle reste impérative.

    2/ Dans sa cinquième édition, parue en 2013, le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux et des troubles psychiatriques (en anglais Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders) publié par l’Association Américaine de Psychiatrie et reconnu comme référence internationale, confirme médicalement ce subjectivisme définitoire : « L’identité de genre est le sentiment subjectif d’appartenir à un sexe ; c’est-à-dire le fait de se considérer comme un homme, une femme, un transgenre ou tout autre terme identifiant (p. ex., genderqueer, non binaire, agender [identité de genre non normative et non-binaire]) » (je souligne). La confusion entre mots et choses reste constante dans les discours sur le genre, car ils s’autorisent d’une conception performative du langage, mise en œuvre notamment par Judith Butler : « mon identité » est définie par le terme identifiant que j’emploie pour me désigner, ou à défaut par les pronoms que l’on se doit d’employer pour cela[ref]Cela s’impose dans l’étiquette, et par exemple Frans Timmermans, premier vice-président de la Commission européenne, arbore de tels pronoms sur son profil officiel.

  2. Cela n’est pas sans conséquence sur les jeunes confrontés à l’injonction de devoir définir leur « genre » et qui se sentent dévalorisés quand ils ne peuvent pas se prévaloir du prestige LGBT+ ; voir Maroussia Dubreuil, « Je suis tellement hétéro que je n’arrive même pas à embrasser une fille, et ça me rend triste : plongée dans les nouvelles amours adolescentes », Le Monde, 16.10.21.

  3. L’Agence Nationale pour la Recherche, dans ses appels à projet 2021, précise bien que « Le coordinateur ou la coordinatrice s’engage à considérer la dimension sexe et/ou genre dans sa recherche, et ce quel que soit le domaine, pour une production des connaissances de qualité. Cet engagement s’inscrit dans la politique de l’ANR soucieuse de contribuer à l’égalité entre les genres et à la réduction des biais de genre dans la production des savoirs » (je souligne cette précision qui intéresse aussi les sciences de la nature et de la vie, tout comme les sciences logico-formelles : la prescription de l’ANR est ainsi clairement métaphysique, puisqu’elle transcende tous les ordres de réalité correspondant aux départements scientifiques).

  4. Voici un exemple de formation continue proposée à ses personnels par l’Éducation nationale : « Les transidentités en milieu scolaire : défaire la norme cisgenre ». En ligne :

    https://www.reseau-canope.fr/service/les-transidentites-en-milieu-scolaire-defaire-la-norme-cisgenre.html

  5. Le 5 octobre 2021, l’Assemblée nationale a adopté à l’unanimité une proposition de loi LREM réaffirmant l’interdiction des « thérapies de conversion». Ces « thérapies » qui prétendent soigner l’homosexualité, considérée comme une déviance, consistent en des pressions psychologiques, accompagnées parfois d’exorcismes ou de mesures jugées disciplinaires comme le mariage. Les « médications » se réduisent à des prises d’hormones correspondant au sexe biologique. En revanche, comme la dysphorie de genre est classée par le DMS comme une maladie qui doit être prise en charge, les « thérapies de transition » sont non seulement permises, voire recommandées, mais prises en charge. Par exemple, la sécurité sociale ne rembourse guère les soins dentaires ou les lunettes, mais rembourse intégralement les chirurgies esthétiques des trans, notamment MtoF, qui veulent rectifier des oreilles trop grandes ou des mâchoires trop affirmées. La transition accomplie n’est donc pas seulement psychologique et les réseaux sociaux fourmillent d’appels aux dons pour les opérations les plus coûteuses, le budget global d’une « transition » complète étant estimé à 150.000 €.

  6. Dans plusieurs pays, comme l’Argentine ou l’Uruguay, il suffit déjà d’une simple déclaration. Pour dissuader les indécis, en Allemagne une loi récente stipule qu’on ne peut changer de genre qu’une fois par an.

  7. « [Do you have] a feeling of discomfort or inappropriateness concerning [your] human body ? » (DSM-5, op. cit.), où human body évite soigneusement toute mention de sexe, mais laisse à penser qu’il pourrait exister un autre corps, sans doute le corps astral, celui que nimbe le genre.

  8. Les interventions financées par le National Health Service anglais sont notamment les interventions hormonales (œstradiol, testostérone), la mastectomie, la chirurgie de « changement » de sexe, l’épilation du visage et l’orthophonie.

  9. Voir Beatriz Paul Preciado : « Avec “la deuxième réassignation”, dont le paradigme est la transsexualité, on passe d’un moment performatif purement linguistique à un moment performatif chirurgical : adjugée à un homme, la dénomination “femme” exige le redécoupage physique de son corps. » (Manifeste contra-sexuel, Paris, Balland, 2000, p. 94).

  10. Défaire le genre, Paris, Éditions Amsterdam, 2006, p. 69. Trad. Maxime Cervulle.

  11. Voir Eléonore Lépinard et Marylène Lieber, Les théories en études de genre, Paris, La Découverte, 2020, p. 4.

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