Pour une orthographe paritaire

Pour une orthographe paritaire

Xavier-Laurent Salvador

Linguiste, Président du LAIC
Dorénavant, que plus un énoncé françois ne soit plus paritaire: il faut dans une phrase autant de mots masculins que de monts féminins ! Allez hop et que ça saute. On prendra donc soin de ne plus faire de phrases qui soient exclusivement masculines ("Ciao Pantin") ni exclusivement féminines ("Chattehaute Pantine") mais on prendra soin d'alterner les deux avec précaution et respect.

Table des matières

Pour une orthographe paritaire

Rappelons quand même que dire « Pantine » à la place de « Pantin » ne féminise rien: en revanche, cela permet tout juste de calquer la pronociation française sur l’anglaise. Tant de servilité à l’égard du colon honore Monsieur l’amère de Pantine qui mériterait une médaille. Quand on a l’esprit de servitude à ce point chevillé au corp, ça inspire le respect. D’ailleurs, les lubies de l’écologie politique sont passionnantes: un coup, c’est repeindre des statues qui ne leur appartiennent pas; ensuite, c’est emprunter de l’argent à une secte; maintenant, c’est débaptiser les villes pour les rendre plus inclusives en leur ajoutant de « e » à la fin. De Juan les Pins à Noirmoutiers, on s’inquiète – mais à chaque fois, la mesure est accueillie avec enthousiasme par la population.

Alors, allons jusqu’au bout du concept: voilà quelques règles d’orthographe qui vont permettre enfin au français, mais aussi à la française, d’être plus inclusive. Et pour commencer, ne perdons plus de temps avec les sornettes de l’ancien temps. Ce qui compte, c’est la parité. Car il ne suffit pas de visibiliser la condition fémine, encore faut-il la rendre égale à la masculine et imposer cette égalité jusque dans la morphologie de la langue.

Dans les mots

Dorénavant, que plus un énoncé français ne soit plus paritaire: il faut dans une phrase autant de mots masculins que de mots féminins ! Allez hop et que ça saute. On prendra donc soin de ne plus faire de phrases qui soient exclusivement masculines (« Ciao Pantin ») ni exclusivement féminines (« Chattehaute Pantine ») mais on prendra soin d’alterner les deux avec précaution et respect. Evidemment l’exercice montre vite ses limites car la langue ne dispose pas d’un stock lexical à proportion égale pour l’un ou l’autre genre1, résultat d’un patriarcat rampant dont on ne se débarrasse pas. Eh bien qu’importe, il faudra être créatif. Et comment est-on créatif en français ? En mettant des « e » à la fine des motes, afine de féminisere mieuxe les phrases comme l’a prouvée l’amère de Pantine.

Si je prends donc une phrase mâle comme « Ciao Pantin », il me convient de l’hybrider soit en féminisant « Ciao » qui au besoin deviendra « Ciaote » avec ajout d’un « t » épenthétique sonore, soit par la féminisation de « Pantine » de sorte que je choisirai dorénavant de dire « Ciaote Pantin » OU « Ciao Pantine » de manière à ce que la règle de la parité orthographique soit respectée.

De ce principe découle une règle simple, qui est que tout mot peut être féminin dès lors que je lui rajoute un « e » marqueur de féminin. Un foulon, une foulonne; un accon, une acconne; un non, une nonne; un matron, une patronne; un canon, une canonne; mon tonton, ma tontone; un loup, une loupe; un coup; une coupe etc. j’en passe et de plus créatifs.

La réciproque de ce principe est évidemment qu’il faut absolument racatégoriser tous les mots se terminant par un « e » comme étant féminin. On ne dira plus « un poète, mais une poète », de même qu’on dira « une garage, une hêtre, une chêne, une frêne, une tourniquette, une mâle, une téléphone… ». Que faire du « é » ? Eh bien c’est « e » avec une barre: il faut donc les féminiser comme les autres. « Une raté, une balai (c’est comme un « é », on ne va pas s’embarrasser), une sonnet ». Et encore, on ajoutera un « e » final à la fin de tous les mots féminins qui n’ont pourtant pas de « e » marqueur du féminin: ainsi, on écrira « conneclusionne » en harmonie avec l’étymologie de la motte, « bénédictionne », « ma tatae » etc.

NB: tous les mots péjoratifs ou dévalorisants en revanche seront tous masculinisés afin de ne pas visibiliser les problèmes. On ne dira plus « une conne », mais « un con » (ah c’était déjà le cas ?) ni « une sotte » mais un « sot ». On dira donc que « cette fille est un sot » par exemple.

Ainsi muni de règles simples, on voit la facilité qu’il y a faire respecter la parité pour enfin se débarrasser des phrases masculines – qui est le vrai objectif de cette proposition (mais ne le dites pas):

Je voulée la boire et la mangé de sorte qu’en entrante à la restaurante j’aie commandée une plate de pates à la sauce tomate (énoncé féminin)

Je voulé la boire et le mangé de sorte qu’ene entrant à la restaurante j’ai commadé un plat de pates au sauce à la tomate (énoncé paritaire)

L’énoncé paritaire a ceci de bien qu’il laisse un peu de place aux réactionnaires qui pourront, un mot sur deux, s’adonner à leur vieille lubie orthographique !

Dans les lettres

Il est également possible d’appliquer la parité dans les lettres. On ne le dit pas assez, mais les lettres – consonnes ou voyelles – sont genrées. Le I est masculin, le o féminin cela va de soi, c’est pourquoi nous avons toujours dit « la o » comme dans la phrase :

Il est monté la « o »

Comme nous avons toujours dit « le I » comme dans la phrase:

Le I boute et la chouette sont copines commes cochonnes

Il va de soi que toutes les lettres sont susceptibles d’adopter le genre de leur choix. Je préconiserai pourtant un classement qui intègre ces deux caractéistiques héritées du temps de la création des lettres. On partira donc de « la o », « le p », « la q », « le r ». Ainsi, le mot « loi » compte un graphème féminin (o) et deux graphèmes masculins (le i, le l). Le mot « loi » n’étant pas paritaire, il faudra lui ajouter un « e » équitable, soit à la fin « loie » soit au début afin de suggérer la prééminence du féminin qui l’emporte sur le masculin: « eloi ». L’article « la » étant équitable, voire neutre, on lui ajoutera tout de même un « e » final afin de signifier son genre qui s’accorde avec le mot qu’il définit: « lae eloi este justie » est un énoncé paritaire absolument parfait. De manière générale et pour se simplifier la vie, on ajoutera des « i » aux mots trop féminins et des « o » aux mots trop masculins pour paritariser tout ça.

Conclusione

Noius voilàe muniteos des moyenines de fairoe touites ensembles dées énoncées paritairos quie soiente enfine respeectueouses des vraies bonines règleos dei conduioutes morailes et citoyenneos. L’énonicéi deis reogles d’orthograiiiphe paritaiore nouis permettroient enfion dei visibilisero la coinditionoe féminineo à lai parteo igualoe dei lai masculineoe. L’orthographei paritaireo c’est l’avenir !

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