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Transgenrisme : 8 raisons d’un succès fulgurant

Transgenrisme : 8 raisons d’un succès fulgurant

Pauline Arrighi

Journaliste indépendante, spécialiste des questions de droits des femmes et de bioéthique, Pauline Arrighi a publié "Crimes et délits cocasses", "Et si le féminisme nous rendait heureuses ?" ainsi que "Les Ravages du Genre"

La défense des personnes transgenres passionne les foules, touche les individus et intéresse les entreprises. Quelle « minorité opprimée » peut se vanter d’une telle emprise sur la société ?

Ses artisans ont réussi à créer une « minorité trans » victime de violences et même de meurtres à grande échelle, au point d’instituer une « Journée mondiale du souvenir transgenre ». Cette image de vulnérabilité cohabite sans heurt avec le soutien affiché de l’ensemble des institutions et des plus puissantes multinationales : les GAFAM, Coca-Cola, Paypal, Accenture, l’industrie du luxe, et bien sûr l’industrie pharmaceutique.

Polymorphe, le transgenrisme convainc des profils très divers pour des raisons diverses. Une multitude de facteurs expliquent cet engouement.

1. Une nouvelle cause à défendre pour le camp progressiste

Le camp progressiste anglo-saxon puis européen s’est lancé dans une défense passionnée des « droits des trans ». Les militants transactivistes ont créé un statut de minorité sexuelle à propos d’un groupe qui comprend à la fois des enfants qui se voient prescrire des bloqueurs de puberté et les milliardaires transidentifiés qui investissent dans l’industrie pharmaceutique. Ces militants ont réussi à établir un parallèle factice avec l’homosexualité. Lorsqu’on avance que les demandes de transitions de mineurs doivent être conditionnées à une expertise psychiatrique, ils répondent : « vous dites que nous sommes des malades mentaux, mais c’est faux, de la même façon que les homosexuels étaient considérés comme des malades, à tort ». L’acceptation de la transidentité suivra le même chemin que celui de l’homosexualité. Défendre chaque revendication trans, c’est être du côté du Bien, tandis que critiquer leur discours fait de vous une personne odieuse, un coupable donc.

2. Le chantage au suicide et la culpabilisation

Persuadé que les trans sont une minorité opprimée, le grand public peut être impressionné par des discours répétés sur la suicidalité des personnes transgenres, alors qu’il suffirait d’une transition pour leur sauver la vie. Aucune étude indépendante ne montre que la transition réduit le risque du suicide1, mais tout néophyte plein de bonnes intentions sera paralysé par ces assertions répétées.

3. Le retour des stéréotypes sexistes

N’en déplaise à ceux qui prétendent s’arroger le monopole du progressisme, la notion d’identité de genre est rétrograde. Elle redéfinit les mots « homme » et « femme » en remplaçant de simples critères biologiques par des stéréotypes sexistes. Que peut signifier « se sentir femme » indépendamment de la réalité de son corps, si ce n’est revendiquer une prétendue sensibilité ou comportement « de femme » ?

En 1930 déjà, le peintre danois Einar Wegener, mettait en avant des stéréotypes sexistes pour justifier son besoin de transition chirurgicale. Dans ses mémoires, il écrit : « Je ne veux pas être artiste, je veux être une femme. » Il décrit la personnalité de la double qui vit en lui : « Lili est futile, superficielle, capricieuse : femme. »2

A notre époque, de jeunes influenceurs trans expliquent : « Il faut que tu te demandes s’il y a des choses qu’une petite fille n’aurait pas faites. (…) Par exemple, moi, quand j’étais petit, je me baladais tout le temps torse nu ». Le Dr Alexander Korte, psychiatre au CHU de Munich, le déplore : « De nos jours, on opère au bistouri les écarts à la norme. »

Tandis que les « garçons manqués » en viennent à croire qu’elles ne sont réellement pas des filles et organisent des collectes Litchee pour leur « mammec »3, l’influenceur californien Dylan Mulvaney se met en scène en tant que « fille » à grand renfort de maquillage pastel, gloussements niais et minauderies.4 Ce ne serait qu’une blague de mauvais goût s’il n’avait été choisi comme égérie de la collection féminine de Nike5 et reçu par Joe Biden pour discuter des questions trans aux Etats-Unis6.

4. Une homophobie (à peine) dissimulée

Christine Jorgensen, opéré à Copenhague dans les années 1950, écrit : « Mes émotions sont celle d’une femme, ou d’un homosexuel ». En l’occurrence il a décidé de se considérer comme une femme. L’homosexualité, écrit-il, « entrait en contradiction avec mes croyances religieuses ».7

A notre époque, il s’avère que 41 % des jeunes qui entament une transition n’étaient pas hétérosexuels.8 Pourrait-il y avoir un lien entre homosexualité et transidentité, comme ce fut le cas pour Jorgensen ?

Sur YouTube, « Héléna », homme trans-identifié, raconte : « Ma famille a très mal réagi quand je leur ai dit : je suis gay »9. Après sa transition vers le genre féminin en revanche, l’annonce « je suis une femme qui aime les hommes » a été bien acceptée. Pour nombre de familles, mieux vaut avoir une fille hétéro qu’un fils homo, ou l’inverse, et la transition de genre représente un soulagement. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, la transition de genre peut représenter une forme de thérapie de conversion.

5. Des récits exaltants

Le succès du film Petite fille10, comme celui de tous les récits de transition, est lié au fait qu’il a la même structure que les contes : le héros poursuit une quête, il doit affronter des forces adverses, ici l’institution scolaire ; pour triompher en s’accomplissant lui-même, dans la tradition du récit initiatique.

Qui a envie de se laisser plomber le moral par la réplique de la mère de Sasha, prononcée en présence du petit garçon : «Je voulais une fille. En apprenant que j’attendais un garçon, j’ai été très déçue » …? De même que personne n’a envie d’entendre parler des traumatismes sexuels qui peuvent amener une jeune fille à haïr son corps de femme. Le public préfère s’en tenir à un récit galvanisant.

6. Un avatar néo-libéral

Avec l’idéal de l’accomplissement de soi, le transgenrisme s’inscrit parfaitement dans l’hyper-individualisme et la tyrannie des désirs propres au capitalisme néo-libéral. Cette idéologie ne se heurte à rien qui ne soit déjà familier. Les jeunes transgenres ignorent le bien commun au profit de la mise en scène de soi sur TikTok et de la revendication de l’accès aux toilettes de son choix.

Cette idéologie est d’ailleurs alimentée par une multitude d’entreprises multinationales.

7. Un investissement à grande échelle

Le mouvement transactiviste est d’autant plus puissant qu’il est soutenu par des firmes qui ont tout intérêt à son expansion. Puisque la socialisation des jeunes transgenres passe quasi-exclusivement par les réseaux sociaux, ils sont les plus grands fournisseurs de données personnelles que les entreprises puissent exploiter. Quant à l’industrie pharmaceutique qui finance des organisations de lobbying et des travaux de recherche, il est évident qu’elle voit la consommation d’hormones à vie comme un retour sur investissement11.

8. Le rêve de la liberté ultime

La possibilité du transgenrisme représente la promesse d’un contrôle total de soi. La vérité de votre être se niche en vous et personne n’est en droit de la contester. Le corps n’indique rien de qui vous êtes, on peut même le mutiler pour faire éclore son vrai moi.

La réalité de la division sexuée est une limitation presque aussi insupportable que la maladie et la mort. Au contraire, l’affirmation d’un genre désincarné donne l’illusion de s’affranchir des limites imposées par notre biologie.

Cette dichotomie fallacieuse entre un corps qui n’est que défaillance et un esprit qui donne accès à une vérité supérieure est le fruit d’une longue tradition spirituelle. A présent, le rêve d’un dépassement des limitations humaines est poursuivi avec le plus d’ardeur par le mouvement transhumaniste. D’ailleurs, les milliardaires qui soutiennent le transgenrisme travaillent tout aussi sérieusement à nous rendre immortels12.

Le transgenrisme est l’idéologie parfaite. Il donne une caution d’ouverture d’esprit, tout en étant rétrograde. Il laisse croire que le drame du suicide des jeunes peut être résolu par un changement de prénom. Quoique simpliste, il étourdit par ses distorsions cognitives et son mysticisme.

Auteur

  1. Bien au contraire, une étude américaine de 2024 montre qu’après la transition chirurgicale, le risque de suicide augmente. https://www.observatoirepetitesirene.org/post/risque-de-suicide-et-d-automutilation-après-une-chirurgie-d-affirmation-de-genre Une autre étude menée en Finlande infirme la présence d’un lien significatif entre la transition et le risque de suicide. https://www.observatoirepetitesirene.org/post/mortalité-par-suicide-chez-les-adolescents-et-les-jeunes-adultes-dysphoriques-en-finlande-segm

  2. Je fournis des détails sur les campagnes de financement participatif au ton festif dédiées aux mutilations sexuelles de mineures dans Les Ravages du genre, publié en 2023 aux éditions du Cerf

  3. Christine Jorgensen, Man Into Woman, A Comparative Scholarly Edition, 1933

  4. Lisa LITTMAN, “Parent reports of adolescents and young adults perceived to show signs of a rapid onset of gender dysphoria”, ESPE Yearbook of Paediatric Endocrinology, 16 août 2018

  5. Sur la chaîne YouTube « Ambr’ouille »

  6. Petite fille, film documentaire de Sébastien Lifshitz produit par Arte, diffusé sur Arte en décembre 2020 puis sur Netflix en 2021 et de nouveau sur Arte en octobre 2022.

  7. Sur le sujet du financement du transgenrisme par des firmes multinationales et le business de la procréation, voir le blog The 11th Hour de la journaliste d’investigation Jennifer Bilek

  8. Voir notamment le milliardaire transidentifié Martine Rothblatt et son ouvrage Virtually Human, The Promise and The Peril of Digital Immortality, préfacé par Ray Kurweil, éditions St Martin’s Press, 2014

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