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Un point de vue anti-républicain : la laïcité radicale

Collectif

Tribune des observateurs

Retranscription de la conférence d’Aïssan Aït Yahya tenue à Paris 13 le 15 avril 2016

Un récent article publié dans Marianne fait état d’une conférence intitulée par Issam Aït Yahya sur le campus d’une université française intitulée : La Laïcité radicale. Il s’agit d’un témoignage précieux d’un discours construit et intelligent, à coup sûr critique, sur le positionnement politique de la gauche traditionnelle. L’Observatoire s’est procuré l’enregistrement de cette conférence et propose ici un « rough draft » de la retranscription de ce discours. C’est un texte document, témoignage d’un point de vue « de l’intérieur ».

Issam Aït Yahya : Les personnes qui sont liées à ces différentes actions sont venues renouer avec une culture qui était de culture francophone, de culture francophone et française, de culture francophone et franco-belge. Et il avait noté dans un article qui s’appelle La French Connection qu’il y avait peut-être là un indice qui montrait que la culture politique française, dans ce pays où elle est prégnante en France, en Belgique francophone notamment, il y avait une espèce de causalité entre un radicalisme d’origine religieuse et un radicalisme d’origine politique, notamment celui de la culture politique française qui est réduite à la seule laïcité. Cet article a mis en évidence qu’il y avait une relation de causalité entre le fait que certains de ces auteurs ont été poussés à l’action sur le fait que certains n’avaient plus de référence politique commune – avec la culture de leur pays, qu’i les excluait et que ça n’était pas la seule et unique raison – il y a des facteurs économiques sociaux qu’on connaît: tous les médias ne cessent de réfuter, les facteurs d’exclusion sociale, l’échec scolaire. La laïcité est selon ces deux auteurs un facteur aggravant.

C’est un facteur aggravant encore la culture politique française. Peut-être qu’il y avait une radicalisation des communautés musulmanes en face qui subissaient une certaine vision de la laïcité. Cet article a fait un petit bruit pendant quatre jours. Ça a provoqué le scandale parmi l’élite médiatico-politique intellectuelle française. Je n’ai jamais vu ça, encore une fois, deux auteurs américains qui remettent en cause le modèle français. Donc, ça, partait dans cette vision. Cette analyse en disant: « c’est tout à fait normal, les Américains ont toujours eu un problème avec notre modèle, notre modèle français ». En réalité, il mettrait le doigt sur sur quelque chose que moi, personnellement, j’avais déjà visualisé depuis pas mal d’années et sur laquelle ‘avais déjà travaillé en arrière: le sujet de mon principal ouvrage et qui disait que en France, il y avait quand même certains éléments qui étaient extrêmement contraignant pour certaines minorités. Notamment la minorité musulmane, puisque tous les hommes politiques français, les médias et leurs intellectuels n’ont pas pris cet article sérieux en y voyant là une critique anglo saxonne du modèle français, c’était inexact. C’était exactement le sujet avec lequel je parlais. Justement, montrer une vision de la laïcité aujourd’hui qui est considérée comme radicale. Dans le titre on a mis radical ?C’est justement pour faire écho directement à ce qu’on entend dans les médias. Aujourd’hui, on entend les radicalités la radicalisation déradicalisation. Donc, C’était aussi pour faire écho à ce que l’on entend et de montrer que sur l’islam radical,ol faudrait parler aussi des autres radicalisés, et notamment celle de la laïcité. 

La Radicalité

En réalité, sur la notion de radicalité, il y aurait beaucoup de choses à dire. On va essayer de résumer rapidement ce que moi, je vise ice par la notion de radicalité. C’est assez différent de ce qui est vécu par les médias. Le terme radical, si on le comprend assez bien en termes de philosophie politique, la radicalité n’a jamais posé un problème. Quant à la qualité, c’est l’essence même de l’origine du mot: « c’est appartenir à la racine », à la racine d’une idéologie pensée d’un courant, et c’est aussi dans l’autre occurrence du terme radical on se dit d’un moyen radical pour lutter efficacement contre quelque chose. Par exemple, dans la phrase « Un moyen radical de lutter contre la désertification » par exemple. La raicalité en philosophie politique n’a jamais posé un problème, au contraire la radicalité. Les grands penseurs de l’histoire européenne ont été un moment donné de leur vie des radicaux. Toutes les grandes idées novatrices ont été radicales. Est ce que c’est ce qui est visé par ici? Par le terme radical ? Moi, ce que je vise ici, je pense, mais aussi les médias puisent aussi cette idée. c’’est plutôt l’idée de l’extrémisme. Il y a une différence entre la radicalité et l’extrémisme. Je comprends mieux l’extrémisme puisque c’est une pathologie.

La radicalité c’est une simple position. Et comment on définit l’extrémisme ? C’est assez simple à l’extrémisme. C’est s’imaginer qu’il est un cadre normal des choses et on essaye de dépasser cette limite naturelle à une idée. Donc, on dépasse les limites, on sombre dans l’extrême. Mais on peut être radical en restant dans ces limites d’abord dans ce sens là. On comprend très bien qu’il peut y avoir des radicaux dans l’idéologie. Il peut y avoir des radicaux parmi les communistes, les écologistes et des radicaux parmi les communistes, voire des radicaux parmi les socialistes, des libéraux, des radicaux parmi les chrétiens. Moi, même si je suis considéré comme un musulman radical, ça ne pose aucun problème. 

Si on comprend la contestation comme ça, donc la radicalité en tant que tel n’est pas n’est pas un problème, c’est un point de vue. En fait ils visent plutôt l’extrémisme. Je pense que les médias aussi, lorsqu’ils utilisent le terme radical, veulent en vérité parfois signifier l’extrémisme. L’élément qui est important à comprendre, c’est que la mauvaise utilisation du terme radical, eh ben, quand on regarde les débats autour de ces termes qui sont extrêmement importants dans la presse et dans les médias, j’ai remarqué qu’il y avait très peu de philosophes qui ont pris le risque de l’utilisation massive du terme radical, puisque si on commence à attaquer la radicalité dans le sens de la philosophie politique, finalement, on va faire triompher les idées. La pensée unique, le conformisme, puisque on va essayer en luttant contre les idées radicales des mouvements radicaux finalement, fatalement, on est amené à faire triompher la pensée commune, la pensée conforme, la pensée unique où tout le monde pense comme tout le monde. Sans nouvelles idées novatrices qui bousculent la société et la fait évoluer. Encore une fois, dans l’histoire, toutes les nouvelles idées ont été des idées radicales. Mais ça, c’est quelque chose d’important. Pour moi, le titre « Laïcité française, une laïcité radicale », on comprend mieux ce que je vise, c’est plutôt la laïcité extrémiste.

Et là, dans le sens, dans le sens, je dirais un philosophe français. Pascal définissait l’extrémisme, enfin, le terme n’existait pas, ce n’est pas encore très peu utilisé, mais il utilisait le terme de tyrannie. Tyrannie: Qu’est ce que c’est? C’est quand on essaie de dépasser son ordre et on essaie d’imposer sa volonté au delà de la limite. Donc, ici, la laïcité, comme n’importe quelle idée, peut-être tyrannique, voire extrémistes et c’est là où on va s’intéresser; au lieu d’utiliser un terme qui est dans la philosophie politique ne veut absolument rien dire puisque on sait comme je vous l’ai dit que beaucoup d’auteurs peuvent être qualifiés de radicaux. Donc, une laïcité extrémiste, une laïcité tyrannique qui dépasse et une volonté de dépasser son cadre naturel. D’abord pour s’imposer au delà de ces limites qui ont été fixées par l’histoire. Si on veut comprend bien le terme radical en matière d’extrémisme, de tyrannie, on est obligé maintenant de s’intéresser à la deuxième. La deuxième partie du titre vers les sujets sur la laïcité. La Laïcité, C’est pour commencer d’un point de vue purement pédagogique, académique. Il y a des définitions de la laïcité, la définition du niveau zéro, ça veut dire celle qui mettra tout le monde d’accord et ensuite on peut monter les échelons et rajouter des subtilités à cette définition et lui donner plus de poids. La laïcité donc vous savez maintenant, puisque c’est quelque chose qui fait partie de la culture politique française. Elle peut être considérée comme la neutralité de l’État et de ses institutions vis à vis de la religion et de toute croyance. Donc, il y a une espèce d’indépendance entre l’Etat et la religion. l’Etat considère que les églises et les religions sont toutes égales à ces yeux et n’interfère pas dans leur fonctionnement de la même manière que les églises et les religions n’interfèrent pas dans le fonctionnement de l’Etat. Ici la laïcité est parfaitement synonyme de neutralité avec un Etat indépendant et autonome vis à vis de la religion.

Si on définit la laïcité comme ça, on s’aperçoit que c’est une idée qui est commune à tout le monde occidental. Tout le monde occidental a cette idée de neutralité de l’Etat vis à vis de la religion et ça, ça nous amène à nous interroger sur la spécificité française. Pourquoi la France a une vision particulière de la laïcité ? Il faudra revenir sur l’histoire de l’imposition de cette laïcité. C’est assez complexe, assez long.

II L’histoire de la laïcité

Si je pars du principe que dans mes recherches, je remarque que l’Occident a été vivement visé par le christianisme et aujourd’hui, ce serait comme un fait accompli chez les chrétiens et la discipline pour faire découler la laïcité la plus neutre du christianisme. Là encore, je vais faire la parenthèse parce que pour vous expliquer le lien entre la laïcité et le christianisme. De manière globale, je démontre l’idée que l’État est issu d’une vision, d’une vision chrétienne et d’un mouvement extrêmement important dans le monde occidental qu’on appelle sécularisation.

Donc, la sécularisation doit aussi expliquer pourquoi ce phénomène s’est tout simplement résumé. C’est un mouvement de recul de la religion, un recul progressif de la religion dans la société occidentale. À un moment donné, vous avez l’apogée du christianisme situé au 11e ou 12e siècles, où le poids des Églises chrétiennes était extrêmement important pour contrôler tous les gens de la société occidentale en termes de politique, en termes de culture. Mais finalement, à partir du Moyen Âge, on à l’apogée de l’Église chrétienne.

Et puis, finalement, on va avoir une régression de la religion au fur des siècles, au fur et à mesure des siècles. Pour différentes raisons qui sont propres au christianisme, c’est un phénomène de recul progressif de la religion. Les Sociologues, les entrepreneurs des historiens appellent ça un Phénomène de sécularisation, la religion chrétienne recule. 

Ça, c’est un grand grand sujet de débat entre le philosophe, théologien et historien, mais beaucoup énoncent qu’à l’intérieur de la religion chrétienne, il y avait des contradictions internes qui faisaient que, de toute façon, à partir de la création du christianisme par Paul de Tarse, il portait en soi les germes de de sa propre mort. En réalité, donc, je ne vais pas développer ce sujet. Énormément de choses à dire sur la notion de sécularisation propre au monde occidental et cette idée de neutralité politique vis à vis de l’Etat, vis à vis des religions est partagée dans le monde occidental puisque ce monde était chrétien auparavant. Ce qui est différent avec la France, aussi avec le reste du monde occidental français: c’est l’idée de séparation. C’est là où la France a vraiment une spécificité par rapport aux autres pays européens. La spécificité française, c’est justement de séparer nettement par une loi les Eglises et les religions et l’Etat. La séparation jusqu’à l’idée de divorce. Ce n’est pas une simple séparation, c’est vraiment dans l’esprit du divorce entre l’Etat et les religions, et cette séparation a été concrétisée par la loi de 1905 et la loi de 1905 n’est pas arrivée comme ça. Il y a eu un vaste mouvement qui consistait à laïciser certaines institutions.

Parmi les premières, l’instruction publique et l’Éducation nationale. Donc, on a des lois à partir du 19ème siècle qui essaient d’arracher tout le système d’éducation de l’Église.Très souvent, les initiateurs ce sont des personnes qui étaient foncièrement anticléricales. C’est dire que c’était des personnes contre l’Église, pire que ça: antichrétiennes. Ça veut dire que grosso modo, sans entrer dans les détails ou était ce qu’on appelle des libres penseurs au 19ème siècle, les libres penseurs, c’est ce qu’on appelle synonyme de franc maçon, franc maçon. 

Cette période, en France, c’est l’âge d’or de la franc maçonnerie. La libre pensée, c’était aussi souvent aussi des hommes politiques et des protestants. Et donc là, on peut dire qu’il y avait peut-être un règlement de comptes, les anciens protestant contre l’Église catholique. En tout cas, c’étaient des personnes qui partageaient l’idée qu’il fallait décatholiciser la France et la déchristianiser, et très souvent, ils se réfugiaient derrière un anticléricalisme, c’est à dire que en vérité on n’a aucun problème avec la religion. En vérité, c’est l’Église chrétienne. Ce sont, c’est le poids des prêtres et des curés qui est trop important et c’est ça qu’on que l’on combat. Quand on regarde leurs écrits, leurs lettres anonymes, on remarque qu’ils avaient au niveau du langage un double langage, c’est à dire qu’ils avaient un langage pour le public français et puis entre eux, ils avaient un autre langage. Le langage était clairement de déchristianiser la France, c’est à dire là, de combattre l’influence de la religion, pas seulement, mais aussi de faire en sorte que les Français deviennent moins religieux. Il y a une phrase assez important d’un ancien Recteur de l’Académie à l’époque j’ai oublié depuis son nom, il disait une chose très simple, c’est quoi le projet: c’était un endroit où on prend un fils de chrétien, on le jette et il ressort libre-penseur.

Donc, on voit bien l’école que dans la vision de ces auteurs servait à réduire l’influence du christianisme non pas seulement dans le champ public et social, mais aussi en termes purement privé, c’est à dire qu’ils avaient placé leur foi chrétienne à l’intérieur des consciences de ses élèves, de ces Français qui fréquenter la nouvelle école gratuite, laïque et obligatoire. On a toute une série de lois en 1850, jusqu’aux lois de Jules Ferry. Vous connaissez? Qui ont achevé la laïcisation de l’école et cette spécificité française? elle est absente, La loi de 1905 n’est pas vraiment une loi destinée à 152 pays en Europe.

Le mot laïque lui même, la laïcité lui même, est Française. Il n’existe pas de termes équivalent dans d’autres langues. On a en Anglais on a ce qu’on appelle sécularisme, mais là, en français aussi, c’est la sécularisation. Mais pour aller plus loin, la « laïcité » n’existe pas encore. On le voit très bien dans le monde anglo saxon et moderne la séparation des Eglises et de la religion de l’Etat n’existe pas sous leur forme actuelle en France. Je prends un exemple simple, c’est l’Angleterre. 

L’Angleterre, c’est un pays sécularisé, c’est un pays chrétien. Donc forcément, on subit la sécularisation. Mais l’Angleterre s’impose dans sa Constitution, la constitution moderne des textes constitutionnels. Mais grosso modo, ces principes constitutionnels il n’y a pas de laïcité. Et le chef de l’Etat en d’Angleterre est obligatoirement chef de l’Église anglicane et ça n’existe pas. Il est impossible pour un souverain anglais de devoir être chrétien non anglican actuellement, c’est dans les textes. Si le prince Charles a par exemple décidé de se convertir au bouddhisme ou à l’Islam, par exemple, il ne pourrait pas devenir roi d’Angleterre, donc c’est un problème constitutionnel.

L’anglicanisme est religion d’État. Et non, cette spécificité française est déjà assez évidente. Aux Etats-Unis il y a une idée de laïcité qui existe et qui n’a rien à voir avec l’idée française de combattre l’expression de la religion dans l’espace public. Ça n’existe pas. L’exemple le plus évident, c’est le dollar américain. C’est écrit noir sur blanc «In God We Trust », en Dieu nous croyons. Vous savez bien aussi que aux Etats-Unis, l’athéisme est extrêmement mal vu. Il y a une idée de neutralité de l’État américain ou de l’Etat fédéral américain vis à vis de la religion. L’Etat fédéral américain ne subventionne aucune religion, les traite toutes à égalité. Mais le fait de vouloir promouvoir la libre pensée déchristianisée du peuple américain est totalement étranger. Les pères fondateurs de la Constitution américaine étaient tous des fervents croyants même s’ils étaient francs maçons, encore une fois dans la franc-maçonnerie il y a des différents courants. Les plus athées ou plus humanistes au sens chrétiens. Donc, cette idée de combattre l’expression de la religion était totalement étranger aux pères fondateurs des Etats-Unis d’Amérique. Cette idée existe vraiment en France. 

Au sens non seulement être sécularisé dans les pays occidentaux, séparer l’idée des États des religions, mais en plus d’avoir une idée juste implicite de combattre l’expression de la religion et de faire en sorte d’accéder à la modernité à l’époque, au 19ème siècle. Accéder à la modernité, c’est en fait ne plus avoir def oi, ne plus croire en Dieu. Dieu, C’est qu’une idée archaïque: pour accéder à la modernité, Il fallait forcément être laïque, mais avoir une foi laïque épurée des anciennes formes traditionnelles de la religion.Cette montée de la laïcité dans le sens de réduire la religion au sein de la population française, c’est une idée qui existe depuis le 19ème siècle et surtout qu’on entend aujourd’hui certains hommes politiques et intellectuels dire: « Mais nous n’avons rien contre l’islam ». C’est exactement la même chose au 19ème siècle pour les catholiques, dans un sens: ils ont raison dans un sens. Ce n’est pas un véritable problème d’islam. C’est que l’islam, c’est la religion aujourd’hui qui a une certaine vitalité dans le sens de la pratique et de l’expression.

Et dans ce sens, c’est la religion à domestiquer, finalement: à abattre. Dans ce sens là. Ils ont raison. Quoi qu’il en soit, avant la loi de 1905, il faut bien montrer qu’il y avait aussi deux visions de la laïcité, l’autre c’était une vision plus libérale, dans le sens où c’est l’Etat, c’est l’Etat qu’on rend sans religion. Mais on ne voit pas l’expression de la religion. Il y avait donc une vision très libérale, je dirais, à l’anglo saxonne de la laïcité française. Il y a des hommes politiques français comme Aristide Briand qui étaient dans cette optique et d’ailleurs c’est lui qui a eu cette idée et fait triompher la laïcité alors que d’autres étaient dans une optique beaucoup plus radicale, entre guillemets « extrême ». Il fallait avoir une laïcité plus arméecontre l’expression de la religion. Quoi qu’il en soit, la sensibilité qu’a triomphé, c’est la sensibilité libérale puisque lorsqu’on regarde la loi de 1905, c’est simplement la neutralité de l’État pour que l’État, ensuite, juge à égalité l’ensemble des religions et ne crée pas de distinction d’ordre religieuse et philosophique.

Quoi qu’il en soit, les deux visions de la laïcité ont toujours existé, elles ont été en contact aujourd’hui encore, et cet antagonisme existe. On pense aux hommes politiques. Certains sont issus d’une minorité. Ils ont encore cette vision libérale de la laïcité. Malheureusement beaucoup plus présente chez certains universitaires et spécialistes de la laïcité que dans le monde médiatique, politique, médiatique, politique. La vision de la laïcité qui prégnante, c’est celle qu’on connaît tous, celle qui est dogmatique. C’est la laïcité qui est vraiment rigide et qui cherche vraiment à combattre l’expression des religions.

Jusque là, je n’ai pas parlé de la relation avec l’islam. En 1905, vous savez, lorsque la France a mis en place cette loi, ça fait déjà Soixante quinze ans que l’Algérie est une terre sous domination coloniale. La loi a été faite en réalité pour les Français de métropole, mais comme l’Algérie, vous savez, c’est un département français. C’était une terre française aussi française que la Réunion ou la Corse. Normalement, la loi de 1905 aurait pu s’appliquer.

Le fait est que lorsque les Français sont entrés en Algérie en 1830 Je vous rappelle que ça fait déjà 75 qu’ils sont en Algérie, je dirais, pour faciliter leur prise de domination coloniale se sont tout de suite attaqué aux institutions religieuses algériennes. C’était tout de suite leur principal objectif, de détruire et de contrôler les institutions religieuses algériennes.

C’est simple pour contrôler les musulmans, c’est extrêmement simple. Il faut contrôler les imams et théologiens et tout ce qui concerne les institutions religieuses: en contrôlant ces institutions pour s’assurer le contrôle d’une grande partie de la population musulmane. C’est une pratique qui, encore aujourd’hui à l’heure actuelle existe dans le monde arabe, qui est extrêmement rare, puisque en contrôlant, en contrôlant la caste de ce qu’on appelle les imams et les savants, on s’assure que les taxes sur la domestication de la population. Lorsque les français sont arrivés en Algérie, ils ont détruit ces institutions. Ils ont remplacé par les leurs et ont cherché à former leurs théologiens. Leurs imams. Leurs représentants du culte musulman. Mais si le problème avec la loi de 1905, c’est si en Algérie, les Français appliquaient cette loi, qu’est ce que ça veut dire concrètement? Ça veut dire que finalement, l’administration coloniale était obligée de libéraliser les institutions, de les laisser libre de tout contrôle préalablement. Mais les premiers indépendantistes algériens, souvent des juifs eux mêmes, du mouvement des Théologiens, père politique du Sadi ale Edj, avait tout de suite compris l’intérêt de l’application de la loi de 1905 en Algérie. Parce qu’ils disaient si on appliquait cette loi, ça libérait du contrôle colonial des institutions. Bien entendu, les administrateurs coloniaux de l’Algérie française ont de manière totalement hypocrite, alors même qu’ils considéraient que l’Algérie était terre française ont refusé d’appliquer la loi de 1905 parce que justement, ça permettait de mieux contrôler les musulmans, de pas l’appliquer. Donc, la première rencontre que les musulmans ont avec cette loi de 1905 en Algérie, c’est déjà négatif.

Il y a déjà eu une rencontre assez négative, assez hypocrite, en ce sens que lorsqu’il faut l’appliquer parce qu’elle est favorable aux musulmans, on l’applique pas. Jusque dans les années 30, il y a une revendication constante des leaders indépendantistes autonomistes algériens. Ce n’est pas encore le mouvement indépendantiste et l’implication, la motivation de ça. Ça a été fait que dans les années 40, avec des aménagements pour finalement ne pas libérer le culte musulman de l’emprise française.

Ça, c’était en Algérie.

On remarque en 1905, de 1905 jusqu’à les années 80, on remarque que la laïcité française, finalement, il y a une espèce de période creuse. La loi a été appliquée, mais on a fait des remous, il faut revoir l’histoire et les banques avec les émeutes dans certaines églises, des populations de villageois qui résistaient contre le pouvoir civil. Finalement, tout est rentré dans l’ordre. Entre 1905, dans les années 80, la loi de la laïcité, la laïcité, était un fait acquis. Il y a quelques circulères pour aménager l’enseignement privé dans les 5 ans. Une circulaire de 1950 et une autre dans les années 80. Avant cela, les circulaires aux années 30 qui interdisaientt le prosélytisme politique pas religieux, puisque le catholicisme a été domestiquée. Le seul prosélytisme qui menaçait A l’époque, c’était là la propagande politique.

Donc, il y a une circulaire dans l’esprit laïque qui interdisait aux professeurs de faire de la propagande politique devant leurs élèves. Dans les années 30, la menace: c’est le communisme. Vous avez, vous rappelez vous vos cours d’histoire? Là, c’était communiste, stalinienne. Et c’est comme un parti communiste très fort qui recrutait énormément. Il y avait chez les professeurs la peur de voir ses élèves être endoctrinés par la propagande marxiste. 

Tout d’un coup, à la fin des années 80, il y a eu une réactivation d’une certaine idée de la laïcité qui coïncide avec l’apparition sur le champ politique de Nouveaux citoyens, entre guillemets, musulmans. Notamment des musulmanes qui portent le voile. On a en 1989, la première affaire du voile en France, dans le monde occidental. De toute façon, des collégiennes ont été ont été expulsées pour port du voile. Ça coïncide avec l’apparition d’une première génération musulmane purement autochtone, indigène. Grosso modo, des musulmans qui sont nés ici, qui sont nés ici finalement qui pour des raisons X ou Y de porter le voile, de pratiquer leur religion et de porter le voile. En 1989, dans la première pour la première fois, la réintroduction dans le champ public en visibilité publique d’un site d’expression religieuse, on a vécu un moment de flottement de la part de décideurs politiques et des intelligentsia ne sachant pas comment s’y prendre. Et la première réaction du Conseil d’Etat, c’est un avis plutôt libéral en disant que c’est vrai en France, il n’y a aucune contradiction avec le fait que des Orp-Noduwez, puisque la neutralité issue, c’est la neutralité de l’Etat, ce n’est pas la neutralité des collégiens et des élèves. D’une manière générale, porter un signe extérieur d’appartenance à une religion, ça ne pose pas problème à la laïcité. On voit bien que l’avis est très libéral puisqu’il s’inspire directement de l’esprit de la loi de 1905. Mais finalement, au cours des années 90, avec la musculation du voile et l’émergence d’une nouvelle génération de la première d’ailleurs, si on prend sociologiquement l’existence d’une nation des années 80, les années 90 coïncident avec l’émergence de la première génération strictement française. Auparavant, on avait encore des conceptions sociologiques mixtes, c’est à dire qu’on avait des personnes qui étaient nés à l’étranger et qui avaient grandi à l’étranger et qui avaient été socialisés à l’étranger, qui vivaient en France et qui acquéraient la nationalité française. À partir des années 80 90,là, on a vraiment la première génération de jeunes musulmans nés ici. qui a grandi ici, qui a été socialisé ici, qui a fréquenté les écoles ici et donc qui est totalement décomplexée: je pratique, c’est mon choix et sont sans recul depuis toujours, sans aucune autre considération. Et avec la publication de ces affaires, on sent qu’il y a une rigidité de la laïcité qui commence à apparaître.

III] Un état tyrannique

Les différents avis du Conseil d’Etat dans différentes circulaires qui commencent à être de plus en plus rigides dans leurs avis en essayant de restreindre au maximum l’expression sur le champ public de la religion, notamment par le voile, jusqu’en 2004. Vous savez 2004/2005 où la première loi a été imposée en officialisant un fait extrêmement, à mon sens, extrêmement grave. Ce n’est plus seulement aujourd’hui, ce n’est plus l’Etat qui doit être laïque, doit être neutre, mais c’est aussi les usagers du service public. C’est vrai. Les citoyens aussi doivent montrer qu’ils sont laïques. On a ici le pire. On passe dans le discours sur la tyrannie de l’extrémisme. On avait un cadre légal où la laïcité, le principe de neutralité.

IV] La Laïcité, ça suffit !

Et puis, finalement, on a un dépassement de cet ordre. Ce n’est plus l’Etat simplement qui est laïque mais la laïcité va vouloir s’appliquer à la société elle même et principalement en droit privé, les élèves de l’enseignement public, et ça suffit, ça suffit ! Énormément de pression, ça suffit ! La première question, c’est de se dire qu’est ce qui est laïque? Donc c’est une question aujourd’hui, quand on regarde dans le débat politique depuis ces dix dernières années, personne n’ose répondre. Qu’est ce qui est laïque? Il faut qu’il y ait, je dirais, une circoncision (sic) du terme et de son d’applicabilité en juridique.

Parce que si on nous dit que c’est l’Etat, qui est non seulement l’Etat, mais aussi la société doit être laïque. On voit bien voit ici une espèce didée totalitaire dans le sens que le totalitarisme peut expliquer par la volonté, c’est la volonté de faire coïncider la croyance de l’Etat avec la croyance des individus. C’est pour ça que les partis totalitaires, les États Dothan vers l’Allemagne nazie, les républiques soviétiques on ne tolérait pas d’autres partis que celui d’un régime à parti unique. Les nazis ont imposé des restrictions, mais aussi de manière individuelle. La dérive de la laïcité suscite ce genre de questions. D’un point de vue constitutionnel, personne n’y répond. On ne sait pas encore si c’est comme si c’était une question piège et c’est assez problématique. Et sur le sujet, sur l’ensemble du mouvement: une radicalisation de la laïcité, c’est à dire le dépassement de cet ordre à partir de 2004, au moins une espèce d’emballement médiatique, donc, on a l’interdiction pour une musulmane de porter le voile. Ensuite, on a en 2010 l’interdiction du voile intégral. Ce n’est pas la laïcité qui est invoquée, c’est les questions de sécurité. Certains ont invoqué la laïcité, mais ils ne pouvainet pas, parce que s’ils invoquaient la laïcité, ça voudrait dire que même la rue, le dehors posait problème et devait être laïque. Donc les considérations suffisantes étaient d’ordre sécuritaire.

Donc, on ne se voile pas le visage, pour les questions de sécurité. Mais certains hommes politiques avaient déjà l’idée d’intégrer le principe de laïcité dans cette loi. Mais ça n’a pas été fait pour des questions juridiques parce que ça allait poser des problèmes d’application. 

Ensuite, on a encore une longue dérive de la laïcité. Ce sont non seulement les élèves, mais on s’interroge aussi sur le fait que leur maman, des mamans qui accompagnent les enfants. Non seulement les enfants doivent être laïques, mais on va essayer d’appliquer cette laïcité aux parents. Il y a des circulaires scolaires. Luc Chatel, ancien ministre de l’Education nationale, qui dit que les mamans voilées remettaient en cause le principe de laïcité.

On a la laïcité de l’État. 
Puis la laïcité de l’élève.
Non seulement ça, mais c’est maintenant la neutralité des parents d’élèves. 
On a un fil conducteur.

Ensuite, on a toujours le même ordre d’idées, c’est dans cette optique, par exemple, je prends l’exemple de l’affaire de la crèche qui interdit à toute personne de manifester sa religion si elle est dépositaire d’une mission de service public, même si elle n’est pas la même fonctionnaire.

Il y a là encore une couche de plus. Si une personne n’est pas fonctionnaire, ça représente ne pas dans la fonction publique. Mais si elle a une mission de service public d’intérêt général, la laïcité doit s’appliquer sur elle. La nounou voilée qui a été licenciée pour cause du port du voile et qui a été déboutée par la Cour de cassation. Finalement, le Conseil d’Etat a donné raison. Le principe de laïcité devait s’appliquer.

Ensuite, on a simplement appliqué la laïcité, c’est la question des repas Hallal. 

Elle est reportée à la suite d’un problème d’alimentation qui doit être laïque.

Donc on a affaire à un dépassement du cadre originel de la laïcité vers la nourriture. 

Ensuite, on l’a, on s’interroge sur le secteur privé. Le secteur privé financé par l’argent public, des fonds publics. Les entreprises privées sont libres d’employer qui elles voudraient. On cherche à faire appliquer une loi qui obligerait certaines entreprises à appliquer et faire appliquer le principe de laïcité dans une entreprise privée. Donc, là encore, on a encore un nouveau niveau. 

Ensuite, on s’interroge sur l’interdiction du voile à l’université.

Manuel Vals a énoncé clairement que l’idée elle était là mais que juridiquement, d’un point de vue constitutionnel, il est encore très difficile de mettre en des blocages, mais l’idée elle est là. 

L’idée est de faire en sorte que l’université aussi soit un espace totalement laïque.

On voit bien qu’il y a aussi encore un deuxième polémique. Finalement, c’est celle qui concernait les écoles privées hors contrat, des écoles privées. C’était le secteur privé, non seulement hors contrat, bien qu’elles n’aient aucun devoir vis à vis de l’Etat. Maintenant, on s’interroge sur le fait comment pouvoir appliquer les principes de laïcité, c’est à dire de réductionsp de l’expression de la religion sur le champ public. Vous voyez bien que on comprend ce mouvement général, il y a bien des dérives radicales, radicales, au sens extrémiste, au sens Pascalien dans le sens du terme tyrannique.

V] La Laïcité, une nouvelle religion

Une laïcité qui déborde de son droit naturel pour pouvoir s’appliquer à tous les champs de la société. Et on sent bien ici que la laïcité prend une posture religieuse, non, c’est une sorte de nouvelle religion, religion d’État qui veut s’appliquer à toute la population. Et quand je dis « qualification de religion », c’est vraiment en dessous de la réalité puisque dans l’esprit des pères fondateurs de la laïcité, il y avait ce côté religieux de faire de la laïcité une nouvelle religion dans le sens de la monarchie d’Ancien Régime, de la monarchie d’Ancien Régime avec le catholicisme, religion d’État, La république doit avoir sa nouvelle religion dans la laïcité, la laïcité.

On remarque là que l’une des institutions en vue, une des institutions phares de ce pouvoir, c’est bien l’Éducation nationale, l’Éducation nationale, c’est l’une des premières institutions de l’Etat français à la première loi depuis 150 ans à être laïque.

Et on sent bien que l’Éducation nationale a vraiment été le Fer de lance dans la laïcisation de la société française par excellence. Il y a une citation célèbre de Mussolinile dictateur fachistes qui disait parce que avant ce la s’appelait l’instruction publique. Donc, c’est passé dans les années 30, de l’instruction publique à l’Éducation nationale. Il n’y a pas de différence de traitement différence entre un ministère qui a simplement pour tâche d’instruire et un ministère qui a besoin d’éduquer, d’éduquer et de formater. Mussolini disait « la transformation de l’Éducation nationale en l’instruction publique et la plus fachiste de mes réalisation » ça est réalisé aussi en France. On est passé de l’Éducation nationale à l’instruction publique nationale et on sent bien que encore aujourd’hui, l’Education nationale est le fer de lance de cette politique de laïcité, de combat, d’expression, de la religion et de formaliser les esprits quant à l’acceptation de la laïcité dans les religions. D’où le fait que aujourd’hui, on a introduit un cours de morale laïque, de morale laïque, qu’est ce que c’est?

C’est un cours de théologie, c’est un cours de théologie, simplement. La référence, c’est plus la Bible. L’histoire de l’Eglise, c’est les nouvelles références qui sont laïques, qui sont totalement sécularisée. Pour moi, la morale avant elle était religieuse. Aujourd’hui, elle est laïque, on voit bien qu’il y a bien une volonté de faire de la laïcité une religion. Manière implicite c’est pas dit, encore que si vous regardez, mentionne l’ancien ministre de l’Education nationale, Vincent Peillon dans une vidéo sur YouTube explique de manière très claire, droit dans les yeux qu’est ce que la religion laïcité. Il exprime une volonté de faire de la laïcité une religion. 

Sur l’ensemble de ces problématiques, on remarque que la dimension religieuse de la laïcité en France est assez subtile parce que comment elle se met place pour se faire accepter vis à vis de l’ensemble de la population française ? C’est un des trois pôles qui constituent le système français, la République et la démocratie. Et on sent que la laïcité française, pour parvenir à ses fins, elle a 2 grandes solutions – utiliser des outils démocratiques et ce que je vais appeler la démocratie d’opinion, c’est à dire que faire passer ces principes, c’est précisément le principe d’un point de vue religieux. Elle va utiliser les armes de la démocratie, l’élection d’opinions pour s’imposer.

Un exemple: pour mettre en place une loi qui soit liberticide de manière claire et nette qui réduise la possibilité de pratiquer sa religion pour une certaine minorité. elle va utiliser l’opinion publique. On sait que l’opinion du grand public est formatée par les médias. Donc, les médias vont faire peur aux citoyens en renvoyant une certaine image pour faire en sorte d’habituer l’opinion publique à plus de répression laïque avec un vernis totalement démocratique, d’où la grande utilité des sondages à chaque fois qu’il y a une volonté de légiférer.

C’était très simple. Il y avait des sondages qui étaient proposés. Et toujours, on a un ensemble de résultat entre 70 et 80% favorables à la loi. Aujourd’hui, un sondage sur l’interdiction de hijab, c’est clair et net en France, c’est 85% des sondés qui répondent clairement oui, hijabs est synonyme de répression de la femme, etc, etc. On voit bien que la laïcité va utiliser des outils démocratiques parfaitement démocratiques qui vont faciliter la tâche aux hommes politiques qui vont avoir un mandat démocratique pour pouvoir appliquer la loi. Et donc, vous évoluez dans un le circuit fermé où il est très difficile de changer la donne d’une manière structurelle et pseudo-démocratique, interdiction du Hijab, interdiction squi sont parfaitement avalisées par l’ensemble de la population française. Mais encore une fois, c’est corroborer cette tare de la démocratie. Encore une fois, croire que la majorité a raison:

V] La minorité; la démocratie dictatoriale

La majorité a raison ? C’est faux. Les lois antinazi, les lois anti-juives du régime nazi etaient démocratiques. On voit que la démocratie, ce n’est pas forcément gage de pertinence. La deuxième manière de voir l’abolition de lois liberticides par la laïcité, c’est utiliser l’argument sécuritaire. Donc, il y a aussi les liens avec la pratique démocratique. S’il suffit de faire croire à l’ensemble de la population sur les risques de ci ou de ça pour finalement avoir l’aval de la voie démocratique, de l’assentiment populaire pour légiférer ce genre de lois qui vont encore se mettre en place puisque Vals a parlé aujourd’hui de l’interdiction du Hijab à l’Université.

Encore une foisje citerai la phrase de Benjamin Franklin qui disait que « n’importe qui est capable de donner un peu de sécurité, pour prendre sa liberté, ne mérite ni l’une ni l’autre ». On est vraiment dans ce paradigme en France, avec une lois sécuritaire, la peur des actualités [Il fait référence au terrorisme quand même].

On a ici un exemple de laïcité totalement contraignante vis à vis d’une minorité de la population. Une laïcité assez trouble, assez hypocrite qui utilise les outils de la démocratie. Je rappelle que la démocratie. Comment on définit ça? La démocratie, c’est la préservation, c’est la préservation des droits de la minorité puisque sinon, on va sombrer dans une dictature de la majorité. Donc, la démocratie, c’est de préserver les droits de la minorité.

Lorsqu’on voit qu’une minorité a ses droits totalement préservés, c’est certain on est dans un système démocratique.

Deuxième chose, on rappelle qu’il y a une hypocrisie d’application de la laïcité en France, c’est le fait que l’Etat, sans aucune limite, s’ingère dans des questions rituelles, cultuelles, etc. On va voir des ministres et des hommes politiques nous dire qu’est-ce que l’Islam, qu’est-ce que la bonne pratique. On est dans une trahison de l’esprit laïque.

Donc, finalement, on résume d’une manière générale, lorsque la laïcité s’applique à l’endroit des musulmans, elle s’applique de manière radicale, extrême. Et quand on doit appliquer la laïcité, c’est à dire que les hommes politiques n’ont pas à interférer sur le champ religieux, il n’y a pas de laïcité. Et on voit bien que ça pose le problème de la gestion politique de l’islam en France. La gestion néo-coloniale où les décideurs politiques, les hommes politiques, décident qui est le représentant des musulmans. On a parfois dans certaines, certains dans certaines mosquées ce sont les maires qui décident de l’affaire dans le religieux, en désignant tel imam. Donc on a bien une trahison de l’esprit laïque, de la laïcité, je dirais libérale, vraiment la neutralité de l’Etat vis à vis de la religion. Et finalement, on est dans une situation où la laïcité, la laïcité, sous prétexte de combattre l’intolérance, devient intolérante. Et la laïcité française, elle, a vraiment un syllogisme qui était extrêmement trompeur.

V] La discrimination

C’est que la discrimination, la discrimination, est cette situation, c’est une différence plus une injustice. Tout porte à croire que la laïcité française, en vérité, au lieu de combattre l’injustice, est venue diminuer la différence: le hijab, avec l’islam, c’est un vecteur de différence. Ce sont des facteurs de différences donc on va éliminer ça pour combattre l’intolérance. Au lieu de traiter le mal, et c’est le rôle de la justice, et de faire en sorte de combattre tout ce qui est discriminatoire, de traitement global des populations à cause de leur religion. La laïcité française elle a une logique inverse: le voile, c’est la différence et on va combattre la différence. Et c’est ça l’idée de la tolérance en France. En réalité, on tolère, on adhère. Je prends l’exemple du mot « vivre ensemble » avec tout son monde et dans son vivre ensemble, vivre ensemble. Mais pour la comprendre ça dans la gauche française, c’est vivre ensemble, si on se ressemble. Maintenant, c’est là la différence déjà problématique et l’idée de modernité, de tolérance dans le monde. Et dans la vision française, c’est totalement inverse de dire que on élimine la différence. Et puis moi, c’est mon explication. 

Si vous prenez par exemple un sujet qui a fait débat, il y avait un grand débat, la théorie du genre, la théorie du genre. Qu’est ce que c’est que les différences entre hommes et femmes? En effet, c’est peut-être source de discrimination. Finalement, ce qui fait en cela que ce qu’on va faire, ce qu’on va faire, on va l’éliminer. D’abord, le fait d’avoir inventé une théorie intermédiaire entre le genre masculin et féminin. Donc ça, c’est vraiment dans la logique philosophique française. C’est une grande tradition. Là dessus, je ne vais pas revenir là-dessus parce que cette explication, c’est la vision française. On remarque que sur ce point là, la France, en réalité ce n’est pas un pays de la liberté. L’essentiel, c’est l’égalité. Bon, c’est l’égalité qui est la valeur philosophique fondamentale de la France, c’est à dire tout le monde doit penser la même chose. S’il y a un élément discriminant de différences, ça pose problème. C’est une grosse problématique. Les pays de la liberté, de la liberté entravée au regard de leur histoire dans leurs fondements constitutionnels, c’est plutôt les pays anglo saxons: l’Angleterre, Les Etats-Unis sont des pays de la liberté puisque c’est la liberté individuelle qui prime. L’égalité, c’est l’égalité juridique égalité de traitement. Il y a un célèbre penseur russe, Alexandre Soljenitsyne, qui dit: « les hommes et les hommes sont tousdifférents parce qu’ils sont libres ». S’ils sont tous égaux, c’est qu’ils ne sont pas. On voit bien que ça. Cette phrase résume l’ensemble de cette ambivalence de la laïcité française, en fait entre une laïcité égalitariste qui veut rendre, qui veut nettoyer le champ public de toutes les différences et un contre champ de la laïcité je dirais anglo-saxonne fibrine, qui utilise les concepts de liberté individuelle, de liberté politique, tout en s’assurant bien entendu du traitement juridique devant la loi de l’égalité de tous devant la Loi.

VII] Le Bug

Il est étonnant, un fait étonnant, c’est que l’islam, l’apparition de l’islam actuel, est très contemporaine eh bien l’apparition de l’islam agit comme une espèce de bug, d’accord ? La laïcité a énormément de prétention, de tolérance et prétention de garder intacte la liberté, de faire en sorte que les citoyens gardent leur esprit critique.

C’est le rôle de l‘Éducation nationale de faire en sorte que les élèves gardent un esprit critique vis à vis d’une religion. Finalement, quoi qu’il en soit, c’est avoir une idée philosophique issue de la philosophie des Lumières, le rationalisme philosophique avec beaucoup, beaucoup d’idéaux et finalement, l’application en France actuelle de l’islam fait bugger la machine.

C’est une religion particulière de ces constructions idéologiques qui ont du mal à s’appliquer dans la réalité, notamment avec l’inflation législative spécialement rédigée contre l’islam. D’un point de vue sécuritaire, d’un point de vue cultuel, il y a une espèce de création de lois d’exception avec une espèce de spirale qui existait déjà en Algérie en rapport avec l’islam. On comprend toujours une laïcité à plusieurs vitesses et comme une espèce de laïcité d’exception qui fonctionne sur deux principes. C’est quand il faut que la loi s’applique au bénéfice de l’islam. Elle ne s’applique pas; quand il faut qu’elle soit libérale et pas libérale, qui s’applique avec une rigidité et une volonté de réduire la part du religieux dans les consciences musulmanes. De la même manière que la laïcité a déchristianisé la France depuis ce dernier siècle. Aujourd’hui, la richesse fondamentale de certains de ces croisés de la laïcité, c’est une volonté d’évangéliser les nouveaux arrivés, les nouveaux arrivés dans le champ sociétal français.

Ce sont les musulmans qui sont les nouveaux, entre guillemets, les nouveaux barbares à évangéliser selon la religion laïque. Ça veut dire faire en sorte que la pratique musulmane n’ait aucune emprise sur eux. Deuxième chose importante, il faudra ce qu’il faudra et on va mettre l’accent sur ces différences entre la liberté et l’égalité. Je pense que c’est fondamental en France, quand on voit certains, certaines personnalités musulmanes certains, certains pensent bien faire, mais reprennent par exemple dans le discours un discours, tout ce qui concerne toutes les pensées confondues sur la laïcité, ça ne fait pas avancer le débat comme on l’entend aujourd’hui encore à l’heure actuelle.

Des personnalités qui nous disent, par exemple, que dans l’histoire de France, la laïcité en France, c’est une chance pour nous, musulmans, puisque si on voulait, si on vivait dans un pays chrétien, on serait dans une situation différente, etc. etc. Ça, c’est faux, d’accord, c’est un syllogisme en français. On voit bien que les pays qui ne connaissent pas la laïcité à la française viennent de pays qui veulent avoir une religion d’État chrétienne. Ils respectent la pratique musulmane, ne serait ce que le cas anglais dans lequel l’Etat dans lequels il n’y a pas de laïcité, dans lequel la minorité musulmane anglaise jouit d’un espace de liberté qui nous fait tous rêver ici sans rentrer dans les détails quand on connait la situation anglaise, sans l’idéaliser. Moi, je pense que les musulmans aujourd’hui doivent se réapproprier le combat des libertés individuelles et prendre en exemple ce qui s’est passé aux Etats-Unis dans les années 50 60, le combat des noirs pour le combat pour l’égalité de droits civiques.

Ce n’est pas ce genre de combat. L’égalité des droits civils droits civiques des musulmans, on les a. Mais c’est vraiment ce combat sur cette liberté. C’est un concept qui est très défaillant en France et qu’il faut réactiver. Et c’est, à mon avis, une des enjeux de ces dernières années. En essayant de freiner cette tentation tyrannique et liberticide de la laïcité, il faut remettre les choses à leur place et travailler sur cette notion en disant que, se posant des questions fondamentales, qui est laïque, qu’est ce que la laïcité?

Si on arrive à revenir sur ses fondements, on remet dans leur cadre initial certaines notions et on préserve en même temps la liberté de croyance et la liberté de religion qui est consacrée par la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen.

VIII] La laïcité française 

L’autre élément qui est intéressant, c’est de montrer aussi que cette laïcité française elle même n’est pas une idée universelle dans le sens qui dans le sens de l’universalité, qui est capable de s’appliquer partout dans le monde. Je ne comprends pas bien qu’au sein des chefs du monde occidental qui étaient chrétiens, la laïcité française n’est pas partagée, c’est une idée qui est vraiment française dans son essence et pire encore, dans son application. Cette idée prétend que la laïcité est un modèle qui pourrait s’appliquer ailleurs, et pire à mettre les pieds dans des pays qui n’ont pas de points communs avec la France. Je ne crois pas que la laïcité induite par le christianisme s’applique partout.

On essaie de faire la promotion de la laïcité dans des pays, notamment les pays musulmans, c’est toujours la même chose: et on essaye de la même manière qu’on essaie de laïciser des musulmans en France, on essaie de laïciser les États musulmans, une population musulmane. C’est une aberration puisqu’on sait très bien que la laïcité est strictement française et encore une fois, n’est pas partagé par le monde occidental et d’ailleurs, de toute façon, on voit bien notre expérience historique: toutes les applications d’un système laïque dans un pays musulman ont toujours été faites par une dictature, grâce à la Turquie. Cette dictature montre bien qu’un modèle unique dans le monde musulman ne pouvait exister que grâce à la dictature, grâce à la dictature absurde puisque ce n’était pas un processus naturel, ce n’était pas quelque chose qui était induit ou carrément par de phénomènes de la société musulmane qui aboutissait à la laïcité, comme en France, elle a connu son histoire qui se nomme sécularisation pour accoucher donc, de la laïcité à l’islam est forcement appliquée avec des moyens dictatoriaux par exemple dans la Tunisie de Ben Ali, l’État laïc; le cas de Saddam Hussein en Irak. On a le cas Assad en Syrie. Et puis, on avait un dernier roi, un grand Sissi en Egypte. À chaque fois, le logiciel est laïque et ne subsiste que grâce à une dictature laïque. La relation de l’Islam à la laïcité est assez importante sur ce point là.

Elle montre qu’il y a des dysfonctionnements. Et la laïcité lorsqu’elle dépassé induit une destruction de ses autres idéaux comme la liberté. Comme je vous l’ai expliqué, vous savez, il ya un auteur espagnol qui disait la liberté et la démocratie, ce sont bien des idées totalement différentes. Comment expliquer cela? Exemple avec l’exemple de l’islam en France, c’est que les lois liberticides sont toujours un fondement démocratique et ces lois liberticides sont contre la liberté individuelle et collective des musulmans de pratiquer leur religion. Donc, on voit bien que la démocratie dans sa vision égalitariste est anti-libérale. C’est un débat qui remonte depuis très longtemps. Je ne vais pas revenir sur la différence entre Voltaire et Rousseau, les philosophes des Lumières qui étaient totalement opposés. Ce sera un petit peu réducteur de dire que Rousseau c’est plutôt l’égalité, et Voltaire plutôt la liberté et la vérité. Et bien, c’est quelque chose qui lance un clivage qui traverse toute la philosophie politique européenne et donc les musulmans en France, à l’heure actuelle, auraient mon avis à mon sens pour essayer de freiner la machine doivent se mobiliser sur le terrain des libertés individuelles et de la liberté collective. La deuxième chose: c’est vraiment des choses qui ne sont pas assez utilisées, ni par les leaders français, ni par leurs représentants, les imams, etc.

IX] La solution

C’est un champ quasiment vierge, les musulmans doivent se réapproprier certaines thématiques pour pouvoir défendre leurs libertés individuelles et collectives, de pratiquer leur religion

Que faire? Je rappelle une chose très importante. Tous ces éléments sur la laïcité. Il existe, en termes de cession, des faits plus ou moins objectifs officiels qui sont assez peu dits dans le monde des médias pour des raisons évidentes, puisque cela créera des questionnements sur l’ensemble de la population. Mais tout est référencé sur l’ambivalence de la laïcité et l’histoire. On aussi de la bonne application de la laïcité en Algérie française, assez significative. Vous retrouverez cela dans mon livre.

Mais il y a quasiment tout ce que je viens de vous dire, plus détaillé. Et en sachant que ce livre, ce n’est pas un scoop, c’est un côté parfait. Ça veut dire qu’il a regroupé les guillemets avant parce que j’avais confiance dans le contexte. 

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