Violence transactiviste et mégenrage opportun

Violence transactiviste et mégenrage opportun

Quand le transactivisme dérape, la presse se tait.

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Violence transactiviste et mégenrage opportun

Lundi dernier, un massacre a été commis dans une école primaire de Nashville (Tennessee). Un tireur y a assassiné trois enfants et trois membres du personnels, avant d’être abattu par la police.

Les fusillades de masse sont malheureusement fréquentes en Amérique, et la presse française les met volontiers à la une. Plus encore quand elles impliquent des minorités LGBT : c’est l’occasion de se donner un brevet de tolérance à bon compte, en accusant les conservateurs de « pousser à la haine » -même quand tout montre qu’ils n’y sont pour rien.

Ainsi, en novembre 2022, une tuerie a lieu dans un club gay de Colorado Spring. Libération en accuse aussitôt la « droite américaine » et ses attaques « obsessionnelles » contre « les communauté queer et trans ». Le tueur se révélera pourtant être… non-binaire. Aucune excuse, et même aucun démenti : salir les « réacs » passe avant toute exigence de vérité.

Mais la fusillade de Nashville se prête mal à la récupération politique – pire, elle va leur donner des sueurs froides. Non seulement la cible est une école primaire chrétienne, mais on apprend le soir même que l’assassin est trans – et que l’acte a lieu dans un contexte de menaces envers les conservateurs locaux, sur le point d’interdire changement de sexe et spectacles de drag-queen aux mineurs.

Panique chez quelques journalistes qui excusent parfois les violences transactivistes. Et qui vont s’empresser de minimiser l’affaire. Pour une fois, la fusillade ne sera pas mise à la une, le contexte politique gênant oublié. On rédigera les titres les plus vagues possibles, et on essaiera même de faire douter de la transidentité du tireur, soi-disant « incertaine »… alors qu’il l’avait clairement déclarée sur les réseaux sociaux, ce qui d’ordinaire suffit.

« Mégenrer » est donc permis, quand c’est pour éviter d’admettre qu’un assassin d’enfants était trans : et surtout écarter la possibilité d’un acte de violence politique, de la part d’un mouvement que certains de nos médias soutiennent et justifient depuis le début.

Libération

L’info paraît d’abord dans Libération, lundi 27 avant 17h00, sous forme d’une ébauche de quelque lignes. Avant 22h00, une version plus complète est publiée : elle incrimine « une femme ».

Dans la soirée, on apprend que l’assassin était un homme trans. Libé corrige donc son article le lendemain matin, avant 9h30. Comparez l’ancien et le nouveau titre :

Le titre a été entièrement réécrit – effaçant au passage toute identité de genre. Rien n’aurait été plus simple, et même logique, que de remplacer « femme » par « homme trans » : on s’interroge un peu.

Mais la suite de l’article étonne plus encore. La transidentité de l’assaillant n’y est évoquée que dans une seule phrase… et pour la mettre aussitôt en question «  Des doutes demeurent sur son identité de genre ». Or c’est inexact : il n’y a plus aucun « doute » au moment de la publication de l’article, des journalistes américains ayant montré qu’Audrey/Aiden Hale se revendiquait clairement homme.

Et Libé va alors prendre une position absurde : en « douter », tout en reconnaissant que l’assassin manifestait « une volonté d’utiliser des pronoms masculins ». On croit rêver : pour le très déconstruit Libération, toujours en pointe sur les questions de liberté de genre, se déclarer homme ne suffit maintenant plus pour en être un ?

Qu’il ait gardé (ou non) le prénom féminin « Audrey » n’a aucune importance : de nombreux trans le font. Ce soudain irrespect du ressenti de genre intrigue donc beaucoup : et laisse à penser que notre journaliste fait de son mieux pour ne pas employer les mots « homme trans », concernant l’assassin de Nashville.

Autre surprise : Libération n’évoque pas le contexte politique de la tuerie. Alors qu’il le fait volontiers quand il veut en accuser les conservateurs : et il a même alors presque valeur de preuve. Dans l’article sur la tuerie de Colorado Spring, la nature de la cible seule (un club LGBT) suffisait à faire porter la responsabilité de l’attaque aux opposants au genre, à cause de leurs discours contre « la communauté trans ».

A Nashville, la situation est symétrique : la cible est une école chrétienne conservatrice. Mais là, très curieusement, Libé s’abstient d’en rendre responsable les discours violents des transactivistes. américains, qui se sont pourtant radicalisés ces derniers mois. On les entend maintenant répéter que ceux qui ne croient pas au genre sont des « génocidaires », contre qui tout est permis. Et pour la frange la plus extrême, jusqu’à la lutte armée : milices et camps d’entraînements (légaux aux USA) s’organisent souvent avec l’appui d’ancien militaires proches du mouvement Antifa.

Et la situation politique s’était encore tendue ces dernières semaines. Dans les Etats conservateurs, le passage de plusieurs lois prohibant le changement de sexe des enfants avait rendu furieux les transactivistes : qui prévoyaient d’organiser début avril un « Trans Day of Vengeance », mobilisation de masse devant le Capitole, pour exprimer leur colère. L’une de ces lois venait justement d’être votée à Nashville, et devait rentrer en vigueur quelques jours plus tard : sur les réseaux sociaux, les menaces contre les conservateurs du Tennessee s’accumulaient.

Libération ne fait jamais allusion à ce contexte, pourtant singulier. Et autre point curieux, l’article sur la fusillade de Nashville n’est pas mis à la une… contrairement à celle sur Colorado Spring et les autres fusillades aux USA en général.

Mais on voir que Libé n’est pas seule en cause : d’autres journaux vont traiter le sujet avec exactement les mêmes incohérences, éléments de langages, omissions… à commencer par le HuffPost.

Le HuffPost (ex-HuffingtonPost)

Le HuffPost publie un premier article le jour du massacre à 20h31, qui incrimine une « femme ».

Le soir, on apprend qu’il s’agit d’un homme trans. Le journal ne corrige pas l’article, mais en publie un autre le lendemain à 6H57.

Comme chez Libé, cet article n’est pas mis à la une – ce qui est là aussi très inhabituel. Une que l’on préfère consacrer aux violences policières, il est vrai, mais aussi au retour d’une série Canal+ ou à l’opinion déçue d’un chanteur sur les Victoires de la Musique

Le HuffPost, un peu plus honnête, précise bien « personne transgenre » dans le sous-titre…

…mais semble incapable d’en parler sans périphrase. On précise à chaque fois que c’est la version de la police : « identifiée par la police comme… », « désignée par la police comme…. ».

C’est curieux : quand la police désignait une femme, on n’éprouvait aucun besoin de le rappeler en permanence… et on retrouve, plus bas, le même élément de langage absurde qu’à Libération : « son profil semble indiquer une volonté d’utiliser des pronoms masculins ». Ici encore, on bafoue allégrement la liberté de genre dont on est si soucieux d’habitude : et la phrase toute simple « l’assassin est un homme trans » semble taboue.

Au HuffPost non plus, rien sur le contexte pourtant très particulier, les menaces des transactivistes et la possibilité d’une motivation politique… mais passons à ce qu’en dit le grand média français de gauche radicale : Slate.

Slate

Ce sera bref : Slate choisit tout simplement… de n’en rien dire du tout. L’occasion ne manquait pourtant pas : une dizaine d’articles ont été publiés le 27, et encore le 28. Aucun ne concerne une tuerie dont les images ont pourtant fait le tour du monde : le journal en ligne, pourtant très engagé contre les fusillades de masse, préfère nous informer du désarroi des amateurs de messagerie rose et du danger du port quotidien des baskets… sans commentaires.

Le Monde

Terminons par le Monde, qui a publié l’article le plus complet – et celui qui permet de comprendre pourquoi une partie de la presse a tenu à minimiser l’affaire.

Le Monde ne paraît pas le lundi : son article n’est publié que le mardi 28 au matin, et l’on sait déjà alors que le meurtrier est trans : aucune correction n’est donc nécessaire.

Comme on s’y attendait, le titre ne mentionne rien du contexte. Il est même exceptionnellement vague: une tuerie dans une école américaine, la nécessité de confisquer certaines armes à feu…

La transidentité du meurtrier est bien évoquée dans le premier paragraphe, mais là encore au conditionnel : sous la forme d’une « incertitude » sur son identité qui aurait « beaucoup agité les médias américains la veille.

Incertitude qui n’existe plus du tout, on l’a vu… mais dont Le Monde prend prétexte pour parler par périphrases : Hale est serait « née femme » mais « se revendiquant il/lui » : c’est à dire la définition précise d’un « homme trans »… mais en morceaux. Là encore, on a tenu décrire la chose sans dire le mot.

Le journaliste finira par bien le dire… mais à la manière HuffPost : entre guillemets, pour l’attribuer au chef de la police locale. Et plus culotté, l’accuser aussitôt d’« imprécisions» (sic).

Mais enfin, de quelles imprécisions parle-t-on ? John Drake, chef de la police de Nashville a d’abord constaté que le meurtrier abattu était une femme. Après enquête, il a précisé qu’elle s’« identifiait comme transgenre ». Sujet-verbe-complément, c’est net comme le procès-verbal d’un bon flic.

La ligne suivante révèle qu’il fallait lire l’accusation à l’envers : les propos du chef de la police étaient en fait trop précis. Le journaliste les accuse en effet d’avoir « ouvert la voie » à des «spéculations » sur les rapports entre la « question identitaire » de l’assassin et ses « motivations criminelles » (sic). En clair, les gens se demandent si Hale a été tuer des enfants de conservateurs par militantisme trans… et les autorités n’auraient pas dû dire aussi franchement qu’il en était un.

Voilà donc pourquoi notre journaliste, et ses collègues, se sentent tenus au contraire à tourner autour du pot, multiplier « doutes » et « incertitudes » fictives, et ne pas appeler un chat un chat, et un trans un trans, s’agissant d’un meurtrier peut-être radicalisé : il faut ne pas « ouvrir la porte » à une « instrumentalisation ». « Instrumentalisation », rappelons-le, est le petit nom que la gauche donne au rappel des faits qui la dérangent, que ce soit sur l’immigration, la sécurité et les questions LGBT+.

Et ici, on comprend que ça dérange beaucoup. Le Monde, comme le HuffPost et Libération, sont très engagés pour la cause trans et queer, y compris dans ses points les plus contestés : l’accès des trans aux toilettes des femmes, et les spectacles de drag-queen pour tout-petits. Trois morts d’enfants ne lui font pas bonne presse.

Le journaliste tente ensuite une diversion : après avoir interdit toute question sur les motivations du tueur (« instrumentalisation ! »), il nous renvoie brutalement au seul débat pour lui important : la question des armes aux USA. Comme si un débat de société sur l’arme du crime pouvait remplacer un examen des mobiles, ou des circonstances… c’est piteux.

Mais le Monde ne fait qu’imiter la stratégie (éculée) des journaux américains de même tendance. Le Washington Post, par exemple, l’a poussée jusqu’à la caricature : le lendemain du meurtre, sa
une était littéralement noyée d’articles sur le fusil d’assaut AR-15 utilisée par le tireur – la puissance de sa munition, ses usages, les témoignages de ses utilisateurs…

A l’inverse, un seul article, perdu à mi-page, donnait quelques information sur l’assassin – et aucun pour s’interroger sur ses motivations, ou évoquer le contexte politique. Avec un peu d’humour (noir, vu les circonstances), on pourrait appeler ça du non-journalisme.

Pas un mot, non plus, sur les réactions inquiétantes de certains transactivistes américains sur les réseaux sociaux. Qui vont du « Le Tennessee l’avait bien cherché ! » à l’effarant « Elle a eu raison, et je vais commencer à m’armer aussi ». Et assassiner des enfants chrétiens, c’est « se lever pour stopper des fascistes »… (sic)

Mais le plus ahurissant de voir certains de ces cris de joie venir des rangs de fonctionnaires démocrates, et non des moindres  : ici la porte-parole du gouverneur de l’Arizona, la très pro-trans Katie Hobbs :

La tuerie de Nashville a-t-elle eu un motif politique ? Nous ne le saurons qu’à la fin de l’enquête : mais voir une partie de la presse interdire la question par avance est déjà inquiétant.

Et malheureusement , quand il s’agit de transactivistes, récurrent : tabassages, attaque en meute de conférenciers et francs appels à la haine (« Les TERF au bûcher ! ») ont lieu depuis des années sans qu’elle ne s’en fasse jamais l’écho. Aux USA, on a même vu reçu sur de grands médias, et souvent avec bienveillance, un transactiviste dont le seul programme politique est… l’émeute et le pillage, « libérateurs et féminins » (sic).

Et ça n’a rien de surprenant  : une partie de l’intelligentsia française ne fait que jouer à son jeu habituel, celui à qui elle a joué successivement avec le stalinisme, le maoïsme fou de la Révolution culturelle, les Khmers rouges et la Révolution islamique iranienne : tout pardonner de l’idéologie à la mode, et nier ou excuser ses aspects sanglants tant qu’elle le peut.

Si seulement c’était par militantisme ! Mais les vrais militants sont rares : cela demande trop d’efforts, quelle que soit la cause. Il y a sans doute aussi peu de vrais wokes dans les salles de rédaction française en 2023, qu’il n’y avait de vrais maos en 1973. La grande masse de ceux qui cautionnent l’idéologie transgenre aujourd’hui ne font que suivre la mouvement, par facilité ou par opportunisme.

Plus souples que les convaincus, ils font même plus de chemin – et savent quitter le navire-idéologie au bon moment. Dans vingt ans, ils feront mine de n’y avoir jamais mis les pieds : nous connaissons la musique…

Notons toutefois qu’ici, leur stratégie de minimisation a échoué – pour une raison inattendue. Au matin du 29 mars, la police de Nashville a mis en ligne la vidéo de l’intervention de la police. Très impressionnante, elle a été massivement visionnée – et le public a commencé à se poser les questions que redoutait tant le Monde sur les « motivations criminelles » du tueur.

On ne pouvait plus rien minimiser ou mettre en doute… que faire  ? Vous l’aurez deviné : nos journalistes ont crié en chœur à l’« instrumentalisation par la droite ». Le premiers était ceux de… Libération. Et cette fois – on ne s’en étonnera pas – l’article était à la une.

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