Collectif

Tribune des observateurs
Le numéro 23 de Woke In Progress, qui vous fait découvrir l'activisme woke dans les universités françaises.

Table des matières

Wokisme, les faits n°23 - décembre 2023

Colloques et événements

Intersectionnalité et multipositionnement

Dans cette intervention, je propose d’opérer un retour réflexif sur comment les multiples appartenances (notamment le genre, la classe, les statuts professionnel et national) du.de la chercheur.e agissent sur les conditions de recherche. En effet, pour opérer le nécessaire processus de distanciation et de décentrement, fondamental pour élaborer une connaissance située ancrée dans une objectivité forte (S. Harding), le.a chercheur.e doit se reconnaître comme étant un des acteurs du champ étudié, impliqué dans de nombreux autres champs sociaux et qui peut vivre dans des formes de mobilité et de transnationalisme. Tout comme les sujets étudiés, le.la chercheure est par ailleurs confronté.e aux processus de mondialisation et de globalisation, à la division internationale du marché du travail intellectuel, aux conditions d’hégémonie politique, juridique, culturelle. Comment ce multipositionnement agit dans les rapports sociaux lors du terrain ? Comment les logiques intersectionnelles sont prises en compte dans l’élaboration des savoirs ?

Séminaire « La Littérature à l’oblique » – Littératures queer hispanophones, entre deux archipels : Caraïbes-Canaries

Cette quatrième séance du séminaire “La littérature à l’oblique. Sexualités et genres dissidents : enjeux critiques” est dédiée aux littératures queer des Caraïbes et des Canaries.
Cette réflexion transatlantique permet de réfléchir aux liens entre littératures lesbiennes et queer, comme aux définitions possibles qu’on peut en donner, à partir d’études de textes hispanophones.

Le Séminaire « Genre et autorité »

Le Séminaire « Genre et autorité » se propose d’explorer, à partir de perspectives de genre (au sens de gender), les questions d’autorité liées au statut et à la fonction d’auteur.

Questionner l’héritage colonial. L’art contemporain au prisme des enjeux de mémoire

Depuis les années 1980 et le déploiement des études postcoloniales dans le champ de l’art contemporain, nombreux sont les artistes à questionner le lien entre passé colonial et présent. Tour à tour qualifiés d’« historiens » ou d’« archivistes », ces plasticiens puisent dans les archives photographiques, les récits de famille ou les documents d’archives, la matière pour faire ou défaire l’Histoire. Cette journée d’étude vise à questionner les rapports entre artistes et historien·nes de l’art en instaurant une série de dialogues autour de la pratique des intervenant·es et des questions de société qui les habitent : mémoire de la colonisation et des Indépendances, rôle des monuments publics dans l’histoire coloniale et post-coloniale, mémoire des corps et des représentations dans l’histoire de la peinture, comptent parmi les thèmes qui seront abordés.

Décolonial et universel : perspectives croisées (Bordeaux)

Ce séminaire est un séminaire de lectures théoriques et critiques animé par des non-spécialistes. Il ne s’agit pas de produire un savoir « par en haut », mais plutôt de proposer des pistes de lectures de manière horizontale. La personne chargée de l’introduction de la séance présente l’auteur, les concepts clés et des pistes enthousiasmantes pour les collègues. Elle ne dispose pas d’une autorité quelconque sur l’auteur. Elle a donc le droit de dire « je ne sais pas ».  L’idée est de penser avec les auteurs et non pas contre eux. Il ne s’agira pas de procéder à des lectures pointant tel ou tel défaut, mais plutôt d’essayer de comprendre en quoi cet auteur peut nous servir aux uns et aux autres, par-delà nos disciplines et nos terrains différents. Le décolonial est entendu comme un concept souple, que l’on pourrait définir comme processus de déprise de la colonialité du pouvoir. Post / dé / anti pourront dialoguer entre eux, l’essentiel étant de dessiner des constellations théoriques pouvant rassembler les chercheurs entre eux.

Discours juridiques, genre et histoire

Toute l’équipe de l’ANR HLJPGenre est très heureuse de vous annoncer la tenue de son premier colloque international. Intitulé “Discours juridiques, genre et histoire”, ce colloque international et pluridisciplinaire accueille des contributions liant discours juridiques et études de genre, issues des disciplines juridiques comme de l’ensemble des sciences humaines et sociales. Il s’articule autour de trois axes : (1) les épistémologies critiques du droit à l’aune du genre et de l’intersectionnalité ; (2) les méthodes d’analyses genrées et intersectionnelles, et les outils heuristiques élaborés pour l’analyse de discours ; (3) les résultats de recherche d’analyse genrée et intersectionnelle des textes juridiques, primaires ou secondaires.

Publications

Constellations créatrices – Introduction

Ce numéro, issu d’un travail de deux ans amorcé lors du colloque « Constellations créatrices : héritages et réseaux féminins / queer », propose une réflexion autour de la notion de « constellations », que les autrices ont tâché d’approcher et de définir à partir de corpus et de méthodologies diverses – histoire de l’art, littérature, création, socio-histoire et sciences de l’information et de la communication. Cette démarche conduit à questionner certains grands mythes de la création : ceux de l’héritage et de la postérité, du panthéon ou du canon, du centre et de la marge, de l’objectivité des jugements de valeur décidant quelles sont les grandes œuvres d’un patrimoine, du pouvoir de l’art et de la littérature sur la société. Il s’agit d’imaginer des manières de sortir des « filiations obligatoires », d’en justifier l’intérêt. La notion de « constellations » est ainsi pensée comme un outil critique, une « pratique », propice au déploiement de nouvelles méthodes de recherche autour des œuvres d’artistes femmes ou queer. Nous proposons une notion de constellation en soi créatrice : une « critique constellatrice », bricolée, étayée par différents exemples et contextes d’analyse.

Genre, expression, révolution : présentation du volume Genre et manifestes

Depuis le manifeste du parti communiste de 1848, le manifeste est un outil militant de prédilection, par son format court et incisif avantageux. En 1971, le manifeste des 343 ouvre la voie à la dépénalisation de l’avortement. Au service des luttes féministes donc, le manifeste parvient-il pourtant à se défaire d’une tradition patriarcale ? 

Ouvrages

CARTOGRAPHIE QUEER/CUIR

Cet éparpillement des productions issues de la dissidence sexuelle, consécutive d’une exclusion du champ culturel et littéraire canonique, explique que nous revendiquions le caractère fragmentaire de cette cartographie qui fait émerger des territoires très différents, éloignés, à l’accès parfois compliqué. Au-delà du dessin provisoire de ce panel, ce que nous souhaitons impulser ici est une démarche d’ouverture vers de nouveaux territoires épistémiques. Les textes de fiction qui se trouvent dans ce volume datent tous des dix dernières années et fonctionnent comme des technologies de subjectivation et de socialité queer et transféministe, comme des outils de transformations sociales, y compris depuis les positions académiques que nombre d’autrices occupent également.

Carl Wittman, Un manifeste gay suivi de Contre chant masqué (éd. C. L. Maulpoix)

« Les gays doivent remplacer un style de vie qui dit : « À part ma sexualité, je suis comme le reste des Américains », par la fierté de leur sexualité et la compréhension du fait d’être méprisé comme point de départ pour identifier d’autres types d’oppression – la conscription, le travail, l’aliénation, la pauvreté, l’argent comme valeur supérieure aux personnes. »

Méconnu en France, le « Manifeste gay » de Carl Wittman est l’un des textes fondateurs du militantisme gay et queer états-unien, écrit juste avant les émeutes de Stonewall en 1969. Traduit pour la première fois en français, cette réflexion radicale sur l’essor des mouvements de libération sexuelle théorise la nécessité d’une alliance avec d’autres luttes sociales (droits civiques, féministes, pacifistes). Un peu plus d’un demi-siècle plus tard, l’auteur et militant Cy Lecerf Maulpoix revient sur l’importance stratégique de ce texte pour l’époque et en tire un « contre-chant », réflexion poétique sur son propre parcours pédé et les enjeux politiques qui le balisent.

MINORITÉS DE GENRE ET DE SEXUALITÉ

Depuis l’apparition des premières enquêtes en France sur les minorités sexuelles dans les années 1980 et 1990, de nouvelles générations de chercheur·ses ont contribué à élargir le champ des recherches sur ces populations. Marquées par les enjeux de santé dans un contexte d’épidémie du VIH, les premières enquêtes s’intéressaient aux hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, leurs pratiques sexuelles et leurs modes de vie. Plus récemment, la reconnaissance légale des couples de même sexe a permis l’émergence de travaux sur la conjugalité. Les recherches ont ensuite porté sur d’autres minorités de genre et de sexualité et sur des thématiques plus diversifiées. Cet ouvrage aborde les questions d’ordre méthodologique que pose l’émergence des minorités de genre et de sexualité dans les enquêtes statistiques et, plus largement, les sciences humaines et sociales. Élaborer des outils pour saisir des expériences spécifiques conduit souvent à questionner les impensés des techniques d’enquête en matière de genre et de sexualité. La faible proportion de ces populations, la difficulté d’en cerner les contours, le manque de connaissances sur leur répartition dans l’espace social posent la question de leur représentativité et du respect de leurs singularités. À partir d’enquêtes existantes, les autrices et auteurs analysent les techniques de production de données sur ces groupes sociaux souvent difficiles à atteindre. Ces contraintes méthodologiques nécessitent des outils, des indicateurs et des dispositifs d’enquête spécifiques. La réflexion sur les catégorisations vise à rendre visible les dynamiques démographiques de populations minoritaires et plus largement à saisir les évolutions de l’espace des possibles sexués et sexuels.

Théorie queer et cultures populaires : de Foucault à Cronenberg

Teresa de Lauretis, figure importante des théories féministes et queer n’est connue en France qu’à travers la première édition aujourd’hui épuisée de ce livre qui rassemble des aspects fondamentaux de sa pensée. De Lauretis a été la première à utiliser le terme « Queer Theory ». Sa fréquentation de Freud, Gramsci, Foucault et Althusser, permet à de Lauretis de montrer le genre comme une représentation construite par des technologies sociales en même temps que subjectives par les individus. À partir de ses conceptions sur le genre, l’auteure a eu une forte influence sur les « cultural studies », en particulier pour le cinéma. 

Pauvre petit blanc : Le mythe de la dépossession raciale

Depuis une dizaine d’années, un nombre considérable de Blancs pensent être les nouvelles victimes d’un « racisme anti-blanc », d’une « discrimination inversée », d’un « remplacement » et pour les plus extrémistes, d’un « génocide blanc ».

Ces discours, propres aux sympathisants d’un nationalisme ethno-racial, ont motivé l’élection de Donald Trump à la présidence des EU et menacent d’entériner sa réélection en novembre 2020.

Dans de très nombreux ouvrages, cette crispation communautariste blanche est souvent présentée comme une réaction politique à la mondialisation néolibérale et aux inégalités nouvelles qui en résultent, à l’immigration dite « massive » et surtout au développement d’une société multiculturelle en passe d’assurer un bouleversement démographique et culturel.

Pourtant, ces discours sur le « déclin » même relatif des Blancs américains ne résiste pas à l’étude des données disponibles sur l’inégalité réelle et les positions de pouvoir entre Noirs, Hispaniques et Blancs.

En réfléchissant à la construction historique d’une identité nationale ethno-raciale aux EU, Sylvie Laurent démonte le nouveau mythe du Blanc victime qui a déjà traversé l’Atlantique (Brexit, par exemple) et qui invisibilise des inégalités raciales pourtant toujours criantes.

Elle dévoile avec brio que ce discours est en réalité l’ultime tour de passe-passe de la domination blanche aux États-Unis, qui s’approprie la posture de l’opprimé pour préserver un ordre social chahuté par l’élection de Barack Obama et l’activisme des minorisés.

Transfuges de sexe – Passer les frontières du genre

Les parcours des trans’ suscitent beaucoup de fascination. Leur présence dans des films, des livres ou des reportages journalistiques est encore souvent teintée de sensationnalisme. Mais qui sont réellement les personnes qui s’affranchissent de la catégorie de sexe qui leur a été assignée ? À quoi ressemblent leurs vies et leurs vies se ressemblent-elles ? À partir d’une enquête inédite auprès de la population trans’, Emmanuel Beaubatie retrace les trajectoires plurielles, complexes, mais malgré tout ordinaires, de celles et ceux qui entreprennent de passer les frontières du genre.
Les changements de sexe ne se déroulent pas qu’à l’hôpital et au tribunal ; ils se jouent aussi en famille, en amour, au guichet, au travail et dans d’innombrables interactions sociales. Femmes ou hommes trans’, jeunes ou moins jeunes, précaires ou privilégiés, soutenus par leurs proches ou isolés… toutes ces configurations forgent des parcours de transition résolument variés. Elles déterminent les obstacles auxquels font face les trans’, mais également les stratégies qu’ils adoptent pour les affronter ou, à défaut, les contourner. La transition n’est jamais qu’une question d’identité ; elle s’accompagne aussi de nombreuses dimensions matérielles. Pour cette raison, elle représente avant tout une expérience de mobilité sociale, faisant des trans’ de véritables  » transfuges de sexe « .
Naviguer en terrain trans’ permet d’explorer la fluidité et la multiplicité du genre, sans ignorer le poids toujours renouvelé de la domination masculine. Cet ouvrage passionnant invite ainsi les lecteurs et lectrices à repenser le genre tel qu’on le connaît – ou plutôt, tel qu’on pense le connaître – aujourd’hui.

Thèses

Les effets du genre sur la trajectoire des antidouleurs opioïdes en France

En France, les femmes sont les premières consommatrices de médicaments antalgiques opioïdes, prescrits dans le traitement de la douleur (ANSM 2019). Ce constat invite à investiguer ces différences genrées de consommation en dépassant l’argument pharmacologique d’une adéquation entre trouble, prescription et recours (Le Moigne 2000). Les antalgiques opioïdes soulèvent deux enjeux principaux : le traitement de la douleur, au centre du développement et de la prise en charge médicale et thérapeutique ; et les risques de dépendance, au cœur des préoccupations sur les usages de ces médicaments depuis la fin des années 2010 avec la « crise des opioïdes » aux États-Unis. Cette thèse de sociologie s’attache à comprendre comment le genre contribue à façonner la trajectoire des médicaments antalgiques opioïdes, de la pharmacologie aux usages, en particulier à travers ces enjeux de la douleur et des risques de dépendance.

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