Le numéro 24 de Woke In Progress, qui vous fait découvrir l'activisme woke dans les universités françaises.

Table des matières

Wokisme, les faits n°24 - janvier 2024

Colloques et événements

Ecoféminismes européens (Université de Haute-Alsace)

Depuis près de dix ans des chercheuses de l’ILLE s’intéressent à l’écriture du Féminin à travers des sujets comme l’apprentissage du devenir féminin, le crime et son interrogation selon son genre, son origine, son parcours de vie. Les profonds changements dans la conception du monde et de l’environnement bouleversent ce thème, le prolongent et le font évoluer. Les structures asymétriques du pouvoir restent : les femmes dont la vie et l’action sont encore, malgré les progrès sociaux, souvent assimilés à une mise sous tutelle ou une mise hors champ, sont encore aujourd’hui dans la lutte contre le patriarcat et la domination masculine. Mais quel est l’apport de la perspective écologique dans ce domaine ? Depuis plus de trente ans, de nombreuses études internationales montrent un parallèle entre le traitement du féminin et de l’écologie, la pensée de la nature et du féminin connaissant le même combat dans l’écoféminisme.

Frontières et littératures lesbiennes – La littérature à l’oblique (Sorbonne)

La prochaine séance du séminaire “La littérature à l’oblique” aura lieu le 26 janvier 2024 de 18h à 20h. Cette séance sera consacrée à la question des frontières, entendues à la fois comme signification concrète et comme concept critique nécessaire à l’élaboration de catégories littéraires et poétiques lesbiennes et queer.

“Genre et autorité” en Sorbonne : “Genre, savoir, idéologie”

Le séminaire « Genre et autorité » de l’Initiative Genre – Philomel de Sorbonne Université sera consacré, en 2022-2023, à l’exploration rigoureuse et scientifique d’objets récemment mis en question par des attaques virulentes : genre, déconstruction, queer, intersectionnalité.

C’est dans le cadre de ce cycle, intitulé « Déconstructions queer », qu’après une séance consacrée à « Qu’est-ce que le genre ? », nous accueillerons pour la deuxième séance du séminaire, le 20 janvier 2023, Evelyne Grossman (Professeure de littérature française, Université Paris-Cité) interviendra sur : « Qu’est-ce que la déconstruction ? (genre et déconstruction) »

Le queer dans le cinéma arabe

Cette journée d’étude se concentre sur l’exploration de la représentation du queer dans le cinéma arabe, avec pour objectif d’analyser les différentes dimensions de ces thèmes, en mettant en évidence les nuances du langage corporel et des interactions émotionnelles à l’écran. Au lendemain de récents actes d’homophobie dans le monde arabe, cette journée vise à soutenir la liberté d’expression des artistes et cinéastes arabes, à célébrer la créativité et de renforcer le dialogue autour des questions LGBTQ+. Elle aspire à être une source d’inspiration, à encourager des perspectives variées et à créer un réseau de soutien pour les artistes qui ont choisi de s’exprimer librement.

Les femmes musulmanes ne sont-elles pas des femmes ?

Quels que soient les espaces français où elles apparaissent, l’apparaître de femmes musulmanes « voilées » ne laissent jamais indifférent. Elles sont au cœur de polémiques dans lesquelles des personnes de pouvoir, des femmes et des hommes politiques, les définissent comme une menace à combattre.
Selon elles et eux, le voile des femmes musulmanes est l’expression d’un islam politique qui gangrène et menace la République. L’islamisme étant l’ennemi politique à combattre, celles qui affichent leur adhésion à l’islam sont désignées comme l’incarnation évidente de ce danger. Le débat se focalise sur l’échec de l’intégration à la française dans son approche universaliste, sur l’impossible conciliation entre islam et valeurs de la République, sur l’égalité femmes-hommes mais aussi, et de plus en plus, sur les dispositifs sécuritaires de lutte contre le terrorisme. Elles sont alors exclues de la cause des femmes. Mais ne sont-elles pas des femmes ?
Je propose d’analyser le problème musulman dans sa dimension genrée, à travers une recherche menée auprès de musulmanes françaises. J’y montre la confrontation entre deux représentations de la féminité qui assigne les musulmanes qui portent le foulard à une féminité hérétique paradoxale dans laquelle les termes du fémonationalisme sont explicites.

Guerres, carcéralité et prisons coloniales : H(h)istoire, témoignages et représentations

Exportée par le colonisateur, la prison était utilisée comme un instrument pour maintenir l’ordre sous la puissance coloniale, sa mission était d’assujettir les populations locales et contrôler les territoires. Sous couvert de civiliser les indigènes, l’administration coloniale usait de la prison pour lutter contre la criminalité en touchant à toutes les catégories sociales (hommes, femmes, adultes, mineurs). La prison était aussi une source importante pour l’économie coloniale. 

Appels à contribution

Doctoriales du pôle Genre

Dans le cadre de l’organisation des premières doctoriales du pôle Genre de l’université Lumière Lyon 2, le pôle appelle les personnes inscrites en thèse à l’université Lyon 2 de toutes disciplines et de tous niveaux à partager leurs recherches sur le genre : ce thème peut désigner autant un travail sur les identités, les appartenances sociales et culturelles, les sexualités, les caractéristiques sexuées, les catégories de genre, l’égalité, les discriminations, la binarité, l’inclusivité, la diversité, l’intersectionnalité, etc.

L’écriture inclusive dans la langue française : normes et mutations sociales

Les sociétés actuelles enregistrent des bouleversements profonds dans tous les domaines : politique, économie, culture, arts, sport, loisirs, religion, etc. Cela se traduit par l’émergence de nouvelles formes de lutte telles que la reconnaissance des droits des minorités (LGTB, minorités raciales, religieuses) ou l’égalité des genres, visant à faire accepter à tous et partout des pratiques sociales, des types de comportement. Le versant linguistique de ces luttes de reconnaissance et d’affirmation de soi est « l’écriture inclusive ». Mener une réflexion sur cette question en vue d’en dégager les implications morphosyntaxiques, sémantico-pragmatiques, ainsi que les enjeux idéologiques et éthiques dans une société en pleine mutation apparaît comme une nécessité. Ce colloque invite les spécialistes des sciences du langage, les exégètes des autres sciences sociales et humaines, ainsi que les experts de tous les domaines, intéressés par la question de l’écriture inclusive, à contribuer à la réflexion.

Éthique queer / Corporalités queer (Longueuil, Québec, Canada)

Cet appel à contribution sur l’Éthique queer et les corporalités queer invite des chercheur.e.s universitaires à présenter leurs réflexions et leurs analyses sur les intersections entre, d’une part, l’éthique et la corporalité queer et, d’autre part, l’épistémologie du care. Une réflexion sur ces intersections peut mener à une première trajectoire historique à partir de l’ouvrage précurseur de Michel Foucault Le souci de soi (1984), où il souligne que même si les codes « […] concernant l’économie des plaisirs, la fidélité conjugale, les rapports entre les hommes pourront bien demeurer analogues», à l’avenir ceux-ci « […] relèveront alors d’une éthique profondément remaniée et d’une autre manière de se constituer soi-même comme sujet moral de ses conduites sexuelles. » (274) Comme les livres d’Eve Kosofsky Sedgwick, Judith Butler, Michael Warner, José Esteban Muñoz, Jack Halberstam, Ann Cvetkovich, Heather Love, Sara Ahmed, Roderick A. Ferguson, Elizabeth Grosz et d’autres l’ont exploré ces dernières années, les constructions queer du soi – qui sont situées de manières diverses, qui prennent des formes discursives variées, qui sont dynamiques, qui perturbent et recomposent les subjectivités reçues et les limites de la normativité, du sexe, du genre, des classes et des races – présentent aussi des préoccupations profondément éthiques en ce qui concerne l’intersection du soi et de la société, les formes de parenté, de famille et du care.  

Publications

Politiques du genre et engagement : introduction

Le dossier “Politiques du genre et engagement”se situe au carrefour des théories de l’engagement – notion au centre d’un regain d’intérêt dans le corpus littéraire et critique français contemporain – et des théories anglophones de l’agentivité (agency), développées surtout par des chercheures féministes à partir des années 1990. À l’intersection de ces deux ensembles théoriques, ce numéro de Fixxion examine des textes de langue française écrits par des femmes autrices et des auteur.es gays – romans, autofictions, autobiographies et essais –, où l’engagement et l’agentivité jouent un rôle de premier plan dans l’expression du genre sexuel. Dans cette sélection d’œuvres qui déploient de façon exemplaire et manifeste les questions d’identité sexuelle – telles qu’abus sexuels, inégalité de traitement, critique de la violence physique et symbolique, activisme, mise à nu critique de l’héritage patriarcal, etc. –, différentes formes de l’engagement et de l’agentivité sont mobilisées et impriment une dynamique genrée au champ d’expression française contemporain. Les articles de ce numéro visent ainsi l’inscription proprement textuelle de ces enjeux et les stratégies discursives qui opèrent spécifiquement dans le champ de l’extrême contemporain.

Adrien Bresson, Alice Baudequin, Jonathan Raffin (dir.), Genre et sources. Lecture, relecture, mélecture depuis l’Antiquité

L’enjeu de cet ouvrage est d’interroger le lien entre le genre, que l’on peut définir comme les composantes non physiologiques du sexe perçues comme appropriées aux individus de sexe masculin et aux individus de sexe féminin, champ de recherche mis en avant par les gender studies, et les sources. Il s’agit donc de lire ces dernières sous l’angle du genre, d’en proposer une relecture, voire d’envisager une mélecture dont le but devient dès lors de proposer une nouvelle lecture des sources. La confrontation des disciplines (lettres classiques, littérature étrangère, histoire, sociologie, anthropologie) et des époques, depuis l’Antiquité, a permis de mettre au jour des approches aux sources propres à chaque discipline, qui peuvent nonobstant se révéler complémentaires, encourageant un examen pluriel des sources, à la lumière d’un prisme encore peu exploré.

Palestine : solidarités décoloniales

Début décembre 2023, la mairie de Paris annule, pour « risque de troubles à l’ordre public », une conférence de Judith Butler « contre l’antisémitisme, son instrumentalisation et pour une paix révolutionnaire en Palestine ». La conversation, qui devait se tenir au Cirque électrique, aurait été facilitée par les penseur‧euses décoloniales Françoise Vergès et Olivier Marboeuf (avec une intervention à distance d’Angela Davis). En plus des risques de troubles à l’ordre public, la mairie de Paris invoque « un risque majeur que les propos contreviennent » aux principes du féminisme, de la lutte contre l’antisémitisme et de la lutte contre l’homophobie. Si l’argument est étonnant, pour ne pas dire abscons (censurer un‧e penseureuse fondatrice des études queers car le risque d’homophobie serait trop élevé), il a au moins le mérite d’être particulièrement instructif.

Le genre du capital : enquêter sur les inégalités dans la famille

Adaptée de l’essai éponyme, une enquête sur le rôle de la famille dans la perpétuation des inégalités de richesse. Les auteures s’intéressent au secret des offices notariaux pour mettre en lumière le problème de la répartition du patrimoine entre hommes et femmes et explorer les aménagements économiques familiaux.

Uberusés : le capitalisme racial de plateforme à Paris, Londres et Montréal

Une approche sociologique des conditions de travail et de la capitalisation des hommes racisés par Uber. L’auteure se base sur les témoignages de chauffeurs à Paris, à Londres et à Montréal pour étudier la réalité quotidienne de nombreux hommes, déçus mais néanmoins travailleurs dociles. Précieux pour la plateforme, ils sont pourtant victimes de contrôle et de mauvaises conditions de travail.

Ouvrages

Sylvie Laurent, Pauvre petit blanc. Le mythe de la dépossession raciale. Éditions de la Maison des sciences de l’homme, Paris, 2020, 318 pages

Depuis une dizaine d’années, un nombre considérable de Blancs pensent être les nouvelles victimes d’un « racisme anti-blanc », d’une « discrimination inversée », d’un « remplacement » et pour les plus extrémistes, d’un « génocide blanc ».

Ces discours, propres aux sympathisants d’un nationalisme ethno-racial, ont motivé l’élection de Donald Trump à la présidence des EU et menacent d’entériner sa réélection en novembre 2020.

Dans de très nombreux ouvrages, cette crispation communautariste blanche est souvent présentée comme une réaction politique à la mondialisation néolibérale et aux inégalités nouvelles qui en résultent, à l’immigration dite « massive » et surtout au développement d’une société multiculturelle en passe d’assurer un bouleversement démographique et culturel.

Pourtant, ces discours sur le « déclin » même relatif des Blancs américains ne résiste pas à l’étude des données disponibles sur l’inégalité réelle et les positions de pouvoir entre Noirs, Hispaniques et Blancs.

En réfléchissant à la construction historique d’une identité nationale ethno-raciale aux EU, Sylvie Laurent démonte le nouveau mythe du Blanc victime qui a déjà traversé l’Atlantique (Brexit, par exemple) et qui invisibilise des inégalités raciales pourtant toujours criantes.

Elle dévoile avec brio que ce discours est en réalité l’ultime tour de passe-passe de la domination blanche aux États-Unis, qui s’approprie la posture de l’opprimé pour préserver un ordre social chahuté par l’élection de Barack Obama et l’activisme des minorisés.

‘Modèle asiatique’ d’intégration versus ‘contre-modèle arabo-musulman’. Mise en concurrence symbolique et circulation des stéréotypes

Dans le cadre de ce chapitre, nous développerons notre réflexion sur la production des stéréotypes sur les Asiatiques de France en privilégiant une double perspective. Nous montrerons d’abord que le processus de racisation des représentations sur les Asiatiques de France constitue autant le produit d’un discours majoritaire, en apparence « bienveillant » (philo-asiatisme), que celui des relations interethniques. On relèvera ainsi une tendance récurrente chez les leaders d’opinion français (politiques, médias, essayistes, etc.) à jouer très largement sur le registre de la concurrence symbolique entre les descendants de l’immigration, valorisant les uns pour mieux stigmatiser les autres. Ainsi, la rhétorique positive sur les Asiatiques de France, célébrant leur capacité à s’intégrer socialement, à réussir économiquement et à s’acculturer facilement aux valeurs laïques et républicaines, constitue une manière détournée de dénoncer le « communautarisme négatif » des populations arabo-musulmanes. Nous verrons ensuite comment ce discours majoritaire sur les Asiatiques de France produit également des effets sur les autres minoritaires. Nous nous intéresserons à la fois aux fictions littéraires et cinématographiques mettant en scène les relations interethniques mais aussi aux représentations sociales véhiculées par les Français issus des autres migrations postcoloniales, qui se font parfois le relais de stéréotypes positifs et négatifs sur les populations d’origine asiatique. En guise de conclusion, nous nous demanderons en quoi ce processus de racisation généralisé au sein de la société française est susceptible de constituer à la fois un facteur de divisions et de rivalités mimétiques entre des « communautés imaginées » mais aussi un vecteur de conscientisation et de mobilisation autour d’une « cause commune » contre les discriminations.

Thèses

Les effets du genre sur la trajectoire des antidouleurs opioïdes en France

En France, les femmes sont les premières consommatrices de médicaments antalgiques opioïdes, prescrits dans le traitement de la douleur (ANSM 2019). Ce constat invite à investiguer ces différences genrées de consommation en dépassant l’argument pharmacologique d’une adéquation entre trouble, prescription et recours (Le Moigne 2000). Les antalgiques opioïdes soulèvent deux enjeux principaux : le traitement de la douleur, au centre du développement et de la prise en charge médicale et thérapeutique ; et les risques de dépendance, au cœur des préoccupations sur les usages de ces médicaments depuis la fin des années 2010 avec la « crise des opioïdes » aux États-Unis. Cette thèse de sociologie s’attache à comprendre comment le genre contribue à façonner la trajectoire des médicaments antalgiques opioïdes, de la pharmacologie aux usages, en particulier à travers ces enjeux de la douleur et des risques de dépendance.

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