Inégalité sexuée chez les sans-abri : 95% d’hommes et 5% de femmes

Inégalité sexuée chez les sans-abri : 95% d’hommes et 5% de femmes

Table des matières

Inégalité sexuée chez les sans-abri : 95% d’hommes et 5% de femmes

[par Cyrille Godonou]

Au sein des inégalités sexuées en matière de pauvreté, l’extrême pauvreté tient une place singulière.

L’extrême pauvreté peut être appréhendée par le fait d’être sans domicile ou plus démuni encore c’est-à-dire sans-abri, la première catégorie étant plus large que la seconde tout en l’incluant. Qu’observe-t-on d’un point de vue sexué dans ces poches d’extrême pauvreté et qu’en dit-on ? Les personnes qui « vivent et dorment dans la rue » sont-elles plutôt des hommes ou des femmes ?

Les hommes apparaissent surreprésentés au sein de la population des sans-domicile (62% dans la population francophone des sans-domicile en France métropolitaine en 2012) et plus encore au sein du groupe plus fragile des sans-abri (masculin à 95% en 2012 en France). Ces tendances ne se limitent pas à la France mais s’étend aux autres pays occidentaux. Une prise en charge spécifique permet sans doute d’expliquer au moins en partie les effectifs relativement moindres de femmes au sein de ces populations particulièrement paupérisées. La priorité qui leur est donnée dans l’accès aux hébergements traduit une volonté protectrice à rebours de la supposée priorisation systématique des intérêts masculins.

Malgré tout, certains chercheurs ou journalistes dénoncent que « les représentations associées aux sans-abri demeurent largement focalisées sur l’expérience des hommes. » sans rappeler la statistique de la part de femmes sans-abri, lui préférant celle des sans-domicile (Marcillat, 2018). Les biais de genre dans la recherche1 tendant à occulter les situations défavorables aux hommes remontent à plusieurs décennies2.

Définitions : sans-domicile, sans-abri

Selon l’INSEE, « dans le cadre de l’enquête auprès des personnes fréquentant les lieux d’hébergement ou de restauration gratuite, une personne est qualifiée de « sans-domicile » un jour donné si la nuit précédente elle a eu recours à un service d’hébergement ou si elle a dormi dans un lieu non prévu pour l’habitation (rue, abri de fortune). »

Parmi les sans-domicile, l’on trouve plusieurs catégories de personnes :

  1. sans-abri
  2. en hébergement collectif que l’on doit quitter le matin
  3. en hébergement collectif où l’on peut rester pendant la journée
  4. en hôtel
  5. en logement

Au sein de ces différentes catégories, les sans-abri sont particulièrement précaires.

Selon l’INSEE, « une personne est dite sans domicile si elle a passé la nuit précédant l’enquête dans un lieu non prévu pour l’habitation (on parle alors de sans-abri), y compris les haltes de nuit qui leur offrent un abri (chaleur, café, etc.) mais qui ne sont pas équipées pour y dormir, ou dans un service d’hébergement (hôtel ou logement payé par une association, chambre ou dortoir dans un hébergement collectif, lieu ouvert exceptionnellement en cas de grand froid). ». 

Pour faire simple, un sans-abri vit dans la rue, y dort ou alors dans des habitats de fortune.

Il convient de préciser que les définitions relatives au sans-abrisme et plus largement au fait d’être dépourvu de domicile, varient d’un pays à l’autre, de sorte que les comparaisons doivent être effectuées avec prudence. Par ailleurs, les enquêtes couvrant un pays entier ne sont pas systématiques et peuvent se limiter à un sous-ensemble de la population sans domicile, en excluant le cas échéant les sans-abri du champ. Ces enquêtes, quand elles sont détaillées, ne sont généralement pas menées chaque année, ce qui vient encore compliquer les comparaisons internationales, les millésimes n’étant pas forcément les mêmes.

Pour pallier cette difficulté, des enquêtes locales donc non-représentatives de l’ensemble du territoire peuvent être menées. Parfois, les associations ou services publics en charge d’accueillir les populations sans domicile fournissent des données indicatives.

Sans-abrisme, sans-domiciliation, des phénomènes sexués qui se conjuguent plutôt au féminin ou plutôt au masculin ?

Dans le rapport sur la stratégie de l’Union européenne en faveur de l’égalité3 entre les hommes et les femmes du Parlement européen (2019/2169(INI)), l’on peut lire :


‌que le sans-abrisme des femmes est un problème croissant

 https://www.europarl.europa.eu/doceo/document/A-9-2020-0234_FR.html



déplore l’absence de références, dans la stratégie en faveur de l’égalité entre les
hommes et les femmes 2020-2025, à la protection des femmes et des filles exposées au risque d’exclusion sociale, de pauvreté ou de sans-abrisme;

 https://www.europarl.europa.eu/doceo/document/A-9-2020-0234_FR.html

Ainsi mentionnés, sans chiffres mais surtout dans un contexte d’énumération des inégalités défavorables aux femmes donne au lecteur l’impression que le sans-abrisme est un problème qui touche les femmes de façon disproportionnée. En effet, le fait de centrer le propos sur la situation des femmes dans le cadre d’une stratégie d’égalité entre les sexes suggère implicitement une inégalité au détriment de ces dernières.

D’ailleurs, dans le cas de l’Australie, le thème des sans-domicile est un sujet « genré », à aborder pour la « journée de la femme » de 2018 (« homelessness is a women’s issue ») :

« On peut plus facilement ignorer le sort des femmes sans- domicile parce qu’elles sont moins susceptibles de dormir dans la rue, mais les effets de cette situation de sans-domicile sont catastrophiques et durables quelle que soit la forme qu’elle prenne. »4

https://web.archive.org/web/20190907163859/http://chp.org.au/iwd-2018-homelessness-womens-issue/

C’est là la confirmation qu’il y a une inégalité défavorable aux femmes (leur sort est ignoré) mais avec un paradoxe puisqu’elles sont moins susceptibles de « dormir dans la rue ». Cela amène naturellement à s’interroger quant à la quantification du phénomène.

En 2014-2015, dans la catégorie la plus précaire des sans-abri en Australie5, deux tiers sont des hommes et un tiers des femmes.

Aux Ḗtats-Unis, en 2017 62,4% des sans-domicile qui ne sont pas sans-abri sont des hommes (Henry, Bishop, de Sousa, Shivji, & Watt). En 2018, 70% des sans- domiciles sont des hommes, 29% des femmes6.

Figure 1 Part de femmes et d’hommes adultes en hébergement pour sans-domicile aux Ḗtats-Unis en 2007, 2016 et 2017

Source: HMIS 2007–2017; ACS 2006, 2015, 2016
Cf. (Henry, Bishop, de Sousa, Shivji, & Watt)

Au Royaume-Uni, 86% des sans-abri sont des hommes et 14% des femmes7. Mais, là encore la presse précise que les femmes sont plus durement touchées (Foster, 2017). L’article de presse évoque l’écart salarial, les violences conjugales, les aides au logement, la toxicomanie, facteurs susceptibles d’engendrer la sans domiciliation féminine mais ne mentionne pas cette donnée de base de la répartition sexuée.

Les statistiques de ces différents pays mettent en évidence que les hommes constituent une part plus grande des sans-domicile et plus encore des sans-abri.

Or, s’agissant de la France, l’extrait du rapport d’activité du SAMU social 2017 de Paris évoque une priorité donnée aux femmes dans la lutte contre le sans-abrisme :

L’engagement du Président en la matière en témoigne, de même que des actes comme la priorité donnée cet hiver aux femmes et aux familles sans-abri. Pour autant, la prise en charge des hommes isolés reste dans l’impasse, les capacités d’accueil insuffisantes, l’improvisation trop souvent au rendez-vous dès lors que le froid sévit. L’hiver 2017 aura ainsi connu la succession de trois plans grand froid, et la sortie des hébergements hivernaux pose des difficultés inédites du fait du manque de places.

Pliez, 2018

Il s’agit là d’une rupture du principe d’égalité des sexes qui ne semble pas susciter de réprobation mais au contraire qui est assumée, justifications à l’appui qui ne se limitent aux seuls cas d’accompagnement d’enfants. Certains auteurs ont d’ailleurs identifié des biais similaires dans d’autres domaines tels que la santé au sein de l’ONU et de l’OMS8 (Nuzzo, Bias against men’s issues within the United Nations and the World Health Organization: A content analysis, 2020). On retrouve ailleurs qu’en France, ces mesures prioritaires pour les femmes9 : les demandes d’abris émanant de femmes ne peuvent être refusées, cette philosophie considérant qu’elles constituent un public plus vulnérable dans la rue, ce qui amène à ne pas les éconduire faute de place. Le manque de place ne serait donc guère un argument pour leur refuser l’accès à un hébergement temporaire.

Cette priorité donnée aux femmes, dans une société parfois décrite comme étant patriarcale10, c’est-à-dire une société d’hommes, faite par les hommes et pour les hommes11 qui discrimine voire opprime les femmes de façon structurelle ou systémique, recèle un paradoxe. Il ne serait qu’apparent si en France contrairement aux autres pays déjà évoqués, les femmes étaient plus nombreuses que les hommes au sein de cette population touchée par l’extrême pauvreté.

On peut donc se demander si les tendances constatées dans les autres pays diffèrent sensiblement de celles de la France.

Or, l’on constate qu’en France en 2012, 38% des sans-domicile sont des femmes et donc que 62% des sans-domicile sont des hommes (Yaouancq, et al., 2013). À un plus grand niveau de précarité, 5% des sans-abri sont des femmes et donc 95% sont des hommes. Quelque 81 000 adultes accompagnés de 30 000 enfants sont sans domicile. Parmi ces adultes sans domicile, 9% sont sans abri soit environ 7 300 personnes dont 6 900 hommes et 400 femmes.

Figure 2 Les sans-domicile francophones en France en 2012

Cf. (Yaouancq, et al., 2013).

Il convient de préciser que d’autres facteurs expliquent le déséquilibre sexué chez les sans-abri. Les femmes mobiliseraient mieux leur réseau social tandis que les hommes auraient moins recours aux aides extérieures. Certains sans-abri refusent d’aller en hébergement en raison des violences, vols et problèmes d’hygiène susceptibles d’y sévir12.

Après avoir passé en revue les données françaises, on peut se demander ce qu’il en est dans les autres pays de l’Union européenne. En Finlande, trois quarts des sans-domicile sont des hommes en 2020, pour un quart de femmes. Le déséquilibre sexué se retrouve dans différents pays européens, les hommes étant plus touchés malgré des méthodologies différentes d’un pays à l’autre : 62% en Suède, 78% à Bruxelles, 81% en République tchèque et plus de 70% en Allemagne13. Ces chiffres permettent de plus qu’esquisser une tendance générale dans les pays occidentaux.

Figure 3 Part de femmes parmi les sans-domicile en Finlande entre 2015 et 2020

Cf. (Bretherton & Mayock, Women’s homelessness : European evidence review., 2021)

Sans-abri et sans-domicile : quelle évolution sexuée ?

Quant à l’évolution du phénomène, il y a lieu d’examiner si le « sans-abrisme des femmes est un problème croissant ». À titre liminaire, il convient de préciser que le sans-abrisme féminin peut croître en niveau (effectifs absolus entre deux dates) sans pour autant croître en part relative : tel serait le cas si le sans-abrisme masculin augmentait encore plus vite. Dans un tel cas, on comprendrait mal de souligner spécifiquement la hausse du sans-abrisme qui croîtrait le moins rapidement.

Dans le cas de la France, certes, parmi les adultes sans domicile francophones dans les agglomérations de plus de 20 000 habitants, les femmes représentaient 34% des effectifs en 2001 contre 38% en 2012, soit une hausse de 4 points en un peu plus d’une dizaine d’années (Mordier, 2016) : « L’augmentation du nombre de couples parmi les sans-domicile  explique  en  partie  la  féminisation de cette population, mais pas uniquement. Parmi les personnes seules, la part des femmes francophones nées à l’étranger a aussi augmenté entre 2001 et 2012 ». 

Figure 4 Les sans-domicile francophones par âge et sexe en France en 2012 et évolution depuis 2001

Cf. (Mordier, 2016)

Mais, s’agissant du sans-abrisme, la part de femmes parmi les sans-abri a diminué entre 2001 et 2012, passant de 7,1% à 5% (Brousse, 2006) même si la part de femmes parmi les sans-domicile a augmenté (de 34% à 38%). On peut donc conclure dans le cas de la France que le sans-abrisme, de façon relative, n’a pas augmenté en France au cours de la période qui sépare les deux grandes enquêtes de l’INSEE.

Figure 5 Répartition par sexe des sans-abri en 2001

Cf. (Brousse, 2006).

Néanmoins, l’évolution n’est pas nécessairement la même dans tous les pays. 

Ainsi, à Bruxelles, à partir de la source du SAMU social14, en termes absolus, c’est-à-dire en niveau, le nombre de femmes sans domicile a augmenté entre 2002 et 2011 mais en termes relatifs ce n’est pas nécessairement le cas, la part de femmes parmi les sans-domicile n’a donc pas augmenté (donc un ratio sexué stable), quoique des incertitudes pèsent quant aux estimations.

A Barcelone, entre 2009 et 2015, la part de femmes au sein des hébergements pour sans-domicile est plutôt stable15 (Sales, Uribe, & Marco, 2015) : elles constituent 10,7% des personnes dans la rue et 21,8% des personnes ayant recours aux hébergements pour sans-domicile.

Figure 6 Hommes femmes et mineurs sans-domicile hébergés au XAPSLL à Barcelone entre 2009 et 2015

Source : (Sales, Uribe, & Marco, 2015).

Dans le cas de l’Angleterre, la part de femmes au sein des sans-abri est passée de 12,3% en 2012-13 à 14,6% en 2016-17 (Bretherton & Pleace, 2018). Contrairement à la tendance baissière observée en France sur une plus longue période, il s’agit en Angleterre d’une tendance haussière. Dans les deux cas, les hommes représentent environ neuf sans-abri sur dix.

Figure 7 Part de femmes parmi les sans-abri en Angleterre entre 2012-13 et 2016-17

Malgré toutes ces données, plusieurs auteurs dénoncent non seulement une forme d’androcentrisme dans le traitement des sans-domicile et des sans-abri mais en plus regrettent un déni de l’expérience féminine en la matière, notamment en lien avec les violences conjugales systémiques16 (Bretherton & Mayock, 2021).

Conclusion

L’expression de « plafond de verre » a été popularisée pour caractériser le phénomène d’attrition de la part de femmes au sommet de la hiérarchie socio-économique. L’expression de « plancher de verre » pourrait être son symétrique en ce qui concerne le bas de la hiérarchie socio-économique, avec une surreprésentation masculine au sein des sans-domicile et plus encore des sans-abri. Ce « plancher de verre » ne se limite pas à la question des sans-abri mais s’étend à la mortalité professionnelle, à l’échec scolaire, aux suicides, aux accidents de la route, aux incarcérations où les hommes sont largement surreprésentés…Il serait souhaitable que la recherche académique se penche davantage sur ce phénomène particulièrement contre-intuitif dans le cadre du paradigme de la domination masculine.

Il s’avère que les hommes sont surreprésentés au sein des sans-domicile (62% en 2012 en France métropolitaine parmi les francophones) et plus encore parmi les sans-abri (95%). Minoritaires au sein de ces populations extrêmement démunies en France mais aussi dans les autres pays développés, les femmes font l’objet d’une attention particulière et d’une prise en charge spécifique, notamment en raison du fait qu’elles soient plus souvent accompagnées d’enfants mais pas seulement pour ce motif (Pliez, 2018).

Ces éléments quantitatifs et qualitatifs nuancent voire mettent à mal un stéréotype trop simpliste d’une organisation sociale patriarcale qui ferait prévaloir en toute circonstance les intérêts masculins sur ceux des femmes. Ce n’est manifestement pas le cas ici. Néanmoins, la littérature souligne que les violences conjugales pourraient jouer un rôle substantiel dans le processus menant une partie des femmes dans la rue (Bretherton & Mayock, 2021).

Des différences comportementales, en matière de recours aux aides mais aussi les craintes relatives aux violences ainsi qu’au manque d’hygiène dans les structures d’hébergement d’urgence, peuvent aussi participer de ce phénomène d’asymétrie statistique dans le sans-abrisme. 

Bibliographie

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Nuzzo, J. (2020, december). Bias against men’s issues within the United Nations and the World Health Organization: A content analysis. (P. J. 2020, Éd.) Consulté le 15 mai 2022, sur RESEARCHGATE: https://www.researchgate.net/publication/346521168_Bias_against_men%27s_issues_within_the_United_Nations_and_the_World_Health_Organization_A_content_analysis

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Yaouancq, F., Lebrère, A., Marpsat, M., Régnier, V., Legleye, S., & Quaglia, M. (2013, juillet 2). L’hébergement des sans-domicile en 2012. Consulté le 16 mai, 2019, sur https://www.insee.fr/fr/statistiques/1281324#inter2

Auteur

Notes de Bas de page

  1. Il convient de signaler cet appel à contribution dans une revue scientifique : la revue française des affaires sociales ! Voici le thème de l’appel à contribution : « Sans-abri : expériences et politiques « … Un extrait sur le « genre » qui donne le ton : « Qui sont aujourd’hui les personnes considérées comme vulnérables ? Si la reconnaissance de la « vulnérabilité » entraîne des formes  d’aide ou  des modalités d’assistance  extérieures,  les personnes  elles-mêmes  se  reconnaissent-elles comme  appartenant  à  cette  catégorie ?  Des  catégories  « spécifiques »  sont  aujourd’hui  considérées  comme  étant  vulnérables.  Peut-on parler alors de groupes sociaux vulnérables ? Les femmes représentent, par exemple, une partie non négligeable des personnes sans abri aujourd’hui, peu visibles dans l’espace public et peu étudiées  jusqu’à  il  y a  une  dizaine  d’années  en sciences humaines  et  sociales.  Le  genre est  considéré soit comme un impensé  soit  comme se  situant  à  la  marge  des  institutions,  et  la  grammaire de l’assistance se décline différemment dans les contextes d’intervention (Maurin, 2017).   Des   contributions  pourront  ainsi  interroger   les   contours   des   catégories de   la  vulnérabilité, qu’elle soit sociale ou sanitaire. »(http://drees.solidarites-sante.gouv.fr/sites/default/files/2022-05/Sans-abri.pdf‌)

    On note avec intérêt que s’agissant de la répartition sexuée, il n’est nullement question ici des hommes qui constituent tout de même 95% des effectifs. La tournure de phrase qui a été préférée pour éluder ce fait est la suivante : « Les femmes représentent, par exemple, une partie non négligeable des personnes sans abri aujourd’hui, peu visibles dans l’espace public et peu étudiées ».

  2. A 0’58 : « certaines chercheuses disaient « pas d »hommes » »…pour faire les travaux de recherche sur les femmes ! http://www.dailymotion.com/video/xpqpft L’historienne Danièle Voldman entre 8’40 et 10’08 :

    « Au tout début des années 1980, quand l’immense majorité des gens qui travaillaient sur les femmes et on commençait à appeler cela le gender, on n’en était pas encore au genre, étaient des femmes, il y a des gens comme Alain Corbin, avec toute l’aura qu’avait Alain Corbin, qui a appelé à ce qu’il y ait des recherches sur les hommes en tant que non pas catégorie opprimée, mais sur la souffrance des hommes. Il l’a dit dans les années 1980. Et tout à l’heure, je parlais de polémique. Il a été assez mal entendu, parce que ou bien ses collègues masculins disaient : « Qu’est-ce qu’il est encore en train d’aller chercher? » Et les femmes disaient : « la souffrance des hommes excusez-nous c’est pas l’urgence. Mais il a eu le mérite d’attirer la question sur le fait que bien entendu on ne remettait pas en cause la domination masculine mais qu’il fallait voir les hommes et les femmes dans l’ensemble. Et donc ce chaînon manquant dont vous parlez, il n’était pas absolu. Il y avait des gens qui avaient déjà vu qu’il y avait des maillons entre. « 

  3.  « rappelle la nécessité de lutter contre la discrimination multiple, en particulier celle qui touche les groupes vulnérables tels que les femmes handicapées, les femmes noires, les migrantes, les femmes appartenant à des minorités ethniques, les femmes roms, les femmes âgées, les mères célibataires, les personnes LGBTIQ+ et les femmes sans abri, et souligne l’importance de veiller à ce que ces groupes bénéficient des objectifs et des actions de la stratégie de l’Union en faveur de l’égalité entre les hommes et les femmes 2020-2025; invite la Commission à rédiger des lignes directrices explicites sur la mise en œuvre du cadre intersectionnel, qui devrait accorder la priorité à la participation des groupes touchés par les formes intersectionnelles de discrimination afin d’évaluer l’impact différentiel des politiques et actions menées, de manière à apporter des réponses adaptées à chaque thématique, fondées sur le principe de non-discrimination; » (PROPOSITION DE RÉSOLUTION DU PARLEMENT EUROPÉEN sur la stratégie de l’Union européenne en faveur de l’égalité entre les hommes et les femmes (2019/2169(INI)))

  4. « Women’s homelessness can be easier to ignore because they’re less likely to be sleeping on the street, but the effects of homelessness are damaging and lasting, no matter what form it takes. ». 58% des sans-domicile sont hommes et 42% sont des femmes. 

  5.  « Sixty-seven percent of all people experiencing homelessness within the 2018 Point-in-Time (PiT) Count are individuals. There are 260,284 men compared to 106,119 women. Thus, men are the majority of individuals experiencing homelessness (70 percent) followed by women (29 percent). The final 1 percent are transgender and non-binary individuals discussed in the first installment of this series. »

  6.  «Of the 4,751 individuals counted or estimated to be sleeping rough in England in 2017, a total of 3,965 were male, 653 were female and 133 were gender unknown. 14% of total number of rough sleepers were women.» https://www.homeless.org.uk/sites/default/files/site-attachments/Homeless%20Link%20-%20analysis%20of%20rough%20sleeping%20statistics%20for%20England%202017.pdf

  7.  « Males fare worse than females on many health outcomes, but more attention, particularly at a national level, is given to women’s issues. »

  8.  « Furthermore, the structure’s philosophy holds that women’s requests for shelter cannot be refused. “This public is deemed to be more vulnerable in the street and must therefore not be turned away for lack of room.” » (Lelubre, 2012).

  9.  « La présence de quelques femmes à des postes de pouvoir importants et l’amélioration sensible de leur accès à l’éducation et aux soins ne doivent pas cacher l’essentiel : partout dans le monde, les femmes sont de moins en moins bien traitées par la société, c’est-à-dire par les hommes. Pour le plus grand malheur des unes et des autres. Les écarts de salaire ne se réduisent pas, les opportunités d’emploi n’augmentent pas. » (Attali, 2016).

  10.  « Ces inégalités sont donc parfois implicitement construites par des modes de gestion d’une ville faite « par et pour les hommes ». » (Raibaud, 2014).

  11.  “La moitié des sans-abri (48 %) n’ont pas souhaité se rendre dans un centre d’hébergement la veille de l’enquête ; les principales raisons invoquées sont le manque d’hygiène (29 %) et l’insécurité (26 %). Les autres sans-abri ont été refusés par manque de place (14 %) ou n’ont pas pu s’y rendre pour d’autres raisons (arrivés trop tard, animaux domestiques interdits dans le centre…)” (Yaouancq, et al., 2013).

  12. «In the Fifth Overview of Housing Exclusion In Europe: 2020 data from Sweden in 2017 are noted, which reported that 38% of homeless adults were women, using a definition that includes hidden homelessness. By comparison, the same report notes data recording that 22% of people using emergency shelters in Brussels were women. The 2019 report in the same series notes data indicating that 19% of people using Czec emergency shelters were women, with figures from German homelessness services showing 27% of people using them were women, alongside data from a major Italian homelessness service provider reporting that 30% of people using their services were women.» (Bretherton & Mayock, Women’s homelessness : European evidence review., 2021)

  13.  « The number of women included in the service’s census increased significantly and almost tripled between 2002 and 2011, rising from 337 to 1092 (figure 1). Women with children represented approximately 9% of the accommodated population in 2010, but are not referred to explicitly in the discourse on the “feminisation” of homelessness, in particular because these families receive specific support. Faced with these data, it is clear that the institution observes “a steadily increasing number of isolated women and families”.3 However, let us point out that the increase in absolute numbers is not conveyed by a radical modification in the ratio of men to women among the isolated people who receive help. When we analyse the percentage of isolated women in the homeless population which was the object of a census carried out by the SAMU social, we may conclude that there is indeed a noticeable increase in the relative proportion of women in recent years, but that this proportion is only slightly higher than it was between 2005 and 2007. While the increasing trend in the actual number appears to be irreversible, this assertion is less clear in terms of relative proportion, and must still be confirmed. » (Lelubre, 2012).

  14.  « The proportions of men and women remains stable. In March 2015, 89,3% of the people contacted were men, whereas 10,7% were women. The average age shows a growing trend in the last few years, from 42 years old in 2012 to 45 years old in 2014.If we compare rough sleepers’ profiles with the people attended in XAPSLL care facilities, the same differences that are traditionally reflected in all the European and Spanish studies on homelessness can be detected (Sarasa and Sales, 2009; Uribe and Alonso, 2009). The proportion of women in a homelessness situation is lower than in the rest of situations of housing exclusion: on the street, women represented 10,7% of the roofless population while the rate of women using homeless care facilities was 21,8%. These percentages seem to maintain a steady trend thorough the years. » (Sales, Uribe, & Marco, 2015).

  15.  « Assumptions about the nature of homelessness, in terms of where it is experienced, how it is experienced and assumptions across mass and social media, mainstream politics and, arguably, in the cultural construction of homelessness as something largely experienced by lone men have distorted debates about the nature of European homelessness.[…] Arguments against the reality of women’s homelessness, as a wider and more significant European problem than has hitherto been recognised all seem to centre on this same argument, that because something may also happen to men, it somehow negates female experience and apparently means that evidence that more women are homeless than used to be recognised should be downplayed or dismissed. These sorts of assertions draw directly from Neoreactionary/alt-right narratives, which question any fact by calling it ‘fake’, or as here, attempt negation by generalisation. By extension, it does not matter that women experience homelessness caused by domestic abuse because men do as well, so that homeless women are therefore not special, do not require specific attention, and those asserting they exist at all, let alone in significant numbers, should not be listened to. In a wider ideological sense, negating women’s homelessness in this way allows a wider narrative to be maintained. Systemic and endemic sexism, alongside misogyny, can be presented as not being a significant force in European societies and economies, women are not inherently disadvantaged relative to men, they are not, for example forced into homelessness as a direct consequence of widespread male domestic abuse in significant numbers. » (Bretherton & Mayock, Women’s homelessness : European evidence review., 2021)

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