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Le Collège Condorcet met Omar Didi à l’honneur

Alertés récemment sur l’installation d’une dérive éventuelle de l’institution, voici résumés ici les éléments d’une intervention riche d’enseignements.

Le cadre

La semaine dernière avait lieu au Collège Condorcet l’organisation d’une semaine dédiée à l’inclusion. A l’initiative de la direction de l’établissement, anticipant les orientations ministérielles à venir, le collège décidait en effet de banaliser les cours mineurs de la semaine, parmi lesquels le latin, pour donner la parole à une association. Toutes les classes de quatrième et de troisième étaient concernées. L’association invitée à prendre la parole était « Le Mag+ », association fondée par Omar Didi – éphémère Président du conseil d’Orientation de la Jeunesse nommé un temps par la Présidence de la République.

Le Mag+

Comme nous l’avions autrefois montré, cette association – largement financée par l’Etat – s’est surtout fait connaître par un activisme radical passant par l’organisation d’événements en « non-mixité » en infraction des règles du financement associatif. On rappelle par exemple l’organisation des permanences associatives [https://by-night.fr/paris/soiree/espace-de-parole-racise-lgbt-permanence-non-mixte-ndeg3–458229] : 

« Le MAG Jeunes LGBT vous invite à la troisième permanence du groupe de parole racisé en non-mixité, le mardi 14 novembre 2017 de 20h à 22h, 106 rue de Montreuil. Ce groupe est réservé aux personnes LGBTQIA+/queer/MOGAI concernées par toutes les formes de racisme et d’islamophobie. Cet espace en non-mixité à pour but de permettre des échanges pour les personnes subissant des discriminations multiples, et en particulier, l’intersection du racisme et de l’islamophobie aux queerphobies. Le poids du racisme banalisé dans les communautés LGBTQIA+, en plus des oppressions systémiques, a un impact lourd sur la santé mentale des personnes racisées. Ce groupe de parole tend à permettre aux personnes concernées de s’exprimer sur leurs vécus et ressentis, à s’émanciper et trouver du soutien. »

Cette annonce pointe vers une URL aujourd’hui effacée du Web, mais pas des résultats des archives Google. Cette obsession pour l’organisation de réunions en non-mixité figure également dans le rapport de l’association 2019, p. 24 dont nous avons conservé la copie avant qu’il ne disparaisse des univers numériques :

On se souvient également qu’Omar Didi fut actif auprès de l’UNESCO où il tenta d’implanter le même discours [https://www.gale.info/en/news/gale/151028-omar-didi-includes-sexual-diversity-in-unesco-youth-policy]. Militant associatif, il intervenait également en 2017 en tant que panéliste aux côtés de G. Elsa Ray du CCIF, association dissoute depuis par l’État, et se félicitait de ce travail en commun au nom de « l’intersectionnalité » [https://www.lefigaro.fr/vox/societe/ecole-les-theses-militantes-que-combat-blanquer-sont-promues-par-ses-services-20211129]. 

Un bel exemple de tout ce qu’il ne faut pas faire

L’organisation de l’événement soulève de nombreuses interrogations dont le seul aspect positif pourrait-être de servir à l’avenir de contre-exemple aux bonnes pratiques attendues de l’institution scolaire, notamment quand il s’agit d’un public très jeune. 

1/ L’organisation de l’événement a été des plus discrète, son annonce réservée aux membres présents à la réunion du CVC, sans détails et sans discussion quant au contenu ou sur l’association devant intervenir. Aucun message n’a été adressé aux parents aux, sinon pour évoquer une action de prévention contre les discriminations au sens le plus large. 

2/ Un document transmis au bureau des associations de parents d’élèves évoquait pourtant la mise en place d’un groupe de travail réunissant représentants de la direction, des enseignants, des élèves et des parents. Un groupe décrit comme devant lancer une réflexion sur l’adaptation de la campagne à chaque niveau de classe. Personne ne sait ce qu’est ce groupe de travail, quand il s’est réuni ni quels fruits sont sortis de ses réflexions. Et pour cause, il n’a jamais existé. 

3/ Fallait-il pour ces interventions banaliser une partie des cours pendant deux semaines, pour un total de 28 heures, cela à moins de trois semaines de l’arrêt des notes ? Quelle urgence à mobiliser ainsi les élèves dans cette période, sachant que dans le même temps des interventions de SOS Racisme venait ajouter à la suppression de certains cours ?

4/ Pendant ces réunions, les élèves avaient interdiction de conserver deux questionnaires distribués, donnant aux intreventions un caractère semi-confidentiel malvenu, contribuant à créer un climat de défiance à l’encontre de l’institution. 

5/ Anonymes, les questionnaires comportaient des questions éloignées des préoccupations affichées de prévention. Pourquoi donc demander si : Tu es ? Une fille, un garçon, non binaire/Autre genre, en questionnement, ne souhaite pas répondre ? Les questionnaires précisent qu’ils sont utilisées de la 6ème à la terminale, témoignant d’une belle adaptation à la maturité de l’interlocuteur. Certaines des questions posées sont à l’avenant.

6/ Contrainte par la pression de nombreux parents d’élèves, l’administration de l’établissement, en relation avec le rectorat de Paris, a finalement consenti à ce que ces réunions ne revêtent plus de caractère obligatoire. Toutefois, l’établissement a confié aux associations de parents d’élèves le soin d’en informer leurs adhérents. Là encore aucun message de l’établissement, bien des parents n’auront jamais rien su de l’existence de ces interventions, alors pourquoi s’offusquer d’avoir omis qu’elles sont facultatives ?

Cet arbitrage, qui frôlerait l’illégalité si toutefois l’établissement en venait à établir des listes d’élèves de parents hostiles à de telles manifestations, est un pis-aller qui ne devrait plus jamais se reproduire. Il crée une situation de clivage entre l’administration et les usagers de l’Institution et tend à opposer les élèves entre eux, à créer des situations inadmissibles qui à terme pourraient menacer le déroulement de semaines dont l’objectif au contraire devrait être l’installation d’un consensus autour de questions de sociétés difficiles à appréhender dans les petites classes des collèges. Cet événement est pourtant exemplaire de ce que pourraient être les « journées de l’inclusion » dans les prochaines années dès lors qu’on abandonne cet enseignement civique à des associations extérieures au monde scolaire.

Il y a en effet une différence entre éduquer des enfants dans le respect de chacun à la différence, et les mettre en situation d’être confrontés directement à des réalités qui sont le quotidien des adultes et dont l’école est censée les protéger jusqu’à ce qu’ils aient acquis la maturité pour les comprendre et les analyser. 

On trouvera ici le questionnaire distribué aux enfants dès la première réunion.

Collectif

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Tribune des observateurs