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Lettre ouverte à Madame Frédérique Vidal, Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (liste des signataires mises à jour)

Collectif

Tribune des observateurs

[Nous reprenons le texte de la lettre publiée sur Vox mardi 21 décembre]

Madame la Ministre, 

La situation à l’IEP de Grenoble et les poursuites engagées contre notre collègue Klaus Kinzler démontrent, s’il en était besoin, que la liberté d’expression des universitaires, de même que leur liberté académique dans le cadre de leur enseignement et de leur recherche, libertés dont vous êtes la première garante, sont en péril dans notre pays.

Depuis quelques années un courant militant -et se revendiquant comme tel- cherche à imposer, dans de nombreux établissements d’enseignement supérieur, en particulier dans le domaine des sciences sociales, un discours exclusif. Or c’est une chose d’accueillir de nouveaux champs d’études et de nouveaux paradigmes ; c’en est une tout autre de leur laisser acquérir une domination voire une hégémonie institutionnelle, alors même que leur pertinence scientifique fait l’objet, comme vous le savez, d’un intense débat intellectuel. 

Vous vous étiez vous-même émue de l’extension dans l’Université de ce que vous avez nommé « l’islamo-gauchisme » – qui est l’une des manifestations de ces dérives – et aviez annoncé un rapport sur ce sujet en février de cette année. Force est de constater que, près d’un an plus tard, ce rapport, sans cesse promis et sans cesse reporté, n’a toujours pas vu le jour

De même, nous attirons votre attention sur le rapport de l’Inspection générale que vous avez missionné à l’IEP de Grenoble, relevant  qu’ « au terme de ses travaux, il ne fait pas de doute[…] que ce sont les accusations d’islamophobie qui sont la cause de la grave détérioration du climat de l’IEP » (p. 2) et « quun climat de peurs’était installé depuis plusieurs mois parmi les étudiants de l’IEP du fait de cette utilisation par l’U[nion] S[yndicale] d’accusations (graves, puisqu’il s’agit de délits, voire de crimes tels que le viol) diffusées sur les réseaux sociaux contre tous ceux qui ne lui semblent pas partager ses positions » (p. 3). Or, il s’avère que la personne désormais poursuivie est celle là-même qui a alerté sur ces agissements et qui, nous vous le rappelons avec gravité, est menacé de mort pour une prétendue « islamophobie » : notre collègue Klaus Kinzler. Et ce, au rebours des traditions de l’université française comme de la jurisprudence de la CEDH.

De même, force est de constater que, malgré des circulaires précises du premier Ministre et du Ministre de l’éducation nationale, l’écriture dite « inclusive », elle aussi fort contestée, tant sur le plan linguistique que pédagogique, n’en est pas moins de règle dans les correspondances administratives au sein de nombreux établissement et du Ministère lui-même, notamment à travers certains de ses organismes de formation et de ses Rectorats. 

Dans ce contexte, où la liberté d’expression est menacée par des sanctions disciplinaires, voire pénales ; où le pluralisme de l’enseignement et de la recherche est contrecarré par des manœuvres d’intimidation, et donc par l’autocensure croissante de nos collègues, en particulier des plus jeunes, puisque leur carrière en dépend ; où le triomphe d’une idéologie s’opère par la captation des fonds publics français et européens sous couvert « d’appels à projets », et des nominations sous couvert de « diversité » ; où, enfin, un nombre croissant d’étudiants font part de leur inquiétude devant ce qu’ils ressentent comme une entreprise de formatage et de propagande, notre question est simple : que comptez-vous faire précisément, Madame La Ministre ?

Michel Albouy, professeur émérite en sciences de gestion, Université Grenoble Alpes

Claudine Attias-Donfut, sociologue

Sami Biasoni, essayiste, docteur en philosophie

Chantal Bosse, Licra, Neuilly-la-Défense

Christophe Boutin, professeur de droit public, Université de Caen-Normandie

Jean-François Braunstein, professeur de philosophie, Université Paris 1 Sorbonne

Florence Bergeaud-Blacker, Chargée de recherche, CNRS

Pascal Bruckner, essayiste et philosophe

Guylain Chevrier, Formateur en travail social et enseignant

Joseph Ciccolini, professeur des Universités – Praticien Hospitalier

Charles Coutel, Philosophe

Albert Doja, professeur d’anthropologie, Université de Lille

Jean Dupèbe, professeur émérite des Universités(littérature française), Paris-Ouest-Nanterre)

Michel Erman, Professeur de langue et littérature françaises, Université de Bourgogne

Renée Fregosi, philosophe et politologue 

Michel Fichant, Professeur émérite, Sorbonne Université 

Laurent Fedi, université de Strasbourg

Monique Gosselin-Noat, professeur émérite de littérature

Yana Grinshpun, linguiste, Paris 3

Gilles Guglielmi, Professeur de droit public, Université Paris II Panthéon-Assas

Philippe Gumplowicz, professeur de musicologie Université Evry-Paris-Saclay

Nathalie Heinich, sociologue

Emmanuelle Hénin, professeur de littérature, Sorbonne Université

Hubert Heckmann, maître de Conférence en Littérature médiévale, Université de Rouen

François  Henn Professeur de Chimie-Physique, Université de Montpellier, membre honoraire IUF

Patrick Henriet (École Pratique des Hautes Etudes)

Catherine Kintzler, professeur honoraire de philosophie, Université de Lille

Mustapha Krazem, linguiste, université de Lorraine

Arnaud Lacheret, associate Professor

Franck Lessay, Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3

Anne-Marie Le Pourhiet, professeur de droit public à l’Université Rennes 1

Andrée Lerousseau, maître de Conférence à l’université Lille 3 en Philosophie

Samuel Mayol, maître de Conférence, Paris 13

Michel Messu, Sociologue

Frank Muller, professeur émérite d’histoire moderne

Observatoire du décolonialisme et des idéologies identitaires

Bernard Paqueteau, sociologue

Mireille Quivy, Linguiste

Rémi Pellet, professeur à la faculté de Droit Université de Paris et à Sciences Po Paris

René Pommier, Maître de conférences honoraire à Paris IV et essayiste

Gérard Rabinovitch, philosophe

Pascal Perrineau, professeur émérite des universités à Sciences Po

François Rastier, linguiste, Directeur de Recherche émérite au CNRS

Philippe Raynaud, philosophe, Paris II

François Roudaut, professeur (Université Montpellier III)

Xavier-Laurent Salvador, linguiste, Sorbonne Paris Université

Bruno Sire, Ancien président de l’université Toulouse 1 Capitole

Perrine Simon Nahum, historienne et philosophe

Jean Paul Sermain, professeur émérite de Littérature

Wiktor Stoczkowski, directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales

Jean Szlamowicz, linguiste

Pierre-Henri Tavoillot, philosophe, Sorbonne-Université

Pierre-André Taguieff, directeur de recherche au CNRS

Thibault Tellier, professeur des universités, Sciences Po Rennes

André Tiran, Professeur émérite université Lyon2

Vincent Tiffon, PR musicologie, Aix-Marseille Université

Dominique Triaire, professeur émérite de littérature française, Université de Montpellier

Pierre Vermeren, professeur d’Histoire, université Paris I

Christophe de Voogd, historien

Nicolas Weill-Parot, directeur d’études à l’EPHE

Auteur