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Pour une oncologie déclusive, déconstruite et multiverselle 

Cancer Targeted Treatments from Space Station Discoveries (NASA, International Space Station, 02/26/14)

Pour une oncologie déclusive, déconstruite et multiverselle 

Jacques Robert

Professeur émérite de cancérologie, université de Bordeaux
Cancer Targeted Treatments from Space Station Discoveries (NASA, International Space Station, 02/26/14)

« Pour une oncologie déclusive, déconstruite et multiverselle »1

May the woke be with you !

Il est devenu nécessaire, en ce xxie siècle exigeant, de repenser l’oncologie, autour de trois grandes directions, comme cela sera recommandé sous peu dans le British Woke Medical Journal : le déclusivisme, la déconstruction et la multiversalité (qu’il ne faut pas confondre avec la multiversatilité). Une oncologie déclusive est celle qui n’oublie pas que, tout comme les hommes peuvent être enceints (selon le planning familial), les femmes aussi peuvent souffrir d’un cancer de la prostate. Or, aucun manuel, aucun traité, aucune publication ne fait allusion à cette pathologie, rare au demeurant, ce qui montre le total black-out qu’exercent, encore et toujours, les êtres humain·e·s doté·e·s d’un pénis dès leur naissance vis-à-vis de ce·ux·lle·s2 qui ne le sont pas. À l’inverse, notons que les cancers du sein chez les hommes font l’objet d’études poussées.

Cela dit, soyons juste : aucune publication n’évoque l’endométriose de l’homme. Il y a dans cette dissymétrie quelque chose de choquant, et je propose la création d’une nouvelle spécialité médicale, la gynandrologie, destinée à prendre en charge ces patient·e·s. Un autre marqueur d’exclusivisme auquel il faudra remédier par la déclusivité est celui de la binarité du recueil des données épidémiologiques : alors que même les toilettes doivent maintenant être séparées en onze cabine·t·s précis·es (voir figure), ce qui n’est pas sans poser des problèmes aux mastroquets, les épidémiologistes ne prennent en compte que deux genres, hommes et femmes, et sont ainsi exclu·e·s les transgenres des deux sexes, les non binair·e·s3 et les asexué·e·s. Et encore, je suis sans doute en-dessous de la réalité, puisque certains comptent cinq genres distincts4, d’autres 485, et d’autres encore jugent les sexes « innombrables6 ». Cela compliquera sans doute le travail des statisticiens, mais il est absolument indispensable de prendre tous les sexes en compte, même les improbables, sans exclusivisme.

La médecine intégrative est devenue à la mode et je propose, bien au contraire, de la désintégrer, à tout le moins de la déconstruire, et d’abord dans le cadre de la cancérologie : nous y parviendrons sans peine en promouvant, en première ligne de traitement de tous les cancers, l’homéopathie, l’acupuncture, la vitamine D et le zinc7, dont les résultats sur les patients atteints de Covid-19 sont indiscutables. Il n’est pas acceptable que ce ne soit qu’en fin de parcours que l’on utilise ces moyens thérapeutiques bien mieux tolérés que la chimiothérapie.

Le confort des patients doit passer avant toute considération thérapeutique. Remarquons au passage que les essais cliniques des vieux médicaments privilégient leur effet sur la survie des patients. Il faut que les oncologues se posent enfin la question : la survie est-elle une fin en soi ? Il faut, bien au contraire, aider à mourir tous ceux qui feraient bien d’en faire la demande, quels que soient leur âge8, leur pathologie et leur espérance de vie. Cancer ou pas, le droit de mourir quand on veut devrait être inscrit dans la Constitution. De la même façon que la prescription des chimiothérapies a été avancée de la situation palliative à la situation adjuvante, les médecines douces doivent avancer d’une étape (et même plusieurs) : de la prescription en fin de vie à une prescription précoce, dès le diagnostic de cancer9 ; c’est là qu’elles pourront faire la preuve définitive de leur efficience. Il existe une association d’oncologues naturopathes10 aux États-Unis : dans une optique d’intersectionnalité, nous créerons une fédération des associations de toutes les nouvelles thérapies anticancéreuses non éprouvées (mais qui ne demandent qu’à l’être) : les oncologues peuvent être iridologues, auriculothérapeutes, réflexologoplantaires, homéopathes, acupuncteurs, complémentalimentairistes, etc.

Bien d’autres sous-spécialités de l’oncologie seront les bienvenues dans cette Fédération que l’on pourra appeler, non pas Unicancer, ce qui est réducteur, mais Multicancer.Par ailleurs toute la médecine doit être expurgée de ses considérations racialistes, sexistes et colonialistes. Le British Medical Journal11, le Lancet12 sont maintenant devenus d’excellents journaux woke ; que fait donc l’édition médicale française ? Elle devrait se sentir concernée, que diable !

Il faut exiger que les reviewers des manuscrits soumis les jugent, non pas en fonction de leur contenu scientifique, auquel ils ne comprennent souvent rien du tout, mais qu’ils répondent simplement à la question fondamentale : « Ce manuscrit véhicule-t-il des idées que certains lecteurs pourraient trouver offensantes pour des raisons de genre, de race ou de revenus ? » Si oui, l’article doit être rejeté ipso facto. Question subsidiaire : « Ce manuscrit fait-il la promotion de l’universalisme, de la laïcité, de la neutralité de la science ? » Si oui, même réponse : à rejeter. C’est la seule façon de déconstruire la vieille médecine pour qu’elle intègre la pensée post-postmoderne. Et pour y parvenir, à l’instar des éditeurs de romans qui ont engagé des sensitivity readers13 afin de débusquer dans les manuscrits des phrases ou des situations qui pourraient blesser des minorités économiques, ethniques ou sexuelles, nous devons engager de tels lecteurs pour éviter de froisser quiconque. Enfin, l’universalisme n’étant plus acceptable, en médecine comme en sciences14, et le pluriversalisme15 ayant déjà été mobilisé pour la formation des chercheurs en sociologie au Québec, l’oncologie se doit d’être multiverselle.

De la même façon qu’il existe des réunions interdites aux hommes cisgenre16 ou certaines chorales réservées aux gays, il est indispensable que soient cloisonnés les services de traitement des cancers ; qui pourrait croire que les bisexuels, par exemple, puissent être traités de façon standard, c’est-à-dire comme les mâles blancs hétérosexuels dominants et forcément suprémacistes ? Ce sont eux qui ont mis en place ces traitements atrocement toxiques qu’ils sont d’ailleurs les seuls à pouvoir supporter. L’université Columbia a mis en place des cérémonies de remise des diplômes ouvertes à tous, mais séparément : elle a montré la voie à ce qui doit être appliqué partout. Il faut autant de cérémonies de remise de diplômes de docteur en médecine, d’infirmièr·e et d’aide-soignant·e qu’il y a de communautés dans la ville ou elles sont organisées. Il est indispensable de classer les lauréat·e·s par famille, par genre, par espèce, comme le font les zoologistes, et même par niveau de revenu. Et comme le curé de Cucugnan pour confesser ses ouailles, il faut prévoir un jour par sous-type. Là encore, l’intersectionnalité (qu’il ne faut pas confondre avec l’intersexionnalité), doit nous guider : la rencontre de toutes les oppressions dans un même individu est le moteur de cette nouvelle oncologie. Songez aux cancers des fourmis ouvrièr·e·s : iels sont à la fois asexué·e·s sur le plan du genre, prolétaires sur le plan économique et non-humain·e·s sur le plan de l’espèce, sans compter qu’iels sont seulement noir·e·s ou rouges, jamais blanc·he·s17.

Que d’oppressions !

Leurs cancers devraient mobiliser trois ou quatre fois plus notre attention que ceux du mâle blanc cisgenre occidental qui ne porte aucun de ces fardeaux que je dénonce avec véhémence.

*Quand cette nouvelle oncologie aura été mise en place, il faudra nous tourner vers les théories explicatives de l’oncogenèse. Je remarque au passage que tous les grands noms de la génomique des cancers sont, justement, des mâles-blancs-hétérosexuels-dominants : sans remonter à Michael Bishop et Harold Varmus, citons Bob Weinberg, Bert Vogelstein, Michael Stratton, Charles Swanton, Jacques Robert18, René Bernards et quelques autres. Où sont les femmes dans cette liste ? Où, les transgenres, les non binaires, les multisexuels, les indécis, les hésitants ? Il est temps que cet exclusivisme soit battu en brèche, au profit d’une théorie de l’oncogenèse qui soit multiverselle. Il faut se souvenir que Rosalind Franklin n’a pas été associée au Prix Nobel qu’ont reçu James Watson, Francis Crick et Maurice Wilkins, forcément parce que c’était une femme19 ! Elizabeth Blackburn qui, elle, fut récompensée par le prix Nobel, reste un cas unique, car aucun homme n’aurait pu découvrir la télomérase, cette enzyme de l’immortalité tapie au fond de notre génome. Le génome de la femme est éternel et les archéologues savent bien que l’ADN mitochondrial permet de remonter l’origine de la femme au fond des âges, alors que l’origine de l’homme est récente, instable, versatile et déconstruite, comme leur comportement.

Prenons par exemple le rôle prétendu du tabac dans la genèse des cancers du poumon. C’est une croyance qui nous a été imposée depuis un demi-siècle, et qui ne repose sur rien ! Dois-je rappeler20 qu’en 1968, Richard J. Hickey, de la Wharton School of Business de l’université de Pennsylvanie, biochimiste et biophysicien, découvrait que les fumeurs fument parce qu’ils souffrent d’une « démangeaison » pathologique (itching) qui les y pousse et que, s’il y a bien un lien entre tabac et cancer, c’est le cancer la cause du tabagisme ! Et de toutes façons, les gens qui fument et qui sont en vie apportent la preuve que, dans leur cas, il n’existe pas de rapport entre cancer et tabac, puisqu’ils n’ont pas de cancer21… D’ailleurs, si les épidémiologistes disent craindre l’augmentation de la fréquence des cancers du poumon chez les femmes, c’est pour mieux les culpabiliser et insister sur la diminution de cette incidence chez les hommes. C’est d’une lâcheté innommable !Il faut parvenir à nier la réalité de la biologie des mammifères. Voyez comme les mollusques sont plus évolués : dans nombre d’espèces d’escargots, les individus sont en même temps mâle et femelle. Certes, et cela a été relevé il y a bien longtemps, ils ne peuvent pas en profiter22 : il faut toujours deux partenaires pour copuler.

Nobody’s perfect…

Mais enfin, quel progrès par rapport aux mammifères, condamnés à la triste binarité. Il faut repenser l’arbre de l’évolution, et placer tout en haut les plantes à fleur, qui rassemblent dans une même corolle odorante le pistil femelle et les étamines mâles. D’ailleurs il faudra changer le genre de ces mots et parler désormais d’une pistil et d’un étamine. Comme il faudra un jour dire une vagin et une clitoris, tout au moins pour c·eux·elles23 auxquel·le·s le sexe féminin a été assigné à la naissance, sans leur accord le plus souvent. Une étudiante en sociologie nous a révélé dans sa thèse que la binarité était une invention du xxe siècle24 ; on peut donc conclure que la normalité est bien l’intersexualité.Les biologistes doivent arrêter de parler de mâles et de femelles : c’est hétéronormatif et inapproprié, terriblement désobligeant ! Il faut maintenant dire, comme l’ont suggéré des scientifiques anglais25 : « sperm-producing » et « egg-producing ». Je ne sais pas s’il faut traduire « producteur de sperme » et « productrice d’œufs » car cela réintroduit des termes à la grammaire atrocement genrée.

Les autres mots qui sont absolument à proscrire sont les suivants, que j’ai pu repérer avec la même source : homme, femme, père, mère, et j’en citerai d’autres un peu plus loin. La biologie est une fausse science, a déclaré Thierry Hoquet, philosophe de la biologie26 : « La biologie nous biaise27. Patriarcale, elle s’est vautrée dans l’androcentrisme et l’hétérosexisme, deux maladies dont il faut la guérir, faute de quoi elle se condamne à clocher28 quand elle parle des femmes »29. L’objectivité, la rationalité, ne sont que des constructions des MBHDS+30.

Il faut revenir aux savoirs ancestraux, en biologie comme en médecine : que les salamandres traversent impunément les flammes, qu’il peut pleuvoir des grenouilles, qu’une chienne saillie par un bâtard ne donnera naissance qu’à des bâtards, que les chats de couleur portent malheur, que les araignées du soir portent l’espoir et que les vers à soi·e sont en fait à tout le monde. Toutes ces observations ont été rejetées par la science officielle : c’est bien la preuve que celle-ci est pervertie ! Disons clairement que la science n’existe que quand elle peut s’accorder à nos sensibilités…La sagesse populaire, surtout véhiculée par les femmes, comporte autant de vérités que la science biologique. Et bien évidemment, plus cette sagesse est lointaine dans le temps et dans l’espace, plus elle a de chances d’être efficace. Les chamanes kazakhs, les sorciers papous, les tohunga maoris, les mages persans, les druides marseillais et tant d’autres disposent de techniques magiques de guérison qui valent bien celles de la médecine occidentale. Tiens, au fait, il va falloir aller enseigner le féminisme à ces chamanes, sorciers, tohunga, mages et druides : il n’y a que des hommes parmi ces guérisseurs. La lutte des femmes kazakhes, papoues, maories, persanes et marseillaises doit passer par leur intégration paritaire dans ce monde masculin des guérisseurs. Au moins, en Occident, il y avait des sorcières ! (Ooops ! Je crois bien que je viens d’écrire quelque chose de colonialiste. Lors de la prochaine Assemblée générale, les gardes rouges étudiants vont m’obliger à faire mon autocritique à la télévision et m’obliger à porter un bonnet d’âne. J’espère échapper au camp de travail pour cette malheureuse phrase31).

Il faut chasser la théorie de l’évolution de la biologie. D’abord, Darwin était un homme, barbu par-dessus le marché (c’est tout dire !) ; ensuite parce qu’il a été l’inspirateur de de cet horrible eugéniste qu’était Malthus qui disait qu’il fallait laisser mourir les pauvres32.

Que Malthus fût mort en 1834 alors même que Darwin sillonnait le monde sur le Beagle, bien avant qu’il n’énonçât la théorie de l’évolution, ne doit pas entrer en ligne de compte : nous savons bien que le temps ne s’écoule pas de façon linéaire et unidirectionnelle, comme le croient les historiens33 : on peut remonter le temps, nous savons tous que Demain est écrit34. De façon générale, la théorie de l’évolution doit être totalement remise en question : d’après la source déjà citée, il faut bannir le terme de fitness, et bannir le concept même survival of the fittest, cher à Darwin, pour évoquer la survie des mieux adaptés, mais tellement désobligeants pour les handicapés. N’ont-ils pas le droit de survivre, eux aussi ?35 J’irai même plus loin que les scientifiques cités par cet article : il faut remettre en question le principe même de la sélection naturelle, une illusion véhiculée par les mâles dominants pour nous faire croire qu’ils ont été, eux et leurs ascendants, sélectionnés pour humilier tous ceux qui ne sont pas comme eux.

Il faut bien sûr également chasser de la physique la théorie de la gravitation universelle selon Newton : elle contredit formellement la physique matauranga des Maoris. Et d’ailleurs, à moins que la terre soit plate, ce qui n’est pas exclu, nous avons la preuve que la physique de Newton ne peut s’appliquer qu’en Occident, dans l’hémisphère nord36, car il est bien connu qu’aux antipodes, tout est inversé : les Néo-Zélandais, comme les pommiers, ont la tête en bas et les pieds en l’air : comment pourrait-on voir tomber des pommes ? La conclusion est qu’il est indispensable que les petits Néo-Zélandais apprennent les deux physiques : elles sont tout aussi vraies l’une que l’autre37, chacune dans son hémisphère…Dans cette lutte que mènent les nouveaux oncologues, déclusifs, déconstruits et multiversels, il faudra penser également à dénigrer tous les oncologues de l’ancienne mode, qui pensent que les thérapies naturopathiques ne sauraient remplacer la médecine, en les traitant de phobes de quelque chose : l’expérience a montré dans d’autres domaines que cela marche très bien. Naturopathophobes, iridologophobes, réflexologoplantairauphobes, auriculothérapiephobes, sophrologophobes, homéopathophobes, complémentalimentairophobes, zincophobes, hydroxychloroquinophobes et j’en passe : nous aurons plein de termes à forger afin de leur faire honte et de les harceler dans les média38.Il faudra bien sûr punir tous ceux qui ne se rangeront pas sous la triple bannière du déclusivisme, de la déconstruction et de la multiversalité dans leur pratique de l’oncologie. Ces punitions ont déjà été mises au point dans d’autres secteurs ; la première étape est de les forcer à reconnaître publiquement leurs erreurs. Ce n’est pas que l’aveu permette de les absoudre, mais il permet de les confondre et de les humilier39.

L’Allemagne de Hitler, l’URSS de Staline et la Chine de Mao nous ont montré le chemin à suivre. La seconde étape sera de les annuler : en leur interdisant toute parole dans des conférences, séminaires, webinaires et non binaires. Les étudiants en médecine, comme le font si bien les étudiants en… (en quoi, d’ailleurs ? je n’ai pas bien compris) qui ont réussi à empêcher Sylviane Agacinski de parler40, devront prendre en charge à leur tour cette annulation qui vise à priver d’existence tous ceux qui ne pensent pas comme nous. Au-delà de la parole, il faudra appeler à boycotter leurs écrits pour les empêcher d’arrondir leurs fins de mois avec des droits d’auteur, et même à les menacer de mort comme cela a été proposé pour faire taire J.K. Rowling41, coupable de considérer les femmes trans comme des hommes, je veux dire comme des femmes, enfin comme autre chose que ce qu’ils elles iels voudraient être (mais ne sont pas).Il est absolument nécessaire de lutter contre l’individualisme. Les humains ne vivent et n’existent qu’en fonction de leur communauté au niveau local, et de leur race au niveau global42. En s’appuyant sur de fumeux prétextes de génomique, les biologistes de la vieille école affirment que les races n’existent pas ! Quelle erreur : la couleur de la peau permet de les reconnaître : il y a les Blancs (coupables, forcément coupables ! Et si on ne sait pas de quoi, ils le savent !) et les Noirs (toujours victimes, même ceux qui ne le savent pas). La poésie, au dire de cette poétesse noire devenue célèbre il y a peu, « est souvent le domaine de mâles blancs, âgés ou morts43 ». Eh oui ! Rimbaud était jeune, mais il est mort, Minou Drouet est vivante, mais elle est blanche, Léopold Senghor était noir, mais c’était un homme… Ah ! là là ! C’est quand même dur de cocher toutes les cases pour être à la fois woke et poète ! Mais c’est la condition pour figurer dans Wokipedia…

Avertissement : On aura compris que seules les notes de bas de page reflètent la pensée de l’auteur. Je tiens à préciser que je suis conscient, en particulier, des souffrances des personnes trans, comme de celles des personnes issues de notre colonisation de l’Afrique, supra- et sub-saharienne. Ce que je stigmatise, c’est l’attitude des bonnes âmes qui ne veulent pas savoir que l’écriture inclusive pénalise ceux qui, justement, ont des difficultés à lire et écrire le français ; bonnes âmes qui inventent des concepts biologiques ou physiques aberrants “pour ne blesser personne” ; qui font fuir du planning familial les femmes qui, précisément, ont le plus besoin de son support ; qui tentent de réhabiliter le concept de races humaines, totalement antiscientifique ; qui cloisonnent les individus dans des cases au lieu de mettre en valeur ce qui les rassemble… La cause des opprimés, de tous les opprimés, mérite mieux que les rodomontades des bobos44 ignorants. L’intolérance ne se combat pas par l’intolérance.

Remerciements : Je suis redevable à l’ouvrage de Jean-François Braunstein45 de plusieurs exemples que je cite dans ce billet. Je ne suis pas d’accord sur plusieurs points qu’il aborde, mais j’approuve sa dénonciation des outrances de cette déviation de l’intellect que l’on appelle la mouvance woke dans ce qu’elle a de pire : l’intolérance et la censure. En revanche, je désapprouve totalement le contenu du livre de Francis Dupuis-Déri46 qui inverse la charge en croyant voir que « la critique du wokisme se répand massivement dans les médias, mais aussi chez une partie des intellectuels et des chefs d’État47 ». C’est exactement le contraire que nous voyons en France. Et je n’ai jamais vu ces « pires violences de masse » qui seraient menées (par des gens comme moi ?) « pour disqualifier les féministes et les antiracistes ». Il n’y aurait donc qu’eux pour être féministes et antiracistes ? Je revendique pour moi-même et pour l’immense majorité des scientifiques et des médecins ces deux qualificatifs dont les wokes n’ont pas le monopole. Qui donc menace la liberté académique ?

Auteur

  1. Çui-là, j’le sens pas…

  2. Je sais : celui-là était inutile, mais c’était rigolo de le mettre.

  3. Il s’agit de la biologiste Anne Fausto Sterling en 1993 (déjà…).

  4. Hoquet T. Des sexes innombrables. Le genre à l’épreuve de la biologie. Seuil, 2016. J’aurais plutôt envie d’écrire La biologie à l’épreuve du genre… (ou à l’épreuve des philosophes !)

  5. Voir : Robert J, Delom F. « Compléments alimentaires : le retour des zinc(-zinc). Ou : comment guérir les bien-portants. » Innov Ther Oncol 2022; 8: 231-5.

  6. Voir : Robert J, Lakdja F. « Tuez-les tous ! La Sécu reconnaîtra les siens… » Bull Cancer 2023; 110: 140-4.

  7. Et même avant, grâce au concours attendu des docteurs en astrologie qui vont bientôt voir leurs compétences reconnues par l’Union Européenne.

  8. Marsden E, Nigh G, Birdsall S, Wright H, Traub M. « Oncology Association of Naturopathic Physicians: Principles of care guidelines. » Curr Oncol 2019; 26(1): 12-8. 

  9. Ragavooloo S, Macdonald H, Abbasi K. Acting on historically offensive content in BMJ’s archive. BMJ 2022; 378: o1829.

  10. Voir Robert J. La triste fin de l’universalisme en sciences. Innov Ther Oncol 2021; 7: 71-6. Plus récemment, laïcité et universalisme sont devenus des injures (https://www.franc-tireur.fr/lgbtqi-et-moins-si-laicite).

  11. Voir l’ouvrage : Piron F, Arsenault E. Guide décolonisé et pluriversel de formation à la recherche en sciences sociales et humaines. Éditions Science et Bien commun, 2022.

  12. Eh bien ! Si, justement… . Mais elles sont snob et méprisent les fourmis de couleur, comme il faut s’y attendre !

  13. Non, là je charrie, c’est juste pour voir si vous avez suivi…

  14. « Le fait qu’elle fût décédée n’est pas une raison ! Elle aurait dû le recevoir de façon posthume » ai-je entendu dire… Dominique Stéhelin ou Jean-Claude Chermann ne l’ont pas reçu non plus en même temps que les autres (Michael Bishop et Harold Varmus pour le premier, Luc Montagnier et Françoise Barré-Sinoussi pour le second), et pourtant ce sont des hommes… et ils étaient bien vivants…

  15. Robert J. Contre l’alcool et le tabac : ce n’est qu’un début, continuons le combat ! Innov Ther Oncol; 2022: 129-34.

  16. Socrate, au secours ! Les sophistes sont de retour… Cette merveille est de de Clarence Cook Little, généticien de renom, ancien président des universités du Maine et du Michigan… Abyssal, dirait Franc-Tireur !

  17. Jean-Charles. La foire aux cancres. Calmann-Lévy, 1962, p. 114.

  18. Nouvelle tentative pour ce pronom retors…

  19. Cette ânerie provient du site d’un consortium « Ecology and Evolutionary Biology Language Project » (https://www.eeblanguageproject.com). Ravaler la femme à la production d’ovules : ça, c’est du féminisme ! Simone de Beauvoir a dû se retourner dans sa tombe… 

  20. Déjà cité (voir la note 6). Il se lâche dans une interview (https://www.philomag.com/articles/et-si-nous-navions-presque-tous-rien-compris-la-biologie) : « Et si nous n’avions (presque) tous rien compris à la biologie ? » Il fait de son cas une généralité, manifestement…

  21. Au fait, quand est-ce qu’on biaise ? (selon le mot de Thomas C. Durand, qui a publié un livre portant ce titre). Notre jeune jardinier, venu dans mon bureau prendre les consignes, lorgnait le titre de ce livre que je lisais alors. J’ai dû mettre le point sur le i (et même le i tout entier) pour lui montrer que non, ce n’était pas un roman cochon…

  22. Ne serait-ce pas dans sa tête que quelque chose « cloche » ?

  23. Pour ceux qui ne manipulent pas couramment les agrégations de capitales : Mâles Blancs Hétérosexuels Dominants Suprémacistes. Le + peut représenter Cisgenres, Occidentaux et Néocapitalistes, mais je n’ai pas voulu ajouter trois capitales supplémentaires par respect pour mon lectorat (chic ! là, j’ai pu éviter lect·eu·r·ice·s qui est quand même un peu lourd).

  24. Eh oui ! C’était ça, la révolution culturelle ! Et il y a eu pire, bien pire… Vingt millions de morts. On peut espérer que la révolution woke finira dans les poubelles de l’histoire, comme la révolution culturelle.

  25. C’est en tous cas ce qu’une enseignante lilloise faisant un peu de politique pour occuper ses loisirs, a déclaré dans une conférence à l’université catholique de Louvain : https://www.youtube.com/watch?v=Fiq_qkxMq48« https://www.youtube.com/watch?v=Fiq_qkxMq48, minutes 24 à 26, cité par l’Express dans un excellent dossier sur Les nouveaux obscurantistes (n°3729/30, du 22 décembre 2022 au 4 janvier 2023). Cela dit, un « très grand historien des sciences », André Pichot, a lui aussi lu Darwin de travers (Pichot A. La Société pure. De Darwin à Hitler. Flammarion, 2010).

  26. C’est le titre d’un livre, évidemment prophétique, de Pierre Bayard, paru aux Éditions de Minuit en 2005.

  27. Bien sûr que si, c’est évident… Mais nous parlons de la biologie, qui est aveugle et ne connaît pas la compassion ! Mais les humains la connaissent, eux, c’est là toute notre dignité. La survie du plus adapté, ou du plus adaptable, via la sélection naturelle, reste le fondement de la science évolutionnaire.

  28. Pour ne pas perdre le nord, il vaut mieux ne pas être à l’ouest.

  29. C’est ce que prétendent les autorités universitaires de Nouvelle Zélande. Voir le combat de Kendall Clements dans sa lutte pour un peu de rationalité : https://time.news/those-who-want-to-decolonize-a-science-deemed-too-western/

  30. Je propose qu’on nous appelle les quackophobes (de quack, charlatan en anglais) : cela sonne quand même mieux !

  31. Demandez donc à Arthur London – et à tant d’autres, hélas !

  32. https://www.marianne.net/culture/litterature/ecole-jk-rowling-debaptisee-pourquoi-lecrivain-subit-elle-lire-de-militants-transgenres. Elle a osé créer une maison d’accueil pour les seules femmes munies d’un utérus !

  33. La prééminence de la race sur l’individu… Que voilà une idée neuve ! Rappelez-moi donc quels étaient ceux qui pensaient ainsi il n’y a pas si longtemps… Aurions-nous oublié leurs noms ? Les naxis ? les nagis ? Ah, oui, c’est vrai ! les nazis.

  34. https://madame.lefigaro.fr/celebrites/culture/amanda-gorman-la-poesie-est-une-tradition-vivante-meme-si-elle-reste-souvent-le-domaine-de-males-blancs-ages-ou-morts-20221229. Elle n’a quand même pas osé ajouter « hétérosexuels » ; peut-être a-t-elle entendu parler de Verlaine et de Rimbaud ? Ou de Walt Whitman ?

  35. Quel est donc le féminin de bobo ? Bobo·e ? Bobote ? Sandrine ?

  36. Braunstein JF. La religion woke. Grasset, 2022.

  37. Dupuis-Déri F. Panique à l’université. Rectitude politique, wokes et autres menaces imaginaires. Lux, 2022.

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