Recension: Susan Neiman, La gauche n’est pas #woke

Recension: Susan Neiman, La gauche n’est pas #woke

Citons Susan Neiman : "En revanche la pensée woke qui prône une vision tribale de la culture n’est pas très loin de celle des nazis qui tenaient à ce que la musique allemande soit jouée exclusivement par des Aryens, ni de celle de Samuel Huntington défendant ce qu’il appelle la « culture occidentale » contre les menaces de destruction issues d’autres civilisations. Censurer l’appropriation culturelle, c’est saboter la force de la culture."

Table des matières

Recension: Susan Neiman, La gauche n’est pas #woke

Susan Neiman, Left is not woke, Polity, 1st ed., March 20, 2023,‎ English,160 pp., ISBN-10 : ‏   1509558306 ISBN-13 ‏ : ‎ 978-1509558308; Susan Neiman, La gauche n’est pas # woke, Climats, Trad. C. Dutheil de La Rochère, 18 sept. 2024, 256 pp. EAN : 978-2080453631. Disponible en éd. numérique Kindle.

Le dernier ouvrage en français de Susan Neiman est une traduction de Left is not woke, paru en mars 2023. D’origine américaine et vivant en Allemagne depuis plusieurs années, la philosophe se présente d’emblée comme étant de gauche et plus particulièrement d’une gauche sociale, libérale, dont la matrice politique remonte aux années 1950-1960 aux États-Unis. Il est rare que la critique du woke relève d’un point de vue de gauche et nous ne pouvons que saluer cette initiative à l’heure où toute opposition ou contradiction se voit quasi-systématiquement étiquetée d’extrême-droite avant même parfois d’avoir pu s’exprimer. 

Dans La gauche n’est pas # woke, Susan Neiman envisage les relations entre tribalisme et universalisme, justice et pouvoir, et le sort réservé à la notion de progrès. Si ces questions peuvent effectivement éclairer certaines interrogations actuelles en France (et ailleurs), il n’en demeure pas moins que les notions abordées, en particulier au travers des mots « la gauche » et « le woke », ne recouvrent pas les mêmes réalités culturelles, sociales et/ou politiques aux USA et en France, voire au sein-même de l’Union européenne. Quelques définitions complémentaires, illustrées d’exemples comparatifs ou contrastifs, auraient été les bienvenues afin de permettre au lecteur lambda de comprendre leurs différences d’emploi face à des réalités sociales et histoires nationales dissemblables dans l’un et l’autre continents.

Du mot woke Susan Neiman nous indique une origine datant de 1931, qui faisait de stay woke un mot d’ordre pour toute personne noire, lui enjoignant de veiller à sa propre sécurité face à l’injustice ; elle aurait pu signaler sa filiation avec les grands éveillés, the wide awakes qui soutenaient en 1860 l’élection de Lincoln, futur président républicain, et militaient pour l’abolition de l’esclavage.  Si l’on occulte quelques autres avatars musicaux, c’est en 2014 que l’expression a été reprise comme slogan par les activistes de Black Lives Matter, suite à la mort de Michael Brown à Ferguson, Missouri. Depuis lors, le mot woke est devenu l’étiquette à référents variables d’une idéologie politique de gauche radicale centrée sur la justice sociale et la théorie critique de la race1

Susan Neiman dénonce cette « pensée » woke responsable de la dénaturation des valeurs d’une gauche sociale, humaniste et universaliste au profit d’une idéologie radicale et différentialiste, et ce, dans trois domaines : la sollicitude collective nécessaire envers des personnes marginalisées, détournée en une « forêt de traumatismes individualisés » – et, dirions-nous, essentialisés ; un souci de justice réparatrice concrète mué en la seule attention aux inégalités de pouvoir ; une exigence de confrontation au passé qui en est venue à considérer l’histoire comme une totalité criminelle irrémissible. 

Mais de quelle gauche parle-t-elle ? Il ne semble pas que la gauche française soit en ligne de mire car elle n’est pas mentionnée en tant que telle dans l’ouvrage, les références généralisantes à la France ou aux Français étant surprenamment issues soit de la prose de Rokhaya Diallo dans le New York Times, soit d’auteurs comme Joseph de Maistre… Susan Neiman nous dit aussi que « ce n’est pas en tant qu’historienne » qu’elle parle de la gauche et que ce qui l’intéresse, « c’est un idéal » [24].

Comme il n’existe pas à notre connaissance d’internationale de la gauche, ce sont peut-être les partis de gauche allemands qui sont visés par Susan Neiman : elle leur reprocherait en effet à la toute fin de l’ouvrage traduit de ne pas avoir su créer un… « front populaire ». L’emploi de cette expression à la référence historique précise, la France de 1936, est très surprenant dans un contexte où la « pire des guerres » est évoquée, à savoir la Seconde Guerre mondiale : « Had the left-wing parties been willing to form a united front, as thinkers from Einstein to Trotski urged, the world could have been spared the worst war2 ». 

« Si les partis de gauche avaient réussi à former un front populaire, ce que conseillaient de grands esprits, que ce soit Einstein ou Trotski, le monde aurait peut-être évité la guerre la plus sanglante qu’il ait jamais connue » [179].

Le détournement référentiel et politique est pour le moins étonnant. La traductrice emploie cependant deux fois de suite « front populaire » en lieu et place de la traduction attendue, un « front uni »… C’est le Congrès de l’Internationale communiste de 1922 qui avait défini l’expression « united front », reprise ensuite par Trotski, le texte anglais de Susan Neiman étant très clair à ce sujet. 

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Les explications du wokisme de gauche

Quoi qu’il en soit, voyons quelles explications l’auteur apporte aux trois renoncements dont s’est rendue coupable la gauche à ses yeux. 

Le cœur de mon propos ici est le suivant : les voix dites de gauche ont renoncé aux idées philosophiques qui justifient que l’on se revendique de gauche. Elles ont renoncé à l’engagement en faveur de l’universalisme plutôt que du tribalisme, à la distinction ferme entre justice et pouvoir, et à la croyance en la possibilité du progrès, autant d’idées liées entre elles. [11-12]

Le premier d’entre eux concernait l’abandon de son engagement universaliste au profit du « tribalisme », vocable typiquement américain qui renvoie au « communautarisme » en France et au « communitarianism » au Royaume uni. Le tribalisme est pour Susan Neiman l’autre nom de la politique identitaire qui conduit au communautarisme mais aussi aux affrontements entre tribus3, et il « connote l’idée de barbarie » : « Le tribalisme désigne l’effondrement civil qui se produit quand les gens, quels qu’ils soient, jugent qu’il existe une différence humaine fondamentale : ce qui nous sépare, nous et les nôtres, de tous les autres » [36]. C’est alors qu’elle pointe le tournant tribaliste de la gauche américaine, inattendu et dangereux selon elle, car « Si les revendications des minorités sont considérées non pas comme des droits humains, mais comme des droits de groupes particuliers, qu’est-ce qui empêche une majorité de mettre en avant les siens ? [43] » ; les mouvements qui soutenaient la gauche à l’origine étaient résolument indifférents à la couleur de peau, à la « race », et luttaient ensemble pour une universalité des droits humains. Le tribalisme est au contraire égocentré et totalitaire, caractéristiques communes à toutes les politiques identitaires, de gauche comme de droite. D’où la propagation d’une éthique du repli sur soi, imprégnée d’auto-victimisation et d’auto-essentialisation, qui caractérise certains mouvements dédiés à la justice sociale et place la reconnaissance identitaire des minorités au premier plan, allant même jusqu’à s’imposer sur Internet4. Braunstein n’aurait pas hésité à la comparer métaphoriquement à une religion.

De là peut-être une propension – voire une exigence – à mettre en avant les minorités dans l’art et la culture en général pour compenser leur victimisation. Il en va de même dans le monde de l’édition où les manuscrits sont disséqués par des sensitivity readers supposés détecter et reformuler – ou supprimer – le moindre élément qui puisse froisser la sensibilité d’un lecteur issu d’une minorité. D’où il découle que ce qui est estimé relever de l’appropriation culturelle est proscrit, voire censuré. L’on imagine alors les affres du choix d’une voix narrative pour un écrivain : d’abstraction qu’elle était quand la narratologie entrait encore au service de l’esthétique littéraire, il semblerait qu’elle ne puisse plus désormais être assumée que par un représentant de la tribu du personnage (fictif), qui lui-même doit être un clone de celle de l’auteur… Le retour de Procruste… Mais ce n’est pas pour autant qu’il nous semble nécessaire d’aller aussi loin que Susan Neiman sur ce point et de convoquer les sombres échos de la loi de Godwin.

En revanche, la pensée woke qui prône une vision tribale de la culture n’est pas très loin de celle des nazis qui tenaient à ce que la musique allemande soit jouée exclusivement par des Aryens, ni de celle de Samuel Huntington défendant ce qu’il appelle la « culture occidentale » contre les menaces de destruction issues d’autres civilisations. Censurer l’appropriation culturelle, c’est saboter la force de la culture. [74]

Susan Neiman

Pour la philosophe, le « mot d’ordre [de l’universalisme] était la solidarité internationale » [27]. Les idées-forces dont se réclame la politique identitaire sont en revanche « l’identité ethnique et l’identité de genre » [29], qui visent à essentialiser de multiples statuts de victime sacrificielle en contexte néo-libéral. De l’identitarisme au fascisme, il semblerait cependant n’y avoir qu’un pas :  Susan Neiman cite conjointement des écrits de Joseph de Maistre, d’Eichmann, et de Carl Schmitt5 pour lequel « les membres de l’espèce Homo sapiens ne sont pas tous des êtres humains » [40] avant de s’intéresser à Foucault et ses positions anti-Lumières : « « Notre tâche actuellement, disait-il, est de nous affranchir de l’humanisme », ce qui impliquerait la mort de l’humain, comme il l’expliquait dans Les Mots et les Choses » [42]. Il est tout de même difficile d’adhérer pleinement à cette présentation de tous les auteurs qui sélectionne les pires de leurs écrits.

D’autres contempteurs de l’universalisme des Lumières lui ont reproché son eurocentrisme et son adhésion tacite aux doctrines coloniales. Susan Neiman rappelle justement que les Voltaire, Diderot, Rousseau et autres Kant « sont les premiers à avoir mis au ban l’eurocentrisme et encouragé les Européens à s’analyser du point de vue des autres […] Les philosophes des Lumières invitaient les lecteurs à être prudents et sceptiques quand ils tombaient sur des descriptions empiriques de peuples non européens » [55-57]. De même, elle revient sur « la diatribe cinglante de Kant contre le colonialisme » [59] et sa condamnation de l’esclavage : « L’impératif catégorique de Kant, qui est l’expression fondamentale de la loi morale, stipule que personne ne saurait être traité comme un moyen. Ce qui exclut l’esclavage et toute forme d’oppression » [61]. Elle insiste enfin sur l’utilité de la pensée universaliste de tous temps et en tous lieux : « [Les penseurs des Lumières] ont jeté le socle théorique de l’universalisme sur lequel devraient reposer la lutte contre toutes les formes de racisme, ainsi que la conviction que le pluralisme culturel n’est pas une alternative à l’universalisme, mais son prolongement » [65].

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…et la modernité

C’est alors à Foucault, en raison de son opposition à la modernité et aux Lumières, que Susan Neiman attribue la responsabilité du second renoncement : l’abandon de la notion de justice sociale au profit de luttes intestines pour le pouvoir. Sa critique de Foucault est extensive et remet en question son analyse du pouvoir et de ses mécanismes au travers de ses ouvrages majeurs. Elle donne de lui un portrait à gros traits tout en relevant les contradictions éventuelles entre des écrits peu nuancés et leur réception dithyrambique: 

Jamais un unique cadre analytique n’a saturé le champ des études coloniales aussi complètement que celui de Foucault.[…] Ses livres exaltaient les marginaux de la société : les hors-la-loi et les fous. Lui-même s’est engagé en faveur des opprimés, qu’il s’agisse de Français condamnés à la prison ou de Chiliens victimes de la dictature. [81-83]

Elle en conclut néanmoins que « Tout plaidait pour qu’il devienne le phare de la pensée de gauche, du moins le grand philosophe lu par un public non professionnel » [83]. En dénonçant le pouvoir comme « unique force motrice », Foucault remettait en cause la « raison » telle que définie par les Lumières et il fut rejoint par Heidegger et Adorno pour en faire « une forme de monstre dominateur, calculateur et rapace déterminé à soumettre » [86]. Susan Neiman réaffirme alors sans ambages que « la rationalité instrumentale n’est qu’une partie du champ de la raison. La fonction la plus importante de la raison est d’affirmer la force des idéaux » tout en mettant en garde contre toute équivalence entre raison et pouvoir : « La raison a bel et bien le pouvoir de changer la réalité, mais l’envisager exclusivement comme une forme de pouvoir, c’est ignorer la différence entre violence et persuasion, et entre persuasion et manipulation » [89-90]. Le traitement qu’elle propose de l’universalisme et de la raison remet très justement les idées et valeurs des Lumières à la place qui doit être la leur.

De Rousseau à l’état de nature, à la psychologie évolutionniste, et à la sociobiologie, la question de la naturalisation de la violence est posée, et de son origine dans l’homme. Les théories de « la guerre de tous contre tous », hobbesienne, et du « vernis », du primatologue F. de Waal, conduisent ensuite à une réflexion sur les parts respectives de nature et de culture en l’être humain. Pour conclure ce débat et amorcer la transition avec la partie suivante sur le progrès, l’auteur questionne de nouveau les positions de la gauche :

Une gauche plus critique aurait pu se demander comment l’idéologie de la psychologie évolutionniste avait ré-émergé des cendres de la sociobiologie pour arriver à un tel consensus à la fin de la guerre froide. C’est en effet une vision de la nature humaine liée à un cycle de compétition sans fin qui répondait aux besoins d’un monde assenant, suivant la formule de Margaret Thatcher : il n’y a pas d’alternative au néolibéralisme. [115]

***

… le progrès

La croyance en la possibilité du progrès est également un héritage des Lumières, déclinée diversement selon les philosophes ; un progrès conditionné par des réformes, des avancées sociales, des mesures comme l’abolition de la peine de mort, ayant pour base un humanisme fondé sur « la libre action d’êtres humains coopérant ensemble » [119]. Pour accéder à cette liberté fondamentale de choix et de conscience, Susan Neiman souligne d’abord la nécessité de contrer l’influence du dogmatisme religieux sur la croyance en la possibilité du progrès moral :

Le progrès moral n’est possible que si la nature humaine vaut mieux que ce qu’enseignait l’Église. En martelant l’idée qu’il ne l’est pas et que les conditions sociales sont des faits naturels, l’Église et l’État envoyaient un message sous-entendant que le progrès est impossible. [131]

Mais pour agir moralement, disait Kant, il faut avoir de l’espoir, car c’est lui qui ouvre les portes d’une utopie mélioriste, sans toutefois prédiquer sa réalisation : « l’espoir n’est pas une position épistémologique, mais une position morale » [134]. C’est là certainement que progrès et progressisme divergent et la critique du militantisme woke revient en force, et fort à point, en conclusion :

Il est évident que les activistes woke ont soif de justice, de solidarité et de progrès. C’est au nom de ces idées qu’ils luttent contre les discriminations. Certes, mais ils ne comprennent pas que les théories qu’ils ont adoptées sapent leurs objectifs. Sans universalisme, aucun argument contre le racisme ne tient. Il ne reste plus qu’un agrégat de tribus qui se disputent le pouvoir. [135]

Et ce faisant, ces tribus oublient que l’histoire du progrès humain est l’histoire des valeurs qui l’ont porté et de la liberté durement acquise qui a progressivement permis de lutter contre inégalités et injustices. « Par définition, le progrès n’est pas ce que nous vivons aujourd’hui. Ce n’est pas ce qui a été atteint, mais ce qui devrait l’être – si possible demain », nous rappelle l’auteur [152]. Pour savoir où nous allons, il nous faut comprendre d’où nous venons : « L’universalisme dépend d’une abstraction, de la capacité à percevoir l’humanité commune présente au cœur des variations historiques et culturelles qui ont également donné naissance à ce que nous sommes [156]. »

Il est alors urgent, dit Susan Neiman, de ne plus confondre les idéaux de gauche avec une « méthode woke » reposant sur « cancel culture, accent mis sur la pureté, refus des nuances, tendance au binarisme », qui finit par « contamine[r] la totalité de la parole politique » [158]. L’on pourrait ajouter que le virus woke de l’écriture néo-féministe inclusive parvient lui aussi à s’immiscer dans des textes qui le combattent en théorie : pour preuve cette apparition saugrenue voire burlesque du point médian, à plusieurs reprises, dans la traduction française de La gauche n’est pas woke, dont on ne peut, évidemment, attribuer l’usage à l’auteur – l’anglais comme l’allemand n’ayant pas recours à ce leurre aussi grotesque que superfétatoire6. Citons en contrepoint amusé ce constat de Susan Neiman à l’à-propos digne de l’ironie dramatique : « La langue est si souvent violée que même ceux qui y sont sensibles ne le remarquent que lorsque la violation est flagrante. » [173]. Traduttore, traditore

***

Universalisme, justice

Universalisme, justice, progrès sont les valeurs sûres que défend cet ouvrage qui, s’appuyant sur une discussion philosophique érudite de leurs fondements éthiques et historiques, permet d’échapper aux habituelles litanies woke revendicatives. Pour le lecteur non philosophe, certains passages seront ardus, d’autres souffriront d’un manque de définitions ou d’exemples, d’autres de libertés de traduction difficilement justifiables, mais chacun y trouvera matière à comprendre – et certains à regretter – la fracturation des gauches de part et d’autre de la Mare aux harengs7 depuis la fin du XXe siècle. 

Originaire d’Atlanta (Géorgie), Susan Neiman obtient un doctorat de philosophie à Harvard sous la direction de John Rawls et Stanley Cavell, puis poursuit ses études supérieures à l’Université Libre de Berlin. Professeure associée de philosophie, elle enseigne à l’Université Yale de 1989 à 1996, et à l’Université de Tel-Aviv de 1996 à 2000. Elle a été directrice du Forum Einstein à Postdam pendant 23 ans. Elle est l’auteur de nombreux livres, essais et articles de presse.

Auteur

Notes de Bas de page

  1.  Pour plus d’informations sur les Social Justice Warriors et the Theory (Critical Theory), voir les ouvrages de Pluckrose et Lindsay, Critical Cynical theories, Pichstone, 2020 ; Le triomphe des impostures intellectuelles, H&O, 2021.

  2.  [Cf. ed. USA, 178]. [notre trad.]  « Si les partis de gauche avaient été disposés à former un front uni, comme les en exhortaient les penseurs de l’époque, d’Einstein à Trotsky, le monde n’aurait pas eu à subir les affres de la pire des guerres. » 

    La traduction par « front populaire » est également problématique vu la date idoine de parution de la traduction de l’ouvrage en France alors qu’était créé le Nouveau Front Populaire, NFP…, rendant caduque la phrase, « Le temps est venu de créer un front populaire ».

  3.  Le mot « tribu » n’est guère usité en français pour autre chose qu’une désignation affectueuse des membres d’une famille. Il en va autrement en anglais américain où il connote les peuples premiers, et a plus largement une référence ethnique. On se souvient aussi des « Tribes of Britain », expression qui désignait les punks et autres skin heads de la sub-culture britannique des années 1970. Il doit être compris en contexte comme signifiant « communautés » ou encore « militants », certains d’entre eux, aux USA, se faisant même appeler les guerriers de la justice sociale (social justice warriors).

  4.  Voir le jeu vidéo sorti en 2017 qui parodie la SocJus (social justice). Project SOCJUS is a satirical game about the internet cult of social justice, SocJus. Play as Vivian James, explore a cyberpunk dystopia with levels inspired by popular websites, battle hordes of Social Justice Warriors, and uncover the dark truth behind SocJus and their Orwellian plan to transform the world into a Safe Space utopia. Project SOCJUS-IMDb [notre soulignement].

  5.  Pour Carl Schmitt, que peu connaissent sans doute – théoricien du Droit du Troisième Reich et critique du libéralisme, la dénazification équivalait à la terreur et les valeurs étaient intrinsèquement porteuses de violence politique.[Cf. p. 41]

  6.  Par exemple p. 162 : « Un américain ou une américaine qui vit à l’étranger et rentre au pays est choqué·e de voir le niveau de rage quotidienne ». Pire encore, peut-être, car révélateur des ravages de l’idéologie : « Le moindre responsable politique qui se présente aux élections, homme ou femme, se croit obligé·e de dire qu’il ou elle a la chance de vivre dans le plus merveilleux pays du monde [165].

  7.  The herring pond, autre nom de l’Océan Atlantique.

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