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Wokisme, les faits n°25 - avril 2024

Colloques et événements

Trouble dans le patrimoine ? Héritages LGBTQIA+ et narrations queer : quel rôle pour les institutions patrimoniales ? 

Employé historiquement en anglais comme une insulte, le terme « queer » (en français « bizarre », « hors-norme ») fait l’objet depuis plusieurs décennies de réappropriations par les minorités sexuelles et de genre, et a gagné ces dernières années en visibilité dans l’espace médiatique et universitaire. Dans le champ culturel, cet intérêt s’est traduit par la multiplication d’initiatives (expositions, colloques, etc.) inspirées des réflexions contemporaines sur la sexualité, le genre, l’intersectionnalité et la mise en récit des cultures communautaires. À travers cette journée d’étude, nous souhaitons interroger la capacité des acteurs institutionnels du patrimoine à enrichir ou valoriser ces réflexions, et à intégrer ces sujets à leurs pratiques professionnelles. Cette journée, pensée comme un espace de partage, de formation et d’échange, a pour originalité de poser ces questions pour l’ensemble des spécialités patrimoniales — archéologie, archives, inventaire, musées, monuments historiques et patrimoine scientifique technique et naturel —  et de valoriser des initiatives institutionnelles et associatives, aussi bien territoriales que nationales et internationales.

Conférence de Khalil Khalsi. Séminaire « identités plastiques », Sorbonne Université

Nombre de productions contemporaines en littérature et sciences humaines et sociales réinvestissent le motif du rêve en tant que manière de vivre à l’ère dite de l’Anthropocène. L’intérêt renouvelé envers l’animisme pense la multilatéralité des imaginaires et des épistémologies dans le cadre d’une crise environnementale planétaire, qui placerait l’Occident dans une communauté de destin avec les populations dites non modernes. Ceci amènerait alors l’Europe, sinon à provincialiser son savoir, du moins à le réinventer. Le rêve apparaît alors, par emprunt aux cosmologies alternatives, comme une modalité de « reliaison » dont l’écriture offre le laboratoire. 

« Seins et biomédecine : entre aliénations et subversions corporelles de genre »

L’articulation peu explorée entre les seins et la biomédecine suscite des questionnements fondamentaux sur la corporéité liée à cet attribut physique. Cette problématique a été jusqu’à présent largement sous-étudiée dans la recherche académique, en particulier dans sa dimension spécifique, hors d’un contexte plus global impliquant d’autres parties du corps et pratiques corporelles (Froidevaux-Metterie, 2020). Les interrogations soulevées par les seins s’inscrivent cependant directement dans les normes de la féminité qui leur sont associées, ainsi que dans les théories de la performativité des normes de genre (Butler, 1990). Depuis les années 1960, diverses interventions biomédicales sont apparues, notamment des procédures thérapeutiques telles que la mastectomie pour des raisons médicales, ainsi que des interventions de reconstruction post-traitement oncologique. À côté de cela, des chirurgies esthétiques mammaires et des interventions chirurgicales de transition de genre sont également devenues courantes. Cette journée vise à établir un dialogue entre les études en sciences humaines et sociales (SHS) sur la représentation sociale et genrée des seins et les pratiques médicales, en examinant leur rôle dans la perpétuation ou la remise en question des stéréotypes corporels associés au féminin. Dans cette optique, nous nous inscrivons dans la continuité des analyses sur l’implication de la médecine dans la construction des corps sexués et genrés (Fassin, Memmi et Collectif, 2004 ; Foucault, 1963, 1976). Les travaux présentés mettent en lumière l’expérience des individus concernés par cette corporéité spécifique, soulignant ainsi l’aspect identitaire du corps féminin (Young, 1992 ; Fortier, 2021).

Genre et hétéronormativité dans les sources : approches méthodologiques (Saint-Étienne)

Dans le prolongement des deux premiers séminaires jeunes chercheur·se·s organisés, pour le premier, en 2022 sur le thème « Genre et sources. Lecture, relecture, mélecture » et pour le deuxième en 2023, intitulé « Genre et hétéronormativité dans les sources : représentations et transgressions de l’injonction hétérosexuelle », ce troisième séminaire souhaite se concentrer sur les approches méthodologiques des études de genre à travers le prisme de l’hétéronormativité. Il s’agit d’interroger les méthodes de recherche qui permettent de réévaluer une vision à la fois dualiste et déterministe des identités des genres et des sexualités, remettant directement en cause les conceptions essentialistes de la division sexuelle.

Décoloniser la pensée : regards autochtones

La colonialité du pouvoir reste active sur le plan mondial, mais comment la démanteler ? Le séminaire “Décoloniser la pensée : regards autochtones” part des théories postcoloniales et décoloniales en vue de constituer un espace de convergence des pensées et luttes avec l’Autre radical contre lequel la Modernité s’est construite : l’ « Amérindien » (Toledo 2021 ; Blanco, Delgado 2021). Nous souhaitons aller au-delà, en invitant aux séances du séminaire des répresentant.e.s des peuples autochtones de divers continents. Compte-tenu de l’exclusion des peuples autochtones de l’architecture du pouvoir et de la raison moderne, la co-construction d’un monde avec la vision politique des peuples autochtones est susceptible de constituer l’alternative radicale envisagée (Quijano 2020). Le séminaire vise à réfléchir à la construction de sa mise en œuvre.

GENRE ET CLIMAT : MÊME COMBAT ?

Quels sont les liens entre genre et climat ? Comment le changement climatique crée, révèle ou accentue les inégalités de genre ? Que peut-on faire pour prendre en compte ces enjeux et y répondre efficacement, en particulier en France ? 

Dans cette conférence en deux parties, un ensemble de spécialistes et de responsables politiques se rencontreront pour répondre à ces interrogations (et les vôtres !) dans une approche pluridisciplinaire, engagée et ouverte au débat. 

Il y a un an maintenant, le Conseil Économique, Social et Environnemental (CESE) publiait le rapport “Inégalités de Genre, Crise Climatique et Transition Écologique”. En identifiant les injustices genrées de la crise environnementale, ce travail présente vingt-quatre préconisations proposant des solutions pour bâtir une société durable et respectueuse de l’égalité de genre. 

La conférence sera présidée parHelena Alviar García, Professeure à l’École de droit de Sciences Po et modérée par Maxime Forest, politiste à Sciences Po, spécialiste des politiques de genre. 

Appels à contribution

Algorithmes, intelligence artificielle et transformations du travail au prisme du féminisme

Quelles sont les nouvelles formes de travail émotionnel effectué par les femmes en ligne ? Comment les métiers féminisés, notamment ceux qui relèvent du care, sont-ils soumis à de nouvelles formes de rationalisation ou de surveillance ? En quoi l’utilisation d’algorithmes dans les processus de recrutement, ou encore les représentations stéréotypées des compétences féminines dans les contenus produits par les outils d’IA générative, renforcent-ils les discriminations sur le marché de l’emploi ? Quelles sont les conséquences de la sous-représentation des femmes et des minorités de genre et raciales aux postes de conception ou de décision au sein des grandes entreprises du web, mais aussi dans les formations aux métiers du numérique ?

Ecoféminismes européens

Depuis près de dix ans, des chercheuses de l’ILLE s’intéressent à l’écriture du Féminin à travers des sujets comme l’apprentissage du devenir féminin, le crime et son interrogation selon son genre, son origine, son parcours de vie. Les profonds changements dans la conception du monde et de l’environnement bouleversent ce thème, le prolongent et le font évoluer. Les structures asymétriques du pouvoir restent : les femmes dont la vie et l’action sont encore, malgré les progrès sociaux, souvent assimilés à une mise sous tutelle ou une mise hors champ, sont encore aujourd’hui dans la lutte contre le patriarcat et la domination masculine. Mais quel est l’apport de la perspective écologique dans ce domaine ? Depuis plus de trente ans, de nombreuses études internationales montrent un parallèle entre le traitement du féminin et de l’écologie, la pensée de la nature et du féminin connaissant le même combat dans l’écoféminisme.

Utilisé la première fois en France par Françoise d’Eaubonne dans un ouvrage paru en 1972, ce mot, contraction d’« écologie » et de « féminisme », part du principe que les femmes sont victimes de la domination masculine, et que le rapport à la terre en constitue l’une des conséquences. La révolution écologique passe dès lors par une révolution féministe ; mais comment déjouer le système de domination des hommes sur la nature et les femmes elles-mêmes ? D’Eaubonne dénonce l’organisation sexiste de la société qui a permis la domination des femmes par les hommes et la destruction de la nature par son exploitation forcenée. Elle voit dans le masculin la force de destruction technique de la nature et pour elle, les valeurs du féminin sont les seules valables pour une survie de la nature et de l’être humain. Elle sait que le temps presse et que, plus que de révolution, la terre et l’humanité ont besoin de mutation. Elle prône aussi un changement dans les relations entre les sexes.

Publications

Rien d'identifié. N'hésitez pas à nous faire connaître vos propres découvertes...

Ouvrages

Rien d'identifié. N'hésitez pas à nous faire connaître vos propres découvertes...

Thèses

Les injustices numériques raciales : à la croisée du capitalisme de surveillance et du colonialisme

À l’ère d’une économie numérique sans précédent, ce mémoire tente de comprendre la relation entre les usagers du milieu virtuel et les entreprises technologiques au pouvoir. Afin de comprendre les conséquences du marché, seront à l’étude des concepts tels que les injustices numériques et injustices numériques raciales. Essentiellement, l’objectif de ce travail sera de qualifier la place des classes subalternes dans l’écosystème numérique. Une réflexion pluridisciplinaire s’impose, avec une attention particulière portée sur le topo du racisme en relation avec la technologie. Conséquemment, le cadre normatif régulant le marché économique actuel sera mis en lumière de sorte à contester l’enjeu éthique entourant l’usage de la technologie.

Les dé-re-constructions identitaires des femmes afro-descendantes dans l’ordre patriarcal et colonialiste de Medellín, Colombie, au XXIe siècle : parcours historique, littéraire et ethnographique

Cette thèse traite de la situation sociale et identitaire des femmes de descendance africaine qui habitent Medellín, capitale du département d’Antioquia, dans la Colombie du XXIe siècle. Ce travail de recherche analyse les continuités et les discontinuités de la construction identitaire des femmes afro-descendantes (afro-antioqueñas, afro-chocoanas, afro-costeñas et afro-vénézuéliennes, mais aussi hétérosexuelles, homosexuelles et transsexuelles), dans une société patriarcale et colonialiste où les violences symboliques et physiques, racistes et sexistes, les affectent de manière intersectionnelle et multidimensionnelle. La racialisation et la sexualisation sont au centre de notre réflexion. Il s’agit, en effet, des deux oppressions majeures qu’ont vécues et vivent encore les femmes racialisées dans l’espace occidental.isé, dont la Colombie fait partie. Dans leur appartenance à la diaspora africaine d’Occident, les femmes noires de Medellín, sont aujourd’hui les héritières de l’imbrication de ces deux oppressions, de ce double malheur généalogique, également du classisme, l’hétérosexisme et de la xénophobie, entre autres, aussi abordés dans cette thèse. Dans une perspective historique, globale et afrodiasporique, nous essayons de comprendre comment le sexe-genre et la « race », en tant qu’outils culturels de domination, ont été élaborés et fermement implantés pour hiérarchiser les êtres humains, confinant les femmes noires au plus bas de l’échelle sociale. À partir du contexte colombien, nous nous sommes efforcé.e.s de saisir la place subalternisée qu’occupe aujourd’hui la femme noire au sein du récit imaginé antioqueño, lui-même fondé sur la blanchité, la masculinité et la féminité hégémonique, dont les femmes et les hommes paisas, malgré leurs racines afro-descendantes et natives, en sont les représentants les plus notables, dans l’imaginaire colombien. Malgré l’ancrage d’une forte stéréotypie, les femmes afro-colombiennes, porteuses de la résistance ancestrale noire, continuent de mener de manière individuelle et collective d’importants processus de conscientisation, de décolonisation et de dépatriarcalisation. Ce mouvement d’empowerment féminin noir, cristallisé dans la figure de Francia Márquez, remet de plus en plus en question les piliers fondateurs de l’ordre patriarcal, colonialiste et capitaliste, qu’il cherche à transformer en s’affirmant et en établissant un dialogue avec les autres groupes de la société.

Les mutations du bénévolat pour l’asile LGBT. D’une cause gaie à son recadrage intersectionnel

Le travail associatif en soutien aux personnes en situation de migration s’est développé dans un contexte d’intensification de politiques répressives à l’encontre des migrant·e·s mais aussi des militant·e·s. Les associations qui viennent spécifiquement en aide aux personnes LGBTI occupent dans ce champ une position particulière, au croisement entres mouvements gais et lesbiens et espace de la cause des étrangers. Cette thèse porte sur une de ces associations, l’ARDHIS, à partir d’une enquête ethnographique longue (2016-2022). Elle analyse les transformations du travail bénévole qui tiennent à des évolutions au sein de l’espace associatif. Elle est fondée sur une observation participante active, puisque l’implication militante de la chercheuse a nourri sa recherche : ce travail comprend donc une dimension réflexive importante, puisque l’histoire racontée est aussi celle d’un parcours au sein de l’association. La première partie de la thèse montre comment le travail bénévole a longtemps été défini par une forme d’identification, fondée sur l’orientation sexuelle, entre des bénévoles gays et des demandeurs d’asile qui étaient le plus souvent de sexe masculin. La vérité de l’identité homosexuelle de ceux-ci, justifiant l’asile, en était la clé pour ceux-là. L’orientation sexuelle, comprise comme une compétence de travail, fonde alors la spécificité de l’association. La deuxième partie porte sur la remise en cause de ce modèle au sein même de l’association, au prix de tensions intergénérationnelles importantes : le rajeunissement des bénévoles s’accompagne de leur féminisation. C’est alors que sont soulevées des accusations d’agressions et violences sexuelles qui secouent l’association. Le traitement interne de ces accusations se heurte à l’aveuglement à la relation de domination propre au travail d’accompagnement, qu’il s’agit alors de recadrer : la cause gaie, définie par la sexualité, devient alors une cause féministe, définie en termes de genre. Mais la moindre identification des bénévoles qui déterminent le nouveau cours de l’association avec les personnes en demande d’asile sert aussi de révélateur à ce qui reste généralement impensé dans le travail militant en faveur des migrant·e·s : la dimension raciale, puisque ceux-ci sont racisés, au contraire des militant·es. Autrement dit, il s’agit désormais d’une perspective proprement intersectionnelle. Cette mutation traduit, non pas une évolution de la politique d’immigration en France, mais des changement sociaux et idéologiques de l’engagement militant, dans les nouvelles générations, pour les minorités sexuelles en migration.

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Collectif des Observateurs