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Wokisme, les faits n°26 - mai 2024

Colloques et événements

Journée d’étude transdisciplinaire des masters sur le genre

Comme chaque année depuis 2013, la journée transdisciplinaire des masters sur le genre, réunira des étudiantes et étudiants en master de toute discipline, de l’une des trois facultés de Sorbonne Université ou de l’un des établissements de l’alliance Sorbonne Université (Université de Technologie de Compiègne, Insead, Muséum national d’Histoire naturelle, Pôle supérieur d’enseignement supérieur artistique de Paris Boulogne-Billancourt, Centre international d’études pédagogiques) dont le sujet de recherche s’intéresse au(x) genre(s), aux femmes, aux corps sexués, aux sexualités, aux féminismes, aux masculinités, à l’intersectionnalité, aux études « queer » et aux études trans.

Territoire(s) et genre(s) dans les Amériques

Loin de considérer le territoire comme un élément de déterminisme du genre, il sera plutôt un outil pour en aborder les normes, visibles tant à l’échelle collective qu’individuelle. De même, le territoire sera envisagé en tant que producteur d’inégalités, de discriminations et de violences multiples, notamment à travers des politiques d’urbanisme, d’agencement des territoires et de gestion sociale discriminantes. Comment le territoire façonne-t-il les identités et les corps à travers des normes de genre, de race et de classe ? Nous nous interrogerons sur les processus coloniaux de féminisation et de déshumanisation des peuples colonisés (entre autres, les conquêtes européennes des territoires autochtones ou encore les conséquences de la guerre du Chaco (1932-1935)). Nous considérerons les questions de continuité de ces dynamiques de domination, telles que la question des stérilisations forcées des personnes indigènes au Pérou (1990), les disparitions et féminicides des femmes indigènes au Canada, dénoncées par la Native Women’s Association of Canada (NWAC), ou les violations constantes du droit des personnes indigènes à l’autogestion et l’invisibilisation des langues originaires au Mexique. Seront aussi traitées l’instrumentalisation politique des enjeux de genre (restrictions du droit à l’avortement aux États-Unis, l’interdiction de l’écriture inclusive sous le gouvernement de Milei en 2024), les sexualités et corps comme véhicules de normes et de coutumes locales, ainsi que la socio-géographie des violences de genre, de race et de classe.

L’écriture inclusive : et si on s’y mettait ? Le Robert

Adopter l’écriture inclusive est un défi à bien des égards. Cette pratique nous invite à réinterroger individuellement et collectivement les usages que nous faisons des mots et ce qui compte dans notre expression. Elle nous amène aussi à expérimenter de nouvelles manières de dire et de faire, et souvent à lutter contre nos automatismes d’écriture (de formulations, de graphie, d’accords). L’ouvrage « L’écriture inclusive : et si on s’y mettait ? » a été publié aux Éditions Le Robert en 2023 et rassemble, sous la direction de Raphaël Haddad, docteur en Sciences de l’Information et de la Communication, des collaborateurs et collaboratrices de différents horizons (linguistes, politistes, écrivain·es, responsables politiques, d’édition, de communication, etc.). Il a principalement trois objectifs : nous aider à comprendre l’écriture inclusive et ses enjeux ; faire le point sur cette pratique, les conventions d’écriture, les expérimentations et débats actuels ; et enfin outiller, sans éluder les questions sensibles ou sans réponses à ce jour, avec des exemples concrets et documentés.

Décrire et enseigner les langues sous le prisme du genre : enjeux scientifiques et politiques

Ce colloque rassemble dans un même espace de réflexion des chercheureuses dont les travaux articulent genre et langage selon différentes perspectives, explorant des questions liées à la description des langues ou à leur enseignement. Il s’intéresse tout particulièrement aux cadres théoriques et méthodologiques, ainsi qu’aux terrains et postures de recherche.

Philosophies Trans*

Une journée d’étude organisée par Ruby Faure (LEGS, Paris 8) et Emma Bigé ( HEAD, Genève / CNDC, Angers) dans le cadre du séminaire « Tordre la philosophie : introduction aux théories queer et trans » au département de philosophie de l’Université Paris 8.

Antiquité Queer : histoire, réception, création

D’Aphrodite au biopouvoir, les dispositifs de la sexualité connaissent des formes multiples et produisent des identités variées dans le temps et dans l’espace. Alors qu’elles ont souvent servi de prestigieux modèles pour légitimer des pratiques et des normes actuelles (« le » droit, « la » démocratie, « la » philosophie), la Grèce et Rome peuvent aussi et surtout permettre de déconstruire des catégories dont on oublie trop souvent la dimension historique et dynamique. En tant qu’elles sont des sociétés before sexuality, selon l’expression de David Halperin, l’étude des sociétés grecque et romaine permet de jeter du « trouble » dans le genre et de la sexualité, de « tordre » les essentialismes et les fxités, de les « queeriser » au sens étymologique du terme comme dans son sens contemporain. Deux démarches, au moins, permettent de recourir au passé pour (re)penser les normes actuelles des identités et de la sexualité. Une première consiste à se saisir d’objets et de thèmes antiques pour produire un nouveau discours et jouer avec les formes et les images, et toutes les potentialités émiques qu’elles contiennent. Une autre consiste à reprendre à nouveau frais nos approches des pratiques culturelles grecques et romaines, des sociétés que l’historiographie des XIXe et XXe siècle a souvent construites à son image. On découvre alors, par un processus de comparaison différentielle, des catégories antiques bien plus fuides qu’on ne l’imaginait, source d’inspiration pour l’art, la politique et la littérature.

Appels à contribution

AAC : Colloque « Sexualité, racisme et migrations »

Les membres organisateurs d’un colloque prévu les 18 et 19 novembre 2024, intitulé « Sexualité, racisme et migrations », et organisé conjointement par l’IC Migrations, l’Association française de sociologie (AFS) et l’Ined, lancent un appel à communication.

« Ce colloque pluridisciplinaire porte sur l’imbrication du racisme et de la sexualité. Il s’agira d’établir ce que la construction sociale de la race doit à la sexualité et, réciproquement, comment le racisme participe à construire l’expérience (potentiellement minorisée) de la sexualité. Ces journées seront, notamment, l’occasion d’interroger la notion de minorisation sexuelle au prisme des rapports sociaux de race et des migrations, et de visibiliser des travaux empiriques qui étudient l’articulation entre le racisme et la sexualité. Leur visibilisation comporte des enjeux scientifiques et politiques importants dans la mesure où, en France, la constitution du racisme et de la sexualité comme objet d’étude a été complexe, longue et tardive (Streiff, 1997 ; Bozon, 2005) », écrivent-ils.

Contre-je : genre et énonciations minoritaires en littérature

Ce colloque, Contre-je : genre et énonciations minoritaires en littérature, propose d’explorer les diverses entreprises de « sape » des instances énonciatives (en particulier des « discours de savoir-pouvoir », Foucault, 1976), qu’elles soient poétiques ou narratives. Il ne s’agit pas seulement d’affirmer que « je est un(e) autre » pour les énonciations minoritaires – ce qu’il est toutefois bon de rappeler, Planté, 2002 –, mais également d’observer comment ces prises de parole dissidentes, qui sont autant de prises de position politiques, « agissent » sur les conditions d’énonciation du sujet, dont elles redéfinissent les marges/normes pour faire entendre un discours « en propre ». Ceci implique de tordre une instance énonciative socio-historiquement située par le positionnement qu’occupent des sujets « majoritaires » (doxographes ou « entrepreneurs de morale », « qui créent les normes […] et qui les font appliquer », Becker, 1961) – dans le champ sexuel, notamment – mais aussi de devenir maître·sse du discours habituellement tenu par ce « je » sur « l’autre ».

Affinités sans limites : méthodologies pour une histoire comparée des littératures du désir entre personnes du même sexe. XIXe-XXe s. (Prague)

Le projet d’ouvrage se fixe comme objectif de mieux saisir et donner à comprendre la complexité des représentations du désir entre personnes du même sexe dans les littératures écrites en langues européennes : depuis la fin du XIXe siècle, au moment où sont apparues les premières définitions contemporaines de l’homosexualité dans différents espaces européens, jusqu’à la fin du XXe siècle, lorsque la pandémie mondiale du SIDA a bouleversé un certain nombre de ces représentations. Ce terminus ad quem représente aussi une période de dépénalisation et de théorisation dans les pays occidentaux, qui a permis l’émergence d’approches historiques, comme les études gaies et lesbiennes, puis le plus récent tournant conceptuel des études de genre, études queer et études trans.

Perdre, conserver, retrouver la nationalité de l’ancienne puissance coloniale

Le colloque « Perdre, conserver, retrouver la nationalité de l’ancienne puissance coloniale » vise à établir un état des lieux des études existantes et à susciter de nouvelles recherches à propos des recompositions des liens de nationalité dans les anciennes puissances coloniales après les indépendances. En s’appuyant sur des perspectives disciplinaires diverses (histoire, science politique, sociologie, droit…), il permettra également d’examiner les méthodes et les sources disponibles. Cet événement a aussi vocation à constituer un réseau international de chercheuses et de chercheurs intéressé·es par les transformations des liens de nationalité en relation avec les histoires coloniales et postcoloniales, en vue de futures recherches comparatistes et de collaborations internationales.

Parmi les cas d’étude, un intérêt spécifique sera porté à la France, aux Pays-Bas, au Portugal et au Royaume-Uni. Des différences importantes ont pu caractériser ces pays dans l’organisation des relations entre les métropoles et les colonies, ainsi que les idéologies entourant la « mission » des autorités coloniales dans les territoires administrés. Malgré ces différences, ces quatre pays ont en commun d’avoir étendu, à des moments divers, la nationalité impériale aux populations qualifiées d’« indigènes », « inlanders », « indigenas » ou « natives » dans un cadre dégradé, tout en réservant l’accès à une théorique pleine citoyenneté à d’infimes minorités distinguées par l’administration coloniale (« naturalisé·es », « assimilados·as »…). Lors des décolonisations, la conservation ou la perte de la nationalité de l’ancienne puissance coloniale a été gérée de manière variée. Dans le but d’interroger ces divergences et ces similitudes, une attention particulière sera portée aux communications qui aborderont les contextes britanniques, français, néerlandais ou portugais. Cependant, les propositions envisagées sur d’autres anciennes puissances coloniales sont tout à fait bienvenues. De même, les communications qui porteraient sur la reconfiguration de la nationalité impériale à la fin de la période coloniale seront accueillies positivement.

Les participant·es sont encouragé·es à inscrire leurs propositions dans quatre axes de recherches principaux que le colloque a vocation à développer.

AAC : « (In)justice reproductive : Les droits reproductifs au prisme des rapports de domination de genre, de race et de classe »

Le Groupe de recherches sur la Justice Reproductive lance un appel à communication en vue d’un évènement scientifique les 28 et 29 novembre 2024 : « (In)justice reproductive : Les droits reproductifs au prisme des rapports de domination de genre, de race et de classe ». « Afin de pouvoir appréhender les inégalités multiples et intersectionnelles auxquelles font face les personnes minorisées, racisées et/ou étrangères dans l’accès à leurs droits reproductifs, nous proposons de nous appuyer sur le cadre théorique et militant de la justice reproductive. », précise l’annonce.

Publications

Santé mentale des exilé•es LGBTI : violences intersectionnelles et soutien communautaire

Les violences intersectionnelles subies par les exilé.es LGBTI en France, du fait des politiques de non-accueil, ont des effets délétères sur la santé mentale. Le soutien communautaire LGBTI peut réduire ces effets à travers la reconstitution d’un capital social protecteur.

Des recherches scientifiques et des rapports associatifs font état d’importantes fragilités psychiques parmi les personnes migrantes LGBTI, du fait de violences complexes, intersectionnelles, qui trouvent leur origine à la fois dans l’orientation sexuelle et l’identité ou l’expression de genre (OSIEG) et dans les épreuves de la migration. Ces sources de violences s’imbriquent tout au long du parcours migratoire, aggravant la situation des exilé.es LGBTI et leurs conditions d’existence à chaque étape, avec des effets plus ou moins directs sur la santé mentale. L’approche de non accueil, qui prévaut dans les politiques migratoires françaises, accentue ces difficultés. La prise en charge des troubles psychiques est ainsi défaillante, même pour les personnes en demande d’asile et donc en situation légale. Aux restrictions des droits à la santé, s’ajoute le manque de moyens investis dans le secteur sanitaire et plus précisément dans la santé mentale.

Illégalité/illégitimité trans : de la parole fausse à la parole fictive

1Le contenu de ce texte s’inscrit dans une réflexion postdoctorale que j’entame sur les rapports existant, dans les récits queers, entre narration, légalité et légitimité. C’est un travail encore à ses balbutiements et à ses premières hypothèses, que je me risque donc à partager en évoquant le premier roman de l’autrice sino-canadienne Kai Cheng Thom, Fierce Fems and Notorious Liars (2016). Traduit par « Femmes magnifiques et dangereuses » aux éditions XYZ (2021), l’ouvrage est un récit initiatique, une sorte de coming of age qui raconte l’histoire d’une narratrice-personnage anonyme (car on ne saura jamais son nom, bien qu’on apprenne celui de tous les autres personnages). Elle a grandi dans la ville imaginaire de Gloom, que l’on peut assimiler à une version fantastique de Vancouver, puisque la description de ville coloniale grise en bord de mer lui correspond assez bien. Le récit commence alors que la narratrice décide de quitter Gloom et l’univers de la famille nucléaire afin d’entamer sa transition de genre, décevant ainsi tous les espoirs parentaux placés dans le « garçon de la famille » qu’elle incarne à leurs yeux. Elle prend alors la route vers The City of Smoke and Lights (soit « la ville de fumée et de lumière », où l’on reconnaît facilement Montréal pour sa vie interlope et son bilinguisme), où elle entend refaire sa vie. Là-bas, plus précisément sur la rue des miracles (Street of Miracles), elle rencontre une communauté de « fems » – aussi fierces et féroces que le suggère le titre – auxquelles elle s’intègre. À la suite de l’assassinat brutal de Soraya, l’une d’entre elles, et face à l’inaction des forces de l’ordre, une partie des fems de la rue des miracles décide de former une ligue de justicières (les Lipstick Lacerators) ciblant les hommes violents. L’initiative dégénère assez vite (puisque la police s’en mêle), et la bande est alors dissoute après que la narratrice a accidentellement tué un policier dont le fantôme la hante.

Situer la théorie : pensées de la littérature et savoirs situés (féminismes, postcolonialismes)

Ce numéro de Fabula-LhT entend proposer un premier aperçu des perspectives qu’ouvrent en études littéraires des pratiques de recherches situées. Si le mot de situation fait retour dans les discours sur la littérature, il paraît aujourd’hui chargé de nouvelles références théoriques et politiques. Du côté de ses usages, d’abord, l’expression « savoirs situés » est mobilisée par les discours militants pour légitimer des formes de savoirs non académiques. En cela, elle croise certains travaux menés depuis une cinquantaine d’années dans de nombreuses disciplines, parmi lesquelles la sociologie, l’anthropologie, la philosophie, l’histoire, les sciences politiques, la biologie. Du côté de sa généalogie théorique, ensuite, la notion de situation s’est considérablement enrichie des réflexions menées dans le cadre des études féministes et postcoloniales. Ces pensées ont acquis, dans le discours universitaire en France, une inégale visibilité, ainsi qu’une place variable selon les disciplines. Il s’agit ici de s’en ressaisir du point de vue spécifique des études littéraires pour interroger un objet et un corpus : ceux de la théorie littéraire.

Ouvrages

Épistémologies féministes et psychologie 

Classiquement, la psychologie fait du féminisme un objet extérieur à ellemême en se situant dans une position surplombante, d’où elle cherche à évaluer tant ses effets sur les individus et les groupes que la pertinence scientifique de ses thèses. Or, loin de constituer ce que cette discipline réduit à de simples prises de position idéologiques, le féminisme doit aussi être reconnu comme un ensemble d’épistémologies à même de révéler le caractère situé de tout savoir ou pratique psychologiques. Une telle perspective s’oppose au mythe positiviste d’une psychologie promettant de s’exprimer depuis ce que Donna Haraway appelle le « truc divin », qui consiste à tout percevoir de manière omnisciente.

Le présent ouvrage entend illustrer l’intérêt de cette opposition à travers des contributions relatives à la façon de mettre au travail les épistémologies féministes, aussi bien pour une critique des savoirs en psychologie que pour une pratique réflexive dans la recherche ou la clinique. Ces apports démontrent, chacun à leur manière et selon des localités diverses, que faire de la psychologie en féministe implique de lutter contre la prétention à la neutralité politique et toutes autres formes de dogmatisme scientifique susceptibles de maintenir, par les injustices épistémiques qu’elles potentialisent, un ordre social hétéro-patriarcal.

Priscille Croce, Où sont les albums jeunesse antisexiste ?

Avez-vous souvent lu des albums jeunesse sans stéréotype sexiste ?

Dans cet essai, la chercheuse Priscille Croce analyse toute la production d’albums jeunesse questionnant les normes genrées, soit près de 200 albums de 1975 à 2023. Nous observons ainsi les tendances majoritaires, les plus marginales ainsi que les manques de représentations de genre en littérature jeunesse, offrant à toute personne la possibilité de développer un regard critique et des outils concrets pour (re)penser sa bibliothèque.

La collection « J’aimerais t’y voir » propose un espace de pensée sur les recherches et pratiques en cours autour des représentations en littérature jeunesse, plus précisément à l’intérieur de la production d’albums jeunesse en France. Des listes bibliographiques commentées complètent chaque ouvrage.

Thèses

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