l n’est plus nécessaire de rappeler la perméabilité de pans entiers de la recherche académique aux théories elles-mêmes issues de la French Theory et du déconstructivisme à tout crin.  D’abord cantonnée aux sciences humaines et sociales, cette lame de fond touche désormais les sciences dures puisque des articles perchés de type « Queer identity and theory intersections in mathematics education: a theoretical literature review » ou « A quantum physics explanation for polyamory, BDSM, and queer people »  sont désormais monnaie courante (1, 2).  Aux USA, cette tendance et notamment l’irruption de la Critical Race Theory (ou Théorie Critique de la Race) touche désormais les sciences médicales et c’est avec un mélange d’amusement et de consternation que l’on voit fleurir, dans les grands congrès internationaux usuellement tenus en Amérique du Nord, des travaux lunaires visant désormais à dénoncer le racisme systémique endémique et patriarcal WASP dans la prise en charge du patient atteint de cancer....
ACCUEIL GRAVUE LA VERITE

Focus

Description

La déconstruction est devenue folle. Entreprise jadis salutaire pour dénicher les préjugés et démasquer les illusions, elle a engendré une mode délétère, prétexte d’un nouvel ordre moral, suppôt d’une idéologie qui envahit les savoirs, tétanise la culture et terrorise le débat.
Ce livre réunit les contributions du colloque organisé à la Sorbonne les 7 et 8 janvier 2022 par le Collège de Philosophie et l’Observatoire du décolonialisme, avec le soutien du Comité laïcité République. Soixante universitaires et intellectuels de toutes disciplines se mobilisent pour dénoncer les dérives de ce courant et travailler à la reconstruction d’une frontière claire, qui devrait être inviolable, entre la recherche du savant et l’action du militant.

Liste des contributeurs de l’ouvrage paru chez Odile Jacob

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Dérive: les faits, rien que les faits

Actualités générales

La tyrannie de la majorité ? Vraiment ?

Notre thème engage diverses problématiques ou l’on est conduit à utiliser les termes « culture », « minorité », « majorité » et « droit ». Chaque terme doit être défini à nouveaux frais tant règne l’imprécision des mots dans les médias, la vie politique et dans notre institution universitaire, cette dernière notamment contaminée par la mouvance wokiste actuelle.

RESTONS JEUNES, SOYONS WOKES !

Ainsi donc nous – contempteurs du wokisme – serions animés par la « haine de l’émancipation », s’il faut en croire le titre du pamphlet de François Cusset, face à la « jeunesse du monde » qui – s’il faut en croire son sous-titre – se tiendrait enfin « debout » ? Pour cet américaniste, historien des idées et notamment de la French theory, « émancipation » est le maître- mot – mais émancipation de quoi, exactement ? On ne le saura pas, tant le mot fonctionne essentiellement comme un slogan. Il en va de même d’ailleurs avec d’autres mots-fétiches qui reviennent dans le texte, locutions codées érigées en signes de ralliement militant : « stéréotypes éculés » (non, ce ne sont pas les siens mais, prétend-il, les nôtres), « stéréotypes hétéronormés », « genre assigné à la naissance », « mâles blancs », « droites dures ou extrêmes », « panique morale », « les forces du marché », « les médias dominants », « l’ordre établi », « l’ordre social », « les élites»… Rien que de très banal, en somme – voire banalement populiste. 

Inclusion ou aliénation ? La guerre des langues continue

Avant les millions de vues, le ridicule qui s’est ensuivi et enfin les excuses sincères, le Stylebook[1] de l’Associated Press avait pour ainsi dire débordé de bonnes intentions dans son tweet de la semaine dernière :

« Nous recommandons d’éviter les étiquettes « les », généralisantes et souvent déshumanisantes, comme dans « les pauvres », « les malades mentaux », « les Français », « les handicapés », « les diplômés de l’enseignement supérieur ». »

« Les Français » ?

Zut alors ![2] Le résultat fut une vague de propositions goguenardes sur la façon d’appeler avec tact les, euh, personnes d’obédience française. L’ambassade de France aux États-Unis proposa de changer son nom en « Ambassade de la francité ».

Le Stylebook de l’A.P. a supprimé son tweet, en invoquant « une référence inappropriée aux Français ». Mais il revint à la charge en recommandant d’éviter les termes généraux contenant « les », tels que « les pauvres, les malades mentaux, les riches, les handicapés, les diplômés de l’enseignement supérieur ».

Pour moi, il n’est pas évident que « les diplômés de l’enseignement supérieur » soit une étiquette qui déshumanise les gens. Je suppose que George Santos[3] souhaiterait être inclus dans cette catégorie.

L’écriture inclusive à l’épreuve de la linguistique

La prétention à contribuer au progrès social de l’écriture inclusive (EI) se fonde sur des prémisses fausses, liées à une interprétation partiale déformant la réalité des fonctionnements grammaticaux attestés de la langue française. L’écriture inclusive est une réforme militante de la langue construite sur la dénonciation d’injustices imaginaires dérivant d’interprétations symboliques qui ne correspondent à aucune réalité proprement linguistique. Elle entend y inscrire diverses identités de sexe ou « visibiliser » les femmes, marketing politique qui n’a rien de commun avec la description des classes nominale du français et constitue une revendication politique fondée sur des croyances et non sur des connaissances empiriquement vérifiées. Ses partisans, même parmi les linguistes, prescrivent des ouvrages et références qui vont à rebours des méthodes, données et savoirs admis en sciences du langage.

Le Séminaire en vidéos

Humour

Humeurs

Xavier-Laurent Salvador

Xavier-Laurent Salvador

Linguiste, Président du LAIC

Orthocuidance et pensée criminogène

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Collectif

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Tribune des observateurs

Notre collègue, candidate écologiste pour les présidentielles

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Collectif des Observateurs

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Journée de lutte contre la délirophobie

Humeurs

Yana Grinshpuhn

Yana Grinshpuhn

Vieux pots et soupes décoloniales

Enquête

Personne n’ignore que l’État, dans son infinie générosité, finance la construction de la cité radieuse des sciences sociales et humaines. [Lire la suite]

Nota Bene

Qui sommes-nous ?

L’Observatoire propose un regard critique, tantôt profond et parfois humoristique, sur l’émergence d’une nouvelle tendance de l’Université et de la Recherche visant à « décoloniser » les sciences qui s’enseignent. Il dénonce la déconstruction revendiquée visant à faire des Institutions (la langue, l’école, la République, la laïcité) les entraves des individus. Le lecteur trouvera outre une série d’analyses et de critiques, une base de données de textes décoloniauxinterrogeable en ligne, un générateur de titre de thèses automatique à partir de formes de titres, des liens d’actualités et des données sur la question et un lexique humoristique des notions-clés.

On lit ainsi dans cette littérature des affirmations qui mériteraient d’être débattues. C’est justement notre propos:

En déclarant les émotions impropres au raisonnement scientifique, ce sont toutes les catégories non associées à la masculinité ou à la blanchité qui ont été exclues des sciences

Pourtant Aristote, lui, dit que: « La science est connaissance démonstrative des causes et, par là même, universelle et nécessaire ». C’est la raison pour laquelle Aristote affirmera qu’il n’y a de science que du général1. Mais bon, on ne va pas trop s’embêter avec des détails coloniaux.